Temple Dea AphrodIsia
Des activistes des menstruations font face à la honte, au secret et à la médicalisation d'un phénomène parfaitement normal chez toutes les femmes.
31 mars 2013
En 1970, germaine Greer écrit dans La femme Eunuque, « Si vous pensez que vous êtes libérées, vous devriez considérer l'idée de goûter votre propre sang menstruel. Si cela vous rend malade, vous avez encore beaucoup de chemin à faire. »
En 2013 « les activistes menstruels » ou ménarchistes (anarchiste des ménarches) goûtent, cuisent, font de l'art et se maquillent les lèvres avec leur propre sang menstruel en tant qu'acte de défi vis-à-vis de la honte et du lourd silence qui s'attachent encore aux cycles menstruels, même dans nos sociétés ostensiblement moderne, occidentale et séculaire.
Germaine serait fière.
Ces féministes sans peur ne sont qu'un exemple d'une récente vague d'activistes menstruels qui refusent de se considérer comme des danger biologique simplement à cause de ce qui apparaît naturellement et occupe une part considérable de la vie d'une femme. D'autres activistes questionnent la médicalisation du/des « syndromes pré-menstruel » (SPM) et la sur-prescription d'antidépresseurs pour le/les traiter. (Pour autant certaines femmes souffrent certainement de douloureux symptômes physiques et parfois psychologiques, le problème survient quand Big Pharma y voit de gros billets.) Ces jeunes femmes pour la plupart, s'attaquent à l'industrie des produits d’hygiène féminine, aux mégas corporations derrière cela, comme Proctor & Gamble ou Kimberly Clarke, et aux publicités basées sur la honte qui ont toujours été la principale caractéristique de la vente de ces produits aux femmes.
Il y a aussi l'aspect environnemental, qui souligne que la femme (occidentale) moyenne utilisera à peu près 11 800 tampons dans sa vie, tampons qui ne sont pas particulièrement bien réglementés en terme de pesticides et dioxine contenus et qui iront remplir à la fois les champs et les océans. (1) « Les ami-e-s ne laissent pas des amies utiliser des tampons », écrit RandomGirl. Aux Etats-Unis d'Amérique, l'impacte environnementale est exacerbée par le fait que les tampons sont généralement insérés avec un applicateur - pas tellement en Europe. (2)
Enfin, il y a les activistes qui pose la question de la façon dont nous éduquons les jeunes filles au sujet des menstruations. « Nous leur apprenons que c'est une crise hygiénique, » dit Chris Bobel, auteur de Nouveau Sang : La troisième vague de féminisme et la Politique des menstruations, « plutôt que ce que c'est, ce qui constitue une importante opportunité de parler de notre corps, notre sexualité, notre santé, comment nous grandissons et vieillissons, aussi bien que de nos problème d'image du corps. »
Clairement, toutes les femmes n'aiment pas leur règles, ou ne voient pas cela comme une occasion de célébration. Il y aura celles qui seront tentées d'essayer la dernière pilule contraceptive qui supprime aussi les règles, comme Lybrel fabriquée par Pfizer, et majoritairement faite à base de composé oestrogéné. Mais là où certaines y voit une libération, d'autres voient Big Pharma déclarant que ces difficiles, dégoûtantes règles sont dépassées, et que maintenant les femmes peuvent êtres « propres », « plus attirantes sexuellement » et disponibles. Le manque d'études scientifiques sur les effets à long terme de ces composés hormonaux, contraception orale supprimant les règles est aussi troublante. (3)
Quoi que vous ressentiez vis-à-vis de vos règles, les activistes menstruels veulent simplement voir une ouverture d'esprit générale bien plus large sur tout ce bon sang de sujet. « Beaucoup d'énergie est dépensée à clamer que c'est un non-problème », déclare Bobel, « quand de façon évidente, il s'agit toujours d'un lourd sujet. »
C'est pourquoi ces hors-la-loi du corps, ces ménarchistes se peignent les lèvres avec leurs menstrues. Pour nous choquer dans une discussion. « Nous pensons que les règles, c'est sympa », pouvons-nous lire dans le magasine menstruel Aventures in Menstruating, édité par l'activiste et comique anglaise Chella Quint. Les publicité en ligne promettent « une comédie hautement insalubre », et présente une quantité d’hilarantes histoires de fuites. Tout pour pour que la conversation, ahem, coule.
Mais sérieusement, considérant que la femme moyenne passe à peu près un huitième de sa vie à avoir ses règles, il est ahurissant comme les tabous menstruelles demeurent à la fois établis et universels. Les racines sont profondes, c'est certain. Les religions traditionnelles ont longtemps exagéré l'"impureté" des femmes qui ont leur règles. Et beaucoup d'entre nous ont grandis avec l'idée que les règles sont une « malédiction ».
Un rapide résumé :
Le judaïsme orthodoxe : Le plus strict. C'est une religion de lois, après tout : 613 pour être exact, beaucoup d'entre elles se trouvent dans le Lévitique. les contacts physiques avec une femme ne sont pas autorisés durant ses règles, et pendant une semaine après. (jusqu'à ce qu'elle soit de nouveau « pure » grâce à un bain rituel mikvah) Une femme qui a ses règles ne peut donner directement un objet à une autre personne. Elle doit d'abord le jeter à terre, alors la personne peut le récupérer et ne pas être contaminé. Elle (la femme qui a ses règle) ne peut partager le lit ou même un coussin de fauteuil avec son époux, et il ne peut pas manger ses restes, respirer son parfum, regarder ses vêtements ou l'écouter chanter.
Chrétienté : Les interdictions ne sont pas aussi explicites que dans le judaïsme, mais le tabou menstruel a longtemps participé a ce que les femmes ne se mêlent pas des affaires de l'église. (4)
Islam : Ne pas toucher une femme qui a ses règles, qui est impure, et elle ne peut pas prier, entrer dans une mosquée, toucher ou lire le Coran, ou jeûner lors du Ramadan.
Hindouisme : Les femmes qui ont leur règles ne peuvent entrer dans un temple, et doivent quitter leur maison. Elles ne peuvent monter un cheval, un bœuf ou un éléphant, ou conduire une voiture. Elles sont également interdites de toucher une saumure, qui serait gâcher si elle le faisait.
Bouddhisme : Les femmes qui ont leurs règles sont considérées comme dangereusement vulnérables, et les textes bouddhistes voient tous les corps, masculin et féminin, comme imparfait, indigne, et dégoûtant.
Sikhism (religion Sik) : La meilleure du lot en ce qui concerne l'égalité entre les sexes. Les femmes sont considérées comme égales, et aussi pures que les hommes. Le cycle menstruel n'est en aucune manière considérer comme polluant. (5)
Il y a l'autre côté aussi : les sociétés où le sang menstruel est vu comme puissant. Les Maoris se baignent dedans et le boive même, et croient qu'il contient des âmes humaines.
Maintenant, certains diront que traîner dans une tente menstruelle avec d'autres femmes serait accueilli comme une pause bienvenue parmi les corvées que sont les tâches domestiques, bien que l’éducation des enfants revient encore généralement aux mêmes femmes menstruées, et certaines féministes ont adopté l'idée des Tentes Rouges ou autre sorte de structure comme un havre de retraite et de régénération, ou simplement une place où les femmes peuvent se recentrer sur elles-même.
Dans le monde moderne, le tabou menstruel prend généralement la forme d'un certain silence autour du sujet. Beaucoup de filles se voient demandé de ne pas parler de leurs règles avec les garçons ou même avec leurs pères. Les publicités pour les produits d'hygiène féminine continue d'avoir pour caractéristique commune de montrer un mystérieux liquide bleu pour vanter le pouvoir absorbant de leur produit, et le mot vagin peut être employé dans les série, mais pas pour les publicités pour tampons.
Acheter des produits d'hygiène féminine est perçu comme atrocement embarrassant. Et une étude a montré qu'une femme qui portaient simplement de façon visible des tampons était moins considérée qu'une femme chez qui cela ne se voyait pas. (6)
« On attend des femmes », comme le dit Chris Bobel, « qu'elles gardent leurs règles cachées et restent silencieuses sur le sujet.» Quelque chose que la coureuse Uta Pippig n'a pas été capable de faire quand elle a gagné le Marathon de Boston en 1996 avec un visible filet de sang menstruel courant le long de ses jambes. Les commentateurs horrifiés ont été complètement muets face à cette situation, ne le mentionnant pas une fois alors que c'était si évident. Une femme faisant une chose très ordinaire, avoir ses règles, pendant qu'elle fait quelque chose d’extra-ordinaire, gagner le marathon.
Pourtant, nous sommes arriver à faire en sorte que les menstruations comptent, et nous avons porter le sujet au grand jour. Des forums en ligne présentent des jeunes femmes déclarant leur refus de voir leurs règles comme sales, et rejetant automatiquement les petits-amis qui ne voudraient pas leur faire de cunnilingus pendant leur règles. "C'est ma mise à l'épreuve" déclare l'une d'elles. Des féministes spirituelles célèbrent leur déesse de la lune intérieure, portent des bijoux rouges, et utilisent leur sang comme engrais pour leurs plantes. Les méthodes renouvelables saines, et environnementalement intelligente pour recueillir le sang menstruel, comme les Moon Cup, les éponges de mer et les serviettes lavables, sont devenues virales et l'activisme menstruel est en train d'éclore dans beaucoup de parties du monde. On présente de plus en plus aux filles et aux femmes leurs cycles comme une ressource plutôt que comme une malédiction.
Il est évident que certaines choisiront la vie sans saignements que Big Pharma promet. Ce choix est après tout, une bonne chose, tant qu'il est éclairé. Comme le dit Bobel, « Nous ne devrions pas changer de dogme pour un autre. Quelque soit votre sentiment vis à vis de vos règles, il est bon. La connaissance du corps, sans dogme, voilà le but. »
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