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.: Du "sang-sage" à la sagesse

2/27/2013

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Du « sang sage » à la sagesse
La ménopause : un nouvel éveil
Par Joanna Poppink, traduit et adapté par Xella Sieidi


Dans des temps anciens, on croyait que si la femme ne saignait pas pendant neuf mois avant de donner naissance, c’est parce que l’enfant qui grandissait dans son ventre se développait en «retenant » ce sang pour lui. Le sang menstruel, appelé « sang sage », possédait une puissante signification. Il était utilisé pour la guérison, pour fertiliser les champs et pour acquérir la sagesse.

Lorsqu’une femme donnait naissance à son enfant, et qu’elle ne saignait pas pour un an suite à l’accouchement, sans donner naissance à un autre enfant, on croyait qu’elle aussi retenait son sang sage. C’est à ce moment qu’on la respectait comme une conseillère, une juge, une enseignante, une guérisseuse et une leader. Sa communauté la respectait en tant que femme puissante, aimante et sage, qui honorait et chérissait la vie. Dans les dernières années de sa vie, sa mission était d’accompagner les gens dans la mort, comme elle les avait aidés dans la naissance.

De nos jours, des millions de femmes atteignent cette étape où elles retiennent leur sang. Elles sont terrifiées par les bouleversements physiques et émotifs, par l’exclusion sociale et professionnelle et par les risques médicaux. Parce que les générations précédentes ont gardé le silence au sujet de la ménopause, plusieurs de ces femmes ont l’impression d’être mal outillée pour faire des choix éclairés en matière de thérapie de remplacement d’hormones ou encore pour bien définir leur priorités personnelles. La peur peut les rendre inconscientes des opportunités que permettraient de nouveaux choix. Dans notre monde dont la mentalité est « la jeunesse à tout pris », plusieurs femmes se sentent vulnérables et naïves alors qu’elles approchent « le changement ».

Dans les temps anciens, quand le clan respectait la trilogie de la vierge, la mère et la vieille femme sage, les femmes se réunissaient à des intervalles réguliers dans des endroits reclus de la communauté, afin d’encourager, soutenir et enseigner les unes les autres. Les jeunes filles qui n’avaient pas encore saigné et les femmes plus âgées qui avaient cessé leurs menstruations demeuraient pendant des jours avec les femmes qui saignaient, et c’est comme cela que le savoir physique, spirituel et émotionnel se transmettait et se partageait.

La tradition des femmes qui s’entraident à travers la ménopause fut anéantie durant l’Inquisition, durant laquelle neuf millions de femmes furent torturées et assassinées.

Aujourd’hui, les femmes qui deviennent ménopausées le sont dans une atmosphère toute nouvelle. Dans l’histoire du patriarcat, il n’y a jamais eu autant de femmes indépendantes et libres de toute influence économique et politique vivant leur ménopause. Les femmes d’aujourd’hui ont en poche trop d’éducation et sont trop compétences financièrement pour accepter les désuètes définitions de la ménopause. En gros, ces définitions décrivent la ménopause comme étant la maladie dégénérescente d’une vieille femme épuisée possédant un utérus défaillant et sur le point de perdre sa sexualité et ses esprits. Cher, Jane Fonda et Elizabeth Taylor sont parmi quelques exemples parmi plusieurs autres de femmes matures dont la vie est toujours aussi vibrante et coulante. Nous connaissons tous des membres de notre famille et des amies qui nous prouvent que la vie après le stade Barbie est toute aussi riche et pleine.

Les femmes commencent à prendre conscience que la ménopause est bien plus qu’un changement physique. C’est un rite de passage qui détient une signification profonde. Durant mes 16 années de recherche et travail en psychothérapie avec les femmes, j’ai appris que la ménopause est un moment où on l’on fait des choix. Ces femmes vivant leur ménopause ont maintenant la possibilité d’un avenir rempli d’amour, de satisfaction, de sérénité, de joie et de défis créatifs. La ménopause encourage l’éveil du courage et un renouvellement de son engagement face à la vie.

Bien que les traitements hormonaux soient parfois nécessaires et utiles pour certaines femmesdurant la ménopause, la ménopause ne se limite pas du tout à faire le choix de suivre ces traitements ou pas. Plusieurs femmes se rassemblent afin de faire entendre leur voix et s’encourager mutuellement, afin que chacune découvre la signification personnelle de ce passage. Ensemble, nous apprenons que les d’expériences de vie, y compris les plus intimes, les plus solitaires et les plus blessantes, sont les graines de sagesse qui doivent être partagées maintenant.

Comment dans les temps anciens, les femmes utilisent des herbes, modifient leur alimentation et font de l’exercice afin de prendre soin de leur flux de ménopause, de leurs bouffées de chaleurs, des changements de leur peau et de le leur intensité émotionnelle. Les femmes prennent le thé ensembles et échangent en privé avec d’autres, recherchant compréhension et réconfort. Les femmes écrivent, chantent, dansent et peignent leurs inspirations créatives. Les femmes contemplent la mortalité et créent leurs priorités basées sur les valeurs auxquelles elles tiennent profondément. Et le plus important, les femmes écoutent les histoires d’autres femmes et font les changements nécessaires dans leur vie personnelle et spirituelle, changements qui en surprennent plus d’un.

Lorsque nous entreprenons ce passage de la ménopause, nous créons l’avenir, pour nous et nos filles, un avenir dans lequel nous serons en pleine vie à la fin. Nous léguons nos cadeaux à nos petites-filles et arrière-petites-filles. La ménopause est le moment où nous laissons notre sang sage nous éveiller à la bonne vie qui se dessine devant nous.
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.: Ventre-Mère

2/27/2013

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Mother Belly
Traduit et adapté du livre Grandmother’s secret de Rosina-Fawzia Al-Rawi par Ishara Labyris

Si nous considérons la vie prénatale d’un bébé à l’intérieur du ventre d’une femme et remontons au moment de la conception de ce bébé, à l’étreinte amoureuse, au prélude d’excitement qui unit une femme et un homme, nous sommes une fois de plus dans le mouvement suscité de la danse.

La relation d’une mère avec son enfant peut être vue comme la base de la vie sociale et plus simplement la base de la civilisation humaine. Le battement de son coeur est le premier rythme du bébé. À travers elle, le bébé expérimente l’intérieur et l’extérieur. C’est grâce à elle que le bébé reçoit nourriture et qu’il est mené à la vie.

En tant que donneuse de vie et de nourriture, la femme est le lien entre la naissance et la mort. Le féminin les détient tous deux. Cela est exprimé et représenté positivement par le refuge/la protection, la nourriture/l’alimentation et la chaleur, et négativement par le reniement, le retrait, la retenue. Pour les premières civilisations, ces deux aspects n’étaient pas séparés l’un de l’autre, car on comprenait qu’ils étaient nécessaires pour stimuler la capacité de création transformatrice.

Le ventre est le siège du monde intérieur, de l’obscurité et de l’inconscient, mais aussi de la vie et des émotions. Il est à l’opposé de la poitrine et de la tête qui elles symbolisent la conscience, le monde extérieur et la lumière. La partie supérieure, le pôle de la poitrine et de la tête, repose sur la partie inférieure, le pôle du ventre, et ne pourrait être, sans cette connexion entre les deux.

Dans les rituels, les gens dansaient pour la vie, qu’ils concevaient comme féminine, la Grande Mère. Ce Grand Féminin contenait le monde entier, le bien et le mal, le haut et le bas, la vie et la mort. En effet, la vie était la mort et la mort était la vie, éternellement vibrantes, s’élevant, dans un courant sans fin. Pour demeurer dans cette harmonie de vie, pour retenir ce sentiment d’unité, les gens dansaient. Ils dansaient pour les déesses de fertilité, pour les déesses nourricières, et pour les déesses chasseresses. Ils dansaient pour lier ensemble les mondes intérieurs et extérieurs.
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.: Le Yoni et son sang de création

2/27/2013

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.: The menstruating yoni
Tiré du livre «The Yoni»
Par Rufus Camphausen, traduit et adapté par Ishara Labyris

Une expression spécialisée de magie yonique peut être reconnue par l’étendue immense des pouvoirs qu’accordent les peuples de diverses cultures au fluide menstruel et particulièrement au tout premier sang menstruel, le sang qui signale la transformation d’une jeune fille en femme. Beaucoup d’ouvrages ont été publiés sur les différents tabous entourant les menstruations. Le fluide menstruel avait, croyait-on, des effets négatifs sur les autres humains, sur les animaux et la nature. Les femmes menstruées étaient séparées de leur tribu et de leur famille par crainte de contamination – elles devaient se tenir éloignées des endroits où le pain était cuit, où la nourriture était préparée et où les rois marchaient. Ces injonctions ainsi que des milliers d’autres, changeant d’une culture à une autre, et d’une époque à une autre, illustrent bien les pouvoirs que l’on accordait au fluide menstruel, même si ces pouvoirs étaient perçus comme dangereux.

Toutefois, il y a d’autres exemples, d’autres peuples, pour lesquels les menstruations étaient tenues en haute estime. Bien que cela soit particulièrement vrai pour les traditions de Tantra et Shakta, il y a d’autres exemples de d’autres cultures, sortant de cette sphère, incluant les suivants :

  • Chez les Incas, la déesse lune Mama Kilya, responsable de tous les phénomènes naturels cycliques, était vénérée comme la maîtresse du cycle menstruel.
  • Chez les alchimistes, l’énergie potentielle du sang menstruel était connue sous le nom de elixir rubeus («élixir rouge»). Cet élixir était, croyait-on, encore plus puissant lorsque généré durant la pleine lune.
  • Chez les adeptes de certaines écoles de Tantra dite de «Main-Gauche», boire le yonipuspa («fleur de vulve»), le fluide menstruel, est vu comme un moyen assuré d’atteindre la libération.
  • Dans la Perse antique, la déesse Jaki était responsable des menstruations. Durant les époques patriarcales, lorsque les menstruations obtinrent des connotations négatives, Jaki devint un démon, lequel exhortait les hommes à poser des actes mauvais.
  • Dans l’Égypte ancienne, les gens portaient une amulette de pierre rouge qui représentait les pouvoirs du sang menstruel d’Isis, la déesse la plus importante d’Égypte. (Le Tyet, peut représenté une image stylizée du yoni de la déesse Isis).
  • Le folklore atteste également de la même croyance envers le sang menstruel. À Calabria, en Italie, par exemple, les femmes portent sur elles quelques gouttes de leur sang menstruel dans une petite fiole, partout où elles vont. Si elles administraient ces gouttes à un homme de leur choix, on croyait que cet homme était alors lié à elles pour toujours.

Avant que nous ne nous attardions de plus près à savoir comment le sang menstruel est perçu et utilisé en Inde, nous devons d’abord savoir que les Indiens n’étaient pas les seuls à utliser le sang menstruel et les autres fluides du Yoni. Chez certaines sectes gnostiques, il existait une vision similaire à propos des pouvoirs des différents types de rajas (sécrétions féminines). Comme le rapporte Épiphane de Salamine (315-403), les jus d’amour et les fluides menstruels étaient traités avec révérence, étant rituellement collectés et utilisés à des fins rituelles religieuses.

Le Tantra et le Shakta font partie des quelques systèmes religieux dans lesquels les menstruations ne sont pas perçues comme étant impures, dangereuses, ni comme quelque chose devant être cachée. Au contraire, dans plusieurs sectes tantriques, et particulièrement chez les Shakta, le tabou menstruel de la société indienne est reconnu simplement comme un autre aspect de l’ignorance humaine en général. En ce sens, le tabou menstruel n’est pas «brisé» dans ces religions, il n’existe tout simplement pas, comme le suggère Ajit Mookerjee. Pour les hommes et les femmes qui perçoivent le sang menstruel comme étant sacré et digne de vénération, le temps des menstruations en est un spécial, et une femme dont le sang s’écoule est valorisée et honorée. Dans les pratiques rituelles, comme dans le Yoni Puja, une femme menstruée tient une place vraiment spéciale, non seulement pour la qualité différente de son énergie à ce moment précis, mais aussi à cause du sang lui-même, l’unique et magique sang-de-lune qui est la propriété et le pouvoir de la femme. Ainsi, lorsque les tantriques dits de «Main-Gauche» mélangent le fluide menstruel au vin et le boivent comme boisson rituelle, ou qu’ils embrassent le Yoni durant le puja plutôt que de simplement le toucher, ils reproduisent un rituel probablement aussi âgé que l’Homo Sapiens, un rituel qui avait lieu il y a 25 000 ans dans les chambres yoniques spéciales des caves paléolithiques.

Plusieurs auteurs indiens sont toutefois honteux de tels aspects de leur héritage; ils ne parlent que difficilement de tout ce qui pourrait être dire à propos du culte du yoni dans la culture indienne. Par exemple, dans son livre «Goddess cults in Ancient India», Jagdish Tiwari, affirme que les Grecs de l’Antiquité sont responsables de la nudité des figures de l’Inde. Lorsque Ajit Mookerjee dit : «en Kerala, une cérémonie appelée trippusharattu se tient huit à dix fois par an. Lors des cérémonies une nappe colorée de rouge ceint l’image de la déesse, laquelle est recherchée par les pèlerins et prisée comme relique religieuse», ce qui est dit n’est qu’une partie de la vérité. L’auteur ne nous dit pas comment ou avec quoi cette nappe, qui devient une relique sainte, est rougie. Admettre que la nappe est colorée grâce au sang menstruel de femmes (ou si cela est trop pour la communauté locale, avec le sang d’animaux sacrifiés), semble trop offensant pour l’auteur, ou du moins pour la plupart des lecteurs occidentaux que lui et son éditeur visent.

Les pratiques tenues partout en Inde où les gens vivent en accord avec les préceptes du Tantra ou Shakta, vont plus loin que de voir une nappe artificiellement teinte de rouge comme une relique sainte. En fait, les adorateurs du Yoni – hommes et femmes, jeunes et moins jeunes – fabriquent leurs propres reliques saintes avec du sang réel et vivant qui s’écoule d’une femme menstruée. Avec le sang du Yoni d’une femme préalablement consacrée, le prêtre peint un triangle sur son pubis rasé. Une fois cela accompli, un morceau de tissu ou de papier est pressé contre le pubis de la femme, et le triangle s’y imprime. On retrouve ces reliques dans les maisons et les temples secrets des adorateurs, là où ils servent d’objects de méditation et de vénération.

Les Bâuls du Bengal sont un autre groupe de personnes pour lequel les menstruations sont source de joie et de célébration plutôt que de ségrégation, de honte ou de peur. On peut comparer les Bâuls aux ménestrels du Moyen-Âge européen. Leur philosophie comporte des éléments de tradition tantrique et d’hindouïsme. Ils se dévouent particulièrement à la déesse Radha et au dieu Krishna. Les périodes menstruelles sont perçues pour eux comme de bon augure et puissantes, en effet. Ils chantent des chansons d’amour et de dévotion à travers lesquelles ils répandent la parole voulant que la communion avec le Divin puisse être possible grâce au corps – par le rituel, par l’union sexuelle et particulièrement en faisant usage des forces inhérentes au fluide menstruel. Pour cette raison, les Bâuls ne pratiquent que rarement leur rites sexuels en d’autres temps que lors des trois jours et demi de la période menstruelle. Comme on peut s’en attendre d’un peuple dont la tradition est si concentrée sur l’aspect féminin, les Bâuls ont développé des connaissances plutôt accrues concernant les menstruations. Selon leurs enseignements, le fluide menstruel varie selon les différents temps du cycle. Ils associent les types de sang à trois rivières sacrées de la tradition indienne : le Gange, le Saraswati et le Jamuna. «Jamuna, la sombre, s’écoule durant l’état initial des menstruations et est suivie de Saraswati, de fluide rouge, puis de Ganga, dont la couleur du fluide est plus légère. Chaque type de sécrétion menstruel prend 24 heures à se manifester complètement… Lors de la dernière demi-journée, les sécrétions menstruelles déclinent.

Le rituel mensuel des Bâuls, 84 heures remplies de musique, de chanson, de passion et de dévotion, est connue comme étant «la manifestation de la pleine lune au temps de la nouvelle lune», et son but ultime est de «saisir l’insaisissable», l’énergie unique possédée seulement par les femmes. On dit que cette énergie ne se manifeste que durant les 12 dernières heures des menstruations. En s’unissant à une femme menstruée durant cette période, un homme peut recevoir les pouvoirs de la Déesse, partagé à lui grâce à une femme consentante.

Ne bénéficierions-nous tous pas d’une telle manière de voir les femmes et leurs pouvoirs uniques, plutôt que de voir les menstruations comme une malédiction, comme étant impures, ou quelque chose qui doit être caché, parfois même de l’être aimé? Il est certain qu’il ne sera pas aisé, ni peut-être même possible de changer l’opinion de la société en générale en la matière. Ce qui est possible, toutefois, c’est de changer notre propre point de vue et de personnellement défier le tabou qui nous a été imposé par nos parents (qui ne connaissaient pas mieux), par nos pairs et les papes (qui n’ont jamais rien compris aux femmes).

Ce n’est pas seulement dans le Tantra indien que nous pouvons trouver révérence pour les fluides menstruels et leur utilisation dans les rites. De telles pratiques ont également été documentées dans le Tantra tibétain. En dépit du fait que les lamas tibétains contemporains, encore bien plus que les adeptes indiens, sont habituellement assez secrets à propos des aspects sexuels de leurs enseignements, d’autres – dans leur traductions des documents tibétains originaux – se sentent moins gênés. Par exemple, Keith Dowman, dans sa traduction du texte tibétain «Le Secret de la Vie et les Chansons de Dame Yeshe Tsogyal», rapporte un passage qui révèle incontestablement le haut respect qu’avaient les anciens adeptes du Tantrisme envers les pouvoirs du flux menstruel. Dans ce passage, une des co-fondatrices de ce mouvement religieux, l’adepte et enseignante Yeshe Tsogyal (757-817), informe de son extraordinaire vision que voici : «Alors j’ai eu une vision d’une femme rouge, nue, plaquant sa bhaga (yoni) contre ma bouche, et je bois vivement le flux abondant de son sang.»

Dans cette déclaration tirée d’un texte ancien et respecté, non seulement parle-t-on de boire le sang menstruel directement du yoni, mais le texte nous démontre également qu’une telle pratique ne semble pas avoir été restreinte aux couples hétérosexuels, comme on le croirait généralement. Toutefois, il ne faut pas croire pour autant que Yeshe Tsogyal préférait pratiquer ses rituels sexuels avec des femmes plutôt qu’avec des hommes. Dans une biographie, Yeshe Tsogyal écrivit à propos de Padmasambhava (730-805), l’homme à qui l’on doit officiellement d’avoir amené le Tantra et le Boudhisme au Tibet; elle parle clairement de la retraite qu’elle eut avec deux adeptes masculins. Les rituels qu’ils pratiquaient là (comme le faisaient et le font encore plusieurs personnes) sont connus au Tibet sous l’appellation «zap-lam», et comme la «voie de s’étendre sur le corps d’une autre personne», un enseignement qui était surtout transmis par une femme, une initiée du 11e siècle de notre ère, connue au Tibet sous le nom de Vajradhara Niguma et en Inde sous le nom de Yogini Vimalashri.

Ce n’était qu’une brève excursion dans les pratiques du Tantra indien et tibétain concernant les menstruations, et il y aurait encore bien plus à dire sur les différentes pratiques sexuelles et leurs bénéfices psychosomatiques. Le livre «The Yoni» se penche sur l’étude du Yoni et non pas tant sur la sexualité en tant que telle.
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.: Sang : poème de Shana Grace

2/27/2013

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Traduit et adapté par Ishara Labyris du poème "Blood" de Shana Grace

Mon sang mon sang,
Mon sang est une inondation
Mon sang est une mer en furie
Mon sang est une centaine de chats sifflant
communiant en moi.
Mon ventre est lourd et gonflé
Mon ventre est rond et plein
Mon ventre s'élève avec la mer
La mer est à l'intérieur de moi.
Le rythme de l'océan
rythme de l'eau
Mère lune qui attire les marées
mets-toi à nue au-dessus de ta fille.
J'accouche d'un baume pour la Terre
Il ruisselle le long de mes jambes
Il se mêle à la poussière sur le sol
et s'enfonce dans la terre
J'écris mon nom
riche et rouge
en des cercles sacrés
Où je jure
avec intention et mot sacré
Je signe ma prière
de sang.
Je m'émerveille de son mystère
barbouillé sur mes feuilles blanches
et désire le laisser couler si librement
en ruisseaux qui courent dans la rue.
Mon sang mon sang
Mon sang est une potion
Préparée avec ma véritable émotion
mise à ébullition dans le chaudron de mon ventre
et désenroulement d'un dragon étranglé
luttant contre son noeud étouffant
éclatant dans toute sa furie
Qui ose nier le pouvoir que je possède
dans mes heures de sang ?
Qui ose le réduire en excuses,
"Oh ce n'est que ta période du mois"?
Je ne le traiterai pas comme une malédiction
Je me couronne de sang
Mon droit de naissance
et en bénit cette terre souffrante
qu'elle boive le vin qu'Elle mérite.
Ce sang ne devrait pas être "flushé"
avec autant de dédain
que s'il s'agissait d'une honte déplaisante
que s'il s'agissait d'un ennui fatiguant
Ce sang,
il honore notre création
d'apporter la vie dans la gestation
Il nous lie à la lune,
à la Mer
Soeurs de ces pouvoirs qui sont,
Soeurs de la Sainte Mère
Oserons-nous partager ce trésor...
avec nos Frères?
Ô Qu'il pleuve rouge
Que cela se déverse
Laissez la mer s'élever et rugir
Laissez notre furie courir sa course
vulnérable avec notre force souffrante
Laissez les rivières dans nos utérus
jeter leur bijoux de rubis partout
pour que les rues tournent au rouge
et inondées librement
avec notre sang.
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.: Si les hommes étaient menstrués

2/27/2013

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Si les hommes étaient menstrués : une fantaisie politique
De Glira Steinem, du site The Museum of Menstruation and Women’s Health, traduit et adapté par Xella Sieidi


Une minorité blanche de notre planète a passé plusieurs siècles à tenter de nous faire croire que les gens à la peau blanche sont supérieurs, malgré le fait que la seule différence que possède la peau blanche, est une plus grande exposition aux rayons ultraviolets et qu’elle est plus sujette aux rides. Les hommes à la peau blanche ont bâti des sociétés entières autour de l’idée que toutes les femmes souffrent de « l’envie du pénis », malgré le fait que l’on pourrait croire que cet organe non protégé pourrait rendre les hommes plus vulnérables. S’il y a une envie qui serait plus logique, c’est bien celle de l’utérus qui donne la vie!

Qu’arriverait-il, si de façon soudaine, par un acte magique peut-être, les hommes étaient menstrués et que les femmes ne le seraient plus?

La réponse est facile : les menstruations seraient enviées, les hommes en seraient fiers et chacun se vanterait que les siennes durent plus longtemps et qu’elles sont plus fortes.

On tiendrait des célébrations religieuses et des enterrements de vie de garçon pour fêter les premières menstruations des adolescents. Elles seraient cette preuve tant attendue qui ferait de lui un homme.

Le Congrès établirait et financerait un Institut national de la dysménorrhée afin de trouver un remède qui viendrait à bout des inconforts menstruels.

Les produits hygiéniques essentiels seraient financés par l’état et seraient gratuits (évidemment, certains hommes préféreraient débourser pour des marques prestigieuses telles que « tampons John Wayne » ou « serviettes Rope-a-dope de Mohamed Ali »).

Les hommes militaires, les politiciens de la droite et les fondamentalistes religieux utiliseraient des menstruations (« men-struation », men se traduisant par hommes) pour prouver que seuls les hommes pourraient servir dans l’armée (« vous devez offrir du sang pour prendre du sang », occuper des postes politiques (les femmes peuvent-elles être agressives sans ce cycle tenace gouvernée par la planète Mars), être prêtres ou pasteurs (« comment une femme pourrait-elle donner son sang pour nos péchés?) ou rabbins (« sans cette perte mensuelle de ses impuretés, une femme demeure sale »).

De leur côté toutefois, les radicaux masculins, les politiciens de la gauche et les mystiques manifesteraient pour que les femmes soient considérées comme égales aux hommes, bien que différentes, et que celles qui le voudraient pourraient joindre leur rang sans problème, si elles étaient prêtes à s’infliger une blessure physique à chaque mois (« vous DEVEZ donner du sang pour la révolution »). Elles devraient également reconnaître la suprématie des problèmes menstruels et ou encore se subordonner aux hommes lors de leur Cycle d’Illumination.

Les jeunes se vanteraient (« je porte des serviettes n° 3, mec! »). Le sujet serait traité de long en large à la télé (l’émission américaine Happy Days compterait un épisode intitulé « Richie et Potsie tentent de convaincre que Fonzie est toujours « The Fonz », malgré le fait qu’il a sauté deux cycles de suite), dans les journaux (« Un juge cite un stress mensuel en accordant son pardon à un violeur », « Des hommes menstrués sont attaqués par un requin ») et au cinéma (« Newman et Redford jouent dans Les frères de sang »).

Les hommes tenteraient de convaincre les femmes que les relations sexuelles seraient meilleures lors de « cette période du mois ». On dirait que les lesbiennes craignent le sang, et donc la vie, et que cela serait sûrement parce qu’elles auraient besoin d’un homme menstrué qui saurait s’y prendre.

Évidemment, l’intellect masculine nous donnerait les arguments les plus logiques et moraux. Comment une femme pourrait-elle maîtriser une discipline quelconque demandant une compréhension du temps, de l’espace, des mathématiques ou de mesures, sans ce don inné permettant de calculer les cycles de la lune et planètes et donc de calculer n’importe quoi? Dans les domaines plus rares de la philosophie et de la religion, les femmes pourraient-elles compenser à cette compréhension du rythme universel et de la symbolique mort-renaissance qui leur fait défaut?

Les hommes libéraux de tous les domaines essaieraient d’être gentils : « le fait que ces gens ne possèdent pas ce don pour mesurer la vie ou pour se connecter à l’univers, est une punition en soi », expliqueraient-ils.

Et quelle serait la réaction acceptable de la part des femmes? Certains pourraient imaginer que les femmes dites traditionnelles ne seraient jamais en désaccord et qu’elles répondraient à tout argument par un sourire loyal et masochiste (« cette ère forcerait les femmes à la maison de se blesser à chaque mois » pense Phyllis Schlafly; « le sang de votre époux est aussi sacré que celui de Jésus – et sexy aussi! » propose Marabel Morgan). Les Réformistes et les Queen Bees imiteraient les hommes en prétendant avoir un cycle menstruel. Toutes les féministes tenteraient de détruire cette idée préconçue que tous les hommes souffrent d’agressivité leur venant de Mars et que toutes les femmes souffrent de « l’envie des menstruations ». Les féministes radicales ajouteraient que l’oppression de l’absence de menstruations serait la source de toutes les autres oppressions (« Les vampires étaient les premiers à se battre pour la liberté! »). Les féministes culturelles développeraient une imagerie absente de sang dans l’art et la littérature. Les féministes socialistes soutiendraient que les hommes pourraient monopoliser le sang menstruel seulement grâce au capitalisme…

En fait, si les hommes étaient menstrués, les justifications de pouvoir s’étendraient encore plus loin et plus longtemps…

Si on les laissait faire.

«Rope-a-dope » est un terme inventé par Mohamed Ali pour décrire un type de combat de boxe.

« Queen Bee », Reine abeille, est une expression qui désigne la fille la plus populaire de l’école.
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.: Parfum d'utérus

2/27/2013

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Karine Nivon dans “rêve de femme“ parution trimestrielle

Au plus profond de nous, dans notre silence intérieur, réside un Lieu de mystère, espace de création universelle d’où naît l’intuition. Lieu de mémoires, lieu de pouvoir, approchons-nous de ce qui est en dedans de nous et offrons au monde le féminindont il a tant besoin. Cet organe tout intérieur incarne l’essence de notre féminité et pourtant il mène une existence misérable, oublié, renié au plus profond de notre corps.

Nous allons descendre et rencontrer notre mystère, notre puissance, pallier par pallier, en faisant des pauses, jusqu’au plusprofond de nous-même… sans fausse pudeur.

Souvent à un pallier un événement de notre histoire émerge. Sa mémoire demande à être accueillie, comprise, digérée, intégrée. La rencontre avec l’utérus, son silence, sa créativité est une porte d’accès pour des perceptions illimitées. L’histoire commence par une exploration de soi, de son corps, de ses émotions pour développer plus de sensibilité, approfondir ses perceptions et pouvoirégalement se fier à ses propres sensations et à son intuition. Cette rencontre nous permet d’offrir à notre intimité la possibilité de se révéler, de devenir capable de l’entendre, de la recevoir, de comprendre comment va l’utérus et ce qu’il porte en lui. Dans cette rencontre avec soi-même, développer l’écoute, puis le senti.

Lieu de mémoire

« L’important n’est pas le but, mais le chemin » de connaissance que nous allons emprunter. Un chemin non balisé, rarement exploré… tout reste à découvrir.

L’utérus garde en mémoire les impacts des événements passés, de vécus agréables ou difficiles. Réceptacle universel, il garde aussi en mémoire des traces des générations passées, notre corps réagissant, sans que cela soit conscient, par exemple à une ancêtre morte en couche, rendant impossible la mise au monde d’un enfant, alors que médicalement, rien n’est à signaler. De même, lorsqu’un avortement est vécu dans la négation (non à l’enfant, non à la situation, non au partenaire), ce négatif reste bloqué dans l’utérus même quand l’enfant est parti. Un travail de nettoyage de cette mémoire est souvent nécessaire. Il en va de même pour les empreintes laissées par ceux qui ont voulu goûter au nectar, s’approcher du calice sans qu’ils y aient été invités…

Ce qu’on voit de l’utérus, c’est ce qui sort de lui : le sang, les bébés, et ce qui entre en lui : la semence dont il va se nourrir pourcréer un nouvel être. Ce lieu a le pouvoir à la fois de contenir un être pendant neuf mois, l’énergie étant tournée vers l’intérieur, et d’expulser, de transformer sa chimie et les hormones, lorsque le bébé le demande, pour l’accompagner vers la sortie : c’est l’enfant qui informe l’utérus qu’il est prêt à sortir et ce dernier, qui a contenu pendant neuf mois, à l’écoute des besoins du bébé, sécrète les hormones qui modifient le contenant en expulsant.

Cycliquement, il prépare l’espace à accueillir la vie : dans cette phase du cycle nous sommes tournées vers l’intérieur, jusqu’au moment des lunes, période de tyoweh, d’écoute intérieure, où, dans le silence, nous arrivent du très profond des intuitions, desvisions, des clarifications. Dans cette période l’énergie est tellement tournée vers l’intérieur que les objets nous échappent des mains. L’aviez-vous remarqué vous aussi ?

Les émotions stockées empoisonnent de l’intérieur et créent des pathologies qui vont finir par se voir à l’extérieur. Nos mémoires douloureuses laissent des traces et des marques jusque sur nos visages, dans nos regards, ces mémoires font qu’une distance s’installe entre nous et les autres, et ce n’est pas forcément cette distance que nous désirons, ce n’est pas celle-là, la « bonne » distance. Dans cette distance, la peur a pris place, peur du contact, de l’intrusion, que l’autre vienne prendre à nouveau. Selon M.D. Piontek,

« L’utérus est l’endroit privilégié dans le corps d’une femme où des années d’émotions négatives vont s’accumuler et empoisonner l’organisme féminin de l’intérieur. Les problèmes de l’utérus, comme les règles douloureuses, les pertes vaginales, les fibromes ou le cancer, sont des manifestations de cet empoisonnement intérieur. D’un point de vue médical, ces maladies sont considérées comme normales. Mais d’un autre côté, vivre en étant malheureuse, négative et pessimiste est une attitude qui montre à quel point la femme est déconnectée de son potentiel féminin… »

Chaque expérience sexuelle qui n’est pas source de joie est mémorisée dans le corps et particulièrement dans l’utérus. La violencesexuelle, l’absence d’amour et les conflits non résolus sont du poison pour un utérus affaibli. Faire l’amour en étant absente fait que l’on n’habite plus notre utérus, que nous nous coupons complètement de lui. À propos de ce vide de l’utérus, M. D. Piontek écrit « l’espoir le plus commun consiste à remplir positivement le vide négatif de l’utérus par la grossesse. Un utérus délaissé et malheureux est une des motivations inconscientes les plus puissantes pour tomber enceinte et avoir un enfant. La grossesse et le fait de devenir mère restent pour beaucoup de femmes la seule façon d’apporter du sens et un certain accomplissement dans leurvie et dans leur sexualité. Une vie de mère est très active, mais être nécessaire à quelqu’un et débordée n’a rien à voir avec être épanouie. » … et dans ces conditions, que se passera-t-il à la ménopause ? Il est fort probable que l’on retrouvera ce vide, comment le combler alors ? Bien sûr, les expériences plaisantes, joyeuses, extatiques sont aussi mémorisées dans ce lieu et lui apportent uneénergie qui lui est vitale. A moi de prendre soin de ce calice, de m’offrir du temps pour entrer en moi et de l’écouter pour traverser les couches de douleurs, de peurs, et approcher le mystère. Et là, « la que sabe », Celle qui sait, dont parle Clarissa Pinkola Estès dans Femmes qui courent avec les loups, apparaît, parce que je lui ai laissé la place, que j’ai déblayé les couches qui me coupaient d’Elle.

Lieu de pratiques

Lorsque l’Utérus est serré, étroit, contracté… respirons dedans, SOYONS AVEC lui et offrons-lui le temps dont il a besoin pour se détendre. Apportons-lui notre présence, veillons sur lui et permettons-lui de se révéler, de s’ouvrir, de s’épanouir et invitons… la sexualité devient un acte sacré.

Nettoyer les mémoires de ce lieu signifie traverser la douleur, ses empreintes encore vivantes et vibrantes au plus profond de nous. Certaines femmes que j’ai accompagnées dans ce processus conscient de nettoyage me témoignaient que cela modifiait complètement leur sang des menstrues : l’écoulement, la couleur, l’odeur et la consistance. Il arrive qu’au cours de la clarificationd’une mémoire douloureuse, le sang soit très foncé, qu’il ait une odeur de vieux sang. Par cet émonctoire, le corps indique qu’il évacue ce « vieux truc ».

Nombreux sont les clairvoyants qui ont subi des violences lorsqu’ils étaient enfants. Ils ont appris à capter l’intention de l’autre, c’était un moyen de survie pour se protéger du danger. Le cadeau de cette situation est qu’ils ont développé leur intuition et des perceptions fines. L’inconvénient est que cette expérience de vie engendre une distance entre soi et les autres. A priori, cela paraît un bon moyen pour se protéger, mais cela isole. Le réflexe face à la rencontre avec l’autre sera de rejeter. Les spasmes douloureux en temps des lunes sont une réponse du corps au rejet des autres.

… et un jour il devient clair que l’on ne retrouvera pas l’état de pureté initiale recherché secrètement. C’est alors un bon moment pour traverser cet océan de peurs, ces mémoires collectives (oui, au fait, sont-elles miennes, toutes ces mémoires de peurs, ou bien m’ont-elles été transmises par les lignées de femmes dont je suis issue ?) pour s’approcher de ce lieu de mystère et écouter ce qu’il a à révéler. Pour faire un travail de nettoyage des mémoires de ce lieu, différents outils sont à disposition : le rêve éveillé, les pratiques énergétiques décrites par les taoïstes. Voici, par exemple, celle qui renforce l’ouverture et la fermeture des portes du bas en contractant et relâchant l’un après l’autre le vagin, le périnée et l’anus. L’utérus en est renforcé, et par la suite cette énergie peut monter jusqu’au cœur et le remplir, circuler dans tout le corps. Maitreyi D. Piontek explique que masser le périnée « renforcera lesorganes sexuels féminins, les autres portes inférieures, et aidera à clarifier l’esprit et à réguler les menstruations. C’est le périnée qui permet soit de faire remonter l’énergie sexuelle vers le haut, dans l’aspiration vers le divin, soit de laisser cette énergie s’écouler vers le bas. » elle décrit également des pratiques avec l’œuf énergétique pour muscler le vagin et renforcer l’utérus. La pratique de la récapitulation chamanique permet de libérer l’énergie stockée dans des mémoires d’humiliation, des situations difficiles, des relations sexuelles peu épanouissantes, des émotions douloureuses… Écouter et visiter ce lieu… se pauser, faire silence et prendre soin de cet espace blessé en appliquant un baume de bienveillance. Je respire dans ce lieu, en y amenant ma présence, en développant un état de conscience, et me relie à son état naturel de sensualité pour qu’il redevienne un espace de douce chaleur et de grande sécurité. Et lorsque je me sens en sécurité dans mon utérus, j’ai la force pour affronter n’importe quelle situation : j’ai une vision claire et large, j’ai l’énergie pour réagir.

Lors de pratiques énergétiques, j’ai expérimenté être pleinement dans l’énergie de mon utérus, avec la sensation d’avoir presque autant d’assise et de stabilité que la Terre Mère : mon bassin s’étend, un peu comme si mes jambes apportaient la stabilité verticale et mon bassin la stabilité horizontale, comme un voilier qui flotte vers l’horizon, avec son mât et sa coque. Et alors l’énergie monte aux étages supérieurs de mon corps, jusqu’au cœur, et émet une onde horizontale qui, par résonance, touche les cœurs des autres, mes paroles étant chargées d’une toute autre qualité d’être.

"Connectées à nos utérus, nos rêves changent de consistance, de contenu. En rêve éveillé, il m’est arrivé d’entendre mon utérusme révéler comment capter ce et ceux qui m’environnent, capter pour mieux percevoir, pour sentir s’il y a danger ou affinité. Je voyais que de mon utérus partaient des fils avec au bout un entonnoir-récepteur. Cela pourrait ressembler aux ventouses que le poulpe a sur ses tentacules, avec lesquelles il peut palper ce qui l’environne. La vie offre une multitude de possibilités pour mettre en pratique la reliance à notre utérus : faites-le comme un jeu en préparant un repas, en parlant, en chantant, en faisant partir un son de l’utérus, mettez de cette énergie dans tout ce que vous créez.…

Lieu de pouvoir

Ce lieu sacré aime se nourrir de créativité, d’agréable, d’une sexualité épanouie, d’un lien sensuel avec le vivant.

L’énergie de l’utérus est toujours là, même quand physiquement il n’y est plus : M. D. Piontek, dans son livre « Les secrets de la sexualité féminine », éditions le courrier du livre, invite les femmes ayant subi une hystérectomie à faire des pratiques énergétiques avec un œuf de pierre semi-précieuse, à « se consacrer intensément au bien-être de leur utérus, quand bien même celui-ci n’est plus physiquement présent. Les schémas énergétiques et les émotions qui ont causé la maladie sont toujours là et ont besoin d’être clarifiés et nettoyés. Travailler avec l’œuf énergétique peut s’avérer utile pour prévenir l’affaissement d’autres organes, ce qui est susceptible d’arriver plus facilement, du fait de l’espace inoccupé que laisse l’ablation de l’utérus. » Oui, se consacrer intensément au bien-être de notre utérus, l’habiter avec une douce présence… et l’écouter encore et encore. J’ai entendu dire que c’est à laménopause qu’il est le plus bavard…

Pour rétablir le féminin en nous et le libérer, il n’y a pas d’autre possibilité que de guérir notre utérus. Nous relier à notre potentielféminin… à notre énergie féminine, mieux nourrie par une sensation de bien-être que par une attitude de bien faire. Sentir qu’un bien être sensuel nous accompagne, quoi que nous fassions et sortir du « je dois », « il faut que ».

- Si je n’habite pas mon utérus, je n’habite pas l’espace le plus beau, le plus subtil de moi-même. J’habite dans une seule pièce où je me sens à l’étroit parce que j’ai eu peur d’aller visiter mon royaume, de me perdre dans son immensité, peur d’être aveuglée par sa beauté, absorbée par sa présence, anéantie par sa puissance. Je dois faire le premier pas moi-même, porter à mon utérus un regard bienveillant, le nourrir d’un amour sacré. Je ne peux pas demander à l’autre, mon partenaire, mon médecin… qu’il reconnaisse mon lieu de pouvoir, mon espace sacré à ma place.

-L’utérus n’a pas seulement pour fonction de mettre au monde des enfants. Reliées à cette énergie inépuisable de création, il nous offre la possibilité d’enfanter de projets, de les garder en gestation en nous pendant un temps, puis de les mener à terme. Ce qui sort de nous, de notre créativité, est chargé de cette force de vie. Et c’est bon, de créer du vivant. Cela rend vivante, présente à lavie qui nous ensemence lorsque nous nous offrons à elle.

C’est à nous, Femmes, de lâcher nos doutes, de redevenir prêtresses et de prendre pleinement notre place. Non pas en jouant des coudes, ou de nos sentiments, ou de notre sexe, mais en disant notre vérité de femme, en osant dire « je ne suis pas prête pour t’accueillir », en osant prendre la parole justement lorsque nous sommes vulnérables. C’est celle-ci, notre plus grande arme, la vulnérabilité, parce qu’à ce moment-là, nous sommes au plus proche de nous ; alors nous pouvons être au plus proche de l’autre, si terrifiant soit-il !

Chercher à comprendre le mystère, c’est comme ouvrir une clochette pour voir d’où vient ce tintement. Je crois que c’est ce que l’homme cherche à faire lorsqu’il est intrusif : il cherche à s’approcher du mystère. Ce lieu sacré est tellement bien fait qu’il est inviolable. Celui qui cherche à l’ouvrir ou à prendre, à dérober du nectar de féminité n’aura fait « que » déposer une mémoire… à nettoyer. Le Lieu ne peut s’ouvrir que du dedans, après que nous l’ayons apprivoisé pendant tout le temps dont il a besoin. Le brusquer, oublier de l’écouter, de le respecter, vouloir aller trop vite et hop ! la magie disparaît.

Quand il s’ouvre, il révèle ses secrets et libère de cette substance de créativité par les rêves, les intuitions, des visions claires qui paraissaient sans solution.

L’Utérus, saint Graal, calice, créateur depuis la nuit des temps, de mère en fille, contient « Celle qui sait »… ie.il est le premier cerveau des femmes et nous permet d’avoir accès au monde de l’énergie .Une de ses fonctions est d’amener vers l’intérieur, puis de l’intérieur vers l’extérieur. Il est une porte du visible vers l’invisible, un passage de l’invisible vers le visible. Il est ce chaudron magique qui transforme et donne vie. Cultiver le mystère : instaurer du temps pour être avec soi. Ecouter le tintement unique de notre utérus. Ne pas chercher à comprendre, ni à observer de l’extérieur, et sentir, sentir qu’une partie nous échappe et nous échappera toujours… et nous approcher du mystère. Sentir son odeur, sa couleur, nous laisser nous envelopper dans cette énergie, dans cette magie, comme enivré par un parfum. Sentir ce que tout le corps sécrète en réponse, les mémoires qu’il réveille, les voies subtiles qu’il empreinte pour créer de nouvelles mémoires.

Très subtil pouvoir que celui du parfum… en même temps insaisissable et omniprésent. Le parfum emprunte les voies respiratoires, puis se fond dans le sang et circule dans tout le corps. Dans les méridiens, il se mêle à l’énergie.

Parfum entêtant du jasmin, acidulé d’une rose ancienne, sensuel de l’ylang ylang… L’odeur vous vient instantanément ? Si je projette ylang ylang dans mon utérus, c’est-à-dire que je crée un espace, comme un œuf, une bulle dans laquelle je laisse ylang ylang se développer, je laisse la matrice s’occuper de cette bulle : je la sens chaude, palpitante, une sensualité se diffuse dans tout mon corps… je suis dedans cette bulle, je respire avec elle. Telle est la destinée des Femmes : exhaler le parfum de l’utérus etaccueillir l’énergie, l’intuition, la perception, le rêve, l’idée, le nouveau, l’impensé… le créer, le mettre en gestation et l’offrir au monde.

Quand l’homme s’apprête à cesser de vouloir nous faire l’amour, quand il accepte de s’abandonner, de se laisser glisser dans le mystère du féminin, à nous d’être prête à ouvrir du dedans et, emportés par la fluidité, deux ne font plus qu’un… UN avec cettevie pétillante de beauté. Au-delà du seuil des vieilles mémoires encombrantes, alourdissantes, surgissent des mémoires de femmes de pouvoir, des rencontres avec « Celle qui sait », celle qui réside dans le silence et manifeste sa présence dès que nous nous rendons disponibles. Comme le parfum, elle te rencontrera, te parlera, t’enveloppera. Et ta relation avec elle aura un parfumunique. Son essence échappe aux mots. Voyage en toi, rencontre ton lieu de pouvoir, explore-le, hume son parfum et exhale-le…
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.: Papillon au clair de lune : magie du sang menstruel

2/27/2013

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Chapitre 12, du livre Woman in the Shaman’s body de Barbara Tedlock, traduit et adapté par Ishara Labyris

Dans les fluides sombres du sang menstruel et du sang de l’accouchement réside l’essence vitale de la forme la plus féminine d’énergie spirituelle. Concentrée et profondément mystérieuse, cette force touche toute femme et la lie à une formidable tradition shamanique. Comprendre cette énergie – et la toile riche de mythes et de symboles qui l’entoure – nous aidera à voir plus clairement les femmes dans leurs rôles transcendantaux.

Les hormones féminines jouent un rôle central dans les habiletés shamaniques des femmes. Pendant les menstruations et les jours qui les précèdent, les femmes expérimentent leurs plus puissants pouvoirs de guérison et d’oracles. Les changements d’humeur et la sensibilité accrue de cette période du mois – qui, en Occident, ont été étiquetés « Syndrome prémenstruel » (SPM) et traités comme une maladie – sont en fait des manifestations d’un état altéré de conscience, rendu possible à la biologie féminine. En plus d’une réceptivité pour la transe et l’extase est un autre avantage : comme le sérum d’œstrogènes est en hausse dans le corps de la femme, cela a pour effet d’augmenter l’activité des neurotransmetteurs, haussant ainsi la quantité d’adrénaline disponible, pour de difficiles sessions de guérison nocturnes.

Les femmes shamanes sont vivement conscientes du renouveau mensuel de leur énergie.  La shamane mongolienne Bayar Odun me disait que sa récente séance shamanique avait été particulièrement forte puisqu’elle venait de commencer ses menstruations. Elle avait rit et m’avait ensuite chuchoté, avec un clin-d’œil « Lorsque nous avons nos règles, nous les femmes devenons leaders des cérémonies publiques. Je suppose que tu as remarqué que lorsque je battais mon tambour, mon cheval-vent était empli de sang. Mon battement était très puissant, et les hommes ne pouvaient que s’asseoir et contempler ma force ».

Les fleurs, force de vie féminine

Les énergies positives du sang féminin sont célébrées dans un symbolisme visuel et littéraire complexe, qui comprend des images de fleurs et est lié aux phases de la lune. Le sang féminin est honoré à plusieurs endroits comme étant la « fleur » de l’utérus. Dans le monde botanique, on dit que le but des fleurs est de produire des fruits et apporter ainsi de nouvelles plantes de leur propre espèce. Par analogie, tout comme les fleurs contiennent les fruits futurs, le sang utérin contient l’essence des générations futures. Dans la Bible, le sang menstruel est appelé « fleur qui précède le fruit de l’utérus » (Lévite 15 :24). Et lorsqu’une fille a ses premières règles, on dit d’elle qu’elle a « porté la fleur ». En français, « les fleurs » est le nom donné au premier saignement d’une jeune fille.

En Côte d’Ivoire, dans l’ouest africain, une aînée Beng donna une explication similaire à ma collègue Alma Gottlieb, une anthropologue de l’Université de l’Illinois. Elle lui a dit que le sang des femmes est très spécial parce qu’il contient un être vivant. « C’est comme un arbre. Avant de porter ses fruits, un arbre doit avoir porté ses fleurs. Le sang menstruel est comme la fleur : elle doit émerger avant que le fruit – le bébé – ne puisse être porté. » Dans mes propres recherches au sein des Maya de Belize et du Guatemala, j’ai trouvé que le mot fleur est une métaphore pour le placenta.

En Inde, le lotus rouge représente les organes reproducteurs féminins, et les peuples tribaux là-bas célèbrent encore la fertilité d’une jeune femme qui vit sa ménarche (premier saignement) avec des chansons qui la décrivent comme une fleur de noix de coco bourgeonnante. Par la suite, chaque fois qu’elle ressent une accélération de son énergie durant sa période menstruelle, le sang peut être mixé à du vin et consommé comme boisson rituelle spéciale, bue par les membres féminins de sa famille étendue. Dans les Îles Andaman de la Baie du Bengal, une jeune femme prit le nom d’une fleur après ses premières menstruations. À ce moment, on disait qu’elle était « en fleurs ». Lorsqu’elle était enceinte, son corps était mûr de « tous ses fruits », elle était alors considérée comme une femme complète.

Le symbolisme de la fleur au Mexique remonte aux mythes. Un illustration d’un ancien manuscrit aztèque peint, illustre les organes reproducteurs et le sang menstruel de Xochiquetzal, ou Plume Florissante de Quetzal, comme une seule fleur à longue tige. Selon la mythologie aztèque, cette déesse de la lune et de l’amour eut ses premières menstruations alors que ses organes génitaux avaient été mordus par une chauve-souris, née du sperme Quetzalcoatl, ou Serpent-à-plume-Quetzal. Elle saigna des fleurs fragrantes et ce faisant, introduisit dans le monde le plaisir sexuel.

Au centre du Mexique, les fleurs demeurent symbole de force de vie féminine et de tous les plaisirs sensuels, incluant l’amour sexuel, l’art, la musique, le tissage, la broderie, l’orfèvrerie, la sculpture, le chant et la danse. Dans le folklore de la région, on dit qu’une sirène vit à l’intérieur de la lune et qu’elle est responsable des menstruations. En Nahuatl, la langue des Aztèques, l’utérus est appelé « pot de fleur », qui était aussi le nom donné à la patronne des sages-femmes.

Les Huichols croient qu’une déesse, Grand-mère Croissance, fabriqua les fleurs à partir de ses sous-vêtements souillés de sang qu’elle avait jeté dans une source, dans le désert près de l’endroit où le cactus peyotl sacré pousse maintenant. Des fleurs de ce cactus, sa fille, la déesse de la maternité, a été créée. Chaque année, les familles font un pèlerinage à la maison de sa fille, un sanctuaire tout près de la source. Ils y chantent, dansent et prient pour la fertilité, laissant des offrandes de bols perlés, des bâtons croisés grâce à du fil connu sous l nom de « yeux de dieu », ainsi que des mâts de bambou et de coton tissé.

Une imagerie similaire des fleurs – parfois liée à l’eau qui symbolise le canal de naissance – existe à travers toute l’Asie. Dans les provinces de Guangdong et de Fujian, au sud de la Chine, on dit que chaque femme possède une fleur qui représente sa féminité. Chacun de ses enfants en a un double, croissant dans un pot de fleur, planté dans un jardin aux cieux. Afin d’être mis au monde, le fœtus doit traverser le « pont-aux-cent-fleurs », un endroit de transformation et de réincarnation liant le ciel et la terre. Durant ce passage dangereux, une divinité des fleurs connue comme « Dame du bord de l’eau »protège la femme enceinte et son enfant. En Corée, le premier chaman était une femme qui maintenu un village sur la montagne empli d’azalées et de lotus. Puisque ces fleurs peuvent faire revivre les morts, on en est venu à les voir comme créant un monde imaginal situé près d’une rivière du monde sensuel.

Des artistes de plusieurs cultures utilisent les fleurs comme symboles à la fois magiques et sexuels, dans leurs chansons, poèmes et peintures. La relation visuelle entre le clitoris et la fleur à moitié ouverte, par exemple, est un motif fréquent, en partie parce que les pétales de la fleur s’ouvrent pour révéler le pistil et l’étamine en son centre reproducteur. Plusieurs des fleurs de Georgia O’Keeffe représentent le corps féminin, bien qu’elle-même refuse de l’affirmer, ne souhaitant pas être étiquetée « artiste féminine ». Néanmoins, elle a tout de même admis essentiellement la connexion, lorsqu’elle dit à son biographe : «J’essaie avec tout mon talent de faire une peinture qui est tout de femme, et qui est tout de moi ». Plus récemment, l’artiste Suzanne Santoro était franche à propos de la signification de ses images. Lorsqu’on lui demanda celle de sa « Fleur et Clitoris », elle dit qu’elle a délibérément « placé la fleur près du clitoris dans le but de comprendre la structure des organes génitaux féminins.

Entrer dans le courant du temps

Les phases de la lune ont toujours été utilisées pour marquer le passage du temps. Chaque mois, la nuit croît, devient pleine, décroît puis disparaît pendant trois nuits avant de renaître en tant que « nouvelle lune ». La disparition de la nuit n’est jamais finale et son cycle récurent est lié aux rythmes de la vie : conception, naissance, mort et renaissance. D’une culture à l’autre, la lune symbolise le renouveau, l’immortalité et l’éternité. La croissance et la décroissance de la lune contrôleraient les marées des océans et le sang menstruel. D’ailleurs, le mot grec pour lune – mene, signifiant « mesure du temps » - est la racine du mot menstruer.

La lune croissante, sous la forme d’une corne de bœuf, a été gravée à l’entrée d’un abri de pierre datant de l’époque paléolithique, à Dordogne, en France. Une dalle de calcaire y montre une femme nue, aux seins pendants et visiblement enceinte. Dans sa main gauche, elle tient la corne, sur laquelle sont gravées treize lignes. Les chercheurs croient que ces marques indiquent que le peuple de ce temps liait le cycle menstruel de la femme au cycle annuel de treize lunes, et ce faisant, aurait créé le premier calendrier.

Il y a approximativement trois mille ans, les femmes mayas, indiennes et chinoises utilisaient leurs observations de la lune afin de développer des calendriers, ceux-ci encore étant encore utilisés présentement. En Inde, le calendrier lunaire de vingt-huit jours était divisé en deux périodes de quatorze jours – la moitié sombre et la moitié lumineuse de la lune. Ensemble, celles-ci marquent à la fois le cycle lunaire et le cycle menstruel, avec la pleine lune comme symbole cosmique représentant la grossesse. Dans le système cosmologique chinois, la pleine lune représente la conjonction du yin et du yang, où l’obscurité, la féminité et l’immobilité de la terre combinée avec les mouvements des constellations et autres corps célestes. Les dates de l’accouchement des femmes enceintes étaient calculées en notant soigneusement les vingt-huit positions stellaires dans lesquelles la lune passait.

En Amérique centrale, les sages-femmes mayas ont observé que lorsqu’une femme sautait sa période menstruelle, elle mettait au monde son enfant environ 260 jours plus tard. Afin de garder une trace du temps écoulé, elles notaient la pleine lune la plus près du jour où elle a réalisé qu’elle était enceinte et comptait ensuite neuf pleine lunes pour arriver à la date approximative de l’accouchement. Cette pratique donna lieu à un calendrier lunaire qui fournit une base à tous les autres calendriers mayas, et il est encore utilisé par les sages-femmes. 

Dans les mythologies chinoises et mayas, la lune est représentée par une déesse amoureuse. Une ancienne histoire chinoise dit que la déesse lune se querellait avec son époux, car il était jaloux de son habileté à menstruer. Il l’accusait de garder cet « élixir d’immortalité » pour elle-même. Elle était si furieuse de son accusation infondée qu’elle l’abandonna et s’en alla vivre pour toujours dans la maison de la lune. Depuis ce temps, elle interdit à tous les hommes de participer à son festival annuel de récoltes, à la pleine lune. Les déesses lunaires chinoises et mayas ont en commun d’avoir souvent des relations avec des lapins; leur fécondité affecte directement le monde des plantes, faisant germer les grains et fleurir les plantes. La déesse lunaire Maya précolombienne apparaît même sur les poteries comme une jeune femme assise sur le glyphe maya représentant un croissant de lune, tenant un lapin sur ses cuisses. On dit que le lapin reflète les motifs visibles sur la surface de la pleine lune.

La synchronie menstruelle et l’isolement

Des études scientifiques indiquent que les femmes qui vivent ensemble dans de petites communautés ont tendance à harmoniser leurs périodes menstruelles. Cela arrive entre autre parce qu’elles savent à quel moment chacune d’entre elles saignera et parce qu’elles sont sous la même lumière nocturne (en l’absence de d’autres formes de lumière, la nuit, l’ovulation est influencée par la pleine lune).

En Australie, chez les Yolngu, les premières menstruations d’une fille sont considérées si bénéfiques et puissantes que les femmes plus âgées en gardent un peu de sang pour utiliser lors des rituels qui les initieront dans leur maturité. À chaque période menstruelle, jusqu’à ce que la jeune fille ait pleinement mûri, les femmes massent ses épaules avec ce sang afin de stimuler son développement. Pour ce faire, elles se réunissent dans des camps menstruels chaque mois durant la pleine lune. Les femmes qui n’étaient pas menstruées – et qui n’étaient pas enceintes ou ménopausées – étaient encouragées à menstruer, en leur racontant l’histoire du premier saignement féminin, qui était illustré grâce à un jeu de ficelles.

Il y a longtemps vivaient deux petites filles connues comme les Sœurs Djanggawul. Elles étaient dehors, un après-midi, marchant avec leur frère, une longue route. Alors qu’ils traversaient ensemble la Terre, des sources sortaient de la terre et des arbres poussaient spontanément, à leurs cimes couvertes de feuilles et d’oiseaux. Lorsqu’elles furent fatiguées, elles s’assirent. Mais lorsqu’elles se relevèrent, elles laissèrent leurs sacs sacrés sur le sol et leur frère les leur vola. Elles réalisèrent alors que, bien que leurs pochettes leur aient été enlevées, elles avaient gardé le pouvoir de leurs emblèmes, puisqu’elles avaient encore leurs utérus. Elles s’assirent sur le sol, leurs jambes largement entrouvertes. Et alors qu’elles se regardèrent l’une et l’autre, elles commencèrent à saigner.

Lors de ces rassemblements, une figure faite pour ces moments est nommée «  sang de trois femmes ». Le design – une simple corde croisée en trois segments, tenue entre les pouces, index et auriculaires de chaque main – représente la connexion qui se produit entre des femmes saignant ensemble au même moment à chaque mois.

Selon la tradition, les femmes polynésiennes se rassemblaient une fois par mois dans les demeures des femmes pour parler et apprendre des unes des autres. Les femmes hawaïennes, à ce jour, vont encore à leur hale pe’a ou maison menstruelle. Alors qu’elles passent du temps ensemble à partager des informations et à fabriquer des tapis d’écorces, leur nourriture est préparée et leur est apportée par leurs maris et leurs fils. Similairement, sur l’Île Mogmog, dans le Pacifique, plusieurs femmes se retirent dans une large demeure chaque mois durant leurs périodes menstruelles. Elles y emmènent leurs plus jeunes enfants et passent du temps ensemble à tisser et à discuter.

Rituels de puberté

Les rituels de puberté pour les jeunes femmes les aident à expérimenter le pouvoir de leur nouveau statut d’adulte, d’abord par la voie de la méditation, puis dans un rituel communautaire festif. Les ménarches mènent à un portail important sur leur cheminement, pour découvrir leur sexualité. Pour une fille Diné, le sang qu’elle perd, appelé chooyin ou « pouvoir sacré », représente son énergie reproductive. Une femme herboriste m’a dit : « Ce premier sang est sang de vie. Alors tu as une cérémonie spéciale appelée kinaalda ou « première menstruation ». La famille de la jeune fille font appel à une femme en qui ils reconnaissent les idéaux de la féminité – bonne santé, ambition, connaissance de la tradition – afin qu’elle guide leur fille lors des rituels. »

Au matin du premier jour, la jeune femme est vêtue à l’image de la déesse appelée Femme-Changeante ou Femme-Araignée, la divinité dont les tissages crée et répare l’univers. La jeune fille porte une blouse de velours rouge profond et une jupe de satin, une ceinture de laine rouge et noire, des mocassins avec des jambières en peau de cerf, de longues boucles d’oreilles en turquoise, une ceinture concho d’argent, des colliers de turquoise, des anneaux et des bracelets d’argent. Les membres de sa famille et ses amis proches lui prêtent la plupart des bijoux qu’elle porte car ils croient que cela les revitalisera et les bénira, lors de son rituel.

Une fois qu’elle est vêtue, la jeune fille s’agenouille, faisant face à l’est ; ses cheveux sont lavés avec de la mousse de racines de yucca et peignés avec une brosse d’herbe. Ils sont attachés à sa nuque et tenus en place grâce à une lanière spéciale découpée dans de la peau de lion des montagnes. Ensuite, elle se tient au centre de la pièce alors que ses parents dispersent des couvertures blanches et d’autres tissus. Elle s’y allongera et y sera massée. Comme une participante l’expliquait : « Lorsque tu as ta Kinaalda, c’est comme si tu retournais au stade de ta naissance. On te perçoit comme un nouveau-né. Et tu te sens comme ça. C’est pourquoi ton corps est modelé afin de créer de la force et de l’endurance dans tes membres et ton corps ».

Elle effectue ses massages avec un objet plat et doux. Si elle désire que la jeune fille devienne une excellente tisseuse, elle utilisera ses lattes de tissage. Pour en faire une bonne étudiante, elle utilisera un cahier. En commençant avec les pieds et les mains de la jeune fille, elle monte ensuite vers la tête. Alors qu’elle masse, elle nomme des caractéristiques positives. En massant ses pieds, elle dit « Puisse-t-elle être agile et gracieuse comme un cerf ». En massant ses jambes, elle dit « Puisse-t-elle être forte ». Si elle désire que la jeune femme excelle dans le tissage, elle pétrira ses mains et ses bras en disant « Puisse-t-elle être une bonne tisseuse ».

À ce moment, la jeune femme se lève et marche jusqu’au centre de la pièce, ou tous les enfants font la queue. Un par un, ils s’avancent vers elle, alors qu’elle représente pour eux Femme-Araignée. Elle place ses paumes de chaque côté de leur visage et étire la peau vers le haut, afin qu’ils puissent bien grandir. Comme une mère le raconte, « c’est comme une cérémonie de guérison. Grâce à sa Kinaalda, elle est source de guérison pour les enfants. Tous ceux qui participent sont bénis ».

Plus au nord, les Lakota de la période pré-réservation marquaient le premier saignement féminin de manière différente. La jeune fille allait avec sa mère à la loge des femmes dans le but d’avoir une vision. Là, elles étaient jointes par d’autres femmes qui lui apprenaient comment recueillir son sang grâce à du cuir cousu avec des queues de quenouille. Ensuite, elle plaçait son paquet sacré à l’extérieur, sur un prunier, symbole de fertilité et d’hospitalité. En le faisant, elle priait silencieusement Femme Bison Blanc, qui apporta à la nation Lakota la Pipe de la Paix. Lorsque la jeune fille retournait à sa famille, ils tenaient alors une cérémonie publique durant laquelle le mythe de Femme Bison Blanc était raconté.

Il y a longtemps, Femme Bison Blanc apparut à deux jeunes chasseurs, comme une belle femme. Elle était sans vêtements, simplement ses longs cheveux qui tombaient sur son corps comme la robe d’un bison. Un de ces hommes pensa à avoir une relation sexuelle avec elle, et comme elle pouvait lire dans les pensées, elle l’encouragea. Alors qu’ils s’enlaçaient, elle s’entoura elle-même de fumée. Lorsque la fumée disparut, tout ce qui resta de l’homme était son squelette. Elle dit au second chasseur de retourner à son camp et de dire aux aînés que bientôt ils verraient quatre pouffées de fumée directement sous le soleil, à la mi-journée. Lorsqu’ils verraient ce signe, ils devraient préparer une fête et elle arriverait.

Lorsqu’elle apparut, comme promis, elle présenta au chef de famille la pipe, et leur apprit son utilisation rituelle. Ensuite, elle enseignera au shaman de placer du foin d’odeur sur les charbons. Cela a fait un nuage de fumée tourbillonnant, elle y est entrée et tourna autour quatre fois. La première fois, elle devint un bison noir, la seconde fois un bison brun, la troisième fois un bison rouge et la quatrième fois, elle devint un bison blanc femelle et galopa au loin dans les vallées.

Dans les rituels de puberté, une fille Lakota joue le rôle mythique de la grande femme shamane, la Femme Bison Blanc. Ainsi, elle donnait à son peuple un pouvoir mystérieux ou sacré appelé wakan. Pour le restant de ses années fertiles, et pendant sept jours, chaque mois, elle irait à la loge des femmes, où elle entreprendrait des quêtes de vision avec les autres femmes de la loge. 

Lorsqu’une jeune fille commence son saignement féminin parmi les Ojibwe et leurs voisins les Menominee, elle passe plusieurs jours dans une petite loge que sa mère fabrique pour elle dans la forêt. Durant ce sent, elle est appelée wemukowa, « devient un ours ». Son moindre regard ou touché pouvait provoquer la destruction des cultures de petits fruits (nourriture préférée de l’ours), la paralysie des adultes et la mort des enfants. Et sans aucune formation préalable, elle possédait le pouvoir de guérir. Comme l’expliquait un de leurs hommes : « Lorsque j’étais jeune, j’avais plusieurs verrues sur mes mains. J’étais presque totalement couvert par elles. Une vieille femme de ma tribu me conseilla d’aller voir une fille qui avait bâti une bakan ishkodawe (loge menstruelle), à quelques distances du village. Elle m’avertit d’approcher la loge de côté et très prudemment. Si je l’atteignais sain et sauf, je pouvais passer mes mains devant et dire ‘je suis venu à toi pour guérir mes mains’. J’ai approché la loge, passé mes mains à l’intérieur et répétai les paroles. La jeune fille mouilla ses doigts de sa salive et toucha mes verrues. Lorsqu’elle eut finit, je regagnai mon village. Et après cinq jours seulement, toutes mes verrues était complètement disparues! »

Au début des années 1900, en Colombie-Britanique, les Haida avaient insisté pour qu’un individu en douleurs sévères trouve une jeune femme ayant ses premières menstruations afin qu’elle le masse. Si elle était capable de le guérir de cette manière durant son écoulement menstruel, elle était alors formellement entraînée et initiée comme shamane par une femme plus âgée.

L’idée voulant que le sang menstruel puisse guérir en est une très répandue.  En Alaska, chez les Koyukons, les fluides menstruels et les fluides d’accouchement sont mélangés avec des plantes médicinales et utilisés pour concocter des talismans de protections pour les enfants. Au Tibet, le sang menstruel des jeunes filles est offert à la déesse Tara et utilisé comme une médecine puissante pour l’entière communauté. Et sur l’île indonésienne de Java, le sarong que porte la jeune fille durant ses premières menstruations n’est jamais lavé ou reporté, mais gardé comme un charme. Plus tard, si un de ses enfants est malade, elle l’enveloppera dans le vêtement. Si l’enfant recouvrait sa santé, la femme était reconnue pour ses habiletés de guérison et devenait shamane.

Selon de nombreux mythes sur l’origine, une femme donna vie au cosmos en relâchant son sang féminin. De telles déesses sont associées à la couleur rouge, qui symbolise le sang menstruel, le sang de l’accouchement, la source de leurs pouvoirs dangereux, mystiques et créateurs. Au sanctuaire Ankota des aborigènes d’Australie, vu comme la vulve de la Terre, les adeptes femmes se visualisent elles-mêmes au bord d’une voie souterraine qui s’ouvre devant elles comme une immense caverne. Elles se voient alors comme du sang rouge, comme le cœur d’une flamme.

Dans le bouddhisme tibétain, la femme shamane connue sous le nom de Yeshey TSogyel, ou la Grande Reine Béatitude, est représentée d’un rouge brillant. Son pouvoir guérisseur est directement associé à sa vulve et à son utérus. Dans le sud de l’Inde, la déesse guerrière shamanique Bhagavati est aussi d’un rouge brillant; elle est la quintessence de la chaleur féminine et de l’énergie sexuelle, et la fleur d’hibiscus est son symbole.

Les Barasana du bassin amazonien croient que la première grand-mère de tous, Romi Kumu ou Femme Shamane, réaffirme sa force en peignant son visage en rouge chaque mois. Mais avant, elle retire la vieille peinture, retirant une fine couche de peau, représentant ici son sang menstruel. Les shamanes Barasana, comme les Indiens de Suriname, sont soit de jeunes femmes ou des femmes pré-ménopausées, ou encore des hommes qui sont passés par des rituels de puberté dans lesquels ils ont saigné leur pénis. Ce sang est considéré être le même que le sang menstruel. Dans ces groupes, comme dans d’autres groupes sud-américains, les shamans masculins et les femmes menstruées sont considérés de puissance égale de par leur grande autorité et de leur fertilité.

Le sang et l’initiation shamanique

Partout où le chamanisme a conservé une tradition féminine distincte, la guérison liée aux rituels de puberté conduisait souvent à l’initiation d’une jeune femme. Au début du vingtième siècle, Lucy Thompson, une riche femme du nord de la Californie, de descendance Yurok, publia l’histoire de son peuple, dans laquelle elle expliquait que le shamanisme se passait dans la lignée des femmes. Les jeunes femmes possédant un potentiel shamanique fort étaient sélectionnées en tant que novices peu de temps après leurs ménarches, et débutaient leur formation avec leurs mères et d’autres parents féminins. Pendant deux à dix ans parfois, elles visitaient des sites sacrés, canotaient le long de la rivière Klamath jusqu’à sa bouche, où, en l’atteignant, elles avaient des visions. Le fantôme d’un humain ou d’un animal se manifestait dans une énergie subtile à l’intérieur de leur corps; il était visualisé couvert de sang, comme une masse couleur de foie, appelé « douleur ».

Plus tard, durant son rituel d’initiation, la jeune femme allait dans les montagnes Klamath, seule, durant dix jours, pour s’y baigner et chercher une vision, dans un étang sacré. Le premier jour, elle marchait, se baignait et méditait une fois. Le deuxième jour, elle marchait, se baignait et méditait deux fois, et ainsi de suite, jusqu’au dixième et dernier jour. Finalement, elle se baignait à minuit, se tenant au centre de l’étang, sous le pouvoir de l’eau et celui de la lune. Elle priait alors Femme Ciel, lui demandant la longévité, la force, la prospérité, et un don ou une habileté spéciale. Puis, elle plongeait profondément dans l’étang et rapportait un coquillage, souvenir de son expérience. Lorsqu’elle revenait, elle donnait son talisman à sa mentor, et lui partageait ses pensées, sentiments, sensations, images et rêves de sa quête de dix jours.

À la fin du dix-neuvième siècle, Fanny Flounder, une tisseuse de panier Yurok très connue qui souhaitait suivre les pas de sa grand-mère, sa mère et ses sœurs, et entreprit une forme d’initiation shamanique pour elle-même. Plusieurs années après qu’elle soit revenue une guérisseuse hors-pair, elle raconta l’histoire de ses quêtes shamaniques de jeunesse à Robert Spott, un homme yurok :

Pendant plusieurs étés, j’ai marché jusqu’à une pointe de laquelle je pouvais voir la mer, près de chez moi. Là, je dansais pendant des heures dans l’espoir de recevoir une vision. Par un après-midi, alors que je dansais, je perdis conscience. Alors que je dormais, je rêvai que je voyais un ciel très haut, duquel coulaient des gouttes de sang, comme des glaçons qui fondent. J’entendais les gouttes faire « ts, ts », alors qu’elles tombaient dans l’océan. Puis, je vis une femme vêtue d’une robe de style très ancien, faite d’écorce d’érable, et ses cheveux attachés comme ceux d’un docteur. La femme monta vers le ciel, alors que celui-ci s’élevait plus haut, et prit un glaçon de sang, et dit « Tiens, prends ça », et me le mit dans la bouche. C’était d’un froid glacial. Puis, je ne me souviens de rien d’autre. Lorsque je revins à moi, il y avait plusieurs hommes près de moi. Ils me portèrent jusqu’à la hutte de sudation pour y danser. Mais je ne le pouvais pas. Mes pieds se tournaient vers l’intérieur comme s’il n’y avait plus aucun os à l’intérieur. Puis, l’un après l’autre, ils me soulevèrent sur le dos pour danser avec moi…

Finalement, après cinq jours à danser dans la hutte de sudation, je me reposais, lorsque j’ai eu une envie intense de manger de la chair de crabe. Une vieille femme parente à moi (également une shamane) marcha sur la plage jusqu’à ce qu’elle trouva une pince de crabe et me la rapporta, la fit rôtir dans les cendres. Mais à la première bouchée, j’eus la nausée. La vieille femme me dit : « Laisse tout sortir » et tint un panier sous ma bouche. Dès que je vis le vomi de sang, j’ai pleuré « Eya ».

Fanny acquerra cinq pairs de « douleurs » et devint une puissante herboriste et docteure qui pouvait déplacer des objets par le pouvoir de sa pensée. Cette combinaison de pouvoirs shamaniques en fit une des shamane les plus riches de tout le nord de la Californie au tournant du vingtième siècle.

D’autres shamanes Yurok rêvèrent qu’ils recevaient de leurs ancêtres et esprits, des pouvoirs provenant de l’eau et du sang. Une femme du nom de Merip Okegei accepta du cerf cru des mains d’une ancêtre inconnue puis vomit un foie de saumon. De telles images – des glaçons remplis de sang, des morceaux de cerf cru, un foie de saumon, et des amulettes enveloppées de sang – lient symboliquement les pouvoirs shamaniques des femmes à leurs fluides menstruels.

Tela Étoile Faucon Lac (en anglais Tela Star Hawk Lake), une praticienne shamane du nord de la Californie, note que, historiquement, lorsqu’une jeune femme atteignait sa puberté dans la société Hupa, il y avait une célébration durant laquelle elle vivait dans une « loge lunaire » spécialement construite avec une femme sainte. Cette femme s’asseyait avec la fille, brûlait des herbes et des racines dans un feu sacré. Puis, elle couvrait la tête de la fille avec de la peau de cerf pour l’aider à se concentrer sur ses pensées. Pendant que la jeune fille priait pour recevoir une vision, des danseurs à l’extérieur de la loge chantaient des chansons en son honneur. Après deux ou trois jours enfermée, elle sortait de la loge et courait jusqu’à la rivière. Là, elle demandait à la lune et à ses guides spirituels, ainsi qu’aux esprits de l’eau, de lui accorder la protection, la prospérité, la force et la longévité. En retournant à la loge, elle plongeait son regard dans une abalone remplie d’eau. Les images iridescentes et changeantes révélaient son nouveau statut spirituel en tant que guérisseuse shamanique.

À cause de différentes pressions culturelles, peu de femmes autochtones en Californie passent maintenant du temps, à l’écart lors des menstruations ou entreprennent des rituels de puberté. Ainsi, seulement une poignée de ces femmes entreprennent une formation et initiation shamanique. Toutefois, elles ont créé un rituel mensuel intertribal connu comme la cérémonie du temps de lune. Les femmes qui y participent s’abstiennent de travailler, d’avoir des relations sexuelles et de manger de la viande. Elles se reposent, mangent de la soupe, boivent des tisanes et des jus de fruits, elles prient et chantent au clair de lune. Au matin, elles se baignent dans l’eau froide pour se donner de la force. Durant cette cérémonie, elles méditent, se racontent des histoires et partagent leurs expériences de vie.

Au début du vingtième siècle, au Groenland, la coutume était d’envoyer les shamanes potentielles seules dans les régions sauvages durant leurs premières menstruations. On leur disait de rechercher le contact avec le monde des esprits. Lorsque la shamane Teemiartissaq allait atteindre sa puberté, son père shaman lui suggéra de suivre cette voie. Plus tard, elle décrit ses années de formation :

Mon père me dit : « Entraîne-toi pour angakok » (la profession shamanique à laquelle lui-même appartenait). Alors, j’allais dans les terres, à travers les montagnes. Lorsque j’arrivai, je vis un superbe papillon, tout couvert de sang, assis sur le sol. On aurait dit qu’il allait se mettre à siffler, alors je sifflai. Il me posséda et je m’habillai de manière à lui ressembler. Une fois de plus, je sifflai. Cela fit en sorte que le papillon me quitta, et s’envola. Soudainement, j’entendis quelqu’un dire : »Puisqu’elle a sifflé et qu’elle s’est vêtue comme le papillon, elle doit être formée comme celle qui descend dans la mer. Je me demande si elle visitera la divinité de l’océan lorsqu’elle deviendra une shamane bien-entraînée. » Puis, je vis le papillon se lécher partout, retirer tout le sang sur elle. À ce moment, je repris conscience.

Le papillon de sang émergeant de sa chrysalide  symbolise sa venue à l’âge adulte. Tout comme le sang sortant de ses organes génitaux, l’esprit se libère et se métamorphose en papillon, s’envolant vers le ciel, débutant ainsi sa quête shamanique initiale. C’est la plus belle image du pouvoir du sang féminin en tant que forme extatique de pouvoir shamanique que j’aie rencontrée.

Le symbole transcende la culture, comme Judy Chicago l’a démontré dans son travail complexe « The Dinner Party ». Dans ce mélange créatif de sculptures, travaux d’aiguilles, de céramiques, peintures chinées, elle développa une histoire symbolique du féminin. L’imagerie sexuelle intrinsèque dans les trente-neuf plats de la table à dîner de Chicago provoqua une extraordinaire réponse négative de la part des critiques artistiques masculines, lorsque son travail a d’abord été exposé en 1979. Comme le notait une critique féminine : « Peut-être que ce symbolisme manifeste est trop près du quotidien de la maison, dans une société qui continue d’essayer de contrôler le corps des femmes, dans une bataille continue pour les droits de reproduction. Mais pour l’artiste, l’un des éléments les plus importants de son travail était le plat qu’elle nomma « un papillon vagin ».
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.: Menstruation et guérison

2/27/2013

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Par Patricia Montgomery (College of St Catherine’s Minneapolis, MN)
Traduit et adapté par 
Xella Sieidi

La puissance des menstruations a été reniée de notre culture pendant cinq mille ans. Je n’ai jamais réfléchi à mon cycle mensuel, sauf au fait que cela concerne la procréation et, bien sûr, aux inconvénients qui l’accompagnent. Il m’est arrivé de travailler avec des cercles de femmes pour des pratiques spirituelles et mes menstruations se sont parfois déclenchées plus tôt que prévues, m’apportant une puissance énergétique et par conséquence, des conséquences physiques.

Cette recherche de connaissance et de sagesse au sujet des menstruations et de la guérison a débuté grâce à ces puissantes, bien que drainantes, expériences. Cette recherche englobe la biologie, la signification, l’histoire et enfin, la portée de ce moment dans la vie de chaque femme. Cela m’a menée à me comprendre moi-même, à comprendre l’archétype de la guérisseuse en moi, et, le plus important peut-être, à me comprendre en tant que femme guérisseuse. En pratique, la spiritualité est indissociable de notre travail avec les énergies subtiles. Nous puisons dans le monde de l’invisible, une dimension éphémère qui nous éveille aux royaumes des archétypes, de l’intuition et de la connaissance. Mon hypothèse est que cette période pendant laquelle nous sommes menstruées nous connecte de façon encore plus puissante et significative à ces dimensions et ces royaumes.

J’entame ce voyage avec vous en étudiant d’abord la biologie, puis l’histoire et je terminerai en tirant certaines conclusions à propos de ce cadeau miraculeux.

LA BIOLOGIE

J’aimerais explorer la physiologie des menstruations afin de voir s’il y a un lien entre la réaction chimique des menstruations et notre ouverture, en cette période, à un grand pouvoir et une grande connaissance. Selon le livre de Joan Borysenko, A Woman’s Book of Life, le corps de la femme devient “s’accorde aux cycles des énergies lunaires » lors de la puberté. Des études ont démontré qu’à la pleine lune ou le jour précédent, le taux de conception (l’ovulation) atteint des sommets. Au moment de la nouvelle lune, l’ovulation et le taux de conception décroissent et plusieurs femmes débutent leurs menstruations à cette période. En fait, la plupart des femmes débutent leurs menstruations entre 4 h et 6 h, le moment le plus sombre de cette journée.

Le cycle lunaire des menstruations est orchestré par l’enclenchement des effets de quatre hormones : l’hormone folliculo-stimulante, l’hormone lutéinisante, l’estrogène et la progestérone. Pour comprendre comment ces hormones interagissent, nous devons prendre en considération quatre organes : la glande pinéale, l’hypophyse (dans le cerveau), les ovaires et l’utérus. L’hypophyse réagit à une multitude d’influences subtiles, incluant les émotions, le niveau de stress, le sexe, l’alimentation, les phéromones, la vue et l’odeur de celui ou celle que l’on aime et la durée d’une journée. À son tour, l’hypophyse fait réagit la glande pinéale qui elle sécrète la mélatonine, une neurohormone. Cette glande est remplie de petits cristaux appelés sable du cerveau, est en fait une sortie de troisième œil vestigial dont la capacité de répondre aux changements de cycles régularise les rythmes du jour et de la nuit dans le corps et indique à l’hypophyse le moment où elle doit commencer à sécréter les hormones de la puberté. Le philosophe Français René Descartes nomme cette glande le siège de l’âme. Il se peut bien qu’elle le soit, puisque plusieurs cultures croient que le début des menstruations est associé à un éveil profond du pouvoir, de l’intuition et d’une capacité d’accéder à des connaissances venues d’autres mondes. Dans les cultures orientales, la glande pinéale correspond au 6e chakra, ou le troisième œil. Il est donc possible qu’à la puberté, lorsque la production d’hormones par la pinéale atteint son sommet, notre œil de sagesse s’ouvre, littéralement.

Borysenko continue d’exposer les faits biologiques que les femmes sont plus extraverties et créatives lorsque leur niveau d’estrogène est élevé (tout juste avant l’ovulation) et plus intraverties lorsque leur niveau de progestérone est élevé (juste après les menstruations). S’il n’y a pas de grossesse, le niveau de progestérone et d’estrogène baisse rapidement et la muqueuse utérine se réduit et se décompose. Lorsque ceci arrive, la femme ressent souvent une déprime passagère, comme si quelque chose qui était prévu n’était finalement pas arrivé. C’est pendant cette phase « basse » que les habiletés psychiques des femmes sont les plus élevées. Environ deux jours après que les saignements aient débuté, le corps comment à répondre à l’absence d’estrogène et indique à l’hypophyse de produire l’hormone folliculo-stimulante et d’entamer un nouveau cycle. Tous ces changements sont dépendants du cycle du jour et de la nuit. De culture en culture, la lune symbolise le renouveau, le féminin, l’immortalité et l’éternité, étant donné que sa croissance et décroissante influencent les océans et les cycles menstruels. Le terme grec pour lune, « mene » signifie mesure du temps, est à la racine du terme menstruation.

L’HISTOIRE

Il y a plusieurs siècles, on considérait les femmes menstruées comme bénies; en anglais, le terme « blessing » (bénir) est dérivé du mot anglo-saxon « bletsian », saigner, selon le dictionnaire Webster. Quand les cycles des femmes ont-ils été diabolisés? Dans l’ancien temps, il y a plus de 25 000 ans, on a retrouvé des calendriers faits de bois qui semblent lier les menstruations aux cycles de la lune (Crawford, 2004). L’instinct initial des anciens peuples d’honorer la femme pour son habileté à saigner mensuellement sans aggraver sa santé et de porter en elle la vie était considéré comme miraculeux (Crawford, 2004). Il est difficile de percer le voile patriarcal étendu sur la culture occidentale depuis l’Inquisition, une époque où jusqu’à neuf millions de femmes furent torturées et assassinées parce qu’elles étaient femmes et guérisseuses. Cette période, de 1500 à 1700 de notre ère environ, et les valeurs patriarcales subséquentes, ont teinté notre conception de la féminité et notre perception de notre corps et de ses cycles. J’ai trouvé deux sources d’information qui jusqu’à ce jour continuent d’honorer les cycles féminins : le tantra et le chamanisme féminin. Plusieurs traditions chamanistes, comme celles des Autochtones d’Amérique du Nord, croient que les femmes sont puissantes lorsque menstruées, mais ces traditions croient aussi que les femmes devraient être séparées des hommes lorsqu’elles se livrent à leurs pratiques spirituelles, par exemple, dans les « moonlodges », huttes lunaires (Owen, 1998). Je crois que ceci est un vestige du patriarcat.


LE TANTRA

Le tantrisme est une vieille pratique yogique, dont un des mystères central, appelé maithuna, traite de sexualité sacrée (Shuttle, 1978/1988). La tradition tantrique inclut des techniques de sexualité sacrée dont l’objectif est l’illumination spirituelle. Le moment optimal pour cette illumination se produit lors des menstruations de la femme, alors son énergie rouge sexuelle est à son plus haut. Cette énergie est ensuite maîtriser lors de rituels, méditations et pratiques du yoga. Cette tradition continue d’honorer les propriétés rajeunissantes du sang menstruel qui coule lorsque la lune est sombre (George, 1992). Les taôistes croient le flot du sang menstruel est une contribution primaire du chi pour la femme (Lai, 2001). Les Tibétains eux, apprécient les propriétés guérisseuses de l’élixir menstruel : une combinaison du sang menstruel rouge et de la blanche semence (Noble, 1991). Les taôistes, Égyptiens, Perses et Celtes participaient à un rituel de groupe où le vin était mélangé à du sang menstruel; ce rituel était considérée sacré et puissant. Dans le sacrement chrétien de la communion, le vin rouge symbolise le sang du Christ. Mais le vin rouge fut utilisé pour symboliser la Grande Déesse, la Femme Sainte, pendant bien des siècles avant (Owen, 1998). Durdin-Robertson nous apprend que le terme « Charis » (le nom d’une déesse), qui signifie grâce, est dérivé du terme pour « sang menstruel » et qu’il devint la racine du terme « eucharistie » (Durdin-Robertson, 1974).


LE CHAMANISME FÉMININ

Autrefois, les femmes étaient les premières prophètes de l’extase, les premières chamanes, les premières poètes visionnaires. L’art de la prophétie et de la divination est un art naturel qui permet au prophète de recevoir les énergies psychiques et biologiques de la terre et de la lune. Le paganisme était une discipline bio mystique qui permettait aux individus et au groupe de canaliser et diriger le véritable pouvoir rayonnant de l’univers entre eux et à l’intérieur d’eux. Les femmes étaient les premières porteuses de ces techniques. Les femmes sont liées à la lune parce une corde faite de leur psyché et de leur sang (Barber, 1994).

Le chamanisme féminin est basé sur le cycle sanguin, aussi appelé les mystères du sang, les mystères menstruels ou la matrice menstruelle. Les mystères du sang de l’accouchement et des menstruations sont au cœur du chamanisme féminin. Geoffrey Ashe, un universitaire britannique, a écrit que les femmes étaient les premières chamanes et que le chamanisme n’était pas un phénomène individuel, mais quelque chose qui était pratiqué par les femmes en tant que groupe. Le pouvoir de ces groupes de femmes était biologiquement lié aux menstruations et aux mystères du sang. Autrefois, les menstruations des femmes étaient harmonisées entres elles et avec la lune, comme elles le seraient aujourd’hui si les femmes habitaient ensemble pendant quelques mois.


Pouvez-vous imaginer le pouvoir d’une communauté entière de femmes saignant ensemble? Quel était le sentiment ressenti de savoir que lorsque nous saignions, nous participions à un mystère universel, que nous portions une confiance sacrée? Imaginez que lorsque vous saignez, que vous êtes capable d’utiliser le pouvoir psychique qui s’ouvre et s’offre à vous pour votre communauté. Vous auriez été respectée et honorée pour votre guidance, votre sagesse, vos dons de guérison que vous auriez offerts à votre communauté. Comment cela aurait-il changé votre vie?

Les hormones féminines jouent un rôle central dans les habilités chamaniques des femmes. Tout juste avant et pendant les menstruations, les femmes expérimentent leurs pouvoirs guérisseurs et divinatoires les plus puissants. Les sautes d’humeur et l’hypersensibilité à cette période du mois – ce qui en Occident à été étiqueté syndrome prémenstruel (SPM) et est traité comme une maladie – sont en fait les manifestations d’un état altéré de la conscience créé par la biologie féminine. En plus de la réceptivité à un état de transe et d’extase, il y a d’autres avantages : alors que le niveau de sérum d’estrogène monte dans le corps de la femme, le niveau des neurotransmetteurs clés monte également, augmentant ainsi la quantité d’adrénaline disponible et permettant aux femmes de s’adonner à des sessions de guérison qui peuvent durer toute une nuit. Les femmes chamanes sont parfaitement conscientes du renouvellement mensuel de leur énergie (Tedlock, 2002).

J’ai ingéré tout un paquet d’informations. Dans les dernières semaines, j’ai lu quatorze livres pour essayer de comprendre la complexité et la profondeur de ces informations. Pour ma recherche, il y a quelques sujets auxquels je ne touche pas : la partie sombre du Divin Féminin, comment notre culture a besoin de s’éveiller à cette énergie sombre et terrestre, les répercussions du dénie de notre pouvoir lors du SPM, les troubles d’alimentation, le rôle de la ménopause pour la guérisseuse ou encore la politique féministe des années 70 et 80. Tous ces sujets méritent qu’on y consacre plus de temps et d’espace dans une autre recherche. Je suis convaincue que les femmes possèdent une nature cyclique qui les prédispose aux rythmes naturels de la planète, de l’inconscient collectif et des royaumes invisibles. Cette nature cyclique les connecte à l’essence même de la guérison. Ce que je n’ai pas trouvé, ce sont des instructions spécifiques sur comment utiliser ces informations. Dans le livre Shakti Woman de Vicky Noble, j’ai trouvé quelques notes sur comment être une chamane-leader. Ces connaissances et techniques se sont perdues dans le voile du temps.

J’ai décidé d’interviewer à ce propos d’autres thérapeutes énergiques issus de différentes écoles de pensées de guérison. J’ai interviewé Ron Moore, Lori Ann Anderson, Michele Mayama, Maria Peterson et Jeanne Chercher. Ils sont des guérisseurs expérimentés et j’ai assisté à leurs ateliers. Pour Michele Mayama, l’utilisation des minéraux, en particulier le fer, est importante lorsque nous travaillons en énergie. Si nous utilisons l’énergie électromagnétique, nous devons boire beaucoup d’eau (l’eau conduit l’électricité), mais nous pouvons aussi développer une carence de minéraux. Cela se ressentirait dans notre sang. J’ai étudié tous les livres portant sur la thérapie énergétique que j’ai accumulés au cours de mes sept années d’études. Dans son livre Energy Medicine, Donna Eden considère le SPM comme un cadeau. Le SPM nous amène dans les profondeurs de notre être, permettant à notre propre vérité d’exploser à la surface. Peu importe ce que l’on cachait ou déniait avec succès, éclate en plein jour en période de SPM. C’est un sérum de vérité auquel on ne peut échapper. Le SPM nous rend plus sage (Eden, 1998). Dans la communauté des thérapies énergétiques, on essaie de comprendre le SPM. Aucun guérisseur n’a reçu ou lu d’informations spécifiques au sujet des femmes et du pouvoir des menstruations! La seule information présentement disponible est la croyance des traditions des autochtones d’Amérique du Nord qui exclut les femmes des cérémonies de guérison si elles sont menstruées. Je trouve cela absolument fascinant! J’ai demandé à plusieurs guérisseurs s’ils seraient intéressés à se pencher sur la question et m’informer de tout développement intéressant et de leurs impressions. Tous ceux à qui j’ai demandé ont acquiescé avec joie.

Une belle synchronicité s’est présentée à moi : j’ai reçu un livre intitulé Earth: Pleidian Keys to the Living Library, de Barbara Marciniak. Dans ce livre reçu par canalisation, se trouve un chapitre entier dédié aux mystères du sang et leur importance pour les femmes ainsi que pour la planète. La croyance veut que les mystères du sang sont une clé permettant la connexion entre la source de notre pouvoir et une connaissance profonde intérieure. Le sang peut être altéré et enrichi par l’intention. Il peut accélérer plusieurs choses et il est un des plus grandioses cadeaux. Cette connaissance et cette sagesse sont nécessaires afin que nous puissions partager à nouveau ce pouvoir avec les hommes, par nos partenariats avec eux.

Je suis dévouée à mon voyage sur le chemin des menstruations, afin d’apprendre comment les utiliser pour me guérir moi-même, les autres et la communauté. J’envisage d’enseigner aux thérapeutes énergétiques de demander à leurs clientes si elles sont menstruées, si elles souffrent du SPM, si elles sont en pré-ménopause ou si elles ménopausées. Un autre angle d’approche est la capacité de discerner nos habiletés de guérisseuses lors de nos menstruations. Suis-je plus vulnérable aux énergies négatives? Suis-je capable de changer mon énergie lors de mes menstruations? Et les guérisseuses qui sont ménopausées – « elles qui sont assises dans leur sagesse » - interagissent-elles différemment avec leurs clients? Avons-nous besoin d’exercices d’ancrage (grounding) pendant nos différents cycles? Je suis de plus en plus consciente de mes propres habiletés en tant que guérisseuse lors de ces périodes pleines de pouvoir et j’apprends à moduler le flot d’énergie afin qu’elle devienne significative.

Et une autre question tout aussi importante s’impose : comment pouvons-nous nous regrouper entre groupes de femmes? Devrions-nous y les femmes ménopausées, celles qui sont assises dans leur sagesse, et ainsi augmenter la puissance énergétique des femmes menstruées?

Je crois que de nommer, invoquer et utiliser les énergies de nos cycles est une façon d’honorer notre ancien pouvoir. C’est aussi une façon de réclamer ces cadeaux en tant que femmes et guérisseuses. Je crois que cette période de menstruations est si puissante, qu’alors que les thérapies énergétiques deviennent de plus en plus intégrées dans notre culture, nous devons redécouvrir et permettre l’évolution à cette ancienne sagesse afin qu’elle s’adapte à notre sensibilité et nos capacités modernes. Nous devons cultiver et protéger ces puissantes énergies qui deviennent de plus en plus accessibles alors que nous les réclamons en tant que femmes et guérisseuses. Je crois que cela est une addition nécessaire à tout travail de guérison. Brisons le silence des menstruations et commençons à honorer qui nous sommes vraiment : des femmes et des guérisseuses.
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.: Le Sacré, le Dangereux et l'Interdit : tabous menstruels en tant que pouvoirs féminins

2/27/2013

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Chapitre 13 du livre Woman in the Shaman’s body de Barbara Tedlock, traduit et adapté par Ishara Labyris

Avec le pouvoir du sang féminin vient une panoplie de croyances qui ont souvent été mal interprétées. Dans plusieurs cultures, les ethnologues ont pu remarquer que les femmes menstruées et le sang féminin étaient considérés « tabou »; elles doivent être évitées afin qu’elles ne contaminent pas les hommes, leurs activités, ou leurs possessions. Mais ces chercheurs n’ont pas su comprendre pleinement ces interdictions; ils n’ont certainement pas compris leurs valeurs positives. Oui, les femmes menstruées peuvent être sujettes à des restrictions, mais elles sont également considérées sacrées et puissantes.

Durant ma formation chamanique au Guatemala, j’ai appris de première main à propos des tabous menstruels. Très tôt dans la formation, Don Andrés et Dona Talin m’ont demandé si j’avais été menstruée durant mes visites aux sanctuaires externes. Heureusement, non. J’ai appris qu’une femme non initiée et menstruée ne doit pas approcher l’encens de copal qui brûle à ces sanctuaires car l’odeur du sang se mêlerait aussitôt avec celui de la fumée et s’élèverait jusqu’aux demeures des ancêtres. Une telle offrande est considérée comme une forme puissante de « nourriture » pour les défunts. Cela ne pouvait être offert que par une femme qui avait formellement été introduite aux ancêtres et en qui on pouvait alors faire confiance, elle continuerait à les nourrir aussi longtemps qu’elle vivrait. Si une femme devait s’engager ainsi pour sa vie et échouait sa formation, et son sang menstruel deviendrait comme un poison pour les ancêtres, qui seraient tués une fois de plus et à jamais.

Le mot « tabou » - signifiant « marqué en profondeur » ou « séparé et interdit au profane à cause de ses pouvoirs sacrés dangereux » - nous vient des îles polynésiennes de Tonga. Là et ailleurs dans le Pacifique, ces concepts du sacré, du dangereux et de l’interdit sont fortement liés.

Aux Marquises, les premières menstruations d’une femme chef étaient appelées à élaborer des tabous célébrant son mana, son pouvoir sacré. Ces rituels étaient aussi importants pour l’autorité des femmes que pouvaient l’être les tabous des hommes à propos de l’art de la guerre pour un chef homme. Aux Fiji, une femme menstruée est appelée « dra tabu », qui signifie « sang sacré » ou « sang interdit ». Son sang menstruel, aussi, est infusé de son mana.

Dans les Grandes Plaines de l’Amérique du Nord, durant les temps de la pré-réservation, les femmes laissaient leurs hommes durant leurs menstruations et s’installaient dans des loges spéciales où elles recherchaient contact avec des êtres spirituels. Les hommes, croyant que le sang menstruel pouvait faire fuir les animaux et affecter le pouvoir de leurs esprits gardiens, se cachaient également dans leur propre loge. Toutefois, ni les femmes ni les hommes ne voyaient les menstruations comme honteuses ou sales; plutôt, elles étaient puissantes, magiques et dangereuses. Une femme menstruée pouvait être taboue, mais elle n’était pas impure.

La Malice du Coyote

Les légendes sur la Création des autochtones d’Amérique révèlent leurs attitudes culturelles à propos des femmes et des menstruations. Plusieurs de ces mythes mettent en scène un héros-escroc connu sous le nom de Coyote. Selon une version datant du début du vingtième siècle, Coyote créa les premières menstruations afin de punir une belle jeune fille pour lui avoir refusé ses faveurs sexuelles.

Nous avons choisi cette histoire – rapportée par l’anthropologue Alfred Kroeber d’une femme chamane Yurok en Californie – lorsque la jeune fille repousse les avances sexuelles outrageuses du Vieil Homme Coyote.

Elle le rejeta et Coyote devint si en colère qu’il alla voir Pulekukwerek [le héros culturel] et lui dit : « Je crois [qu’il serait] mieux qu’une femme ait des fleurs. Lorsqu’elle les aura, elle verra du sang. »

La divinité était d’accord avec Coyote et se coupa à la cheville. Puis, il éclaboussa son sang sur les cuisses de la jeune fille.

« Tu as des fleurs maintenant », lui dit Coyote.

« Non! » cria la jeune fille.

« Oui, je vois du sang sur tes jambes », insista Coyote.

Puis, comme Coyote commençait à énumérer une panoplie de tabous, Femme Ciel parla depuis le milieu des cieux et dit :

« Nous sommes ici dans le ciel, nous les femmes, qui fleurissons. Nous n’en sommes pas effrayées, car nous possédons la médecine pour cela. Maintenant, regarde vers l’amont. Je m’y lave moi-même. Maintenant, regarde au milieu du lac dans le ciel, tu peux voir combien de sentiers mènent à ce lac. Maintenant, regarde où je me trouve. Tu peux voir du sang autour de moi parce que je suis ainsi maintenant. Je suis en fleurs. J’irai dans le lac et je m’y laverai, et ainsi j’obtiendrai bonne fortune. Dis-lui que je me lave dans le ciel. »

En dépit des actions du Coyote, Femme-Ciel enseigne à la jeune fille de ne pas avoir peur de son saignement, mais de le voir comme de magnifiques fleurs.

Une femme d’une autre culture indienne de Californie a récemment raconté au chaman Tela Star Hawk Lake une histoire un peu différente à propos de l’origine des menstruations.

Un jour, il y a fort longtemps, Vieil homme Coyote était partit chasser avec son arc et sa flèche. Il vit quelques jeunes femmes superbes assemblées pour ramasser des herbes près d’un étang. « Peut-être les viserai-je de mes flèches pour qu’elles s’en aillent » se disait-il à lui-même.

Tu vois, il voulait qu’elles s’enfuissent afin d’observer si leurs seins et leurs hanches étaient bien développés. Il chanta sa chanson d’amour et prétendit qu’il voulait les tirer. Et cela l’amusait beaucoup. Puis, il tomba soudainement sur le sol et une de ses flèches se décocha, heurtant une des jeunes filles à l’entrejambe. Elle tomba sur le sol, saignant et pleurant.

Les femmes plus âgées accoururent vers elle et crièrent jusqu’à s’époumoner pour chasser Coyote.

Il devint furieux et dit : »Vous ne pouvez pas me parler de cette façon! Je vais vous montrer tout le pouvoir que je détiens! Je jette une malédiction sur toutes les jeunes femmes! À partir de ce jour et à jamais, les filles de cet âge saigneront, seront apeurées et deviendront malades. »

Mais les femmes plus âgées avaient également un pouvoir et voulurent soigner la jeune fille. D’abord, elles amassèrent du saule près du ruisseau et construisirent une loge spéciale, similaire à la loge de sudation des hommes. Elles entrèrent à l’intérieur et chantèrent, dansèrent et prièrent au-dessus de la jeune fille, demandant à Grand-Mère Lune de la guérir. Elles lui donnèrent la médecine des herbes et des fleurs, lui apprirent comment contempler, méditer et apprendre de ses rêves.

C’est ainsi que les femmes-médecine changèrent la malédiction des menstruations de Coyote en Bénédiction de la Femme-Médecine.

Le psychanalyste Carl Jung décrivait Coyote comme une « figure d’ombre collective » asexuelle, la quintessence de tous les traits de caractère inférieurs en tous les individus. Son analyse minimise le genre du Coyote ultra-masculin, qui est représenté dans ces mythes, d’abord comme le héros d’une culture de qui proviennent les menstruations, ensuite comme un fou qui le fait accidentellement. Dans les deux cas, les femmes le surpassent, en tournant ses tabous menstruels en rites de puberté et sa malédiction en bénédiction menstruelle.

La différence entre les attitudes des hommes et celles des femmes envers les menstruations est également mise en lumière dans d’autres traditions autochtones d’Amérique. Dans la mythologie Cri, on croyait que le maïs poussait parce que la mère primordiale frottait ses jambes une fois par mois, ce qui faisait couler son sang comme de la bouillie de maïs. Depuis lors, les rayons masculins du soleil luttent pour sortir de cette abondance d’eau menstruelle féminine. Une telle métaphore suggère que pour encourager la croissance de la nourriture, les hommes doivent se séparer des femmes chaque mois. Les hommes cris ont le dédain de l’odeur du sang menstruel, et croient que ça indique une femme dangereuse ou incontrôlable qui peut ruiner leurs habiletés à chasser et leur santé. Les femmes cris, quant à elles, croient que le flux menstruel leur donnent pouvoir et ainsi force une séparation des sexes. Historiquement, les femmes vivaient à part des hommes durant le temps des menstruations, mangeaient avec une autre vaisselle que celle des hommes, et s’asseyaient sur différents tapis. Les hommes et les femmes contemporains dormaient dans des chambres différentes, ou quand la température le permettait, les hommes dormaient à l’extérieur sous un abri. Si une famille négligeait ces règlements, on croyait que les hommes risquaient alors d’attraper un certain nombre de maladies, incluant le diabète, le cancer, le rhumatisme ou risquait de faire un AVC.

Les femmes menstruées sont représentées dans plusieurs cultures comme des déesses donneuses de vie ou comme des démons polluants. Parfois, un peu des deux. La vision négative se retrouve plus souvent là où un clergé hiérarchique masculin contrôle étroitement l’idéologie religieuse. La pratique hindoue du tantra inclue des rituels où l’on vénère le cycle menstruel; dans le courant de l’hindouisme sanskritique, toutefois, ces rituels sont considérés comme polluants. Dans le Shinto japonais – où les dirigeants religieux sont surtout féminins – les femmes menstruées sont reconnues pour représenter le divin féminin. Le bouddhisme clérical pratiqué au Japon, en Chine, au Tibet et en Inde – où les prêtres sont presque tous masculins – déclare que les femmes menstruées sont sales.

La honte, la peur et l’envie des menstruations

Des générations de chercheurs en sciences sociales ont accordé plus d’attention aux paroles et actions des hommes plutôt que celles des femmes. Par conséquent, les archives ethnographiques débordent des descriptions de la peur de l’homme, de son dégoût et de sa colère à propos des femmes menstruées. Les femmes ethnographes peuvent avoir de la difficulté à accepter ces attitudes, mais parce qu’elles parce qu’elles se permettent de devenir des « males honoraires » pour les sociétés dans lesquelles elles étudient, leurs points de vues peuvent être influencés.

Ruth Landes, dans son classique « La femme Ojibwa » (1938) laisse son dégoût pour les menstruations affecter tout ce qu’elle voit. Elle décrit les premières menstruations parmi les Ojibwe comme étant un temps où la jeune fille est une menace pour elle-même. Elle déclare également que la quête de vision d’une fille n’importe culturellement pas. « Alors que la quête de vision du jeune homme pubère est un effort rempli d’espoir vers l’élargissement de ses horizons, la quête de la jeune fille pubère est quant à elle un retrait de conscience de son Soi malin. »

Une autre ethnographe, Ruth Underhill, a admis qu’elle avait un problème à comprendre et à accepter les tabous menstruels. Elle avait demandé à une femme Tohono O’odham (Papago) qu’allait-on faire pendant son absence : « Cela ne vous dérange pas d’être envoyée en dehors de votre maison? » La femme avait ri et lui avait répondu « Me déranger! Pourquoi? Ce sont des vacances, pour nous les femmes. Pas de travail à faire, quand bien même les hommes le voudraient ». Underhill insista, toutefois : « Cela ne vous dérange pas –hum- que les gens sachent [que vous êtes menstruée]? » La femme était vraiment amusée. « Pourquoi le devrions-nous?, lui répondit-elle. « C’est le moment où nous sommes le plus puissantes et les hommes sont effrayés.  Nous aimons les voir passer furtivement, le dos tourné. »

En montrant son propre embarras, et en recevant les réponses claires de cette femme face à ses questions stupides, Underhill fournit une histoire mémorable pour démontrer la sensibilité interculturelle. Le malaise que tant de femmes occidentales ressentent à propos de leur cycle menstruel résulte d’une combinaison des sentiments masculins et des sanctions religieuses.

Dans la tradition chrétienne, la malédiction menstruelle et la douleur de l’enfantement sont l’héritage de la désobéissance d’Ève dans le Jardin d’Éden. En mangeant le fruit de la connaissance, offert par le serpent, apporta ces punitions à toutes les femmes mortelles. Jusqu’à ce jour, le sang menstruel est encore considéré comme impur par l’Église catholique romaine. Une raison pour laquelle les pères de l’Église refusent de permettre l’ordination des femmes en tant que prêtres est que leur sang utérin polluerait l’autel sacré.

Dans la tradition juive, aussi, les menstruations sont le résultat des actions d’Ève dans le Jardin d’Éden. La femme menstruée, appelée niddah en hébreu, doit suivre un code légal spécifique lui interdisant d’avoir des relations sexuelles. Chaque mois, elle compte cinq jours de menstruation, et y ajoute sept jours de pureté, durant lesquels elle plonge son corps dans la mikvah, un bain rituel. La loi Talmudique stipule que s’il est permit à une femme de cohabiter avec son époux après le bain, au huitième jour, il ne lui est pas permis de prendre ce bain durant le Sabbat, même si c’est son huitième jour. 

Dans la société occidentale, les femmes cachent leur saignement menstruel dans leur langage – par des euphémismes – et en pratique. Les études ont démontré que plusieurs jeunes femmes cachent leurs premières menstruations à leurs mères et partagent leurs expériences avec d’autres jeunes femmes seulement après une certaine période de temps. La psychologue Melanie Klein pense que ces filles agissent ainsi parce qu’elles associent inconsciemment le sang menstruel avec l’urine et les matières fécales, donc, avec la contamination.

Il y a aussi eu une raison sociétale pour laquelle les femmes minimisent leurs cycles menstruels : au tout début de la révolution industrielle, les hommes doutaient que les femmes dans la main-d’œuvre pouvaient être capables d’effectuer leurs tâches jour après jour. Les réformateurs sociaux embauchèrent des chercheurs pour prouver que les femmes pouvaient effectuer leur travail lorsqu’elles étaient menstruées aussi aisément que lorsqu’elles ne l’étaient pas. Ils conclurent que les femmes ne démontraient aucune inefficacité dans les travaux manuels ou dans les associations de mots durant leurs menstruations. Des études plus récentes révèlent quelque chose de légèrement différent : évidemment, l’habileté pour la routine physique diminuait quelque peu, mais la pensée créative and la résolution de problèmes s’amélioraient vraiment peu avant et pendant les menstruations.

Les psychanalystes ont contribué à répandre le sentiment de honte pour les menstruations. Sigmund Freud, qui avait de façon générale dédain de la femme, réduisait toutes inclinations ésotériques en désir enfantin de retourner à l’utérus « océanique ». Bruno Bettelheim, toutefois, suggère que l’hostilité entre hommes et femmes, qui résulte fréquemment du dégoût envers les menstruations, est profondément lié à la jalousie du vagin et de l’utérus.

Le résultat global est que pendant trop longtemps les femmes occidentales ont eu à s’excuser pour leur sang féminin. Il est temps pour les femmes d’embrasser cette différente; ensuite seulement les hommes pourront-ils apprendre à respecter le pouvoir des menstruations.

La fierté féminine des menstruations

La honte entourant les menstruations qui semblent faire partie de la société Occidentale est une guerre culturelle contre la nature. Des membres de d’autres traditions nous pouvons entendre encore et encore les vertus du sang féminin et la réclusion lors des règles. Philip Deere, un saint homme Muskogee de l’Oklahoma, l’exprimait de cette façon : « La femme est pareille à l’homme – mais à un certain âge elle change  pour un autre stade de la vie. Durant ce stade, elle se purifie naturellement elle-même chaque mois. Durant ce temps mensuel, les femmes se séparent des hommes. Les hommes doivent prendre un bain de vapeur pour se purifier, une fois par moi, alors que les femmes se purifient naturellement pour garder leur médecine effective.

De même, les femmes Aymara vivant près du Lac Titicaca, en Bolivie et au Pérou, croient que les menstruations nettoient et renforcent leur spiritualité. Les ethnologues ont décrit ces femmes, qui ont voyagé partout à travers les Andes pour pratiquer leurs habiletés shamaniques guérisseuses, sont plus puissantes que les hommes guérisseurs. De l’avis de ces femmes, le flux mensuel du sang les purifie et les renforce, les rendant spécialement efficaces pour la guérison de problèmes reproducteurs comme la stérilité et l’infertilité, ou autres problèmes comme le trouble entre amants.

Dans les sociétés où les femmes sont perçues comme une menace pour les hommes, les rituels de menstruation masculine ont été développés peut-être pour partager le pouvoir féminin. Les hommes mélanésiens, par exemple, croient avec ferveur que tout contact avec des substances féminines – surtout le sang menstruel – est dangereux. Cependant, ils envient les femmes, qui sont libres de toute « contamination » grâce à leurs menstruations. Pour compenser, ils ont inventé les saignées rituelles, qui imitent l’écoulement de sang mensuel des femmes. À partir de la puberté jusqu’à la fin de leur vie, les hommes provoquent le saignement de leur nez ou de leurs organes génitaux.

En Australie, les hommes aborigènes étaient traditionnellement circoncis durant les cérémonies de puberté lors desquelles les adultes, femmes et hommes, participent. Au début du rituel, les jeunes hommes sont barbouillés de sang menstruel, et un trou en forme d’utérus est préparé dans le sol. Un par un, les jeunes hommes sont placés dans la cavité et on leur dit que Kawardi, la « mère de tous », les avalera et les régurgitera – qu’ils mourront et renaîtront. Pendant ce temps, le bruit d’un rhombe (une planche attachée à une corde, basculée rapidement en cercles au-dessus de la tête) imite la voix de Kawardi.

Quelques années plus tard, ces mêmes jeunes hommes étaient circoncis. C’était une opération douloureuse durant laquelle on utilisait un couteau pour couper la surface ventrale du pénis sur toute sa longueur; ainsi, ils avaient un vagin symbolique. La dernière étape de leur initiation consistait à être avalés et régurgités par Julunggul, le serpent arc-en-ciel. Ils rampaient ensuite entre les jambes de leurs initiateurs et renaissaient androgynes de cet utérus collectif masculin. À partir de ce moment, une fois tous les mois, la blessure de leur pénis était rouverte grâce à une épine; la combinaison du flux sanguin et du sperme étaient relâchés comme étant l’essence vitale de vie.

Selon l’ethnologue anglais Ashley Montagu, la subincision étaient considérée valable parce qu’elle permettait aux hommes de menstruer et ainsi se débarrasser du « mauvais sang » qui résultait des relations sexuelles et des activités dangereuses. Les femmes perdaient ce sang naturellement avec les menstruations, alors que les hommes avaient à agir pour obtenir le même résultat.

Durant les rites de puberté des jeunes hommes Wogeo en Nouvelle-Guinée, les langues des initiés étaient coupées afin de les débarrasser du sang de leurs mères, transmis lors de l’accouchement. Cette saignée rituelle ou imitation des menstruations, devaient rendre les langues de ces hommes plus souples pour les aider à jouer de la flûte sacrée. Les cérémonies avaient lieu à la nouvelle lune, alors que les jeunes filles quittaient le village pour leur période de réclusion menstruelle.

Pour une personne née et élevée dans une société où les réalisations des hommes sont exaltées et où le rôle des femmes est déprécié, ces émulations du sang féminin peut paraître bizarre ou arriéré. Après tout, les femmes de la société occidentale, supposément créées à partir de la côte d’Adam, s’efforcent d’imiter les hommes. Dans la culture de la Nouvelle-Guinée, toutefois, où les hommes craignent l’habileté des femmes à donner la vie, ce sont eux qui essaient d’imiter le pouvoir supérieur des femmes.

Couvade

Rien n’incarne la force de vie reproductrice féminine aussi bien que la grossesse elle-même, et à certains endroits dans le monde, les hommes souhaitaient partager ce pouvoir en pratiquant certaines précautions appelées couvade. Cette tradition a d’abord été remarquée chez les Basques et le nom provient du français « couver ». Après avoir accouché, une femme retournait à ses corvées, pendant que son époux s’étend sur le lit pour recouvrer ses forces.

La couvade a été illustrée au seizième siècle, dans la peinture de l’Espagne coloniale. Et selon la tradition celtique, chaque fois qu’une reine fée donnait naissance, son époux, aussi, se couchait dans le lit pour partager sa douleur. Quelques peuples ruraux de descendance celtique vivant en France, en Allemagne et dans les Îles Britanniques ont conservé cette coutume. Au Canada, où les Celtes se seraient mariés avec des autochtones, cette tradition est honorée en mythe, rituel et occasionnellement en pratique. Les Tupinamba du Brésil et des Quichua de l’Équateur suivaient une coutume similaire : l’époux d’une femme qui venait de donner la vie portait les vêtements de sa femme, couché dans son hamac, recevant des félicitations de ses proches. Pendant ce temps, sa femme était debout, nettoyait et préparait à manger.

À l’époque médiévale, les Européens croyaient que la douleur physique et la souffrance pouvaient être partagées par l’échange des vêtements. Une femme en couche portait un des habits de son époux; l’homme revêtait l’une de ses robes et se roulait sur le sol en gémissant. Dans certaines communautés de l’Inde, les hommes portent les saris de leur femme durant l’accouchement afin de transférer la douleur à eux-mêmes. Ces rituels ont été interprétés de plusieurs façons – comme étant l’expérience indirecte de l’accouchement par l’homme, comme une forme d’émasculation et de soumission ou comme une réaction jalouse venant du fait que les hommes ne peuvent pas donner naissance.

Les deux époux de certaines sociétés indigènes pratiquent ensemble des rituels post-partum. Chez les Wayapì de l’Amérique du Sud d’aujourd’hui, les nouveaux parents prennent des précautions élaborées relativement à ce qu’ils mangent et à où ils vont. Les peuples indigènes de Californie avaient un ensemble de restrictions parentales similaire appelé par les ethnologues « la semi-couvade ». Là, le couple était considéré physiquement comme un; l’homme, plutôt que de se sentir blessé par le pouvoir de la femme, le partageait. Il abandonnait ses activités masculines comme la pêche et les jeux d’argent, se retirait des autres et il gardait sa propre sécurité, comme le faisait son épouse. Toutefois, plutôt que de se reposer durant sa couvade, il s’occupait des tâches féminines, comme celle d’aller amasser le bois pour le feu. Il prenait un bain tous les jours et avait un homme pour s’occuper de lui, tout comme sa femme avait sa sage-femme pour prendre soin d’elle. Un homme qui s’identifiait beaucoup à l’expérience de grossesse que vivait sa femme pouvait développer des symptômes de grossesse, comme la léthargie et les nausées. Puis, il pouvait aussi gagner son lit au moment de la naissance. Lorsque sa femme criait pour pousser l’enfant vers le monde, lui, aussi, en ressentirait les douleurs.

Parfois, la couvade causait de la douleur physique. Dans le nord de la Californie, les hommes autochtones se retiraient dans un autre bâtiment que celui où leur femme allait avoir l’enfant. Ils restaient solitaires, ne se nourrissaient que de soupe de gland de chêne, et faisait appel au monde des esprits afin de recevoir de l’aide pour l’accouchement. De cette façon, lorsque la femme souffrait, son époux souffrait également. Lorsqu’elle saignait, il se coupait lui-même avec une pointe de silex pour prendre un part de sa douleur.

Selon la tradition Huichol, lorsqu’une femme donnait naissance à son premier enfant, son époux devait s’accroupir directement au-dessus d’elle, des cordes attachées à ses testicules. Lorsque la femme entrait en travail, elle s’accrochait vigoureusement aux cordes et son époux partageait ainsi l’expérience douloureuse, mais ultimement heureuse, de la naissance.

Un rituel similaire avait lieu en Estonie. L’époux s’asseyait sur une haute plateforme, ses testicules attachés à une corde qui tombait dans le lit de sa femme en couche. Chaque fois que sa femme gémissait, sa sage-femme tirait fort sur la corde, provoquant les cris de l’époux. L’idée derrière ce rituel était de transférer un peu de la douleur génitale au père afin qu’il puisse compatir et encourager sa femme.

Voies shamaniques féminines

La plupart des étudiants en chamanisme ont suivi Mircea Eliade, portant leur attention surtout sur les voies shamaniques masculines – démembrement, éviscération et mort symbolique conduisant à la renaissance – comme s’il s’agissait d’une initiation shamanique nécessaire. Les femmes qui suivent les voies féminines portent leur attention sur la naissance : elles reçoivent leur appel shamanique durant leurs ménarches (premières menstruations) ou durant leur grossesse et sont symboliquement nées dans la profession. Dans de nombreuses traditions de Sibérie, de l’Asie du Sud-est et de Chine, les femmes shamanes ne servaient pas seulement de sages-femmes pour leurs communautés mais durant leurs séances attachaient des cordes au plafond afin d’amadouer leurs esprits-guides pour qu’ils descendent dans leurs corps, avant de commencer leur travail shamanique.

La croyance judéo-chrétienne a dépeint les menstruations comme une forme de punition ou de souillure plutôt qu’un temps pour l’éveil spirituel et de purification naturelle. Des attitudes anti-menstruelles ont tordu notre compréhension du pouvoir du sang menstruel et des célébrations organisées et conduites par les femmes menstruées. Le retrait des femmes de certains endroits spéciaux lors de leurs règles a été interprété comme un signe de la dégradation des femmes plutôt que de représenter les aspects positifs de la réclusion. Pour vraiment comprendre le potentiel guérisseur du sang des femmes, nous devons porter une attention particulière aux traditions dans lesquelles les femmes pratiquent comme shamanes.

Les femmes d’aujourd’hui, indépendamment de leurs affiliations ethniques et religieuses, pourraient développer des rituels pour célébrer leur divin féminin et leurs menstruations. Durant cette période spéciale, elles pourraient faire des pèlerinages jusqu’à des endroits sacrés pour s’harmoniser avec leur biorythmes naturels et leur courant menstruel. En se libérant elles-mêmes de l’idée dommageable qui veut que les menstruations soient une « pollution » ou une « malédiction », et en réalisant des rituels pour leurs temps de lunes, cela encouragerait leurs pouvoirs intuitifs et spirituels, et elles seraient ainsi plus fortes dans plusieurs autres aspects de leurs vies.

Avec l’entrée récente des femmes dans des rôles de leadership dans les rabbinats Conservateurs ou de la Réforme, les femmes juives peuvent maintenant se joindre aux groupes Rosh Hodesh pour célébrer la nouvelle lune et pratiquer la guérison spirituelle. Plusieurs des femmes impliquées dans ce mouvement sentent que ces célébrations lient la lune à leurs cycles menstruels.

Les femmes du mouvement spirituel de la Déesse rassemblent leur sang menstruel et l’utilisent pour nourrir les plantes de la maison, ou pour peindre une toile qu’elles montrent publiquement. Ces activités sont contraires à la vision des menstruations comme étant la « malédiction d’Êve ». Plutôt que de les voir comme quelque chose d’embarrassant, de dégoûtant, comme un fléau pour les femmes, le sang menstruel devient une forme matérielle d’énergie subtile – propre, belle, créative et puissante – et c’est ce qu’il est.

Sans doute, la leçon la plus basique de toutes est que les femmes peuvent atteindre des états de conscience mystiques – et servir de guérisseuses shamaniques – en considérant leurs corps et leurs fluides corporels comme étant intégraux à leur spiritualité et non comme des obstacles envers celle-ci. Lorsque le sang féminin est senti comme une matérialisation de l’énergie vitale, les menstruations donnent aux femmes une voie spéciale vers la compréhension et la guérison spirituelles.
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.: Le Sabbat des femmes

2/27/2013

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The Sabbath of Women, par Lara Owen
Traduit par Ishara Labyris, et publié avec la généreuse autorisation de l'auteure

Autrefois, je pensais que mes règles étaient une nuisance, une intrusion malpropre qui augmentait la quantité de vêtements à laver et qui causait une panoplie de symptômes déplaisants, comme l'épuisement et des douleurs débilitantes. Mes menstruations interféraient avec ma vie sexuelle, mes activités sportives et mon niveau d'énergie. Elles causaient des sautes d'humeurs flagrantes, de l'irritabilité, de la chiennerie destructive et imparable. Cela me coûtait de l'argent - dépensé dans les serviettes et les tampons pour éponger le sang, en vêtements ruinés, en temps non-payé à la maison. Mes règles étaient un saboteur sournois et méchant, qui arrivait toujours au moment le plus inopportun.

En dépit de ce catéchisme de malheur, je n'étais pas tout à fait contre. Lorsque j'avais mes règles, il y avait toujours une part de moi qui en était contente. Cela signifiait que j'étais en santé et fertile, et que tout fonctionnait normalement. Il y avait un sentiment de fierté à propos de ce saignement, que j'ai ressenti très fortement lors de mes toutes premières menstruations, mais, en l'absence de tout encouragement externe, ce sentiment de plaisir s'est vite volatilisé.

Une amie à moi, qui est juive, m'a raconté que lorsqu'elle a eu ses premières règles, sa mère l'a frappée au visage. Choquée, elle lui a demandé "Pourquoi m'as-tu fait ça?" et sa mère a répondu : "Je ne sais pas, ma mère me l'a fait. C'est la tradition".

Être frappée en plein visage lorsque vous devenez une femme - c'est une manière intéressante pour démontrer comment le fait de devenir femme est considéré. Sans doute ce geste était-il destiné à éliminer tout sentiment de fierté qui pouvait accompagner le premier sang.

Quelque chose d'autre m'enleva tout sentiment de fierté quant à moi, et je crois que c'est l'absence de cérémonie. Il m'avait semblé, au fond de moi, que quelque chose de fascinant et de magique était entrain de m'arriver, bien que tout le monde autour de moi traitait la chose comme anodine. Je ressentais un sentiment d'accomplissement, mêlé d'excitation, de curiosité, d'embarras; je me souviens aussi une vague conscience d'un avenir inconnu et béant. Intuitivement, je savais qu'il s'agissait d'un événement marquant dans ma vie, et pourtant personne ne m'a dit quoique ce soit, sinon me donner des serviettes hygiéniques. Je pense que ma mère était contente malgré tout, cela signifiait que j'étais en santé et que je grandissais normalement, mais j'avais besoin de plus que ça. J'avais besoin d'une cérémonie, d'une fête, quelque reconnaissance publique joyeuse pour ce grand événement de mon développement. Mais rien n'est venu. Alors que les mois défilaient, je ressentais de plus en plus la honte et l'embarras, et de moins en moins de la fierté que j'avais ressentie lors de mon premier saignement.

À la maison, mes règles étaient quelque chose que je devais garder secrète par rapport à mon père et à mes frères. Si j'avais à en parler, je devais le faire en chuchotant, et préférablement face à face avec ma mère. Peu de temps après mes premières règles, nous allions faire un voyage en famille, et j'ai eu à demander à mon père d'arrêter la voiture pour que je puisse aller à la pharmacie. Bien entendu, il voulait savoir ce que j'avais besoin d'acheter. Je me souviens de ce sentiment horrible lorsque je lui ai dit que je devais acheter des serviettes hygiéniques. C'était un mélange de honte, de fierté et de total embarras. Il a été gentil à ce propos, et aussi loin que je me souvienne, n'a jamais rien dit qui aurait pu me faire sentir qu'il y avait de quoi avoir honte, mais j'avais toujours cette honte dans mes pensées, qui colorait toutes relations que j'avais avec les gens.

À l'école, les menstruations n'étaient pas un sujet de discussion, sinon dans un cours de biologie. Toutes les informations que j'ai reçues à propos des menstruations étaient purement physiques. Vous avez des règles parce que vous n'êtes pas encore enceintes et que le flux menstruel est seulement le liquide rejeté par l'utérus, qui devait servir au fœtus potentiel. Mes amies et moi discutions de cela, et en l'absence de d'autres informations, conclurent que le corps féminin était pauvrement évolué - tout ce sang et cette agitation pendant des années et des années, tout cela aurait pu n'arriver qu'une fois ou deux, dans le désir d'avoir des enfants.

L'image que la société renvoyait à travers la publicité était pour moi source de confusion. Les annonces montraient des filles souples en bikini courant joyeusement vers l'océan, et des filles en jeans serrés blancs sautant sur des chevaux. Cela ne cadrait pas vraiment avec ma propre expérience de léthargie et de crampes. Je savais que personne droit d'esprit ne ferait autant confiance au tampon, au point de sortir en jeans blanc. Pah ! Ce devaient être des hommes qui avaient écrit cette pub.

Malgré tout, je sentais que je devais être comme ces filles de publicité pour Tampax, que la façon dont mon corps et mon esprit se comportaient était erronée, qu'une jeune fille normale ne devrait pas se sentir différente lorsqu'elle a ses règles. Il n'y a rien qu'une jeune fille normale n'aimerait plus que de monter sur un cheval et galoper vers de nouvelles aventures, pendant que ce gentil petit tampon lui permet d'oublier complètement qu'elle a ses règles. L'embarrassante vérité était que je ne pouvais même pas insérer un tampon en moi. Ce n'était pas seulement parce que je ne m'assimilais pas au stéréotype, j'échouais également avec l'équipement. Je me sentais nettement incapable, jusqu'à ce qu'enfin je réussisse. Puis, débuta le processus d'imaginer que je n'étais pas entrain de saigner du tout.

Je considérais mes règles comme un inconvénient et c'était tout. Si elles étaient douloureuses, je prenais des analgésiques - en l'occurrence Feminax, puissant mélange d'ingrédients destinés à effacer tous les symptômes menstruels, incluant de la caféine pour venir à bout de la dépression et de la léthargie. Lorsque j'allais faire des examens gynécologiques, je demandais des médicaments au médecin afin de repousser mes règles à un moment plus approprié, lorsque que je considérerais que la rage des hormones méconnues pourrait attaquer mon cerveau gauche, sans affecter mon avenir académique. Personne ne m'avait jamais parlé qu'il pouvait y avoir quelque chose d'utile à expérimenter un puissant état de conscience diffuse une fois par mois, et cela parce que personne ne le savait.

Lorsque j'eus dix-huit ans, je pris la pilule et j'étais initialement contente que mes règles étaient devenues prévisibles et beaucoup plus légères. Pendant quelques années, elles coulèrent légèrement ainsi, et cela parce que, en fait, ce n'était pas de vraies règles du tout. Je remarquai que je devenais de plus en plus émotionnelle et bouleversée durant messupposées règles, et je décidai d'arrêter la pilule. Après quelques mois à me sentir "moi-même" à nouveau, j'ai réalisé que même sans la pilule, je me sentais trahie parce que mes règles étaient encore tellement légères. C'est là que j'ai réalisé que pour moi, les menstruations étaient une part importante de ma vie, un rythme sur lequel dépendait ma santé psychique et physique, que j'ignorais et tentais d'enlever à mes risques.

Dans d'autres cultures, plutôt que d'être ignorées, les menstruations ont été, et dans certains cas sont encore, vues comme un temps spécial et sacré pour les femmes. L'abondance des symboles féminins trouvés dans d'anciens sites d'Europe et du Moyen Orient suggèrent fortement que ces cultures étaient matrifocales, et qu'elles honoraient la Déesse et les processus du corps féminin. Les pratiques rituelles étaient liées au saignement mensuel des femmes, et le sang menstruel lui-même était hautement considéré comme possédant un pouvoir magique. Le mot rituel provient de rtu, mot Sanskri signifiant "menstrues". Avant que n'apparaissent les sacrifices d'êtres vivants, c'était le sang menstruel qu'on offrait durant les cérémonies. Le sang menstruel était sacré pour les Celtes, les anciens Égyptiens, les Maoris, les premiers Taoïstes, les Tantristes et les Gnostiques.

Les autochtones d'Amérique comprenaient très bien les différents sentiments que les femmes avaient lorsqu'elles étaient menstruées - et pour eux, ces sentiments faisaient partie de quelque chose de très significatif pour les cycles du corps de la femme. Les femmes se retiraient dans une hutte menstruelle pour y passer le temps durant leur saignement. Ce temps était considéré comme le point culminant du pouvoir spirituel d'une femme, et l'activité la plus appropriée à faire était de se reposer et de rassembler leur sagesse.

En 1986, je rencontrai un enseignant des traditions autochtones d'Amérique. Il m'enseigna qu'une femme menstruée avait le potentiel d'être plus puissante psychiquement et spirituellement qu'aucune autre personne, soit-elle masculine ou féminine, et ce à tout moment. Cela renversa ma vision préconditionnée de la réalité. J'avais toujours considéré mes règles comme un moment de faiblesse et de difficulté - de quoi cet homme était-il entrain de me parler ?

Il m'a dit de creuser un trou dans le sol et, au-dessus, de parler de mes pensées négatives à propos de la féminité, à propos du sang menstruel. Il m'a dit que la terre transformerait cette énergie négative que j'avais de ma nature féminine. Je me sentais assez folle de faire cela, mais je l'ai fait quand même, et j'étais amusée de découvrir tous les mauvais sentiments que j'entretenais en moi, sur le fait d'être femme, surtout que je me considérais comme quelqu'un de très féministe. Cet exercice a été douloureux, mais très effectif.

J'ai commencé à voir mon sang avec une certaine nuance de respect, plutôt que de la peur, du dégoût ou de l'indifférence. À ce moment, je n'utilisais plus de tampons, j'observais alors adéquatement mon sang chaque mois, plutôt que de le voir sur un vieux tampon dégoûtant. J'ai vu qu'il était clair et rouge, et parfois plus sombre et coagulé. Si j'avais vraiment libéré ma vision, j'aurais pu voir que c'était plein de vie, plein de magie, plein de potentiel. Je commençais à ressentir un frisson de joie lorsque je pensais à mes saignements, à propos du fait d'être une femme, qu'il y avait quelque chose, après tout, d'extraordinairement magique et mystérieux habitant le corps féminin. Le ressentiment que j'avais d'être une femme, à mon adolescence et au début de la vingtaine, le sentiment que les gars avaient de meilleures conditions, tout cela disparu et fut remplacé par un sentiment grandissant d'émerveillement devant les complexités et la profondeur offerts par le cycle menstruel.

Je commençai à prendre le temps de me reposer et de méditer, de juste être avec moi-même durant mes règles. J'ai trouvé qu'il s'agissait d'un temps où j'étais particulièrement introspective, et que cette introspection était d'une nature intemporelle. Je sentais que je puisais dans une source vaste et ancienne de sagesse féminine - simplement en m'asseyant et en prenant le temps d'écouter, alors que je saignais. En prenant ce temps, je créais une relation toute différente avec mon propre corps. Ma santé s'en trouvait améliorée et graduellement les crampes que j'avais eues toute ma vie s'étaient vues diminuées et mes règles étaient devenues un temps de plaisir plutôt que de souffrance.

J'en suis venue à vraiment m'apprécier moi-même. Bien sûr, vous ne pouvez pas forcer l'amour envers vous-même, tout comme vous ne pouvez pas forcer personne à vous aimer. Cela arrive, très graduellement, et plusieurs personnes apparurent dans ma vie et m'aidèrent à me percevoir plus clairement. Mais le plus important au départ c'était de savoir que les menstruations sont la source du pouvoir. Cette information inestimable, associée au fort instinct que j'avais de considérer le pouvoir de l'utérus, transforma profondément et largement le non-respect que j'avais de moi-même, en grande partie inconsciemment.

La pensée que les menstruations sont une source de pouvoir pour les femmes allait complètement à l'opposé de ce qu'on m'avait conditionnée à penser, et pourtant je savais dans mon cœur que c'était vrai. Je réalisai que dans la dichotomie existant entre ce que notre culture nous enseigne et ma réaction audacieuse de "Oui, bien sûr!" à cette ancienne sagesse, il y avait beaucoup d'énergie. Où vous trouvez les endroits où une culture se dissocie d'une vérité naturelle vous trouvez une clé, une voie à travers les maladies d'une culture. J'ai commencé à comprendre que la séparation entre, d'une part, la sagesse et le pouvoir lié aux menstruations que je percevais, et d'autre part, les attitudes de la société moderne envers l'utérus, était au cœur de la soumission et du déni de la réalité et l'expérience féminine.

Pour plusieurs femmes, la racine de leur malheur repose sous une relation douloureuse avec leur féminité. Les femmes sont entraînées à cacher le fait qu'elles sont menstruées et ce, à tout prix. Les taches de sang sur les vêtements sont d'un hideux embarras. Personne ne dit jamais qu'elle n'ira pas travailler aujourd'hui ou qu'elle n'ira pas à telle fête parce qu'elle a ses règles, pas plus qu'elle dira qu'elle en souffre, elle dira plutôt qu'elle a mal à la tête ou qu'elle a des problèmes de digestion.

Lorsque les menstruations et l'utérus sont vus bêtement comme une nécessité biologique inconfortable, l'estime d'une femme en elle-même est forcément au plus bas. Nous sommes des êtres spirituels vivant dans des corps physiques, c'est vrai, mais lorsque nous sommes incarnés, nous sommes nos corps et nous ne pouvons plonger dans les profondeurs de notre cœur et aimer si nous n'aimons pas nos propres corps. Et nous n'aimons pas notre corps si nous nous prenons à nous exclamer : "Ah non, j'ai mes règles!"

Au 19e siècle, les menstruations étaient perçues par les physiciens comme étant un signe de plus démontrant l'infériorité et la faiblesse des femmes. Toutefois, il y a généralement une lueur de vérité dans toute idéologie, et les physiciens de l'ère victorienne n'avaient pas tout faux lorsqu'ils se concentraient sur l'importance des menstruations pour la santé globale; sur la relation entre l'utérus et la psyché; sur la sagesse du repos durant les règles. Nous avons tendance à rejeter tout ça parce que ça nous rappelle le temps où la vie des femmes étaient encore davantage contrôlée par les hommes, et parce que cela pue les vieux arguments qui faisaient en sorte qu'on gardait les femmes attachées à leur demeure et impuissantes dans le monde extérieur. Nous avons aussi, et nous avons franchement raison, rejeté l'idée que les processus naturels féminins soient une maladie. Mais de dire qu'une chose n'est pas une maladie et de l'ignorer en même temps, ce n'est pas nécessairement une seule et même chose. En ignorant les menstruations, en réactions aux idées de l'ère victorienne, peut-être avons-nous entièrement perdu le contact avec la conscience de sa valeur dans la vie des femmes.

Les changements survenus dans la vie des femmes au cours des trente dernières années peuvent semblés comme une révolution, mais de plusieurs façons, il s'agit plutôt d'une assimilation. Les femmes recherchant le pouvoir dans un monde dominé par l'homme tendent à le faire en agissant comme un pseudo-homme. Et peut-être involontairement, le féminisme a-t-il joué un rôle dans la suppression des menstruations. Une des plus grandes peurs que j'ai rencontrée chez des femmes ambitieuses et accomplies lorsque je discutais des anciennes pensées sur le pouvoir spirituel des menstruations, est que cela affecterait, d'une certaine manière, leur mythe d'être "tout aussi bien qu'un homme, et parfois meilleure". Plusieurs femmes refusent d'aller plus profondément dans leurs menstruations, de peur de ce qu'elles vont y découvrir. Il vaut mieux pour elles de supprimer leurs émotions avec des tranquillisants, de se vaporiser le vagin avec des déodorants pour déguiser l'odeur du sang, d'engourdir leurs douleurs avec des analgésiques, d'absorber leur sang avec des tampons afin qu'elles n'aient jamais à le voir vraiment. Il est ainsi plus facile de réussir en tant que femme dans un monde d'hommes.

La technologie de suppression - tampons, déodorants vaginaux, analgésiques sophistiqués et médicaments régularisateurs d'émotions - agissent ensemble au nom du mythe de la super-woman, pour créer une attitude culturelle prédominante voulant qu'une femme menstruée ne soit pas différente de celle qui ne l'est pas. Le problème avec ça, c'est que c'est tout simplement faux. Toute femme qui est le moindrement en contact avec son propre corps sait que lorsqu'elle est menstruée et même quelques jours avant qu'elle ne le soit, elle se sent différente. C'est un fait naturel qui ne peut tout simplement pas être nié.

Un des aspects des menstruations que j'aime et apprécie maintenant est son côté prévisible imprévisiblement. On ne sait jamais exactement quand elles vont survenir, et parfois elles vous surprennent complètement. Non seulement ne tiennent-elles pas compte des calendriers et des horaires, elles sont également salissantes. Hourra ! Nous essayons d'assainir et ordonner notre vie moderne, jusqu'au point où nous courrons le danger qu'il n'y ait plus de vie en nous. Les règles nous sauvent de cette mort - elles sont sauvages et primitives, brutes et instinctives, sanglantes et éternel aspect du féminin - et rien de notre civilisation ne changera cela. Mes règles sont un événement mensuel de ma vie, en commun avec toutes les femmes ayant vécues. Les femmes ayant vécu dans les cavernes, il y a plus de vingt mille ans, les prêtresses de l'Égypte Ancienne, les prophétesses de l'Ancienne Sumer, etc., toutes saignaient avec la lune. La première femme qui fabriqua le feu avait probablement ses règles à ce moment. C'est une idée. Si les menstruations sont un temps de créativité intense pour les femmes, autant psychiquement que spirituellement, qui sait tous les dons et découvertes qui ont pu être apportés à l'humanité par des femmes menstruées?

La valeur que nous donnons aux menstruations est intimement liée à la valeur que nous nous donnons nous-mêmes, en tant que femmes. Et cela affecte les hommes également. Nous voyons les deux sexes comme étant des êtres séparés, et d'une certaine manière, ils le sont. Mais d'une autre, nous faisons tous partie de cette famille humaine, et la manière dont les femmes se perçoivent affecte les hommes aussi. Si nous voyons les choses seulement en surface, nous pouvons croire que l'homme avait le beau rôle dans les deux derniers millénaires - mais c'est seulement vrai d'une certaine perspective. Les hommes comme les femmes ont joui et souffert des déséquilibres de la société patriarcale. Les hommes ont également été séparés de leurs corps et de leurs émotions, et du plaisir et de la guérison possibles dans une relation de coopération plutôt que dans une relation de hiérarchie et de dominant/dominée.

Imaginez un monde où les hommes et les femmes travaillent ensemble à développer leur sens de paix intérieure, en prenant du repos pour quelques jours, une fois par mois. Un monde dans lequel les hommes encouragent les femmes à prendre quelques jours de paix, de silence. Un monde où le sang menstruel serait une fois de plus considéré comme un liquide magique, ayant le pouvoir de nourrir la vie nouvelle. Un monde où les menstruations seraient vues comme le Sabbat des Femmes - un espace naturel pour la retraite, l'introspection et le travail intérieur, une fois chaque cycle lunaire. Duquel les femmes émergeraient comme des nouveau-nés, renouvelées, ayant mué de leur vieille peau.

Pourquoi appeler les Menstruations le Sabbat des Femmes ?

Il y a quelques années, j'ai eu l'opportunité de passer quelques périodes de temps, seule dans un coin magnifique, dans les Sierras, près du Lac Tahoe, sacré pour les Indiens. J'ai commencé à faire des retraites lorsque j'avais mes règles, ainsi en paix et seule, assise sur la terre au soleil, avec des lézards et des geais bleus pour seule compagnie, avec le vent, la lune et le soleil, les rayons de couleurs reflétant sur le lac pour me guider et me divertir. Je voyageais à l'intérieur de ma psyché et je me retrouvais parfois en pleurs, pour quelque chose longtemps oublié, un événement de mon enfance ou de mon adolescence. Mes règles devinrent un temps où je me trouvais particulièrement capable de m'ouvrir au matériel psychologique et à relâcher mes émotions. Je remarquai que, après les quelques premiers jours de saignement, je devenais très silencieuse et calme pour un jour ou plus, et où apparemment rien ne se passait - un espace vide après tant de pleurs et de souvenirs. Puis, alors que mes règles se terminaient, il y avait quelques heures de clarté pendant lesquelles j'étais très créative, ouverte aux informations à propos du futur - généralement sur le mois à venir, parfois plus qu'un mois. Cette tendance se poursuit, bien que moins intense maintenant.

La plus grande partie de l'encombrement psychique profondément ancré en moi a été libéré - probablement autant que ma psyché souhaitait m'en faire aborder à ce stade de ma vie. Maintenant, je me sens plus "mise-à-jour" avec moi-même, alors il y a moins de lâchers-prise, probablement à cause de tout le travail que j'ai fait là-dessus les mois précédents. Je me bats encore avec le temps vide, en commençant à faire certaines choses, m'imaginant que si rien ne se passe à l'intérieur, c'est que je peux retourner à mes affaires dans le monde extérieur. Puis, je reconsidère la chose, en me disant que j'ai accompli peu et usé de beaucoup d'énergie. Il est difficile de s'asseoir calmement lorsque rien ne nous apparaît pour le travail intérieur, il est difficile pour moi d'honorer ce vide, même lorsque je sais qu'il précède la créativité, l'inspiration et les idées nouvelles. Cela fait partie du processus, mais c'est une partie un peu dramatique où j'ai encore tendance à me fouler les pieds.

Je n'ai pas de rituel quotidien de méditation. Je préfère ajuster mon temps de contemplation avec mes propres impulsions. Souvent, lorsque j'ai mes règles, je vais dans un endroit calme, solitaire et méditatif pour trois ou quatre jours, et puis le reste du mois, je me repose moins. Cela me paraît comme un rythme naturel pour moi, et c'est pourquoi je vois les menstruations comme le Sabbat des Femmes.

Saigner sur la Terre

Traditionnellement, les femmes autochtones d'Amérique se rendaient à une loge-lunaire où elles saignaient, et elles le faisaient sur la mousse, assises sur la terre. Elles considéraient que la relation entre les femmes et la Terre était très importante, et cette relation était nourrie grâce aux saignements sur la terre. Lorsqu'elles font cela, les femmes ont un lien direct et cellulaire avec la terre, qui les stabilise et les équilibre.

Lorsqu'une amie m'a parlé pour la première fois de saigner sur la terre, j'ai pensé que c'était un peu dingue, un peu prétentieux. Mais j'ai quand même tenté de le faire, puis j'ai commencé à ressentir une connexion avec quelque chose de très ancien. Un des problèmes que j'avais perçu était comment j'étais sensée le faire. Les femmes autochtones le faisaient assises sur de la mousse, dans les loges lunaires. Où étais-je supposée m'asseoir et saigner ? Même si je trouvais un bout de terre pour m'asseoir dessus, je ne souhaitais pas y rester tout le temps. Puis, j'ai commencé à utiliser des serviettes en tissu pour absorber mon sang et les tordre dans l'eau avant de les laver. J'ai réalisé que je pouvais verser l'eau de sang sur la terre. Alors, c'est ce que je fais maintenant. L'eau est d'un beau rouge, et je la verse sur le sol près des plantes, et ce faisant, cela me remplit d'un sentiment de connexion, de légitimité, d'être en paix avec quelque chose qui est souvent négligé dans la société moderne. De simples gestes de valeurs, un simple savoir.

C'est comme couper du bois, bercer un bébé, faire cuire du pain, boire à une source d'eau coulant à travers la montagne. Ce sont de ces actes humains qui sont intemporels, de valeur éternelle, faisant partie de notre vie et de notre mort. Les cellules qui meurent dans mon corps, emportées dans le sang menstruel, sont de la nourriture pour la terre. Ce qui meurt donne la vie. Ce qui meurt nourrit ce qui vit et ce qui vivra. Si j'ignore mon sang, je me distancie de ce savoir. Si je crains et déteste mon sang - si je ne sais pas qu'il s'agit d'une nourriture, qu'il s'agit d'un don que je porte - alors je le vois comme une pure perte. Une perte de sang, une perte de temps, un enfant qui n'a pas été conçu. Que je désire une grossesse ou non, mon sang est toujours un don, un cadeau. Et c'en est un au sens littéral, tout comme un don psychique à moi-même. C'est un cadeau de mon corps pour la terre : la mère qui m'a nourrie et qui me nourrie tous les jours de ma vie.

Lara Owen
www.laraowen.com

Lire le livre de Lara Owen sur la célébration des menstruations :
Her Blood is Gold : Awakening to the Wisdom of menstruation
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