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Travail sacré avec les menstruations : réflexions sur le cycle irrégulier

9/16/2014

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Témoignage de Xella Sieidi

J’ai toujours souffert d’un cycle menstruel difficile et capricieux : mes ménarches sont survenues alors que je n’avais que 10 ans, alors que j’avais déjà clairement atteint la puberté sans trop m’en rendre compte. Ces premières années passées à saigner l’ont été dans la souffrance et la douleur, de crampes si douloureuses que j’en vomissais presque chaque mois; ces crampes étaient accompagnées de poussées de fièvre, faiblesse généralisée, sueurs froides et diarrhée. Et c’est sans parler d’un cycle très irrégulier, mais comme on me disait que cela était normal dans les premières années des menstruations, je n’ai pas poussé plus loin l’investigation auprès de médecin.


À 16 ans, j’ai commencé la pilule qui, outre le fait qu’elle m’a provoqué de violents maux de tête, étourdissements et nausées, a néanmoins pu réguler mon cycle et amoindrir les crampes. Au début de ma vingtaine, j’ai cessé la pilule parce qu’elle me procurait trop de désagréments et aussi parce qu’étant en couple avec une femme, je n’en avais plus réellement besoin. Mon cycle irrégulier est revenu à la charge mais, heureusement, les crampes horribles et vomissements eux ne sont pas revenus.

J’ai vécu de longues années (et c’est aujourd’hui toujours le cas) sans jamais savoir quand mes prochaines règles allaient arriver. On dit qu’un cycle “normal” est d’environ 28 à 35 jours; or le mien ne suit aucune logique :  il passe de 43 jours à 50, puis à 47 ou à 62 le « mois » suivant.

En 2006, j’ai commencé à noter mes cycles, humeurs et symptômes.  J’ai aussi commencé à ce moment à prendre de l’achillée-millefeuille, en tisane ou teinture, lorsque cela faisait plus de 30 jours depuis mes dernières règles. Selon mes notes, cela a fonctionné, puisque mes lunes finissaient par se pointer dans les cinq jours qui suivaient.  J’ai poursuivi ce « traitement » pendant environ deux ans, de façon plus ou moins régulière.

Vers la mi-année 2009, j’ai commencé une approche « spirituelle et cultuelle » des menstruations sacrées : travaux chamaniques (voyages, transes, danse, rêves), sorciers (récupération et utilisation de mon sang pour la création d’encens, poudre, encre, etc.). Entre fin 2009 et fin 2012, l’apogée de mon travail spirituel et cultuel, je n’ai connu que deux cycles qui ont pris de plus 50 jours à se pointer, tous les autres ont oscillé entre 30 à 45 jours, pour une moyenne de 37-38 jours! Mes menstruations s’accompagnent de crampes mais elles sont tolérables, rien que deux Advils ne peuvent soulager.


2012 marque le retour des crampes intolérables et symptômes envahissants. Après des mois difficiles de consultations médicales, j’apprends que je souffre de dysménorrhée. Parmi les symptômes de la dysménorrhée qui attirent mon attention, ceux-ci sont les plus flagrants :
  • Avoir été pubère avant l’âge de 11 ans;
  • Avoir un excédent de poids;
  • Souffrir d’anxiété;
  • Règles très douloureuses à l'adolescence, qui se calment durant la vingtaine et reviennent lors d’un changement hormonal (j’ai eu 30 ans en 2009 et j’ai observé divers changements corporels depuis, dont le fait que j’ai quasiment tout le temps froid alors qu’avant, j’avais tout le temps chaud);
  • La douleur provoquée par les crampes ne se limite pas au bas ventre : elle peut monter dans le dos, s’étendre aux hanches et même descendre dans les cuisses;
  • Elle s’accompagne de vertiges, nausées, vomissements, fièvres, diarrhées.

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Depuis début 2013, mes cycles sont de nouveaux chaotiques, certains allant jusqu’à 66 jours entre deux cycles menstruels. Si j’arrive à savoir quand j’ovule, il peut s’écouler entre trois et quatre semaines avant que ne se pointent les lunes rouges. Lorsque mes menstruations prennent plus de 45-50 jours à arriver, elles sont bien souvent plus douloureuses et désagréables que celles qui surviennent après 35-40 jours. 

Ce chaos correspond également à une période où j’ai cessé tout travail avec mes menstruations (tant médicinale que spirituelle) pour cause de troubles anxieux généralisés qui ont miné ma santé et mon énergie; pire, je n’en avais plus envie . Un an et demi plus tard, ma santé va nettement mieux, mon énergie est de retour et surtout, l’envie de retravailler avec l’aspect sacré des menstruations est de nouveau présente, et ça, c’est un réel bonheur. 

Au quotidien et pour l’aspect « calculé » de la chose, c’est compliqué de ne pas savoir quand se pointeront mes prochaines règles. Le travail avec les menstruations sacrées s’inspire généralement des cycles de la lune ou encore de l’aspect justement cycle : dépouillement/mort, renaissance, etc. J’ai comme projet un super rite qui s’étalerait sur cinq mois : un mois par phase lunaire (nouvelle, croissante, pleine, décroissante, noire). Mais comment faire si on sait d’avance qu’on ne sera pas menstruée au moins un mois durant ces cinq mois? 

Il y a quelques années, les menstruations étaient au coeur de ma pratique chamaniste féminine. Aujourd’hui, j’essaie de les réintroduire tout doucement, un mois (ou presque) à la fois. Comment faire confiance à ces alliées? Mes règles sont anarchiques, elles défient tout ce qu’on vante à propos des menstruations et leur cycle sacré!

Pour 2015, je prévois me remettre à la teinture d’achillée-millefeuille afin d’aider mon cycle à se régulariser. Je compte également reprendre le travail chamanique avec mes menstruations pour en (re)faire des alliées et aussi pour inclure mon sang dans des outils sorciers (comme une eau-de-sang purificatrice). C’est une première étape vers une réappropriation de moi-même!

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La jarre à sang

12/16/2013

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Traduction et adaptation d'un extrait de Sister Moon Lodge: The Power & Mystery Of Menstruation, par Kisma K. Stepanich

Par Xella Sieidi

Alors que je m’éveille au pouvoir du sang menstruel, je commence à comprendre l’importance de recueillir ce que j’évacue mensuellement. J’ai cessé l’utilisation de tampons et serviettes hygiéniques et j’ai commencé à utiliser des serviettes lavables, faites à partir de flanelle. La première fois que j’ai utilisé ces serviettes faites d’un matériau absorbant, j’ai su que je voulais créer une Jarre de sang dans laquelle je ferais tremper les serviettes dans de l’eau après chaque utilisation. Ma première jarre était un simple pot fait d’un couvercle; je l’ai rempli à moitié d’eau, l’ai recouverte d’une serviette rouge-orangée et l’ai rangé dans un coin de ma salle de bain. Une fois que la serviette avait bien trempé, je la tordais afin d’en extraire l’eau excédante (qui avait pris une riche couleur rougeâtre) avant de la laver à la main et la suspendre pour la faire sécher. J’ai remarqué que je peux conserver cette eau jusqu’à mes prochaines lunes. Pendant ce mois, je l’utilise dans mes rituels le plus souvent possible. J’utilise le reste de l’eau pour nourrir mes plantes d’intérieur et mon jardin.

Lors de rituels, je remplis une coupe de cette eau menstruelle et la dépose sur mon autel et l’utilise afin d’invoquer un pouvoir précis, comme celui d’une déesse en particulier avec qui je souhaite travailler le temps du rituel. Je me sers aussi de cette eau pour oindre les outils utilisés et les femmes présentes, comme une consécration (l’acte de rendre un objet ou une personne disposé(e) à recevoir et canaliser l’énergie avec laquelle on travaille).

Lors de d’autres rituels, je me contente de tenir la jarre entre mes mains et d’invoquer le pouvoir féminin. Je me sers de cette technique lorsque je souhaite voyager vers les mystères féminins et pour recevoir une guidance. C’est également une excellente offrande qui est toujours à portée de main, peu importe le rituel qui se présente, qu’il soit planifié ou spontané.

Lors de ma première journée de saignement, je choisis la plante que je nourrirai du reste de l’eau-de-sang ce mois-là. Je me livre à un court rituel préparatoire : je m’ancre, je me centre et fais quelques respirations afin d’entrer dans un état altéré de conscience. Puis, j’approche la plante en question et entre en communication avec ses Devas (esprits de la plante) en chantant quelque chose comme :

Plante sacrée qui relâche le souffle sacré dans mon monde,
Merci pour ta beauté,
Merci pour ton oxygène,
Merci pour ton esprit.
Afin de te rendre honneur, je t’offre ce sang-de-vie,
Reçois-le avec toute ma gratitude,
Puisses-tu continuer de bénir ma vie de ta présence.
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Après avoir récité mon chant, je verse un peu de l’eau autour du tronc de la plante, j’effleure ses feuilles et je termine en expirant au-dessus de la plante et en inspirant son énergie. Cet échange a fait ses preuves, toutes mes plantes d’intérieur sont en forme et mon jardin est luxuriant!

Avec le temps, j’ai orné ma jarre à sang; bien que j’utilise toujours un simple pot de verre avec un couvercle de métal, elle est maintenant dissimulée dans morceau de soie rouge absolument magnifique - une bourse Liz Claibone! Ma jarre a maintenant fière allure!

Cette jarre représente ce pouvoir que je peux réclamer à tous les mois. La richesse du tissu est un symbole du divin en moi. Je crois que le fait de disposer de mon sang comme je le désire a provoqué en moi un sentiment de pouvoir qui ne disparaîtra jamais. Grâce à cette cueillette, j’ai pu choquer des femmes lors de rituels où je leur ai tendu une coupe remplie du sang-de-vie. À travers ce choc, je suis en mesure d’aider les femmes à démystifier leurs tabous autour de leur peur du sang menstruel. En les encourageant à méditer sur ce sang couleur rouge profond, je les guide à travers les sentiers de leur esprit afin qu’elles puissent rencontrer la femme chamane en elles. Elles aperçoivent, se reflétant dans la lumière du sang, leur propre capacité à réclamer leur pouvoir. C’est généralement suite à un événement choquant du genre que les femmes se sentent prêtes à réfléchir sur la notion de leurs menstruations.

Enfin, cette jarre à sang est devenu un mystère pour quiconque l’apercevant; elle est un mystère féminin irrésistible. Les femmes aiment toucher le tissu et osent quelques coups d’oeil vers la jarre en question, n’hésitent pas à poser des questions directes. Les hommes eux sont admiratifs et croient que derrière ce tissu, se cache quelque chose au pouvoir incroyable - ils ne savent pas à quel point ils ont raison! 

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Le pouvoir sacré du sang menstruel

5/1/2013

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Traduction et adaptation par Xella Sieidi de cet article

Le sang menstruel a longtemps été considéré comme la substance la plus sacrée de la planète. En ce moment, la science redécouvre son immense pouvoir de guérison...

Les gnostiques chrétiens avaient l’habitude de nommer leur relation Syneshaktisme - un synonyme de Agape - qui signifie « La voie du Shaktisme », en référence au culte tantrique du Yoni. Un des rituels les plus importants dans ce culte du Yoni était de préparer une « boisson d’immortalité », à base de sang menstruel. Ce sang est gorgé de cellules souches guérisseuses qui détiennent le pouvoir d’activer notre capacité cellulaire à se régénérer et nos glandes endocrines à nous transporter à un état de grâce. D’un aspect spirituel, cela nous ouvre à la fréquence de l’amour et de la vie éternelle et nous transporte vers une autre dimension, celle que l’appelle le paradis ou le nirvana.

Ce « Festival de l’amour » ou « Mariage sacré » - une pratique au coeur des mystères du sang menstruel - fut éventuellement déclaré comme une hérésie et les femmes furent bannies de participer aux rites chrétiens. La notion de « pouvoir de renouveau, renaissance et résurrection » autrefois associée au sang menstruel et à l’utérus sacré de la Mère Divine fut transférée à l’histoire de Jésus et au rite de l’eucharistie - « hix est sanguis meus » - Ceci est mon sang - lors duquel ses adorateurs « boivent son sang » afin d’acquérir le pouvoir de renaissance.

Dans les plus anciens mythes et religions, à travers le monde et ce, depuis des centaines de milliers d’années, le pouvoir de régénération a toujours été vu comme une bénédiction de la Femme Utérus, incarnée en des prêtresses sacrées dans plusieurs cultures. Ce rôle sacré n’a jamais été tenu par un homme, bien qu’il existe de nombreuses légendes où des dieux tentent de s’emparer du « pouvoir menstruel des femmes chamanes ».

Le Saint-Graal, dans son essence originale, est l’Utérus Sacré.

Les femmes nées il y a de ça plusieurs millénaires, avant que nous ne perdions contact avec nos capacités génétiques, détenaient ce pouvoir, acquis à leur naissance et le partageaient avec leur communauté lors de rites de renaissance. Depuis le moment où le pouvoir acquis à la naissance fut perdu, des femmes de toutes les lignées et cultures - des Prêtresses Utérus - se sont mises à pratiquer différentes façons de guérir, purifier et ouvrir l’utérus sacré, afin qu’il puisse à nouveau incarner « l’Amour » et que la capacité énergétique et cellulaire puisse activer les états de conscience les plus purs et qu’elle puisse déclencher le pouvoir incroyable de guérison et de régénération. Ce savoir s’est presque perdu au cours du dernier millénaire; il a été fragmenté, éparpillé et on a voulu le détruire délibérément.

Aujourd’hui, ce pouvoir sacré souhaite revenir, désire « régénérer nos terres », comme le veulent les mythes.

Plus tôt cette année, nous avons rencontré un de plus éminents scientifiques dont la recherche est orientée sur les cellules souches retrouvées dans le sang menstruel. Ses trouvailles indiquent qu’elles ont la capacité de créer des miracles. Fin cinquantaine et pas très en forme, il nous avait témoigné que la première fois qu’il a utilisé les cellules souches du sang menstruel, il s’est senti renaître et a dû aller courir dehors pour relâcher son trop plein d’énergie.

Un autre scientifique dans la soixantaine travaillant aussi avec ces cellulaires souches dit avoir remarqué que ses cheveux, auparavant gris, avaient retrouvé la riche couleur de sa jeunesse, à l’intérieur de quelques mois.

À travers le monde, en secret, ces expériences ont lieu - en Chine, en Russie, en Inde et partout ailleurs.

Pendant que les femmes laissent leur pouvoir entre les mains des idéologies patriarcales, en prenant des médicaments pour enrayer leur cycle menstruel, en utilisant des tampons blanchis à l’aide de produits chimiques qui causent le cancer pour absorber leur flot sanguin, en voyant leurs menstruations comme une malédiction pleine d’inconvénients de laquelle il faut avoir honte, les scientifiques masculins autour du monde utilisent ce pouvoir afin d’expérimenter des états de conscience élevés, tant physiques que spirituels.

N’est-il pas temps de se réapproprier notre pouvoir féminin? D’honorer les propriétés sacrées et régénératrices de la floraison de notre utérus?

Les évidences de l’aspect sacré des menstruations à travers les cultures avant la montée du patriarcat abondent et sont bien documentées... (Cette liste est adaptée de la Women’s Encyclopedia of Myths and Secret, de Barbara Walker.)


Chez les philosophes...
  • Aristote dit que la vie humaine est faite de sang menstruel coagulé.
  • Plutarque dit que l’homme fut créé à partir de la terre et que le pouvoir qui rend possible la croissance de ce corps humain vient de la lune, source du pouvoir menstruel.

En Afrique...

  • Des tribus africaines croient que le sang menstruel est coagulé pour façonner un humain.

En Inde...

  • Selon une théorie hindouiste, lorsque la Grande Mère crée, ses substances s’épaississent et forment des caillots. C’est ainsi qu’elle donne naissance au cosmos. Les femmes emploient la même méthode, à échelle réduite.

  • La Grande Déesse s’est incarnée en l’esprit de création, Kali-Maya. Elle invita les dieux à se baigner dans les flots sanglants de son utérus et de s’y abreuver. Ainsi, afin de connaître la divine communion, les dieux burent à la fontaine de la vie et s’élevèrent vers les cieux.

Au sujet du soma, une boisson rituelle védique :

  • On croyait que cette boisson était produite par le « barattage de la mer primordiale », symbolisant le sang menstruel de la Déesse Mère. Elle était bue par les prêtres lors de cérémonies sacrificielles et on y ajoutait du lait pour créer un charme de guérison.
  • Durant les célébrations entourant la fabrication de cette boisson, si la nouvelle lune tombait un lundi, les femmes du Maharastra, une région de l’Inde, déambulaient en cercle autour d’un figuier, symbole du sexe féminin.
  • On dit que c’est Lakshmi qui offrit le soma à Indra, ce qui fit de lui le roi des dieux. C’est par cette boisson qu’il obtint également l’étrange capacité à porter la vie. Le sang de la déesse devint sa sagesse.

En Océanie...
  • Les Maoris disent explicitement que l’âme humaine est faite de sang menstruel. Lorsqu’elle est retenue dans l’utérus, elle s’incarne en une forme humaine et finit par devenir un humain.
  • Pour certaines de leurs cérémonies spirituelles, les aborigènes d’Australie peignent leurs churingas (pierres sacrées) et leur corps à l’aide d’ocre rouge, afin de symboliser le sang menstruel.
  • Pour les Maoris, tout ce qui était rouge était sacré. Lorsqu’ils voulaient rendre un objet sacré, ils le teignaient en rouge, la couleur du sang menstruel.
  • Les habitants des îles Andaman utilisaient des pigments rouges pour peindre la peau des malades et blessés, croyant que la couleur rouge sang avait des propriétés guérisseuses.

En Amérique du Sud...

  • Les habitants d’Amérique du Sud disent que toute l’humanité était à l’origine faite à partir du « sang-de-lune ».

En Mésopotamie...

  • En Mésopotamie, la croyance voulait que la grande déesse Ninhursag avait créé l’humanité à partir d’argile, qu’elle avait infusée de son sang menstruel.
  • En Perse, cet élixir d’immortalité se nomme Amrita. On l’appelle aussi parfois le lait de la déesse mère. Il s’agit d’une boisson fermentée; parfois, c’est du sang sacré. Cet élixir est toujours associé à la lune.

En Grèce antique...

  • Les dieux dépendaient du pouvoir miraculeux du sang menstruel. En Grèce, ce sang était pudiquement nommé « le vin rouge surnaturel » et il fut offert aux dieux par Héra, la mère, sous sa forme vierge, Hebe.

  • Les mystiques grecs renaissaient des eaux du fleuve Styx, aussi nommé « le Commencement ». Ce fleuve se sépare en sept fleuves dans les souterrains et émerge dans la cité de Clitor, un lieu sacré à la déesse.

En Scandinavie...

  • Le dieu nordique Thor atteint les berges du royaume de l’élévation et de la vie éternelle en nageant dans une rivière gorgée du sang menstruel d’une « géante » appartenant aux matriarches originelles, les « Toutes-Puissantes ».
  • Odin acquière la suprématie en dérobant et en ingérant le « sang sage » d’un triple chaudron à même l’utérus de la terre mère, la même triple déesse connue dans le sud-est de l’Asie sous le nom de Kali-Ma.
  • Ce vol commis par Odin rappelle celui fait par Indra, qui s’empare de la même façon de l’ambroisie d’immortalité.

En Égypte...

À propos du Tjet, ou « noeud d’Isis » :

  • Les pharaons s'élevaient au rang divin en ingérant « le sang d’Isis », l’ambroisie sacrée nommée sa. Son hiéroglyphe était le même que celui de la vulve, une sorte de Ankh dont les bras sont repliés sur le corps de la croix égyptienne. Peinte en rouge, cette croix symbolisait les parties génitales de la femme et les portes du paradis.
  • Dans le même ordre d’idée, des amulettes étaient enterrées auprès de défunts agissaient en guise de prière à l’égard d’Isis, afin qu’elle déifie ledit défunt par le pouvoir de sang. Ces amulettes étaient nommées Tjet (prononcer «tyet ») et représentants la vulve d’Isis. Elles étaient façonnées à partir d’une substance rouge obtenue par certaines pierres (jaspe, cornaline), de la porcelaine ou de la vitre rouge ou encore par l’écorce d’un arbre dont la pigmentation était rougeâtre. On disait que ces amulettes transportaient en elle les pouvoirs guérisseurs du sang d’Isis.

Dans l’Ancien Testament, la Bible et les mystères hébraïques...

  • Le prénom Adam vient du mot féminin « adamah », qui se traduit par argile sanglante. L’histoire biblique d’Adam est calquée sur un ancien mythe de création féminin, racontant la création d’un homme à partir d’argile et de sang menstruel.
  • Lorsque Lilith décide de quitter Adam, elle part vivre aux abords de la « mer rouge ».
  • Le terme hébreu pour sang, « dam », se traduit par mère ou femme au sein d’autres langues indo-européennes (par exemple : dame, madame, dama, damsel, demoiselle, etc.).
  • Hic est sanguis meus - « Ceci est mon sang » tel que prononcé au sein de l’eucharistie chrétienne fait référence au sang menstruel de la Grande Déesse et non à celui du Christ.
  • Dans le Lévitique (15:24), le sang menstruel est appelé « fleur », en tant que précurseur du fruit de l’utérus (un enfant). Comme les fleurs qui contiennent leur propre fruit, le sang utérin était la fleur-lunaire qui contenait l’âme des générations futures.
  • La crucifixion de Jésus est une adaptation des mystères menstruels. Jésus est percé d’une lance au flanc et son sang est recueilli dans le Saint-Graal, tout comme la Déesse Mère saignait entre les cuisses, métaphore du Saint-Graal.
  • Les gnostiques chrétiens croient que ce passage du livre des Révélations (l’Apocalypse) est une allusion au cycle menstruel de la femme : « Au milieu de l'avenue de la ville, entre deux bras du fleuve, se trouve l'arbre de vie. Il produit douze récoltes, chaque mois il porte son fruit. Ses feuilles servent à guérir les nations. » (Apocalypse 22:2)

Dans le Coran...

  • Dans le Coran, l’histoire de la création précise qu’Allah « a créé l’humanité à partir d’un flot de sang »; mais au sein de l’Arabie préislamique, Allah était la déesse de la création, alors nommée Al-Lat.

En Chine...

  • Les taoïstes disent qu’un homme peut devenir immortel (ou vivre très longtemps) par l’absorption du sang menstruel, appelé jus rouge yin, à même la vulve d’une femme (symbole de l’énergie féminine qui donne la vie).  Les sages chinois croient que ce précieux liquide rouge est l’essence de la terre mère, du principe féminin (le yin) qui donne la vie à toutes formes de vie. Selon eux, l’empereur jaune serait devenu un dieu après avoir bu le jus yin de mille deux cents femmes.
  • Les taoïstes considèrent également que le rouge est la couleur sacrée du féminin, associé à la femme, au sang, à la puissance sexuelle et au pouvoir créatif. Le blanc est la couleur du masculin, associé à l’homme, au sperme, à la passivité et à la mort.
  • Un mythe chinois comment la déesse lunaire Chang-O, celle qui veillait sur les menstruations, fut offensée de la jalousie des dieux envers ses pouvoirs. Son époux piquait des crises de colère parce qu’elle possédait l’élixir d’immortalité alors que lui ne détenait rien et en était mer. Elle le quitta et s’en alla vivre sur la lune.

En Europe, de façon générale...

  • Les rois celtes sont devenus des dieux en buvant « l’hydromel rouge », que leur a offert la reine-fée, Mab, dont le nom était à l’origine Medhbh, « hydromel ». En vérité, c’est elle que les rois buvèrent. Le nom celtique de ce fluide était dergflaith, qui se traduit soit par « bière rouge » ou par « souveraineté rouge ». Dans la Grande-Bretagne celtique, être taché de rouge signifiait que l’on était choisi par la déesse pour être roi. Le mot celtique ruadh se traduit à la fois par « rouge » et par « royal ».
  • Les oeufs de Pâques, symbole associé à la déesse germanique Eostre et rappelant l’utérus, étaient traditionnellement peints en rouge et déposés sur des tombes afin d’apporter aux morts un peu de force. On retrouve cette tradition aussi en Grèce et dans le sud de la Russie.
  • Un peu partout en Europe, on a retrouvé des tombes et ossements rougis avec de l’ocre, afin de rappeler le plus possible l’utérus de la terre mère, duquel les morts renaissaient. Parfois, même les murs étaient peints en rouge. La couleur que l’on obtient grâce à l’ocre est à s’y méprendre, il est facile de croire qu’il s’agit de sang frais.

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.: Le Yoni et son sang de création

2/27/2013

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.: The menstruating yoni
Tiré du livre «The Yoni»
Par Rufus Camphausen, traduit et adapté par Ishara Labyris

Une expression spécialisée de magie yonique peut être reconnue par l’étendue immense des pouvoirs qu’accordent les peuples de diverses cultures au fluide menstruel et particulièrement au tout premier sang menstruel, le sang qui signale la transformation d’une jeune fille en femme. Beaucoup d’ouvrages ont été publiés sur les différents tabous entourant les menstruations. Le fluide menstruel avait, croyait-on, des effets négatifs sur les autres humains, sur les animaux et la nature. Les femmes menstruées étaient séparées de leur tribu et de leur famille par crainte de contamination – elles devaient se tenir éloignées des endroits où le pain était cuit, où la nourriture était préparée et où les rois marchaient. Ces injonctions ainsi que des milliers d’autres, changeant d’une culture à une autre, et d’une époque à une autre, illustrent bien les pouvoirs que l’on accordait au fluide menstruel, même si ces pouvoirs étaient perçus comme dangereux.

Toutefois, il y a d’autres exemples, d’autres peuples, pour lesquels les menstruations étaient tenues en haute estime. Bien que cela soit particulièrement vrai pour les traditions de Tantra et Shakta, il y a d’autres exemples de d’autres cultures, sortant de cette sphère, incluant les suivants :

  • Chez les Incas, la déesse lune Mama Kilya, responsable de tous les phénomènes naturels cycliques, était vénérée comme la maîtresse du cycle menstruel.
  • Chez les alchimistes, l’énergie potentielle du sang menstruel était connue sous le nom de elixir rubeus («élixir rouge»). Cet élixir était, croyait-on, encore plus puissant lorsque généré durant la pleine lune.
  • Chez les adeptes de certaines écoles de Tantra dite de «Main-Gauche», boire le yonipuspa («fleur de vulve»), le fluide menstruel, est vu comme un moyen assuré d’atteindre la libération.
  • Dans la Perse antique, la déesse Jaki était responsable des menstruations. Durant les époques patriarcales, lorsque les menstruations obtinrent des connotations négatives, Jaki devint un démon, lequel exhortait les hommes à poser des actes mauvais.
  • Dans l’Égypte ancienne, les gens portaient une amulette de pierre rouge qui représentait les pouvoirs du sang menstruel d’Isis, la déesse la plus importante d’Égypte. (Le Tyet, peut représenté une image stylizée du yoni de la déesse Isis).
  • Le folklore atteste également de la même croyance envers le sang menstruel. À Calabria, en Italie, par exemple, les femmes portent sur elles quelques gouttes de leur sang menstruel dans une petite fiole, partout où elles vont. Si elles administraient ces gouttes à un homme de leur choix, on croyait que cet homme était alors lié à elles pour toujours.

Avant que nous ne nous attardions de plus près à savoir comment le sang menstruel est perçu et utilisé en Inde, nous devons d’abord savoir que les Indiens n’étaient pas les seuls à utliser le sang menstruel et les autres fluides du Yoni. Chez certaines sectes gnostiques, il existait une vision similaire à propos des pouvoirs des différents types de rajas (sécrétions féminines). Comme le rapporte Épiphane de Salamine (315-403), les jus d’amour et les fluides menstruels étaient traités avec révérence, étant rituellement collectés et utilisés à des fins rituelles religieuses.

Le Tantra et le Shakta font partie des quelques systèmes religieux dans lesquels les menstruations ne sont pas perçues comme étant impures, dangereuses, ni comme quelque chose devant être cachée. Au contraire, dans plusieurs sectes tantriques, et particulièrement chez les Shakta, le tabou menstruel de la société indienne est reconnu simplement comme un autre aspect de l’ignorance humaine en général. En ce sens, le tabou menstruel n’est pas «brisé» dans ces religions, il n’existe tout simplement pas, comme le suggère Ajit Mookerjee. Pour les hommes et les femmes qui perçoivent le sang menstruel comme étant sacré et digne de vénération, le temps des menstruations en est un spécial, et une femme dont le sang s’écoule est valorisée et honorée. Dans les pratiques rituelles, comme dans le Yoni Puja, une femme menstruée tient une place vraiment spéciale, non seulement pour la qualité différente de son énergie à ce moment précis, mais aussi à cause du sang lui-même, l’unique et magique sang-de-lune qui est la propriété et le pouvoir de la femme. Ainsi, lorsque les tantriques dits de «Main-Gauche» mélangent le fluide menstruel au vin et le boivent comme boisson rituelle, ou qu’ils embrassent le Yoni durant le puja plutôt que de simplement le toucher, ils reproduisent un rituel probablement aussi âgé que l’Homo Sapiens, un rituel qui avait lieu il y a 25 000 ans dans les chambres yoniques spéciales des caves paléolithiques.

Plusieurs auteurs indiens sont toutefois honteux de tels aspects de leur héritage; ils ne parlent que difficilement de tout ce qui pourrait être dire à propos du culte du yoni dans la culture indienne. Par exemple, dans son livre «Goddess cults in Ancient India», Jagdish Tiwari, affirme que les Grecs de l’Antiquité sont responsables de la nudité des figures de l’Inde. Lorsque Ajit Mookerjee dit : «en Kerala, une cérémonie appelée trippusharattu se tient huit à dix fois par an. Lors des cérémonies une nappe colorée de rouge ceint l’image de la déesse, laquelle est recherchée par les pèlerins et prisée comme relique religieuse», ce qui est dit n’est qu’une partie de la vérité. L’auteur ne nous dit pas comment ou avec quoi cette nappe, qui devient une relique sainte, est rougie. Admettre que la nappe est colorée grâce au sang menstruel de femmes (ou si cela est trop pour la communauté locale, avec le sang d’animaux sacrifiés), semble trop offensant pour l’auteur, ou du moins pour la plupart des lecteurs occidentaux que lui et son éditeur visent.

Les pratiques tenues partout en Inde où les gens vivent en accord avec les préceptes du Tantra ou Shakta, vont plus loin que de voir une nappe artificiellement teinte de rouge comme une relique sainte. En fait, les adorateurs du Yoni – hommes et femmes, jeunes et moins jeunes – fabriquent leurs propres reliques saintes avec du sang réel et vivant qui s’écoule d’une femme menstruée. Avec le sang du Yoni d’une femme préalablement consacrée, le prêtre peint un triangle sur son pubis rasé. Une fois cela accompli, un morceau de tissu ou de papier est pressé contre le pubis de la femme, et le triangle s’y imprime. On retrouve ces reliques dans les maisons et les temples secrets des adorateurs, là où ils servent d’objects de méditation et de vénération.

Les Bâuls du Bengal sont un autre groupe de personnes pour lequel les menstruations sont source de joie et de célébration plutôt que de ségrégation, de honte ou de peur. On peut comparer les Bâuls aux ménestrels du Moyen-Âge européen. Leur philosophie comporte des éléments de tradition tantrique et d’hindouïsme. Ils se dévouent particulièrement à la déesse Radha et au dieu Krishna. Les périodes menstruelles sont perçues pour eux comme de bon augure et puissantes, en effet. Ils chantent des chansons d’amour et de dévotion à travers lesquelles ils répandent la parole voulant que la communion avec le Divin puisse être possible grâce au corps – par le rituel, par l’union sexuelle et particulièrement en faisant usage des forces inhérentes au fluide menstruel. Pour cette raison, les Bâuls ne pratiquent que rarement leur rites sexuels en d’autres temps que lors des trois jours et demi de la période menstruelle. Comme on peut s’en attendre d’un peuple dont la tradition est si concentrée sur l’aspect féminin, les Bâuls ont développé des connaissances plutôt accrues concernant les menstruations. Selon leurs enseignements, le fluide menstruel varie selon les différents temps du cycle. Ils associent les types de sang à trois rivières sacrées de la tradition indienne : le Gange, le Saraswati et le Jamuna. «Jamuna, la sombre, s’écoule durant l’état initial des menstruations et est suivie de Saraswati, de fluide rouge, puis de Ganga, dont la couleur du fluide est plus légère. Chaque type de sécrétion menstruel prend 24 heures à se manifester complètement… Lors de la dernière demi-journée, les sécrétions menstruelles déclinent.

Le rituel mensuel des Bâuls, 84 heures remplies de musique, de chanson, de passion et de dévotion, est connue comme étant «la manifestation de la pleine lune au temps de la nouvelle lune», et son but ultime est de «saisir l’insaisissable», l’énergie unique possédée seulement par les femmes. On dit que cette énergie ne se manifeste que durant les 12 dernières heures des menstruations. En s’unissant à une femme menstruée durant cette période, un homme peut recevoir les pouvoirs de la Déesse, partagé à lui grâce à une femme consentante.

Ne bénéficierions-nous tous pas d’une telle manière de voir les femmes et leurs pouvoirs uniques, plutôt que de voir les menstruations comme une malédiction, comme étant impures, ou quelque chose qui doit être caché, parfois même de l’être aimé? Il est certain qu’il ne sera pas aisé, ni peut-être même possible de changer l’opinion de la société en générale en la matière. Ce qui est possible, toutefois, c’est de changer notre propre point de vue et de personnellement défier le tabou qui nous a été imposé par nos parents (qui ne connaissaient pas mieux), par nos pairs et les papes (qui n’ont jamais rien compris aux femmes).

Ce n’est pas seulement dans le Tantra indien que nous pouvons trouver révérence pour les fluides menstruels et leur utilisation dans les rites. De telles pratiques ont également été documentées dans le Tantra tibétain. En dépit du fait que les lamas tibétains contemporains, encore bien plus que les adeptes indiens, sont habituellement assez secrets à propos des aspects sexuels de leurs enseignements, d’autres – dans leur traductions des documents tibétains originaux – se sentent moins gênés. Par exemple, Keith Dowman, dans sa traduction du texte tibétain «Le Secret de la Vie et les Chansons de Dame Yeshe Tsogyal», rapporte un passage qui révèle incontestablement le haut respect qu’avaient les anciens adeptes du Tantrisme envers les pouvoirs du flux menstruel. Dans ce passage, une des co-fondatrices de ce mouvement religieux, l’adepte et enseignante Yeshe Tsogyal (757-817), informe de son extraordinaire vision que voici : «Alors j’ai eu une vision d’une femme rouge, nue, plaquant sa bhaga (yoni) contre ma bouche, et je bois vivement le flux abondant de son sang.»

Dans cette déclaration tirée d’un texte ancien et respecté, non seulement parle-t-on de boire le sang menstruel directement du yoni, mais le texte nous démontre également qu’une telle pratique ne semble pas avoir été restreinte aux couples hétérosexuels, comme on le croirait généralement. Toutefois, il ne faut pas croire pour autant que Yeshe Tsogyal préférait pratiquer ses rituels sexuels avec des femmes plutôt qu’avec des hommes. Dans une biographie, Yeshe Tsogyal écrivit à propos de Padmasambhava (730-805), l’homme à qui l’on doit officiellement d’avoir amené le Tantra et le Boudhisme au Tibet; elle parle clairement de la retraite qu’elle eut avec deux adeptes masculins. Les rituels qu’ils pratiquaient là (comme le faisaient et le font encore plusieurs personnes) sont connus au Tibet sous l’appellation «zap-lam», et comme la «voie de s’étendre sur le corps d’une autre personne», un enseignement qui était surtout transmis par une femme, une initiée du 11e siècle de notre ère, connue au Tibet sous le nom de Vajradhara Niguma et en Inde sous le nom de Yogini Vimalashri.

Ce n’était qu’une brève excursion dans les pratiques du Tantra indien et tibétain concernant les menstruations, et il y aurait encore bien plus à dire sur les différentes pratiques sexuelles et leurs bénéfices psychosomatiques. Le livre «The Yoni» se penche sur l’étude du Yoni et non pas tant sur la sexualité en tant que telle.
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.: Sang : poème de Shana Grace

2/27/2013

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Traduit et adapté par Ishara Labyris du poème "Blood" de Shana Grace

Mon sang mon sang,
Mon sang est une inondation
Mon sang est une mer en furie
Mon sang est une centaine de chats sifflant
communiant en moi.
Mon ventre est lourd et gonflé
Mon ventre est rond et plein
Mon ventre s'élève avec la mer
La mer est à l'intérieur de moi.
Le rythme de l'océan
rythme de l'eau
Mère lune qui attire les marées
mets-toi à nue au-dessus de ta fille.
J'accouche d'un baume pour la Terre
Il ruisselle le long de mes jambes
Il se mêle à la poussière sur le sol
et s'enfonce dans la terre
J'écris mon nom
riche et rouge
en des cercles sacrés
Où je jure
avec intention et mot sacré
Je signe ma prière
de sang.
Je m'émerveille de son mystère
barbouillé sur mes feuilles blanches
et désire le laisser couler si librement
en ruisseaux qui courent dans la rue.
Mon sang mon sang
Mon sang est une potion
Préparée avec ma véritable émotion
mise à ébullition dans le chaudron de mon ventre
et désenroulement d'un dragon étranglé
luttant contre son noeud étouffant
éclatant dans toute sa furie
Qui ose nier le pouvoir que je possède
dans mes heures de sang ?
Qui ose le réduire en excuses,
"Oh ce n'est que ta période du mois"?
Je ne le traiterai pas comme une malédiction
Je me couronne de sang
Mon droit de naissance
et en bénit cette terre souffrante
qu'elle boive le vin qu'Elle mérite.
Ce sang ne devrait pas être "flushé"
avec autant de dédain
que s'il s'agissait d'une honte déplaisante
que s'il s'agissait d'un ennui fatiguant
Ce sang,
il honore notre création
d'apporter la vie dans la gestation
Il nous lie à la lune,
à la Mer
Soeurs de ces pouvoirs qui sont,
Soeurs de la Sainte Mère
Oserons-nous partager ce trésor...
avec nos Frères?
Ô Qu'il pleuve rouge
Que cela se déverse
Laissez la mer s'élever et rugir
Laissez notre furie courir sa course
vulnérable avec notre force souffrante
Laissez les rivières dans nos utérus
jeter leur bijoux de rubis partout
pour que les rues tournent au rouge
et inondées librement
avec notre sang.
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.: Papillon au clair de lune : magie du sang menstruel

2/27/2013

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Chapitre 12, du livre Woman in the Shaman’s body de Barbara Tedlock, traduit et adapté par Ishara Labyris

Dans les fluides sombres du sang menstruel et du sang de l’accouchement réside l’essence vitale de la forme la plus féminine d’énergie spirituelle. Concentrée et profondément mystérieuse, cette force touche toute femme et la lie à une formidable tradition shamanique. Comprendre cette énergie – et la toile riche de mythes et de symboles qui l’entoure – nous aidera à voir plus clairement les femmes dans leurs rôles transcendantaux.

Les hormones féminines jouent un rôle central dans les habiletés shamaniques des femmes. Pendant les menstruations et les jours qui les précèdent, les femmes expérimentent leurs plus puissants pouvoirs de guérison et d’oracles. Les changements d’humeur et la sensibilité accrue de cette période du mois – qui, en Occident, ont été étiquetés « Syndrome prémenstruel » (SPM) et traités comme une maladie – sont en fait des manifestations d’un état altéré de conscience, rendu possible à la biologie féminine. En plus d’une réceptivité pour la transe et l’extase est un autre avantage : comme le sérum d’œstrogènes est en hausse dans le corps de la femme, cela a pour effet d’augmenter l’activité des neurotransmetteurs, haussant ainsi la quantité d’adrénaline disponible, pour de difficiles sessions de guérison nocturnes.

Les femmes shamanes sont vivement conscientes du renouveau mensuel de leur énergie.  La shamane mongolienne Bayar Odun me disait que sa récente séance shamanique avait été particulièrement forte puisqu’elle venait de commencer ses menstruations. Elle avait rit et m’avait ensuite chuchoté, avec un clin-d’œil « Lorsque nous avons nos règles, nous les femmes devenons leaders des cérémonies publiques. Je suppose que tu as remarqué que lorsque je battais mon tambour, mon cheval-vent était empli de sang. Mon battement était très puissant, et les hommes ne pouvaient que s’asseoir et contempler ma force ».

Les fleurs, force de vie féminine

Les énergies positives du sang féminin sont célébrées dans un symbolisme visuel et littéraire complexe, qui comprend des images de fleurs et est lié aux phases de la lune. Le sang féminin est honoré à plusieurs endroits comme étant la « fleur » de l’utérus. Dans le monde botanique, on dit que le but des fleurs est de produire des fruits et apporter ainsi de nouvelles plantes de leur propre espèce. Par analogie, tout comme les fleurs contiennent les fruits futurs, le sang utérin contient l’essence des générations futures. Dans la Bible, le sang menstruel est appelé « fleur qui précède le fruit de l’utérus » (Lévite 15 :24). Et lorsqu’une fille a ses premières règles, on dit d’elle qu’elle a « porté la fleur ». En français, « les fleurs » est le nom donné au premier saignement d’une jeune fille.

En Côte d’Ivoire, dans l’ouest africain, une aînée Beng donna une explication similaire à ma collègue Alma Gottlieb, une anthropologue de l’Université de l’Illinois. Elle lui a dit que le sang des femmes est très spécial parce qu’il contient un être vivant. « C’est comme un arbre. Avant de porter ses fruits, un arbre doit avoir porté ses fleurs. Le sang menstruel est comme la fleur : elle doit émerger avant que le fruit – le bébé – ne puisse être porté. » Dans mes propres recherches au sein des Maya de Belize et du Guatemala, j’ai trouvé que le mot fleur est une métaphore pour le placenta.

En Inde, le lotus rouge représente les organes reproducteurs féminins, et les peuples tribaux là-bas célèbrent encore la fertilité d’une jeune femme qui vit sa ménarche (premier saignement) avec des chansons qui la décrivent comme une fleur de noix de coco bourgeonnante. Par la suite, chaque fois qu’elle ressent une accélération de son énergie durant sa période menstruelle, le sang peut être mixé à du vin et consommé comme boisson rituelle spéciale, bue par les membres féminins de sa famille étendue. Dans les Îles Andaman de la Baie du Bengal, une jeune femme prit le nom d’une fleur après ses premières menstruations. À ce moment, on disait qu’elle était « en fleurs ». Lorsqu’elle était enceinte, son corps était mûr de « tous ses fruits », elle était alors considérée comme une femme complète.

Le symbolisme de la fleur au Mexique remonte aux mythes. Un illustration d’un ancien manuscrit aztèque peint, illustre les organes reproducteurs et le sang menstruel de Xochiquetzal, ou Plume Florissante de Quetzal, comme une seule fleur à longue tige. Selon la mythologie aztèque, cette déesse de la lune et de l’amour eut ses premières menstruations alors que ses organes génitaux avaient été mordus par une chauve-souris, née du sperme Quetzalcoatl, ou Serpent-à-plume-Quetzal. Elle saigna des fleurs fragrantes et ce faisant, introduisit dans le monde le plaisir sexuel.

Au centre du Mexique, les fleurs demeurent symbole de force de vie féminine et de tous les plaisirs sensuels, incluant l’amour sexuel, l’art, la musique, le tissage, la broderie, l’orfèvrerie, la sculpture, le chant et la danse. Dans le folklore de la région, on dit qu’une sirène vit à l’intérieur de la lune et qu’elle est responsable des menstruations. En Nahuatl, la langue des Aztèques, l’utérus est appelé « pot de fleur », qui était aussi le nom donné à la patronne des sages-femmes.

Les Huichols croient qu’une déesse, Grand-mère Croissance, fabriqua les fleurs à partir de ses sous-vêtements souillés de sang qu’elle avait jeté dans une source, dans le désert près de l’endroit où le cactus peyotl sacré pousse maintenant. Des fleurs de ce cactus, sa fille, la déesse de la maternité, a été créée. Chaque année, les familles font un pèlerinage à la maison de sa fille, un sanctuaire tout près de la source. Ils y chantent, dansent et prient pour la fertilité, laissant des offrandes de bols perlés, des bâtons croisés grâce à du fil connu sous l nom de « yeux de dieu », ainsi que des mâts de bambou et de coton tissé.

Une imagerie similaire des fleurs – parfois liée à l’eau qui symbolise le canal de naissance – existe à travers toute l’Asie. Dans les provinces de Guangdong et de Fujian, au sud de la Chine, on dit que chaque femme possède une fleur qui représente sa féminité. Chacun de ses enfants en a un double, croissant dans un pot de fleur, planté dans un jardin aux cieux. Afin d’être mis au monde, le fœtus doit traverser le « pont-aux-cent-fleurs », un endroit de transformation et de réincarnation liant le ciel et la terre. Durant ce passage dangereux, une divinité des fleurs connue comme « Dame du bord de l’eau »protège la femme enceinte et son enfant. En Corée, le premier chaman était une femme qui maintenu un village sur la montagne empli d’azalées et de lotus. Puisque ces fleurs peuvent faire revivre les morts, on en est venu à les voir comme créant un monde imaginal situé près d’une rivière du monde sensuel.

Des artistes de plusieurs cultures utilisent les fleurs comme symboles à la fois magiques et sexuels, dans leurs chansons, poèmes et peintures. La relation visuelle entre le clitoris et la fleur à moitié ouverte, par exemple, est un motif fréquent, en partie parce que les pétales de la fleur s’ouvrent pour révéler le pistil et l’étamine en son centre reproducteur. Plusieurs des fleurs de Georgia O’Keeffe représentent le corps féminin, bien qu’elle-même refuse de l’affirmer, ne souhaitant pas être étiquetée « artiste féminine ». Néanmoins, elle a tout de même admis essentiellement la connexion, lorsqu’elle dit à son biographe : «J’essaie avec tout mon talent de faire une peinture qui est tout de femme, et qui est tout de moi ». Plus récemment, l’artiste Suzanne Santoro était franche à propos de la signification de ses images. Lorsqu’on lui demanda celle de sa « Fleur et Clitoris », elle dit qu’elle a délibérément « placé la fleur près du clitoris dans le but de comprendre la structure des organes génitaux féminins.

Entrer dans le courant du temps

Les phases de la lune ont toujours été utilisées pour marquer le passage du temps. Chaque mois, la nuit croît, devient pleine, décroît puis disparaît pendant trois nuits avant de renaître en tant que « nouvelle lune ». La disparition de la nuit n’est jamais finale et son cycle récurent est lié aux rythmes de la vie : conception, naissance, mort et renaissance. D’une culture à l’autre, la lune symbolise le renouveau, l’immortalité et l’éternité. La croissance et la décroissance de la lune contrôleraient les marées des océans et le sang menstruel. D’ailleurs, le mot grec pour lune – mene, signifiant « mesure du temps » - est la racine du mot menstruer.

La lune croissante, sous la forme d’une corne de bœuf, a été gravée à l’entrée d’un abri de pierre datant de l’époque paléolithique, à Dordogne, en France. Une dalle de calcaire y montre une femme nue, aux seins pendants et visiblement enceinte. Dans sa main gauche, elle tient la corne, sur laquelle sont gravées treize lignes. Les chercheurs croient que ces marques indiquent que le peuple de ce temps liait le cycle menstruel de la femme au cycle annuel de treize lunes, et ce faisant, aurait créé le premier calendrier.

Il y a approximativement trois mille ans, les femmes mayas, indiennes et chinoises utilisaient leurs observations de la lune afin de développer des calendriers, ceux-ci encore étant encore utilisés présentement. En Inde, le calendrier lunaire de vingt-huit jours était divisé en deux périodes de quatorze jours – la moitié sombre et la moitié lumineuse de la lune. Ensemble, celles-ci marquent à la fois le cycle lunaire et le cycle menstruel, avec la pleine lune comme symbole cosmique représentant la grossesse. Dans le système cosmologique chinois, la pleine lune représente la conjonction du yin et du yang, où l’obscurité, la féminité et l’immobilité de la terre combinée avec les mouvements des constellations et autres corps célestes. Les dates de l’accouchement des femmes enceintes étaient calculées en notant soigneusement les vingt-huit positions stellaires dans lesquelles la lune passait.

En Amérique centrale, les sages-femmes mayas ont observé que lorsqu’une femme sautait sa période menstruelle, elle mettait au monde son enfant environ 260 jours plus tard. Afin de garder une trace du temps écoulé, elles notaient la pleine lune la plus près du jour où elle a réalisé qu’elle était enceinte et comptait ensuite neuf pleine lunes pour arriver à la date approximative de l’accouchement. Cette pratique donna lieu à un calendrier lunaire qui fournit une base à tous les autres calendriers mayas, et il est encore utilisé par les sages-femmes. 

Dans les mythologies chinoises et mayas, la lune est représentée par une déesse amoureuse. Une ancienne histoire chinoise dit que la déesse lune se querellait avec son époux, car il était jaloux de son habileté à menstruer. Il l’accusait de garder cet « élixir d’immortalité » pour elle-même. Elle était si furieuse de son accusation infondée qu’elle l’abandonna et s’en alla vivre pour toujours dans la maison de la lune. Depuis ce temps, elle interdit à tous les hommes de participer à son festival annuel de récoltes, à la pleine lune. Les déesses lunaires chinoises et mayas ont en commun d’avoir souvent des relations avec des lapins; leur fécondité affecte directement le monde des plantes, faisant germer les grains et fleurir les plantes. La déesse lunaire Maya précolombienne apparaît même sur les poteries comme une jeune femme assise sur le glyphe maya représentant un croissant de lune, tenant un lapin sur ses cuisses. On dit que le lapin reflète les motifs visibles sur la surface de la pleine lune.

La synchronie menstruelle et l’isolement

Des études scientifiques indiquent que les femmes qui vivent ensemble dans de petites communautés ont tendance à harmoniser leurs périodes menstruelles. Cela arrive entre autre parce qu’elles savent à quel moment chacune d’entre elles saignera et parce qu’elles sont sous la même lumière nocturne (en l’absence de d’autres formes de lumière, la nuit, l’ovulation est influencée par la pleine lune).

En Australie, chez les Yolngu, les premières menstruations d’une fille sont considérées si bénéfiques et puissantes que les femmes plus âgées en gardent un peu de sang pour utiliser lors des rituels qui les initieront dans leur maturité. À chaque période menstruelle, jusqu’à ce que la jeune fille ait pleinement mûri, les femmes massent ses épaules avec ce sang afin de stimuler son développement. Pour ce faire, elles se réunissent dans des camps menstruels chaque mois durant la pleine lune. Les femmes qui n’étaient pas menstruées – et qui n’étaient pas enceintes ou ménopausées – étaient encouragées à menstruer, en leur racontant l’histoire du premier saignement féminin, qui était illustré grâce à un jeu de ficelles.

Il y a longtemps vivaient deux petites filles connues comme les Sœurs Djanggawul. Elles étaient dehors, un après-midi, marchant avec leur frère, une longue route. Alors qu’ils traversaient ensemble la Terre, des sources sortaient de la terre et des arbres poussaient spontanément, à leurs cimes couvertes de feuilles et d’oiseaux. Lorsqu’elles furent fatiguées, elles s’assirent. Mais lorsqu’elles se relevèrent, elles laissèrent leurs sacs sacrés sur le sol et leur frère les leur vola. Elles réalisèrent alors que, bien que leurs pochettes leur aient été enlevées, elles avaient gardé le pouvoir de leurs emblèmes, puisqu’elles avaient encore leurs utérus. Elles s’assirent sur le sol, leurs jambes largement entrouvertes. Et alors qu’elles se regardèrent l’une et l’autre, elles commencèrent à saigner.

Lors de ces rassemblements, une figure faite pour ces moments est nommée «  sang de trois femmes ». Le design – une simple corde croisée en trois segments, tenue entre les pouces, index et auriculaires de chaque main – représente la connexion qui se produit entre des femmes saignant ensemble au même moment à chaque mois.

Selon la tradition, les femmes polynésiennes se rassemblaient une fois par mois dans les demeures des femmes pour parler et apprendre des unes des autres. Les femmes hawaïennes, à ce jour, vont encore à leur hale pe’a ou maison menstruelle. Alors qu’elles passent du temps ensemble à partager des informations et à fabriquer des tapis d’écorces, leur nourriture est préparée et leur est apportée par leurs maris et leurs fils. Similairement, sur l’Île Mogmog, dans le Pacifique, plusieurs femmes se retirent dans une large demeure chaque mois durant leurs périodes menstruelles. Elles y emmènent leurs plus jeunes enfants et passent du temps ensemble à tisser et à discuter.

Rituels de puberté

Les rituels de puberté pour les jeunes femmes les aident à expérimenter le pouvoir de leur nouveau statut d’adulte, d’abord par la voie de la méditation, puis dans un rituel communautaire festif. Les ménarches mènent à un portail important sur leur cheminement, pour découvrir leur sexualité. Pour une fille Diné, le sang qu’elle perd, appelé chooyin ou « pouvoir sacré », représente son énergie reproductive. Une femme herboriste m’a dit : « Ce premier sang est sang de vie. Alors tu as une cérémonie spéciale appelée kinaalda ou « première menstruation ». La famille de la jeune fille font appel à une femme en qui ils reconnaissent les idéaux de la féminité – bonne santé, ambition, connaissance de la tradition – afin qu’elle guide leur fille lors des rituels. »

Au matin du premier jour, la jeune femme est vêtue à l’image de la déesse appelée Femme-Changeante ou Femme-Araignée, la divinité dont les tissages crée et répare l’univers. La jeune fille porte une blouse de velours rouge profond et une jupe de satin, une ceinture de laine rouge et noire, des mocassins avec des jambières en peau de cerf, de longues boucles d’oreilles en turquoise, une ceinture concho d’argent, des colliers de turquoise, des anneaux et des bracelets d’argent. Les membres de sa famille et ses amis proches lui prêtent la plupart des bijoux qu’elle porte car ils croient que cela les revitalisera et les bénira, lors de son rituel.

Une fois qu’elle est vêtue, la jeune fille s’agenouille, faisant face à l’est ; ses cheveux sont lavés avec de la mousse de racines de yucca et peignés avec une brosse d’herbe. Ils sont attachés à sa nuque et tenus en place grâce à une lanière spéciale découpée dans de la peau de lion des montagnes. Ensuite, elle se tient au centre de la pièce alors que ses parents dispersent des couvertures blanches et d’autres tissus. Elle s’y allongera et y sera massée. Comme une participante l’expliquait : « Lorsque tu as ta Kinaalda, c’est comme si tu retournais au stade de ta naissance. On te perçoit comme un nouveau-né. Et tu te sens comme ça. C’est pourquoi ton corps est modelé afin de créer de la force et de l’endurance dans tes membres et ton corps ».

Elle effectue ses massages avec un objet plat et doux. Si elle désire que la jeune fille devienne une excellente tisseuse, elle utilisera ses lattes de tissage. Pour en faire une bonne étudiante, elle utilisera un cahier. En commençant avec les pieds et les mains de la jeune fille, elle monte ensuite vers la tête. Alors qu’elle masse, elle nomme des caractéristiques positives. En massant ses pieds, elle dit « Puisse-t-elle être agile et gracieuse comme un cerf ». En massant ses jambes, elle dit « Puisse-t-elle être forte ». Si elle désire que la jeune femme excelle dans le tissage, elle pétrira ses mains et ses bras en disant « Puisse-t-elle être une bonne tisseuse ».

À ce moment, la jeune femme se lève et marche jusqu’au centre de la pièce, ou tous les enfants font la queue. Un par un, ils s’avancent vers elle, alors qu’elle représente pour eux Femme-Araignée. Elle place ses paumes de chaque côté de leur visage et étire la peau vers le haut, afin qu’ils puissent bien grandir. Comme une mère le raconte, « c’est comme une cérémonie de guérison. Grâce à sa Kinaalda, elle est source de guérison pour les enfants. Tous ceux qui participent sont bénis ».

Plus au nord, les Lakota de la période pré-réservation marquaient le premier saignement féminin de manière différente. La jeune fille allait avec sa mère à la loge des femmes dans le but d’avoir une vision. Là, elles étaient jointes par d’autres femmes qui lui apprenaient comment recueillir son sang grâce à du cuir cousu avec des queues de quenouille. Ensuite, elle plaçait son paquet sacré à l’extérieur, sur un prunier, symbole de fertilité et d’hospitalité. En le faisant, elle priait silencieusement Femme Bison Blanc, qui apporta à la nation Lakota la Pipe de la Paix. Lorsque la jeune fille retournait à sa famille, ils tenaient alors une cérémonie publique durant laquelle le mythe de Femme Bison Blanc était raconté.

Il y a longtemps, Femme Bison Blanc apparut à deux jeunes chasseurs, comme une belle femme. Elle était sans vêtements, simplement ses longs cheveux qui tombaient sur son corps comme la robe d’un bison. Un de ces hommes pensa à avoir une relation sexuelle avec elle, et comme elle pouvait lire dans les pensées, elle l’encouragea. Alors qu’ils s’enlaçaient, elle s’entoura elle-même de fumée. Lorsque la fumée disparut, tout ce qui resta de l’homme était son squelette. Elle dit au second chasseur de retourner à son camp et de dire aux aînés que bientôt ils verraient quatre pouffées de fumée directement sous le soleil, à la mi-journée. Lorsqu’ils verraient ce signe, ils devraient préparer une fête et elle arriverait.

Lorsqu’elle apparut, comme promis, elle présenta au chef de famille la pipe, et leur apprit son utilisation rituelle. Ensuite, elle enseignera au shaman de placer du foin d’odeur sur les charbons. Cela a fait un nuage de fumée tourbillonnant, elle y est entrée et tourna autour quatre fois. La première fois, elle devint un bison noir, la seconde fois un bison brun, la troisième fois un bison rouge et la quatrième fois, elle devint un bison blanc femelle et galopa au loin dans les vallées.

Dans les rituels de puberté, une fille Lakota joue le rôle mythique de la grande femme shamane, la Femme Bison Blanc. Ainsi, elle donnait à son peuple un pouvoir mystérieux ou sacré appelé wakan. Pour le restant de ses années fertiles, et pendant sept jours, chaque mois, elle irait à la loge des femmes, où elle entreprendrait des quêtes de vision avec les autres femmes de la loge. 

Lorsqu’une jeune fille commence son saignement féminin parmi les Ojibwe et leurs voisins les Menominee, elle passe plusieurs jours dans une petite loge que sa mère fabrique pour elle dans la forêt. Durant ce sent, elle est appelée wemukowa, « devient un ours ». Son moindre regard ou touché pouvait provoquer la destruction des cultures de petits fruits (nourriture préférée de l’ours), la paralysie des adultes et la mort des enfants. Et sans aucune formation préalable, elle possédait le pouvoir de guérir. Comme l’expliquait un de leurs hommes : « Lorsque j’étais jeune, j’avais plusieurs verrues sur mes mains. J’étais presque totalement couvert par elles. Une vieille femme de ma tribu me conseilla d’aller voir une fille qui avait bâti une bakan ishkodawe (loge menstruelle), à quelques distances du village. Elle m’avertit d’approcher la loge de côté et très prudemment. Si je l’atteignais sain et sauf, je pouvais passer mes mains devant et dire ‘je suis venu à toi pour guérir mes mains’. J’ai approché la loge, passé mes mains à l’intérieur et répétai les paroles. La jeune fille mouilla ses doigts de sa salive et toucha mes verrues. Lorsqu’elle eut finit, je regagnai mon village. Et après cinq jours seulement, toutes mes verrues était complètement disparues! »

Au début des années 1900, en Colombie-Britanique, les Haida avaient insisté pour qu’un individu en douleurs sévères trouve une jeune femme ayant ses premières menstruations afin qu’elle le masse. Si elle était capable de le guérir de cette manière durant son écoulement menstruel, elle était alors formellement entraînée et initiée comme shamane par une femme plus âgée.

L’idée voulant que le sang menstruel puisse guérir en est une très répandue.  En Alaska, chez les Koyukons, les fluides menstruels et les fluides d’accouchement sont mélangés avec des plantes médicinales et utilisés pour concocter des talismans de protections pour les enfants. Au Tibet, le sang menstruel des jeunes filles est offert à la déesse Tara et utilisé comme une médecine puissante pour l’entière communauté. Et sur l’île indonésienne de Java, le sarong que porte la jeune fille durant ses premières menstruations n’est jamais lavé ou reporté, mais gardé comme un charme. Plus tard, si un de ses enfants est malade, elle l’enveloppera dans le vêtement. Si l’enfant recouvrait sa santé, la femme était reconnue pour ses habiletés de guérison et devenait shamane.

Selon de nombreux mythes sur l’origine, une femme donna vie au cosmos en relâchant son sang féminin. De telles déesses sont associées à la couleur rouge, qui symbolise le sang menstruel, le sang de l’accouchement, la source de leurs pouvoirs dangereux, mystiques et créateurs. Au sanctuaire Ankota des aborigènes d’Australie, vu comme la vulve de la Terre, les adeptes femmes se visualisent elles-mêmes au bord d’une voie souterraine qui s’ouvre devant elles comme une immense caverne. Elles se voient alors comme du sang rouge, comme le cœur d’une flamme.

Dans le bouddhisme tibétain, la femme shamane connue sous le nom de Yeshey TSogyel, ou la Grande Reine Béatitude, est représentée d’un rouge brillant. Son pouvoir guérisseur est directement associé à sa vulve et à son utérus. Dans le sud de l’Inde, la déesse guerrière shamanique Bhagavati est aussi d’un rouge brillant; elle est la quintessence de la chaleur féminine et de l’énergie sexuelle, et la fleur d’hibiscus est son symbole.

Les Barasana du bassin amazonien croient que la première grand-mère de tous, Romi Kumu ou Femme Shamane, réaffirme sa force en peignant son visage en rouge chaque mois. Mais avant, elle retire la vieille peinture, retirant une fine couche de peau, représentant ici son sang menstruel. Les shamanes Barasana, comme les Indiens de Suriname, sont soit de jeunes femmes ou des femmes pré-ménopausées, ou encore des hommes qui sont passés par des rituels de puberté dans lesquels ils ont saigné leur pénis. Ce sang est considéré être le même que le sang menstruel. Dans ces groupes, comme dans d’autres groupes sud-américains, les shamans masculins et les femmes menstruées sont considérés de puissance égale de par leur grande autorité et de leur fertilité.

Le sang et l’initiation shamanique

Partout où le chamanisme a conservé une tradition féminine distincte, la guérison liée aux rituels de puberté conduisait souvent à l’initiation d’une jeune femme. Au début du vingtième siècle, Lucy Thompson, une riche femme du nord de la Californie, de descendance Yurok, publia l’histoire de son peuple, dans laquelle elle expliquait que le shamanisme se passait dans la lignée des femmes. Les jeunes femmes possédant un potentiel shamanique fort étaient sélectionnées en tant que novices peu de temps après leurs ménarches, et débutaient leur formation avec leurs mères et d’autres parents féminins. Pendant deux à dix ans parfois, elles visitaient des sites sacrés, canotaient le long de la rivière Klamath jusqu’à sa bouche, où, en l’atteignant, elles avaient des visions. Le fantôme d’un humain ou d’un animal se manifestait dans une énergie subtile à l’intérieur de leur corps; il était visualisé couvert de sang, comme une masse couleur de foie, appelé « douleur ».

Plus tard, durant son rituel d’initiation, la jeune femme allait dans les montagnes Klamath, seule, durant dix jours, pour s’y baigner et chercher une vision, dans un étang sacré. Le premier jour, elle marchait, se baignait et méditait une fois. Le deuxième jour, elle marchait, se baignait et méditait deux fois, et ainsi de suite, jusqu’au dixième et dernier jour. Finalement, elle se baignait à minuit, se tenant au centre de l’étang, sous le pouvoir de l’eau et celui de la lune. Elle priait alors Femme Ciel, lui demandant la longévité, la force, la prospérité, et un don ou une habileté spéciale. Puis, elle plongeait profondément dans l’étang et rapportait un coquillage, souvenir de son expérience. Lorsqu’elle revenait, elle donnait son talisman à sa mentor, et lui partageait ses pensées, sentiments, sensations, images et rêves de sa quête de dix jours.

À la fin du dix-neuvième siècle, Fanny Flounder, une tisseuse de panier Yurok très connue qui souhaitait suivre les pas de sa grand-mère, sa mère et ses sœurs, et entreprit une forme d’initiation shamanique pour elle-même. Plusieurs années après qu’elle soit revenue une guérisseuse hors-pair, elle raconta l’histoire de ses quêtes shamaniques de jeunesse à Robert Spott, un homme yurok :

Pendant plusieurs étés, j’ai marché jusqu’à une pointe de laquelle je pouvais voir la mer, près de chez moi. Là, je dansais pendant des heures dans l’espoir de recevoir une vision. Par un après-midi, alors que je dansais, je perdis conscience. Alors que je dormais, je rêvai que je voyais un ciel très haut, duquel coulaient des gouttes de sang, comme des glaçons qui fondent. J’entendais les gouttes faire « ts, ts », alors qu’elles tombaient dans l’océan. Puis, je vis une femme vêtue d’une robe de style très ancien, faite d’écorce d’érable, et ses cheveux attachés comme ceux d’un docteur. La femme monta vers le ciel, alors que celui-ci s’élevait plus haut, et prit un glaçon de sang, et dit « Tiens, prends ça », et me le mit dans la bouche. C’était d’un froid glacial. Puis, je ne me souviens de rien d’autre. Lorsque je revins à moi, il y avait plusieurs hommes près de moi. Ils me portèrent jusqu’à la hutte de sudation pour y danser. Mais je ne le pouvais pas. Mes pieds se tournaient vers l’intérieur comme s’il n’y avait plus aucun os à l’intérieur. Puis, l’un après l’autre, ils me soulevèrent sur le dos pour danser avec moi…

Finalement, après cinq jours à danser dans la hutte de sudation, je me reposais, lorsque j’ai eu une envie intense de manger de la chair de crabe. Une vieille femme parente à moi (également une shamane) marcha sur la plage jusqu’à ce qu’elle trouva une pince de crabe et me la rapporta, la fit rôtir dans les cendres. Mais à la première bouchée, j’eus la nausée. La vieille femme me dit : « Laisse tout sortir » et tint un panier sous ma bouche. Dès que je vis le vomi de sang, j’ai pleuré « Eya ».

Fanny acquerra cinq pairs de « douleurs » et devint une puissante herboriste et docteure qui pouvait déplacer des objets par le pouvoir de sa pensée. Cette combinaison de pouvoirs shamaniques en fit une des shamane les plus riches de tout le nord de la Californie au tournant du vingtième siècle.

D’autres shamanes Yurok rêvèrent qu’ils recevaient de leurs ancêtres et esprits, des pouvoirs provenant de l’eau et du sang. Une femme du nom de Merip Okegei accepta du cerf cru des mains d’une ancêtre inconnue puis vomit un foie de saumon. De telles images – des glaçons remplis de sang, des morceaux de cerf cru, un foie de saumon, et des amulettes enveloppées de sang – lient symboliquement les pouvoirs shamaniques des femmes à leurs fluides menstruels.

Tela Étoile Faucon Lac (en anglais Tela Star Hawk Lake), une praticienne shamane du nord de la Californie, note que, historiquement, lorsqu’une jeune femme atteignait sa puberté dans la société Hupa, il y avait une célébration durant laquelle elle vivait dans une « loge lunaire » spécialement construite avec une femme sainte. Cette femme s’asseyait avec la fille, brûlait des herbes et des racines dans un feu sacré. Puis, elle couvrait la tête de la fille avec de la peau de cerf pour l’aider à se concentrer sur ses pensées. Pendant que la jeune fille priait pour recevoir une vision, des danseurs à l’extérieur de la loge chantaient des chansons en son honneur. Après deux ou trois jours enfermée, elle sortait de la loge et courait jusqu’à la rivière. Là, elle demandait à la lune et à ses guides spirituels, ainsi qu’aux esprits de l’eau, de lui accorder la protection, la prospérité, la force et la longévité. En retournant à la loge, elle plongeait son regard dans une abalone remplie d’eau. Les images iridescentes et changeantes révélaient son nouveau statut spirituel en tant que guérisseuse shamanique.

À cause de différentes pressions culturelles, peu de femmes autochtones en Californie passent maintenant du temps, à l’écart lors des menstruations ou entreprennent des rituels de puberté. Ainsi, seulement une poignée de ces femmes entreprennent une formation et initiation shamanique. Toutefois, elles ont créé un rituel mensuel intertribal connu comme la cérémonie du temps de lune. Les femmes qui y participent s’abstiennent de travailler, d’avoir des relations sexuelles et de manger de la viande. Elles se reposent, mangent de la soupe, boivent des tisanes et des jus de fruits, elles prient et chantent au clair de lune. Au matin, elles se baignent dans l’eau froide pour se donner de la force. Durant cette cérémonie, elles méditent, se racontent des histoires et partagent leurs expériences de vie.

Au début du vingtième siècle, au Groenland, la coutume était d’envoyer les shamanes potentielles seules dans les régions sauvages durant leurs premières menstruations. On leur disait de rechercher le contact avec le monde des esprits. Lorsque la shamane Teemiartissaq allait atteindre sa puberté, son père shaman lui suggéra de suivre cette voie. Plus tard, elle décrit ses années de formation :

Mon père me dit : « Entraîne-toi pour angakok » (la profession shamanique à laquelle lui-même appartenait). Alors, j’allais dans les terres, à travers les montagnes. Lorsque j’arrivai, je vis un superbe papillon, tout couvert de sang, assis sur le sol. On aurait dit qu’il allait se mettre à siffler, alors je sifflai. Il me posséda et je m’habillai de manière à lui ressembler. Une fois de plus, je sifflai. Cela fit en sorte que le papillon me quitta, et s’envola. Soudainement, j’entendis quelqu’un dire : »Puisqu’elle a sifflé et qu’elle s’est vêtue comme le papillon, elle doit être formée comme celle qui descend dans la mer. Je me demande si elle visitera la divinité de l’océan lorsqu’elle deviendra une shamane bien-entraînée. » Puis, je vis le papillon se lécher partout, retirer tout le sang sur elle. À ce moment, je repris conscience.

Le papillon de sang émergeant de sa chrysalide  symbolise sa venue à l’âge adulte. Tout comme le sang sortant de ses organes génitaux, l’esprit se libère et se métamorphose en papillon, s’envolant vers le ciel, débutant ainsi sa quête shamanique initiale. C’est la plus belle image du pouvoir du sang féminin en tant que forme extatique de pouvoir shamanique que j’aie rencontrée.

Le symbole transcende la culture, comme Judy Chicago l’a démontré dans son travail complexe « The Dinner Party ». Dans ce mélange créatif de sculptures, travaux d’aiguilles, de céramiques, peintures chinées, elle développa une histoire symbolique du féminin. L’imagerie sexuelle intrinsèque dans les trente-neuf plats de la table à dîner de Chicago provoqua une extraordinaire réponse négative de la part des critiques artistiques masculines, lorsque son travail a d’abord été exposé en 1979. Comme le notait une critique féminine : « Peut-être que ce symbolisme manifeste est trop près du quotidien de la maison, dans une société qui continue d’essayer de contrôler le corps des femmes, dans une bataille continue pour les droits de reproduction. Mais pour l’artiste, l’un des éléments les plus importants de son travail était le plat qu’elle nomma « un papillon vagin ».
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.: Menstruation et guérison

2/27/2013

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Par Patricia Montgomery (College of St Catherine’s Minneapolis, MN)
Traduit et adapté par 
Xella Sieidi

La puissance des menstruations a été reniée de notre culture pendant cinq mille ans. Je n’ai jamais réfléchi à mon cycle mensuel, sauf au fait que cela concerne la procréation et, bien sûr, aux inconvénients qui l’accompagnent. Il m’est arrivé de travailler avec des cercles de femmes pour des pratiques spirituelles et mes menstruations se sont parfois déclenchées plus tôt que prévues, m’apportant une puissance énergétique et par conséquence, des conséquences physiques.

Cette recherche de connaissance et de sagesse au sujet des menstruations et de la guérison a débuté grâce à ces puissantes, bien que drainantes, expériences. Cette recherche englobe la biologie, la signification, l’histoire et enfin, la portée de ce moment dans la vie de chaque femme. Cela m’a menée à me comprendre moi-même, à comprendre l’archétype de la guérisseuse en moi, et, le plus important peut-être, à me comprendre en tant que femme guérisseuse. En pratique, la spiritualité est indissociable de notre travail avec les énergies subtiles. Nous puisons dans le monde de l’invisible, une dimension éphémère qui nous éveille aux royaumes des archétypes, de l’intuition et de la connaissance. Mon hypothèse est que cette période pendant laquelle nous sommes menstruées nous connecte de façon encore plus puissante et significative à ces dimensions et ces royaumes.

J’entame ce voyage avec vous en étudiant d’abord la biologie, puis l’histoire et je terminerai en tirant certaines conclusions à propos de ce cadeau miraculeux.

LA BIOLOGIE

J’aimerais explorer la physiologie des menstruations afin de voir s’il y a un lien entre la réaction chimique des menstruations et notre ouverture, en cette période, à un grand pouvoir et une grande connaissance. Selon le livre de Joan Borysenko, A Woman’s Book of Life, le corps de la femme devient “s’accorde aux cycles des énergies lunaires » lors de la puberté. Des études ont démontré qu’à la pleine lune ou le jour précédent, le taux de conception (l’ovulation) atteint des sommets. Au moment de la nouvelle lune, l’ovulation et le taux de conception décroissent et plusieurs femmes débutent leurs menstruations à cette période. En fait, la plupart des femmes débutent leurs menstruations entre 4 h et 6 h, le moment le plus sombre de cette journée.

Le cycle lunaire des menstruations est orchestré par l’enclenchement des effets de quatre hormones : l’hormone folliculo-stimulante, l’hormone lutéinisante, l’estrogène et la progestérone. Pour comprendre comment ces hormones interagissent, nous devons prendre en considération quatre organes : la glande pinéale, l’hypophyse (dans le cerveau), les ovaires et l’utérus. L’hypophyse réagit à une multitude d’influences subtiles, incluant les émotions, le niveau de stress, le sexe, l’alimentation, les phéromones, la vue et l’odeur de celui ou celle que l’on aime et la durée d’une journée. À son tour, l’hypophyse fait réagit la glande pinéale qui elle sécrète la mélatonine, une neurohormone. Cette glande est remplie de petits cristaux appelés sable du cerveau, est en fait une sortie de troisième œil vestigial dont la capacité de répondre aux changements de cycles régularise les rythmes du jour et de la nuit dans le corps et indique à l’hypophyse le moment où elle doit commencer à sécréter les hormones de la puberté. Le philosophe Français René Descartes nomme cette glande le siège de l’âme. Il se peut bien qu’elle le soit, puisque plusieurs cultures croient que le début des menstruations est associé à un éveil profond du pouvoir, de l’intuition et d’une capacité d’accéder à des connaissances venues d’autres mondes. Dans les cultures orientales, la glande pinéale correspond au 6e chakra, ou le troisième œil. Il est donc possible qu’à la puberté, lorsque la production d’hormones par la pinéale atteint son sommet, notre œil de sagesse s’ouvre, littéralement.

Borysenko continue d’exposer les faits biologiques que les femmes sont plus extraverties et créatives lorsque leur niveau d’estrogène est élevé (tout juste avant l’ovulation) et plus intraverties lorsque leur niveau de progestérone est élevé (juste après les menstruations). S’il n’y a pas de grossesse, le niveau de progestérone et d’estrogène baisse rapidement et la muqueuse utérine se réduit et se décompose. Lorsque ceci arrive, la femme ressent souvent une déprime passagère, comme si quelque chose qui était prévu n’était finalement pas arrivé. C’est pendant cette phase « basse » que les habiletés psychiques des femmes sont les plus élevées. Environ deux jours après que les saignements aient débuté, le corps comment à répondre à l’absence d’estrogène et indique à l’hypophyse de produire l’hormone folliculo-stimulante et d’entamer un nouveau cycle. Tous ces changements sont dépendants du cycle du jour et de la nuit. De culture en culture, la lune symbolise le renouveau, le féminin, l’immortalité et l’éternité, étant donné que sa croissance et décroissante influencent les océans et les cycles menstruels. Le terme grec pour lune, « mene » signifie mesure du temps, est à la racine du terme menstruation.

L’HISTOIRE

Il y a plusieurs siècles, on considérait les femmes menstruées comme bénies; en anglais, le terme « blessing » (bénir) est dérivé du mot anglo-saxon « bletsian », saigner, selon le dictionnaire Webster. Quand les cycles des femmes ont-ils été diabolisés? Dans l’ancien temps, il y a plus de 25 000 ans, on a retrouvé des calendriers faits de bois qui semblent lier les menstruations aux cycles de la lune (Crawford, 2004). L’instinct initial des anciens peuples d’honorer la femme pour son habileté à saigner mensuellement sans aggraver sa santé et de porter en elle la vie était considéré comme miraculeux (Crawford, 2004). Il est difficile de percer le voile patriarcal étendu sur la culture occidentale depuis l’Inquisition, une époque où jusqu’à neuf millions de femmes furent torturées et assassinées parce qu’elles étaient femmes et guérisseuses. Cette période, de 1500 à 1700 de notre ère environ, et les valeurs patriarcales subséquentes, ont teinté notre conception de la féminité et notre perception de notre corps et de ses cycles. J’ai trouvé deux sources d’information qui jusqu’à ce jour continuent d’honorer les cycles féminins : le tantra et le chamanisme féminin. Plusieurs traditions chamanistes, comme celles des Autochtones d’Amérique du Nord, croient que les femmes sont puissantes lorsque menstruées, mais ces traditions croient aussi que les femmes devraient être séparées des hommes lorsqu’elles se livrent à leurs pratiques spirituelles, par exemple, dans les « moonlodges », huttes lunaires (Owen, 1998). Je crois que ceci est un vestige du patriarcat.


LE TANTRA

Le tantrisme est une vieille pratique yogique, dont un des mystères central, appelé maithuna, traite de sexualité sacrée (Shuttle, 1978/1988). La tradition tantrique inclut des techniques de sexualité sacrée dont l’objectif est l’illumination spirituelle. Le moment optimal pour cette illumination se produit lors des menstruations de la femme, alors son énergie rouge sexuelle est à son plus haut. Cette énergie est ensuite maîtriser lors de rituels, méditations et pratiques du yoga. Cette tradition continue d’honorer les propriétés rajeunissantes du sang menstruel qui coule lorsque la lune est sombre (George, 1992). Les taôistes croient le flot du sang menstruel est une contribution primaire du chi pour la femme (Lai, 2001). Les Tibétains eux, apprécient les propriétés guérisseuses de l’élixir menstruel : une combinaison du sang menstruel rouge et de la blanche semence (Noble, 1991). Les taôistes, Égyptiens, Perses et Celtes participaient à un rituel de groupe où le vin était mélangé à du sang menstruel; ce rituel était considérée sacré et puissant. Dans le sacrement chrétien de la communion, le vin rouge symbolise le sang du Christ. Mais le vin rouge fut utilisé pour symboliser la Grande Déesse, la Femme Sainte, pendant bien des siècles avant (Owen, 1998). Durdin-Robertson nous apprend que le terme « Charis » (le nom d’une déesse), qui signifie grâce, est dérivé du terme pour « sang menstruel » et qu’il devint la racine du terme « eucharistie » (Durdin-Robertson, 1974).


LE CHAMANISME FÉMININ

Autrefois, les femmes étaient les premières prophètes de l’extase, les premières chamanes, les premières poètes visionnaires. L’art de la prophétie et de la divination est un art naturel qui permet au prophète de recevoir les énergies psychiques et biologiques de la terre et de la lune. Le paganisme était une discipline bio mystique qui permettait aux individus et au groupe de canaliser et diriger le véritable pouvoir rayonnant de l’univers entre eux et à l’intérieur d’eux. Les femmes étaient les premières porteuses de ces techniques. Les femmes sont liées à la lune parce une corde faite de leur psyché et de leur sang (Barber, 1994).

Le chamanisme féminin est basé sur le cycle sanguin, aussi appelé les mystères du sang, les mystères menstruels ou la matrice menstruelle. Les mystères du sang de l’accouchement et des menstruations sont au cœur du chamanisme féminin. Geoffrey Ashe, un universitaire britannique, a écrit que les femmes étaient les premières chamanes et que le chamanisme n’était pas un phénomène individuel, mais quelque chose qui était pratiqué par les femmes en tant que groupe. Le pouvoir de ces groupes de femmes était biologiquement lié aux menstruations et aux mystères du sang. Autrefois, les menstruations des femmes étaient harmonisées entres elles et avec la lune, comme elles le seraient aujourd’hui si les femmes habitaient ensemble pendant quelques mois.


Pouvez-vous imaginer le pouvoir d’une communauté entière de femmes saignant ensemble? Quel était le sentiment ressenti de savoir que lorsque nous saignions, nous participions à un mystère universel, que nous portions une confiance sacrée? Imaginez que lorsque vous saignez, que vous êtes capable d’utiliser le pouvoir psychique qui s’ouvre et s’offre à vous pour votre communauté. Vous auriez été respectée et honorée pour votre guidance, votre sagesse, vos dons de guérison que vous auriez offerts à votre communauté. Comment cela aurait-il changé votre vie?

Les hormones féminines jouent un rôle central dans les habilités chamaniques des femmes. Tout juste avant et pendant les menstruations, les femmes expérimentent leurs pouvoirs guérisseurs et divinatoires les plus puissants. Les sautes d’humeur et l’hypersensibilité à cette période du mois – ce qui en Occident à été étiqueté syndrome prémenstruel (SPM) et est traité comme une maladie – sont en fait les manifestations d’un état altéré de la conscience créé par la biologie féminine. En plus de la réceptivité à un état de transe et d’extase, il y a d’autres avantages : alors que le niveau de sérum d’estrogène monte dans le corps de la femme, le niveau des neurotransmetteurs clés monte également, augmentant ainsi la quantité d’adrénaline disponible et permettant aux femmes de s’adonner à des sessions de guérison qui peuvent durer toute une nuit. Les femmes chamanes sont parfaitement conscientes du renouvellement mensuel de leur énergie (Tedlock, 2002).

J’ai ingéré tout un paquet d’informations. Dans les dernières semaines, j’ai lu quatorze livres pour essayer de comprendre la complexité et la profondeur de ces informations. Pour ma recherche, il y a quelques sujets auxquels je ne touche pas : la partie sombre du Divin Féminin, comment notre culture a besoin de s’éveiller à cette énergie sombre et terrestre, les répercussions du dénie de notre pouvoir lors du SPM, les troubles d’alimentation, le rôle de la ménopause pour la guérisseuse ou encore la politique féministe des années 70 et 80. Tous ces sujets méritent qu’on y consacre plus de temps et d’espace dans une autre recherche. Je suis convaincue que les femmes possèdent une nature cyclique qui les prédispose aux rythmes naturels de la planète, de l’inconscient collectif et des royaumes invisibles. Cette nature cyclique les connecte à l’essence même de la guérison. Ce que je n’ai pas trouvé, ce sont des instructions spécifiques sur comment utiliser ces informations. Dans le livre Shakti Woman de Vicky Noble, j’ai trouvé quelques notes sur comment être une chamane-leader. Ces connaissances et techniques se sont perdues dans le voile du temps.

J’ai décidé d’interviewer à ce propos d’autres thérapeutes énergiques issus de différentes écoles de pensées de guérison. J’ai interviewé Ron Moore, Lori Ann Anderson, Michele Mayama, Maria Peterson et Jeanne Chercher. Ils sont des guérisseurs expérimentés et j’ai assisté à leurs ateliers. Pour Michele Mayama, l’utilisation des minéraux, en particulier le fer, est importante lorsque nous travaillons en énergie. Si nous utilisons l’énergie électromagnétique, nous devons boire beaucoup d’eau (l’eau conduit l’électricité), mais nous pouvons aussi développer une carence de minéraux. Cela se ressentirait dans notre sang. J’ai étudié tous les livres portant sur la thérapie énergétique que j’ai accumulés au cours de mes sept années d’études. Dans son livre Energy Medicine, Donna Eden considère le SPM comme un cadeau. Le SPM nous amène dans les profondeurs de notre être, permettant à notre propre vérité d’exploser à la surface. Peu importe ce que l’on cachait ou déniait avec succès, éclate en plein jour en période de SPM. C’est un sérum de vérité auquel on ne peut échapper. Le SPM nous rend plus sage (Eden, 1998). Dans la communauté des thérapies énergétiques, on essaie de comprendre le SPM. Aucun guérisseur n’a reçu ou lu d’informations spécifiques au sujet des femmes et du pouvoir des menstruations! La seule information présentement disponible est la croyance des traditions des autochtones d’Amérique du Nord qui exclut les femmes des cérémonies de guérison si elles sont menstruées. Je trouve cela absolument fascinant! J’ai demandé à plusieurs guérisseurs s’ils seraient intéressés à se pencher sur la question et m’informer de tout développement intéressant et de leurs impressions. Tous ceux à qui j’ai demandé ont acquiescé avec joie.

Une belle synchronicité s’est présentée à moi : j’ai reçu un livre intitulé Earth: Pleidian Keys to the Living Library, de Barbara Marciniak. Dans ce livre reçu par canalisation, se trouve un chapitre entier dédié aux mystères du sang et leur importance pour les femmes ainsi que pour la planète. La croyance veut que les mystères du sang sont une clé permettant la connexion entre la source de notre pouvoir et une connaissance profonde intérieure. Le sang peut être altéré et enrichi par l’intention. Il peut accélérer plusieurs choses et il est un des plus grandioses cadeaux. Cette connaissance et cette sagesse sont nécessaires afin que nous puissions partager à nouveau ce pouvoir avec les hommes, par nos partenariats avec eux.

Je suis dévouée à mon voyage sur le chemin des menstruations, afin d’apprendre comment les utiliser pour me guérir moi-même, les autres et la communauté. J’envisage d’enseigner aux thérapeutes énergétiques de demander à leurs clientes si elles sont menstruées, si elles souffrent du SPM, si elles sont en pré-ménopause ou si elles ménopausées. Un autre angle d’approche est la capacité de discerner nos habiletés de guérisseuses lors de nos menstruations. Suis-je plus vulnérable aux énergies négatives? Suis-je capable de changer mon énergie lors de mes menstruations? Et les guérisseuses qui sont ménopausées – « elles qui sont assises dans leur sagesse » - interagissent-elles différemment avec leurs clients? Avons-nous besoin d’exercices d’ancrage (grounding) pendant nos différents cycles? Je suis de plus en plus consciente de mes propres habiletés en tant que guérisseuse lors de ces périodes pleines de pouvoir et j’apprends à moduler le flot d’énergie afin qu’elle devienne significative.

Et une autre question tout aussi importante s’impose : comment pouvons-nous nous regrouper entre groupes de femmes? Devrions-nous y les femmes ménopausées, celles qui sont assises dans leur sagesse, et ainsi augmenter la puissance énergétique des femmes menstruées?

Je crois que de nommer, invoquer et utiliser les énergies de nos cycles est une façon d’honorer notre ancien pouvoir. C’est aussi une façon de réclamer ces cadeaux en tant que femmes et guérisseuses. Je crois que cette période de menstruations est si puissante, qu’alors que les thérapies énergétiques deviennent de plus en plus intégrées dans notre culture, nous devons redécouvrir et permettre l’évolution à cette ancienne sagesse afin qu’elle s’adapte à notre sensibilité et nos capacités modernes. Nous devons cultiver et protéger ces puissantes énergies qui deviennent de plus en plus accessibles alors que nous les réclamons en tant que femmes et guérisseuses. Je crois que cela est une addition nécessaire à tout travail de guérison. Brisons le silence des menstruations et commençons à honorer qui nous sommes vraiment : des femmes et des guérisseuses.
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.: Le Sacré, le Dangereux et l'Interdit : tabous menstruels en tant que pouvoirs féminins

2/27/2013

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Chapitre 13 du livre Woman in the Shaman’s body de Barbara Tedlock, traduit et adapté par Ishara Labyris

Avec le pouvoir du sang féminin vient une panoplie de croyances qui ont souvent été mal interprétées. Dans plusieurs cultures, les ethnologues ont pu remarquer que les femmes menstruées et le sang féminin étaient considérés « tabou »; elles doivent être évitées afin qu’elles ne contaminent pas les hommes, leurs activités, ou leurs possessions. Mais ces chercheurs n’ont pas su comprendre pleinement ces interdictions; ils n’ont certainement pas compris leurs valeurs positives. Oui, les femmes menstruées peuvent être sujettes à des restrictions, mais elles sont également considérées sacrées et puissantes.

Durant ma formation chamanique au Guatemala, j’ai appris de première main à propos des tabous menstruels. Très tôt dans la formation, Don Andrés et Dona Talin m’ont demandé si j’avais été menstruée durant mes visites aux sanctuaires externes. Heureusement, non. J’ai appris qu’une femme non initiée et menstruée ne doit pas approcher l’encens de copal qui brûle à ces sanctuaires car l’odeur du sang se mêlerait aussitôt avec celui de la fumée et s’élèverait jusqu’aux demeures des ancêtres. Une telle offrande est considérée comme une forme puissante de « nourriture » pour les défunts. Cela ne pouvait être offert que par une femme qui avait formellement été introduite aux ancêtres et en qui on pouvait alors faire confiance, elle continuerait à les nourrir aussi longtemps qu’elle vivrait. Si une femme devait s’engager ainsi pour sa vie et échouait sa formation, et son sang menstruel deviendrait comme un poison pour les ancêtres, qui seraient tués une fois de plus et à jamais.

Le mot « tabou » - signifiant « marqué en profondeur » ou « séparé et interdit au profane à cause de ses pouvoirs sacrés dangereux » - nous vient des îles polynésiennes de Tonga. Là et ailleurs dans le Pacifique, ces concepts du sacré, du dangereux et de l’interdit sont fortement liés.

Aux Marquises, les premières menstruations d’une femme chef étaient appelées à élaborer des tabous célébrant son mana, son pouvoir sacré. Ces rituels étaient aussi importants pour l’autorité des femmes que pouvaient l’être les tabous des hommes à propos de l’art de la guerre pour un chef homme. Aux Fiji, une femme menstruée est appelée « dra tabu », qui signifie « sang sacré » ou « sang interdit ». Son sang menstruel, aussi, est infusé de son mana.

Dans les Grandes Plaines de l’Amérique du Nord, durant les temps de la pré-réservation, les femmes laissaient leurs hommes durant leurs menstruations et s’installaient dans des loges spéciales où elles recherchaient contact avec des êtres spirituels. Les hommes, croyant que le sang menstruel pouvait faire fuir les animaux et affecter le pouvoir de leurs esprits gardiens, se cachaient également dans leur propre loge. Toutefois, ni les femmes ni les hommes ne voyaient les menstruations comme honteuses ou sales; plutôt, elles étaient puissantes, magiques et dangereuses. Une femme menstruée pouvait être taboue, mais elle n’était pas impure.

La Malice du Coyote

Les légendes sur la Création des autochtones d’Amérique révèlent leurs attitudes culturelles à propos des femmes et des menstruations. Plusieurs de ces mythes mettent en scène un héros-escroc connu sous le nom de Coyote. Selon une version datant du début du vingtième siècle, Coyote créa les premières menstruations afin de punir une belle jeune fille pour lui avoir refusé ses faveurs sexuelles.

Nous avons choisi cette histoire – rapportée par l’anthropologue Alfred Kroeber d’une femme chamane Yurok en Californie – lorsque la jeune fille repousse les avances sexuelles outrageuses du Vieil Homme Coyote.

Elle le rejeta et Coyote devint si en colère qu’il alla voir Pulekukwerek [le héros culturel] et lui dit : « Je crois [qu’il serait] mieux qu’une femme ait des fleurs. Lorsqu’elle les aura, elle verra du sang. »

La divinité était d’accord avec Coyote et se coupa à la cheville. Puis, il éclaboussa son sang sur les cuisses de la jeune fille.

« Tu as des fleurs maintenant », lui dit Coyote.

« Non! » cria la jeune fille.

« Oui, je vois du sang sur tes jambes », insista Coyote.

Puis, comme Coyote commençait à énumérer une panoplie de tabous, Femme Ciel parla depuis le milieu des cieux et dit :

« Nous sommes ici dans le ciel, nous les femmes, qui fleurissons. Nous n’en sommes pas effrayées, car nous possédons la médecine pour cela. Maintenant, regarde vers l’amont. Je m’y lave moi-même. Maintenant, regarde au milieu du lac dans le ciel, tu peux voir combien de sentiers mènent à ce lac. Maintenant, regarde où je me trouve. Tu peux voir du sang autour de moi parce que je suis ainsi maintenant. Je suis en fleurs. J’irai dans le lac et je m’y laverai, et ainsi j’obtiendrai bonne fortune. Dis-lui que je me lave dans le ciel. »

En dépit des actions du Coyote, Femme-Ciel enseigne à la jeune fille de ne pas avoir peur de son saignement, mais de le voir comme de magnifiques fleurs.

Une femme d’une autre culture indienne de Californie a récemment raconté au chaman Tela Star Hawk Lake une histoire un peu différente à propos de l’origine des menstruations.

Un jour, il y a fort longtemps, Vieil homme Coyote était partit chasser avec son arc et sa flèche. Il vit quelques jeunes femmes superbes assemblées pour ramasser des herbes près d’un étang. « Peut-être les viserai-je de mes flèches pour qu’elles s’en aillent » se disait-il à lui-même.

Tu vois, il voulait qu’elles s’enfuissent afin d’observer si leurs seins et leurs hanches étaient bien développés. Il chanta sa chanson d’amour et prétendit qu’il voulait les tirer. Et cela l’amusait beaucoup. Puis, il tomba soudainement sur le sol et une de ses flèches se décocha, heurtant une des jeunes filles à l’entrejambe. Elle tomba sur le sol, saignant et pleurant.

Les femmes plus âgées accoururent vers elle et crièrent jusqu’à s’époumoner pour chasser Coyote.

Il devint furieux et dit : »Vous ne pouvez pas me parler de cette façon! Je vais vous montrer tout le pouvoir que je détiens! Je jette une malédiction sur toutes les jeunes femmes! À partir de ce jour et à jamais, les filles de cet âge saigneront, seront apeurées et deviendront malades. »

Mais les femmes plus âgées avaient également un pouvoir et voulurent soigner la jeune fille. D’abord, elles amassèrent du saule près du ruisseau et construisirent une loge spéciale, similaire à la loge de sudation des hommes. Elles entrèrent à l’intérieur et chantèrent, dansèrent et prièrent au-dessus de la jeune fille, demandant à Grand-Mère Lune de la guérir. Elles lui donnèrent la médecine des herbes et des fleurs, lui apprirent comment contempler, méditer et apprendre de ses rêves.

C’est ainsi que les femmes-médecine changèrent la malédiction des menstruations de Coyote en Bénédiction de la Femme-Médecine.

Le psychanalyste Carl Jung décrivait Coyote comme une « figure d’ombre collective » asexuelle, la quintessence de tous les traits de caractère inférieurs en tous les individus. Son analyse minimise le genre du Coyote ultra-masculin, qui est représenté dans ces mythes, d’abord comme le héros d’une culture de qui proviennent les menstruations, ensuite comme un fou qui le fait accidentellement. Dans les deux cas, les femmes le surpassent, en tournant ses tabous menstruels en rites de puberté et sa malédiction en bénédiction menstruelle.

La différence entre les attitudes des hommes et celles des femmes envers les menstruations est également mise en lumière dans d’autres traditions autochtones d’Amérique. Dans la mythologie Cri, on croyait que le maïs poussait parce que la mère primordiale frottait ses jambes une fois par mois, ce qui faisait couler son sang comme de la bouillie de maïs. Depuis lors, les rayons masculins du soleil luttent pour sortir de cette abondance d’eau menstruelle féminine. Une telle métaphore suggère que pour encourager la croissance de la nourriture, les hommes doivent se séparer des femmes chaque mois. Les hommes cris ont le dédain de l’odeur du sang menstruel, et croient que ça indique une femme dangereuse ou incontrôlable qui peut ruiner leurs habiletés à chasser et leur santé. Les femmes cris, quant à elles, croient que le flux menstruel leur donnent pouvoir et ainsi force une séparation des sexes. Historiquement, les femmes vivaient à part des hommes durant le temps des menstruations, mangeaient avec une autre vaisselle que celle des hommes, et s’asseyaient sur différents tapis. Les hommes et les femmes contemporains dormaient dans des chambres différentes, ou quand la température le permettait, les hommes dormaient à l’extérieur sous un abri. Si une famille négligeait ces règlements, on croyait que les hommes risquaient alors d’attraper un certain nombre de maladies, incluant le diabète, le cancer, le rhumatisme ou risquait de faire un AVC.

Les femmes menstruées sont représentées dans plusieurs cultures comme des déesses donneuses de vie ou comme des démons polluants. Parfois, un peu des deux. La vision négative se retrouve plus souvent là où un clergé hiérarchique masculin contrôle étroitement l’idéologie religieuse. La pratique hindoue du tantra inclue des rituels où l’on vénère le cycle menstruel; dans le courant de l’hindouisme sanskritique, toutefois, ces rituels sont considérés comme polluants. Dans le Shinto japonais – où les dirigeants religieux sont surtout féminins – les femmes menstruées sont reconnues pour représenter le divin féminin. Le bouddhisme clérical pratiqué au Japon, en Chine, au Tibet et en Inde – où les prêtres sont presque tous masculins – déclare que les femmes menstruées sont sales.

La honte, la peur et l’envie des menstruations

Des générations de chercheurs en sciences sociales ont accordé plus d’attention aux paroles et actions des hommes plutôt que celles des femmes. Par conséquent, les archives ethnographiques débordent des descriptions de la peur de l’homme, de son dégoût et de sa colère à propos des femmes menstruées. Les femmes ethnographes peuvent avoir de la difficulté à accepter ces attitudes, mais parce qu’elles parce qu’elles se permettent de devenir des « males honoraires » pour les sociétés dans lesquelles elles étudient, leurs points de vues peuvent être influencés.

Ruth Landes, dans son classique « La femme Ojibwa » (1938) laisse son dégoût pour les menstruations affecter tout ce qu’elle voit. Elle décrit les premières menstruations parmi les Ojibwe comme étant un temps où la jeune fille est une menace pour elle-même. Elle déclare également que la quête de vision d’une fille n’importe culturellement pas. « Alors que la quête de vision du jeune homme pubère est un effort rempli d’espoir vers l’élargissement de ses horizons, la quête de la jeune fille pubère est quant à elle un retrait de conscience de son Soi malin. »

Une autre ethnographe, Ruth Underhill, a admis qu’elle avait un problème à comprendre et à accepter les tabous menstruels. Elle avait demandé à une femme Tohono O’odham (Papago) qu’allait-on faire pendant son absence : « Cela ne vous dérange pas d’être envoyée en dehors de votre maison? » La femme avait ri et lui avait répondu « Me déranger! Pourquoi? Ce sont des vacances, pour nous les femmes. Pas de travail à faire, quand bien même les hommes le voudraient ». Underhill insista, toutefois : « Cela ne vous dérange pas –hum- que les gens sachent [que vous êtes menstruée]? » La femme était vraiment amusée. « Pourquoi le devrions-nous?, lui répondit-elle. « C’est le moment où nous sommes le plus puissantes et les hommes sont effrayés.  Nous aimons les voir passer furtivement, le dos tourné. »

En montrant son propre embarras, et en recevant les réponses claires de cette femme face à ses questions stupides, Underhill fournit une histoire mémorable pour démontrer la sensibilité interculturelle. Le malaise que tant de femmes occidentales ressentent à propos de leur cycle menstruel résulte d’une combinaison des sentiments masculins et des sanctions religieuses.

Dans la tradition chrétienne, la malédiction menstruelle et la douleur de l’enfantement sont l’héritage de la désobéissance d’Ève dans le Jardin d’Éden. En mangeant le fruit de la connaissance, offert par le serpent, apporta ces punitions à toutes les femmes mortelles. Jusqu’à ce jour, le sang menstruel est encore considéré comme impur par l’Église catholique romaine. Une raison pour laquelle les pères de l’Église refusent de permettre l’ordination des femmes en tant que prêtres est que leur sang utérin polluerait l’autel sacré.

Dans la tradition juive, aussi, les menstruations sont le résultat des actions d’Ève dans le Jardin d’Éden. La femme menstruée, appelée niddah en hébreu, doit suivre un code légal spécifique lui interdisant d’avoir des relations sexuelles. Chaque mois, elle compte cinq jours de menstruation, et y ajoute sept jours de pureté, durant lesquels elle plonge son corps dans la mikvah, un bain rituel. La loi Talmudique stipule que s’il est permit à une femme de cohabiter avec son époux après le bain, au huitième jour, il ne lui est pas permis de prendre ce bain durant le Sabbat, même si c’est son huitième jour. 

Dans la société occidentale, les femmes cachent leur saignement menstruel dans leur langage – par des euphémismes – et en pratique. Les études ont démontré que plusieurs jeunes femmes cachent leurs premières menstruations à leurs mères et partagent leurs expériences avec d’autres jeunes femmes seulement après une certaine période de temps. La psychologue Melanie Klein pense que ces filles agissent ainsi parce qu’elles associent inconsciemment le sang menstruel avec l’urine et les matières fécales, donc, avec la contamination.

Il y a aussi eu une raison sociétale pour laquelle les femmes minimisent leurs cycles menstruels : au tout début de la révolution industrielle, les hommes doutaient que les femmes dans la main-d’œuvre pouvaient être capables d’effectuer leurs tâches jour après jour. Les réformateurs sociaux embauchèrent des chercheurs pour prouver que les femmes pouvaient effectuer leur travail lorsqu’elles étaient menstruées aussi aisément que lorsqu’elles ne l’étaient pas. Ils conclurent que les femmes ne démontraient aucune inefficacité dans les travaux manuels ou dans les associations de mots durant leurs menstruations. Des études plus récentes révèlent quelque chose de légèrement différent : évidemment, l’habileté pour la routine physique diminuait quelque peu, mais la pensée créative and la résolution de problèmes s’amélioraient vraiment peu avant et pendant les menstruations.

Les psychanalystes ont contribué à répandre le sentiment de honte pour les menstruations. Sigmund Freud, qui avait de façon générale dédain de la femme, réduisait toutes inclinations ésotériques en désir enfantin de retourner à l’utérus « océanique ». Bruno Bettelheim, toutefois, suggère que l’hostilité entre hommes et femmes, qui résulte fréquemment du dégoût envers les menstruations, est profondément lié à la jalousie du vagin et de l’utérus.

Le résultat global est que pendant trop longtemps les femmes occidentales ont eu à s’excuser pour leur sang féminin. Il est temps pour les femmes d’embrasser cette différente; ensuite seulement les hommes pourront-ils apprendre à respecter le pouvoir des menstruations.

La fierté féminine des menstruations

La honte entourant les menstruations qui semblent faire partie de la société Occidentale est une guerre culturelle contre la nature. Des membres de d’autres traditions nous pouvons entendre encore et encore les vertus du sang féminin et la réclusion lors des règles. Philip Deere, un saint homme Muskogee de l’Oklahoma, l’exprimait de cette façon : « La femme est pareille à l’homme – mais à un certain âge elle change  pour un autre stade de la vie. Durant ce stade, elle se purifie naturellement elle-même chaque mois. Durant ce temps mensuel, les femmes se séparent des hommes. Les hommes doivent prendre un bain de vapeur pour se purifier, une fois par moi, alors que les femmes se purifient naturellement pour garder leur médecine effective.

De même, les femmes Aymara vivant près du Lac Titicaca, en Bolivie et au Pérou, croient que les menstruations nettoient et renforcent leur spiritualité. Les ethnologues ont décrit ces femmes, qui ont voyagé partout à travers les Andes pour pratiquer leurs habiletés shamaniques guérisseuses, sont plus puissantes que les hommes guérisseurs. De l’avis de ces femmes, le flux mensuel du sang les purifie et les renforce, les rendant spécialement efficaces pour la guérison de problèmes reproducteurs comme la stérilité et l’infertilité, ou autres problèmes comme le trouble entre amants.

Dans les sociétés où les femmes sont perçues comme une menace pour les hommes, les rituels de menstruation masculine ont été développés peut-être pour partager le pouvoir féminin. Les hommes mélanésiens, par exemple, croient avec ferveur que tout contact avec des substances féminines – surtout le sang menstruel – est dangereux. Cependant, ils envient les femmes, qui sont libres de toute « contamination » grâce à leurs menstruations. Pour compenser, ils ont inventé les saignées rituelles, qui imitent l’écoulement de sang mensuel des femmes. À partir de la puberté jusqu’à la fin de leur vie, les hommes provoquent le saignement de leur nez ou de leurs organes génitaux.

En Australie, les hommes aborigènes étaient traditionnellement circoncis durant les cérémonies de puberté lors desquelles les adultes, femmes et hommes, participent. Au début du rituel, les jeunes hommes sont barbouillés de sang menstruel, et un trou en forme d’utérus est préparé dans le sol. Un par un, les jeunes hommes sont placés dans la cavité et on leur dit que Kawardi, la « mère de tous », les avalera et les régurgitera – qu’ils mourront et renaîtront. Pendant ce temps, le bruit d’un rhombe (une planche attachée à une corde, basculée rapidement en cercles au-dessus de la tête) imite la voix de Kawardi.

Quelques années plus tard, ces mêmes jeunes hommes étaient circoncis. C’était une opération douloureuse durant laquelle on utilisait un couteau pour couper la surface ventrale du pénis sur toute sa longueur; ainsi, ils avaient un vagin symbolique. La dernière étape de leur initiation consistait à être avalés et régurgités par Julunggul, le serpent arc-en-ciel. Ils rampaient ensuite entre les jambes de leurs initiateurs et renaissaient androgynes de cet utérus collectif masculin. À partir de ce moment, une fois tous les mois, la blessure de leur pénis était rouverte grâce à une épine; la combinaison du flux sanguin et du sperme étaient relâchés comme étant l’essence vitale de vie.

Selon l’ethnologue anglais Ashley Montagu, la subincision étaient considérée valable parce qu’elle permettait aux hommes de menstruer et ainsi se débarrasser du « mauvais sang » qui résultait des relations sexuelles et des activités dangereuses. Les femmes perdaient ce sang naturellement avec les menstruations, alors que les hommes avaient à agir pour obtenir le même résultat.

Durant les rites de puberté des jeunes hommes Wogeo en Nouvelle-Guinée, les langues des initiés étaient coupées afin de les débarrasser du sang de leurs mères, transmis lors de l’accouchement. Cette saignée rituelle ou imitation des menstruations, devaient rendre les langues de ces hommes plus souples pour les aider à jouer de la flûte sacrée. Les cérémonies avaient lieu à la nouvelle lune, alors que les jeunes filles quittaient le village pour leur période de réclusion menstruelle.

Pour une personne née et élevée dans une société où les réalisations des hommes sont exaltées et où le rôle des femmes est déprécié, ces émulations du sang féminin peut paraître bizarre ou arriéré. Après tout, les femmes de la société occidentale, supposément créées à partir de la côte d’Adam, s’efforcent d’imiter les hommes. Dans la culture de la Nouvelle-Guinée, toutefois, où les hommes craignent l’habileté des femmes à donner la vie, ce sont eux qui essaient d’imiter le pouvoir supérieur des femmes.

Couvade

Rien n’incarne la force de vie reproductrice féminine aussi bien que la grossesse elle-même, et à certains endroits dans le monde, les hommes souhaitaient partager ce pouvoir en pratiquant certaines précautions appelées couvade. Cette tradition a d’abord été remarquée chez les Basques et le nom provient du français « couver ». Après avoir accouché, une femme retournait à ses corvées, pendant que son époux s’étend sur le lit pour recouvrer ses forces.

La couvade a été illustrée au seizième siècle, dans la peinture de l’Espagne coloniale. Et selon la tradition celtique, chaque fois qu’une reine fée donnait naissance, son époux, aussi, se couchait dans le lit pour partager sa douleur. Quelques peuples ruraux de descendance celtique vivant en France, en Allemagne et dans les Îles Britanniques ont conservé cette coutume. Au Canada, où les Celtes se seraient mariés avec des autochtones, cette tradition est honorée en mythe, rituel et occasionnellement en pratique. Les Tupinamba du Brésil et des Quichua de l’Équateur suivaient une coutume similaire : l’époux d’une femme qui venait de donner la vie portait les vêtements de sa femme, couché dans son hamac, recevant des félicitations de ses proches. Pendant ce temps, sa femme était debout, nettoyait et préparait à manger.

À l’époque médiévale, les Européens croyaient que la douleur physique et la souffrance pouvaient être partagées par l’échange des vêtements. Une femme en couche portait un des habits de son époux; l’homme revêtait l’une de ses robes et se roulait sur le sol en gémissant. Dans certaines communautés de l’Inde, les hommes portent les saris de leur femme durant l’accouchement afin de transférer la douleur à eux-mêmes. Ces rituels ont été interprétés de plusieurs façons – comme étant l’expérience indirecte de l’accouchement par l’homme, comme une forme d’émasculation et de soumission ou comme une réaction jalouse venant du fait que les hommes ne peuvent pas donner naissance.

Les deux époux de certaines sociétés indigènes pratiquent ensemble des rituels post-partum. Chez les Wayapì de l’Amérique du Sud d’aujourd’hui, les nouveaux parents prennent des précautions élaborées relativement à ce qu’ils mangent et à où ils vont. Les peuples indigènes de Californie avaient un ensemble de restrictions parentales similaire appelé par les ethnologues « la semi-couvade ». Là, le couple était considéré physiquement comme un; l’homme, plutôt que de se sentir blessé par le pouvoir de la femme, le partageait. Il abandonnait ses activités masculines comme la pêche et les jeux d’argent, se retirait des autres et il gardait sa propre sécurité, comme le faisait son épouse. Toutefois, plutôt que de se reposer durant sa couvade, il s’occupait des tâches féminines, comme celle d’aller amasser le bois pour le feu. Il prenait un bain tous les jours et avait un homme pour s’occuper de lui, tout comme sa femme avait sa sage-femme pour prendre soin d’elle. Un homme qui s’identifiait beaucoup à l’expérience de grossesse que vivait sa femme pouvait développer des symptômes de grossesse, comme la léthargie et les nausées. Puis, il pouvait aussi gagner son lit au moment de la naissance. Lorsque sa femme criait pour pousser l’enfant vers le monde, lui, aussi, en ressentirait les douleurs.

Parfois, la couvade causait de la douleur physique. Dans le nord de la Californie, les hommes autochtones se retiraient dans un autre bâtiment que celui où leur femme allait avoir l’enfant. Ils restaient solitaires, ne se nourrissaient que de soupe de gland de chêne, et faisait appel au monde des esprits afin de recevoir de l’aide pour l’accouchement. De cette façon, lorsque la femme souffrait, son époux souffrait également. Lorsqu’elle saignait, il se coupait lui-même avec une pointe de silex pour prendre un part de sa douleur.

Selon la tradition Huichol, lorsqu’une femme donnait naissance à son premier enfant, son époux devait s’accroupir directement au-dessus d’elle, des cordes attachées à ses testicules. Lorsque la femme entrait en travail, elle s’accrochait vigoureusement aux cordes et son époux partageait ainsi l’expérience douloureuse, mais ultimement heureuse, de la naissance.

Un rituel similaire avait lieu en Estonie. L’époux s’asseyait sur une haute plateforme, ses testicules attachés à une corde qui tombait dans le lit de sa femme en couche. Chaque fois que sa femme gémissait, sa sage-femme tirait fort sur la corde, provoquant les cris de l’époux. L’idée derrière ce rituel était de transférer un peu de la douleur génitale au père afin qu’il puisse compatir et encourager sa femme.

Voies shamaniques féminines

La plupart des étudiants en chamanisme ont suivi Mircea Eliade, portant leur attention surtout sur les voies shamaniques masculines – démembrement, éviscération et mort symbolique conduisant à la renaissance – comme s’il s’agissait d’une initiation shamanique nécessaire. Les femmes qui suivent les voies féminines portent leur attention sur la naissance : elles reçoivent leur appel shamanique durant leurs ménarches (premières menstruations) ou durant leur grossesse et sont symboliquement nées dans la profession. Dans de nombreuses traditions de Sibérie, de l’Asie du Sud-est et de Chine, les femmes shamanes ne servaient pas seulement de sages-femmes pour leurs communautés mais durant leurs séances attachaient des cordes au plafond afin d’amadouer leurs esprits-guides pour qu’ils descendent dans leurs corps, avant de commencer leur travail shamanique.

La croyance judéo-chrétienne a dépeint les menstruations comme une forme de punition ou de souillure plutôt qu’un temps pour l’éveil spirituel et de purification naturelle. Des attitudes anti-menstruelles ont tordu notre compréhension du pouvoir du sang menstruel et des célébrations organisées et conduites par les femmes menstruées. Le retrait des femmes de certains endroits spéciaux lors de leurs règles a été interprété comme un signe de la dégradation des femmes plutôt que de représenter les aspects positifs de la réclusion. Pour vraiment comprendre le potentiel guérisseur du sang des femmes, nous devons porter une attention particulière aux traditions dans lesquelles les femmes pratiquent comme shamanes.

Les femmes d’aujourd’hui, indépendamment de leurs affiliations ethniques et religieuses, pourraient développer des rituels pour célébrer leur divin féminin et leurs menstruations. Durant cette période spéciale, elles pourraient faire des pèlerinages jusqu’à des endroits sacrés pour s’harmoniser avec leur biorythmes naturels et leur courant menstruel. En se libérant elles-mêmes de l’idée dommageable qui veut que les menstruations soient une « pollution » ou une « malédiction », et en réalisant des rituels pour leurs temps de lunes, cela encouragerait leurs pouvoirs intuitifs et spirituels, et elles seraient ainsi plus fortes dans plusieurs autres aspects de leurs vies.

Avec l’entrée récente des femmes dans des rôles de leadership dans les rabbinats Conservateurs ou de la Réforme, les femmes juives peuvent maintenant se joindre aux groupes Rosh Hodesh pour célébrer la nouvelle lune et pratiquer la guérison spirituelle. Plusieurs des femmes impliquées dans ce mouvement sentent que ces célébrations lient la lune à leurs cycles menstruels.

Les femmes du mouvement spirituel de la Déesse rassemblent leur sang menstruel et l’utilisent pour nourrir les plantes de la maison, ou pour peindre une toile qu’elles montrent publiquement. Ces activités sont contraires à la vision des menstruations comme étant la « malédiction d’Êve ». Plutôt que de les voir comme quelque chose d’embarrassant, de dégoûtant, comme un fléau pour les femmes, le sang menstruel devient une forme matérielle d’énergie subtile – propre, belle, créative et puissante – et c’est ce qu’il est.

Sans doute, la leçon la plus basique de toutes est que les femmes peuvent atteindre des états de conscience mystiques – et servir de guérisseuses shamaniques – en considérant leurs corps et leurs fluides corporels comme étant intégraux à leur spiritualité et non comme des obstacles envers celle-ci. Lorsque le sang féminin est senti comme une matérialisation de l’énergie vitale, les menstruations donnent aux femmes une voie spéciale vers la compréhension et la guérison spirituelles.
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.: Le Sabbat des femmes

2/27/2013

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The Sabbath of Women, par Lara Owen
Traduit par Ishara Labyris, et publié avec la généreuse autorisation de l'auteure

Autrefois, je pensais que mes règles étaient une nuisance, une intrusion malpropre qui augmentait la quantité de vêtements à laver et qui causait une panoplie de symptômes déplaisants, comme l'épuisement et des douleurs débilitantes. Mes menstruations interféraient avec ma vie sexuelle, mes activités sportives et mon niveau d'énergie. Elles causaient des sautes d'humeurs flagrantes, de l'irritabilité, de la chiennerie destructive et imparable. Cela me coûtait de l'argent - dépensé dans les serviettes et les tampons pour éponger le sang, en vêtements ruinés, en temps non-payé à la maison. Mes règles étaient un saboteur sournois et méchant, qui arrivait toujours au moment le plus inopportun.

En dépit de ce catéchisme de malheur, je n'étais pas tout à fait contre. Lorsque j'avais mes règles, il y avait toujours une part de moi qui en était contente. Cela signifiait que j'étais en santé et fertile, et que tout fonctionnait normalement. Il y avait un sentiment de fierté à propos de ce saignement, que j'ai ressenti très fortement lors de mes toutes premières menstruations, mais, en l'absence de tout encouragement externe, ce sentiment de plaisir s'est vite volatilisé.

Une amie à moi, qui est juive, m'a raconté que lorsqu'elle a eu ses premières règles, sa mère l'a frappée au visage. Choquée, elle lui a demandé "Pourquoi m'as-tu fait ça?" et sa mère a répondu : "Je ne sais pas, ma mère me l'a fait. C'est la tradition".

Être frappée en plein visage lorsque vous devenez une femme - c'est une manière intéressante pour démontrer comment le fait de devenir femme est considéré. Sans doute ce geste était-il destiné à éliminer tout sentiment de fierté qui pouvait accompagner le premier sang.

Quelque chose d'autre m'enleva tout sentiment de fierté quant à moi, et je crois que c'est l'absence de cérémonie. Il m'avait semblé, au fond de moi, que quelque chose de fascinant et de magique était entrain de m'arriver, bien que tout le monde autour de moi traitait la chose comme anodine. Je ressentais un sentiment d'accomplissement, mêlé d'excitation, de curiosité, d'embarras; je me souviens aussi une vague conscience d'un avenir inconnu et béant. Intuitivement, je savais qu'il s'agissait d'un événement marquant dans ma vie, et pourtant personne ne m'a dit quoique ce soit, sinon me donner des serviettes hygiéniques. Je pense que ma mère était contente malgré tout, cela signifiait que j'étais en santé et que je grandissais normalement, mais j'avais besoin de plus que ça. J'avais besoin d'une cérémonie, d'une fête, quelque reconnaissance publique joyeuse pour ce grand événement de mon développement. Mais rien n'est venu. Alors que les mois défilaient, je ressentais de plus en plus la honte et l'embarras, et de moins en moins de la fierté que j'avais ressentie lors de mon premier saignement.

À la maison, mes règles étaient quelque chose que je devais garder secrète par rapport à mon père et à mes frères. Si j'avais à en parler, je devais le faire en chuchotant, et préférablement face à face avec ma mère. Peu de temps après mes premières règles, nous allions faire un voyage en famille, et j'ai eu à demander à mon père d'arrêter la voiture pour que je puisse aller à la pharmacie. Bien entendu, il voulait savoir ce que j'avais besoin d'acheter. Je me souviens de ce sentiment horrible lorsque je lui ai dit que je devais acheter des serviettes hygiéniques. C'était un mélange de honte, de fierté et de total embarras. Il a été gentil à ce propos, et aussi loin que je me souvienne, n'a jamais rien dit qui aurait pu me faire sentir qu'il y avait de quoi avoir honte, mais j'avais toujours cette honte dans mes pensées, qui colorait toutes relations que j'avais avec les gens.

À l'école, les menstruations n'étaient pas un sujet de discussion, sinon dans un cours de biologie. Toutes les informations que j'ai reçues à propos des menstruations étaient purement physiques. Vous avez des règles parce que vous n'êtes pas encore enceintes et que le flux menstruel est seulement le liquide rejeté par l'utérus, qui devait servir au fœtus potentiel. Mes amies et moi discutions de cela, et en l'absence de d'autres informations, conclurent que le corps féminin était pauvrement évolué - tout ce sang et cette agitation pendant des années et des années, tout cela aurait pu n'arriver qu'une fois ou deux, dans le désir d'avoir des enfants.

L'image que la société renvoyait à travers la publicité était pour moi source de confusion. Les annonces montraient des filles souples en bikini courant joyeusement vers l'océan, et des filles en jeans serrés blancs sautant sur des chevaux. Cela ne cadrait pas vraiment avec ma propre expérience de léthargie et de crampes. Je savais que personne droit d'esprit ne ferait autant confiance au tampon, au point de sortir en jeans blanc. Pah ! Ce devaient être des hommes qui avaient écrit cette pub.

Malgré tout, je sentais que je devais être comme ces filles de publicité pour Tampax, que la façon dont mon corps et mon esprit se comportaient était erronée, qu'une jeune fille normale ne devrait pas se sentir différente lorsqu'elle a ses règles. Il n'y a rien qu'une jeune fille normale n'aimerait plus que de monter sur un cheval et galoper vers de nouvelles aventures, pendant que ce gentil petit tampon lui permet d'oublier complètement qu'elle a ses règles. L'embarrassante vérité était que je ne pouvais même pas insérer un tampon en moi. Ce n'était pas seulement parce que je ne m'assimilais pas au stéréotype, j'échouais également avec l'équipement. Je me sentais nettement incapable, jusqu'à ce qu'enfin je réussisse. Puis, débuta le processus d'imaginer que je n'étais pas entrain de saigner du tout.

Je considérais mes règles comme un inconvénient et c'était tout. Si elles étaient douloureuses, je prenais des analgésiques - en l'occurrence Feminax, puissant mélange d'ingrédients destinés à effacer tous les symptômes menstruels, incluant de la caféine pour venir à bout de la dépression et de la léthargie. Lorsque j'allais faire des examens gynécologiques, je demandais des médicaments au médecin afin de repousser mes règles à un moment plus approprié, lorsque que je considérerais que la rage des hormones méconnues pourrait attaquer mon cerveau gauche, sans affecter mon avenir académique. Personne ne m'avait jamais parlé qu'il pouvait y avoir quelque chose d'utile à expérimenter un puissant état de conscience diffuse une fois par mois, et cela parce que personne ne le savait.

Lorsque j'eus dix-huit ans, je pris la pilule et j'étais initialement contente que mes règles étaient devenues prévisibles et beaucoup plus légères. Pendant quelques années, elles coulèrent légèrement ainsi, et cela parce que, en fait, ce n'était pas de vraies règles du tout. Je remarquai que je devenais de plus en plus émotionnelle et bouleversée durant messupposées règles, et je décidai d'arrêter la pilule. Après quelques mois à me sentir "moi-même" à nouveau, j'ai réalisé que même sans la pilule, je me sentais trahie parce que mes règles étaient encore tellement légères. C'est là que j'ai réalisé que pour moi, les menstruations étaient une part importante de ma vie, un rythme sur lequel dépendait ma santé psychique et physique, que j'ignorais et tentais d'enlever à mes risques.

Dans d'autres cultures, plutôt que d'être ignorées, les menstruations ont été, et dans certains cas sont encore, vues comme un temps spécial et sacré pour les femmes. L'abondance des symboles féminins trouvés dans d'anciens sites d'Europe et du Moyen Orient suggèrent fortement que ces cultures étaient matrifocales, et qu'elles honoraient la Déesse et les processus du corps féminin. Les pratiques rituelles étaient liées au saignement mensuel des femmes, et le sang menstruel lui-même était hautement considéré comme possédant un pouvoir magique. Le mot rituel provient de rtu, mot Sanskri signifiant "menstrues". Avant que n'apparaissent les sacrifices d'êtres vivants, c'était le sang menstruel qu'on offrait durant les cérémonies. Le sang menstruel était sacré pour les Celtes, les anciens Égyptiens, les Maoris, les premiers Taoïstes, les Tantristes et les Gnostiques.

Les autochtones d'Amérique comprenaient très bien les différents sentiments que les femmes avaient lorsqu'elles étaient menstruées - et pour eux, ces sentiments faisaient partie de quelque chose de très significatif pour les cycles du corps de la femme. Les femmes se retiraient dans une hutte menstruelle pour y passer le temps durant leur saignement. Ce temps était considéré comme le point culminant du pouvoir spirituel d'une femme, et l'activité la plus appropriée à faire était de se reposer et de rassembler leur sagesse.

En 1986, je rencontrai un enseignant des traditions autochtones d'Amérique. Il m'enseigna qu'une femme menstruée avait le potentiel d'être plus puissante psychiquement et spirituellement qu'aucune autre personne, soit-elle masculine ou féminine, et ce à tout moment. Cela renversa ma vision préconditionnée de la réalité. J'avais toujours considéré mes règles comme un moment de faiblesse et de difficulté - de quoi cet homme était-il entrain de me parler ?

Il m'a dit de creuser un trou dans le sol et, au-dessus, de parler de mes pensées négatives à propos de la féminité, à propos du sang menstruel. Il m'a dit que la terre transformerait cette énergie négative que j'avais de ma nature féminine. Je me sentais assez folle de faire cela, mais je l'ai fait quand même, et j'étais amusée de découvrir tous les mauvais sentiments que j'entretenais en moi, sur le fait d'être femme, surtout que je me considérais comme quelqu'un de très féministe. Cet exercice a été douloureux, mais très effectif.

J'ai commencé à voir mon sang avec une certaine nuance de respect, plutôt que de la peur, du dégoût ou de l'indifférence. À ce moment, je n'utilisais plus de tampons, j'observais alors adéquatement mon sang chaque mois, plutôt que de le voir sur un vieux tampon dégoûtant. J'ai vu qu'il était clair et rouge, et parfois plus sombre et coagulé. Si j'avais vraiment libéré ma vision, j'aurais pu voir que c'était plein de vie, plein de magie, plein de potentiel. Je commençais à ressentir un frisson de joie lorsque je pensais à mes saignements, à propos du fait d'être une femme, qu'il y avait quelque chose, après tout, d'extraordinairement magique et mystérieux habitant le corps féminin. Le ressentiment que j'avais d'être une femme, à mon adolescence et au début de la vingtaine, le sentiment que les gars avaient de meilleures conditions, tout cela disparu et fut remplacé par un sentiment grandissant d'émerveillement devant les complexités et la profondeur offerts par le cycle menstruel.

Je commençai à prendre le temps de me reposer et de méditer, de juste être avec moi-même durant mes règles. J'ai trouvé qu'il s'agissait d'un temps où j'étais particulièrement introspective, et que cette introspection était d'une nature intemporelle. Je sentais que je puisais dans une source vaste et ancienne de sagesse féminine - simplement en m'asseyant et en prenant le temps d'écouter, alors que je saignais. En prenant ce temps, je créais une relation toute différente avec mon propre corps. Ma santé s'en trouvait améliorée et graduellement les crampes que j'avais eues toute ma vie s'étaient vues diminuées et mes règles étaient devenues un temps de plaisir plutôt que de souffrance.

J'en suis venue à vraiment m'apprécier moi-même. Bien sûr, vous ne pouvez pas forcer l'amour envers vous-même, tout comme vous ne pouvez pas forcer personne à vous aimer. Cela arrive, très graduellement, et plusieurs personnes apparurent dans ma vie et m'aidèrent à me percevoir plus clairement. Mais le plus important au départ c'était de savoir que les menstruations sont la source du pouvoir. Cette information inestimable, associée au fort instinct que j'avais de considérer le pouvoir de l'utérus, transforma profondément et largement le non-respect que j'avais de moi-même, en grande partie inconsciemment.

La pensée que les menstruations sont une source de pouvoir pour les femmes allait complètement à l'opposé de ce qu'on m'avait conditionnée à penser, et pourtant je savais dans mon cœur que c'était vrai. Je réalisai que dans la dichotomie existant entre ce que notre culture nous enseigne et ma réaction audacieuse de "Oui, bien sûr!" à cette ancienne sagesse, il y avait beaucoup d'énergie. Où vous trouvez les endroits où une culture se dissocie d'une vérité naturelle vous trouvez une clé, une voie à travers les maladies d'une culture. J'ai commencé à comprendre que la séparation entre, d'une part, la sagesse et le pouvoir lié aux menstruations que je percevais, et d'autre part, les attitudes de la société moderne envers l'utérus, était au cœur de la soumission et du déni de la réalité et l'expérience féminine.

Pour plusieurs femmes, la racine de leur malheur repose sous une relation douloureuse avec leur féminité. Les femmes sont entraînées à cacher le fait qu'elles sont menstruées et ce, à tout prix. Les taches de sang sur les vêtements sont d'un hideux embarras. Personne ne dit jamais qu'elle n'ira pas travailler aujourd'hui ou qu'elle n'ira pas à telle fête parce qu'elle a ses règles, pas plus qu'elle dira qu'elle en souffre, elle dira plutôt qu'elle a mal à la tête ou qu'elle a des problèmes de digestion.

Lorsque les menstruations et l'utérus sont vus bêtement comme une nécessité biologique inconfortable, l'estime d'une femme en elle-même est forcément au plus bas. Nous sommes des êtres spirituels vivant dans des corps physiques, c'est vrai, mais lorsque nous sommes incarnés, nous sommes nos corps et nous ne pouvons plonger dans les profondeurs de notre cœur et aimer si nous n'aimons pas nos propres corps. Et nous n'aimons pas notre corps si nous nous prenons à nous exclamer : "Ah non, j'ai mes règles!"

Au 19e siècle, les menstruations étaient perçues par les physiciens comme étant un signe de plus démontrant l'infériorité et la faiblesse des femmes. Toutefois, il y a généralement une lueur de vérité dans toute idéologie, et les physiciens de l'ère victorienne n'avaient pas tout faux lorsqu'ils se concentraient sur l'importance des menstruations pour la santé globale; sur la relation entre l'utérus et la psyché; sur la sagesse du repos durant les règles. Nous avons tendance à rejeter tout ça parce que ça nous rappelle le temps où la vie des femmes étaient encore davantage contrôlée par les hommes, et parce que cela pue les vieux arguments qui faisaient en sorte qu'on gardait les femmes attachées à leur demeure et impuissantes dans le monde extérieur. Nous avons aussi, et nous avons franchement raison, rejeté l'idée que les processus naturels féminins soient une maladie. Mais de dire qu'une chose n'est pas une maladie et de l'ignorer en même temps, ce n'est pas nécessairement une seule et même chose. En ignorant les menstruations, en réactions aux idées de l'ère victorienne, peut-être avons-nous entièrement perdu le contact avec la conscience de sa valeur dans la vie des femmes.

Les changements survenus dans la vie des femmes au cours des trente dernières années peuvent semblés comme une révolution, mais de plusieurs façons, il s'agit plutôt d'une assimilation. Les femmes recherchant le pouvoir dans un monde dominé par l'homme tendent à le faire en agissant comme un pseudo-homme. Et peut-être involontairement, le féminisme a-t-il joué un rôle dans la suppression des menstruations. Une des plus grandes peurs que j'ai rencontrée chez des femmes ambitieuses et accomplies lorsque je discutais des anciennes pensées sur le pouvoir spirituel des menstruations, est que cela affecterait, d'une certaine manière, leur mythe d'être "tout aussi bien qu'un homme, et parfois meilleure". Plusieurs femmes refusent d'aller plus profondément dans leurs menstruations, de peur de ce qu'elles vont y découvrir. Il vaut mieux pour elles de supprimer leurs émotions avec des tranquillisants, de se vaporiser le vagin avec des déodorants pour déguiser l'odeur du sang, d'engourdir leurs douleurs avec des analgésiques, d'absorber leur sang avec des tampons afin qu'elles n'aient jamais à le voir vraiment. Il est ainsi plus facile de réussir en tant que femme dans un monde d'hommes.

La technologie de suppression - tampons, déodorants vaginaux, analgésiques sophistiqués et médicaments régularisateurs d'émotions - agissent ensemble au nom du mythe de la super-woman, pour créer une attitude culturelle prédominante voulant qu'une femme menstruée ne soit pas différente de celle qui ne l'est pas. Le problème avec ça, c'est que c'est tout simplement faux. Toute femme qui est le moindrement en contact avec son propre corps sait que lorsqu'elle est menstruée et même quelques jours avant qu'elle ne le soit, elle se sent différente. C'est un fait naturel qui ne peut tout simplement pas être nié.

Un des aspects des menstruations que j'aime et apprécie maintenant est son côté prévisible imprévisiblement. On ne sait jamais exactement quand elles vont survenir, et parfois elles vous surprennent complètement. Non seulement ne tiennent-elles pas compte des calendriers et des horaires, elles sont également salissantes. Hourra ! Nous essayons d'assainir et ordonner notre vie moderne, jusqu'au point où nous courrons le danger qu'il n'y ait plus de vie en nous. Les règles nous sauvent de cette mort - elles sont sauvages et primitives, brutes et instinctives, sanglantes et éternel aspect du féminin - et rien de notre civilisation ne changera cela. Mes règles sont un événement mensuel de ma vie, en commun avec toutes les femmes ayant vécues. Les femmes ayant vécu dans les cavernes, il y a plus de vingt mille ans, les prêtresses de l'Égypte Ancienne, les prophétesses de l'Ancienne Sumer, etc., toutes saignaient avec la lune. La première femme qui fabriqua le feu avait probablement ses règles à ce moment. C'est une idée. Si les menstruations sont un temps de créativité intense pour les femmes, autant psychiquement que spirituellement, qui sait tous les dons et découvertes qui ont pu être apportés à l'humanité par des femmes menstruées?

La valeur que nous donnons aux menstruations est intimement liée à la valeur que nous nous donnons nous-mêmes, en tant que femmes. Et cela affecte les hommes également. Nous voyons les deux sexes comme étant des êtres séparés, et d'une certaine manière, ils le sont. Mais d'une autre, nous faisons tous partie de cette famille humaine, et la manière dont les femmes se perçoivent affecte les hommes aussi. Si nous voyons les choses seulement en surface, nous pouvons croire que l'homme avait le beau rôle dans les deux derniers millénaires - mais c'est seulement vrai d'une certaine perspective. Les hommes comme les femmes ont joui et souffert des déséquilibres de la société patriarcale. Les hommes ont également été séparés de leurs corps et de leurs émotions, et du plaisir et de la guérison possibles dans une relation de coopération plutôt que dans une relation de hiérarchie et de dominant/dominée.

Imaginez un monde où les hommes et les femmes travaillent ensemble à développer leur sens de paix intérieure, en prenant du repos pour quelques jours, une fois par mois. Un monde dans lequel les hommes encouragent les femmes à prendre quelques jours de paix, de silence. Un monde où le sang menstruel serait une fois de plus considéré comme un liquide magique, ayant le pouvoir de nourrir la vie nouvelle. Un monde où les menstruations seraient vues comme le Sabbat des Femmes - un espace naturel pour la retraite, l'introspection et le travail intérieur, une fois chaque cycle lunaire. Duquel les femmes émergeraient comme des nouveau-nés, renouvelées, ayant mué de leur vieille peau.

Pourquoi appeler les Menstruations le Sabbat des Femmes ?

Il y a quelques années, j'ai eu l'opportunité de passer quelques périodes de temps, seule dans un coin magnifique, dans les Sierras, près du Lac Tahoe, sacré pour les Indiens. J'ai commencé à faire des retraites lorsque j'avais mes règles, ainsi en paix et seule, assise sur la terre au soleil, avec des lézards et des geais bleus pour seule compagnie, avec le vent, la lune et le soleil, les rayons de couleurs reflétant sur le lac pour me guider et me divertir. Je voyageais à l'intérieur de ma psyché et je me retrouvais parfois en pleurs, pour quelque chose longtemps oublié, un événement de mon enfance ou de mon adolescence. Mes règles devinrent un temps où je me trouvais particulièrement capable de m'ouvrir au matériel psychologique et à relâcher mes émotions. Je remarquai que, après les quelques premiers jours de saignement, je devenais très silencieuse et calme pour un jour ou plus, et où apparemment rien ne se passait - un espace vide après tant de pleurs et de souvenirs. Puis, alors que mes règles se terminaient, il y avait quelques heures de clarté pendant lesquelles j'étais très créative, ouverte aux informations à propos du futur - généralement sur le mois à venir, parfois plus qu'un mois. Cette tendance se poursuit, bien que moins intense maintenant.

La plus grande partie de l'encombrement psychique profondément ancré en moi a été libéré - probablement autant que ma psyché souhaitait m'en faire aborder à ce stade de ma vie. Maintenant, je me sens plus "mise-à-jour" avec moi-même, alors il y a moins de lâchers-prise, probablement à cause de tout le travail que j'ai fait là-dessus les mois précédents. Je me bats encore avec le temps vide, en commençant à faire certaines choses, m'imaginant que si rien ne se passe à l'intérieur, c'est que je peux retourner à mes affaires dans le monde extérieur. Puis, je reconsidère la chose, en me disant que j'ai accompli peu et usé de beaucoup d'énergie. Il est difficile de s'asseoir calmement lorsque rien ne nous apparaît pour le travail intérieur, il est difficile pour moi d'honorer ce vide, même lorsque je sais qu'il précède la créativité, l'inspiration et les idées nouvelles. Cela fait partie du processus, mais c'est une partie un peu dramatique où j'ai encore tendance à me fouler les pieds.

Je n'ai pas de rituel quotidien de méditation. Je préfère ajuster mon temps de contemplation avec mes propres impulsions. Souvent, lorsque j'ai mes règles, je vais dans un endroit calme, solitaire et méditatif pour trois ou quatre jours, et puis le reste du mois, je me repose moins. Cela me paraît comme un rythme naturel pour moi, et c'est pourquoi je vois les menstruations comme le Sabbat des Femmes.

Saigner sur la Terre

Traditionnellement, les femmes autochtones d'Amérique se rendaient à une loge-lunaire où elles saignaient, et elles le faisaient sur la mousse, assises sur la terre. Elles considéraient que la relation entre les femmes et la Terre était très importante, et cette relation était nourrie grâce aux saignements sur la terre. Lorsqu'elles font cela, les femmes ont un lien direct et cellulaire avec la terre, qui les stabilise et les équilibre.

Lorsqu'une amie m'a parlé pour la première fois de saigner sur la terre, j'ai pensé que c'était un peu dingue, un peu prétentieux. Mais j'ai quand même tenté de le faire, puis j'ai commencé à ressentir une connexion avec quelque chose de très ancien. Un des problèmes que j'avais perçu était comment j'étais sensée le faire. Les femmes autochtones le faisaient assises sur de la mousse, dans les loges lunaires. Où étais-je supposée m'asseoir et saigner ? Même si je trouvais un bout de terre pour m'asseoir dessus, je ne souhaitais pas y rester tout le temps. Puis, j'ai commencé à utiliser des serviettes en tissu pour absorber mon sang et les tordre dans l'eau avant de les laver. J'ai réalisé que je pouvais verser l'eau de sang sur la terre. Alors, c'est ce que je fais maintenant. L'eau est d'un beau rouge, et je la verse sur le sol près des plantes, et ce faisant, cela me remplit d'un sentiment de connexion, de légitimité, d'être en paix avec quelque chose qui est souvent négligé dans la société moderne. De simples gestes de valeurs, un simple savoir.

C'est comme couper du bois, bercer un bébé, faire cuire du pain, boire à une source d'eau coulant à travers la montagne. Ce sont de ces actes humains qui sont intemporels, de valeur éternelle, faisant partie de notre vie et de notre mort. Les cellules qui meurent dans mon corps, emportées dans le sang menstruel, sont de la nourriture pour la terre. Ce qui meurt donne la vie. Ce qui meurt nourrit ce qui vit et ce qui vivra. Si j'ignore mon sang, je me distancie de ce savoir. Si je crains et déteste mon sang - si je ne sais pas qu'il s'agit d'une nourriture, qu'il s'agit d'un don que je porte - alors je le vois comme une pure perte. Une perte de sang, une perte de temps, un enfant qui n'a pas été conçu. Que je désire une grossesse ou non, mon sang est toujours un don, un cadeau. Et c'en est un au sens littéral, tout comme un don psychique à moi-même. C'est un cadeau de mon corps pour la terre : la mère qui m'a nourrie et qui me nourrie tous les jours de ma vie.

Lara Owen
www.laraowen.com

Lire le livre de Lara Owen sur la célébration des menstruations :
Her Blood is Gold : Awakening to the Wisdom of menstruation
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.: La chevauchée de la marée rouge

2/27/2013

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Magie menstruelle et le trésor de notre sang de femme
Par Lupa Virida, publié dans le n° 67 de SageWoman
Traduit et adapté par Xella Sieidi

Longtemps enfoui sous la peur et les jugements, l'aspect sacré et magique du cycle menstruel se voit déterrer dans les dernières années. Malgré tout, on retrouve bien peu de littérature sur l'application pratique de ce trésor naturel. Au creux des jours pendant lesquels notre corps se purifie naturellement, se cache un potentiel magique fleurissant. La pratique magique avec le sang menstruel résulte en une guérison de notre corps, âme et esprit et cette guérison peut toucher tout ce qui nous entoure.

Tester les eaux
La première étape de cette aventure est d'avoir une approche saine. Plusieurs, voire la plupart, des femmes voient leurs menstruations comme un moment mensuel inconfortable. Certaines les considèrent même comme une malédiction. Cette façon de voir les menstruations est, entre autre, le lègue de nombreux siècles pendant lesquels les femmes se sont fait dire qu'elles étaient sales et indésirables pendant ces quelques jours. D'autres encore les voient d'un mauvais œil parce qu'elles endurent de terribles douleurs, parfois même incapacitantes.

Une approche positive des menstruations abordent ces deux problématiques. je propose que nous cessions de voir nos menstruations comme une malédiction ou encore de les nommer par des euphémismes comme « l'armée rouge »(1). Nous devons les nommer par ce qu'elles sont : les menstruations. Cela aide à créer l'acceptation ainsi qu'une vision réaliste de nos cycles. Craindre nos périodes peut augmenter les symptômes de façon exponentielle. Éliminer l'anxiété les entourant peut aider à amoindrir nos réactions, causées par notre état d'esprit. Se détendre pendant nos menstruations résulte souvent en une baisse remarquable de nos crampes et de notre malaise généralisé.

Voir nos menstruations comme nos amies plutôt que nos ennemies installe un climat beaucoup plus approprié à la magie menstruelle. Nous voyons bien nous outils magiques entourés d'une lumière positive, notre énergie menstruelle n'est pas différente. Adapter cette vision de notre sang crée une spirale se mouvant vers le haut : plus nous travaillons en magie menstruelle, plus notre vision d'elles est positive, plus notre vision de notre propre corps devient elle aussi positive, et plus notre magie devient effective. Une fois que nous avons acquis une approche et perspective saine, la prochaine étape est d'apprendre à utiliser notre don.

(1) Ntd: Les Américains utilisent l'euphémisme Aunt Flo (« tante flot »). Au Québec, les euphémismes les plus populaires sont Armée rouge, P'tit rouge et même être dans ses crottes.

Marée et flot
Comme avec n'importe quelle ressource, afin d'obtenir les meilleurs résultats, il nous travailler avec les qualités inhérentes notre corps et non contre elles. Nos cycles naturels reflètent souvent les cycles de la nature, particulièrement ceux de la lune et peuvent être utilisés magiquement afin d'ordonner un peu plus notre vie. La plupart des femmes ont un cycle qui oscille entre 26 et 32 jours, cycle variant de mois en mois (ceci ne s'applique pas à toutes, si votre cycle vous semble erratique ou instable, consultez un médecin). Cette régularité, une fois connue et schématisée, fait de la magie menstruelle une magie naturelle pour d'autres cycles, par exemple : pratique une magie d'abondance pour s'assurer une rentrée d'argent mensuelle ou encore pratique une magie de protection pour s'assurer des transports quotidiens sécuritaires, et ainsi de suite.

J'ai développé un outil il y a quelques années qui s'est avéré fort utile pour ce type de magie. Procurez-vous une petite pierre trouée (pas plus de 5cm de long et d'un centimètre d'épais). Le type de pierre n'a pas d'importance, mais vous préférerez peut-être une pierre aux attributs féminins. Ensuite, procurez-vous ou fabriquez une pochette rouge juste assez grande pour contenir la pierre. Assurez-vous que la pochette peut être complètement fermée ainsi que des rubans vous permettant de l'attacher à votre taille, de façon à ce qu'elle tombe à hauteur de votre utérus, ou à l'endroit où vos crampes sont les plus fortes.

Au début de chaque menstruation, prenez quelques gouttes de votre sang menstruel et frottez-en les rebords du trou de la pierre. Puis, glissez la dans la pochette et attachez cette dernière à votre taille pour la durée de vos menstruations. Évitez que la pochette ne soit mouillée, ce qui nettoierait le sang.  Lorsque vous n'êtes pas menstruées, laissez la pierre dans sa pochette et posez-la dans une fenêtre, préférablement une fenêtre inondée des rayons lunaires. Votre pierre absorbera la «mémoire » de chacune de vos règles ainsi que les cycles de la lune, et deviendra un excellent outil, non seulement pour vous aider à régulariser votre cycle, mais aussi pour adoucir d'autres aspects de votre vie. Portez votre pochette chaque fois que vous ritualiser en lien avec des cycles ou pour les besoins cités plus bas. Elle deviendra bientôt votre outil magique le plus prisé.

L'inondation purificatrice
Le flot menstruel agit comme une purification mensuelle. Le sang qui s'écoule contient des parties usées de notre utérus ainsi que des toxines internes. Saisissez cette opportunité mensuelle pour faire un rituel de purification. Ceux qui invoquent les pouvoirs de l'eau sont particulièrement appropriés : des bains magiques, des brumes d'eau et autres liquides purificateurs, voilà quelques excellents outils durant cette période. Vous pouvez même ajouter un peu de votre sang à l'eau afin d'augmenter les effets et les liens entre la magie opérée et votre corps (assurez-vous ensuite de vous nettoyez à l'eau propre).

Au début de chaque période, visualisez que le flot sanguin qui s'écoule de vous contient toutes les toxines et impuretés de votre corps. Imaginez que toutes les douleurs, inconforts, frustrations et influences négatives du dernier mois sont dissoutes de votre corps et esprit dans ce sang qui s'écoule hors de vous. À la fin de vos menstruations, vous vous sentirez rafraîchies et reposées, vous étant débarrassées de tout ce bagage!

Chevaucher la tempête
Une des plus grandes complaintes au sujet des menstruations sont les crampes. Oui, les crampes sont douloureuses et chez certaines femmes, même, incapacitantes, les empêchant de fonctionner pour une journée, voire plusieurs. Mais comme n'importe quoi d'autre, elles ont une raison d'être. Les contractions de l'utérus pour expulser le sang créent une énergie, comme toute autre fonction corporelle, qui se trouve à être un outil puissant magique.

Les meilleurs types de magie à utiliser en relation avec cette énergie particulière sont actifs ou agressifs. C'est le moment d'utiliser votre don inhérent pour influencer votre monde, particulièrement pour éliminer les obstacles. L'énergie menstruelle opère à merveille dans des cas de gens ou situations problématiques - à utiliser pour lier (binding) ou pour bannir. Elle est également fort utile pour détruire des blocages internes et des mauvaises habitudes, utilisez-la donc pour éliminer symboliquement tout blocage : de la page blanche de l'auteur à la procrastination. Servez-vous de vos crampes comme une motivation à sortir et accomplir ce qui doit être accompli. Bouger aide non seulement à réduire la tension qui aggravent les crampes, mais cela nous aide également à penser à autre chose.

Utiliser les crampes en magie est fort simple. Durant la période où elles sont les plus fortes, faites de la magie comme à votre habitude, mais concentrez l'énergie de votre utérus sur l'objectif de votre rituel. Visualisez-la comme une chaleur rouge émanant de votre corps. Si vous chargez un item, tenez-le près de votre abdomen et laissez l'énergie couler en lui. Vous pouvez également oindre des chandelles et autres items de votre sang, pour une magie puissante et compatissante. Ressentez l'énergie irradier à travers votre corps entier, c'est un moment idéal pour tout type de travail extatique comme la danse et le chant.

Si vous souffrez sévèrement, pensez à d'abord calmer vos crampes à l'aide d'analgésique ou compresses chaudes. Lorsqu'elles seront moindres, vous pourrez passer à un acte magique. Je vous conseille vraiment de consulter si vous souffrez atrocement, il est fort possible que trouviez un remède!

Comprendre et utilisez nos cycles intérieurs nous aide à gagner une vision de soi plus saine et d'améliorer nos vies. Dans le processus d'utiliser la magie menstruelle, nous apprenons non seulement à nous débarrasser de comportements et habitudes désuètes et inutiles, mais nous apprenons également à en créer de nouvelles qui sont bénéfiques tant pour nous que pour notre entourage. Enfin, la possibilité de créer le changement, c'est un trésor inestimable.
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