Le symbole lui-même est très ancien. Ses représentations datent de l'époque paléolithique et ont été trouvées dans des cavernes à Niaux, dans le sud-ouest de la France, et à l'époque néolithique dans la culture Halaf, en Iraq. Le labyris fut caractéristique des cultures néolithiques du Tarne et de Garonne. Il est aussi apparu sur les peintures murales de Catalhöyuk.
Le labyris a été trouvé dans toutes les formes possible en Crète, gravé dans la pierre, peint sur les céramiques et les fresque et des miliers ont été coulés dans le bronze, l'argent et l'or. Les labyris furent fabriqués de différentes tailles, allant d'un pouce à 20 pieds de grandeur.
De larges labyris de bronze ont été trouvés près de tables à offrandes et divers objets rituels. Les labyris déposés en des cornes de Consécration étaient des objets typiques utilisés dans les sanctuaires crétois, autant à Cnossos que dans les sanctuaires situés en haut des collines. De nombreux labyris ont été trouvés dans les grottes sacrées de Crète.
Marija Gimbutas croyait que le labyris était un symbole de la Déesse papillon. Les diverses étapes du cycle de la vie de cet insecte peuvent représenter le cycle de la vie, de la mort et de la renaissance ou la résurrection.
Le papillon en lui-même se retrouve fréquemment dans l'art minoen, à la fois en Crète et dans les îles autour, et à certains endroits, la connexion avec la Déesse semble évidente.
Le lys est aussi associé au labyris, représenté stylistiquement dans les peintures de paysages sacrés, ressemblan beaucoup au labyris.
La forme des cornes de bovins et la lune croissante peuvent aussi être vues dans la forme du labyris. Il était extrêmement commun de placer un labyris entre les Cornes de Consécration; la plupart de ces cornes avaient des trous dans lesquels une double hache pouvait être placée. Le labyris pouvait sortir de la tête, entre les corns du taureau ou de la vache.
Plusieurs ont cru que la double hache était l'instrument rituel pour le sacrifice du taureau (ce qui signifierait que seules les femmes sacrifiaient les taureaux), bien qu'il n'y ait pour cela aucune preuve. La seule preuve (discutable) qu'il y eut sacrifice de taureaux est une image d'un homme poignardant un animal cornu - avec un couteau. Il n'y a aucune preuve que les taureaux furent rituellement sacrifiés dans les rituels minoens.
Dans l'art et les mythes grecs plus tardifs, le labyris fut associé aux Amazones, et lorsque Hercule tua la reine des Amazones, il lui vola le labyris qu'il rendit à Zeus, dans les mains de qui, il devint un symbole de l'éclair.
Les diverses façons d'écrire «labyris» sont : labris, labrus, labrys
La Déesse Serpent
Partout dans le monde, le serpent a été un symbole important. J'essaierai de m'en tenir aux cultures plus susceptibles d'avoir été près de celles de la Crète minoenne ou influencées par celle-ci. Le pays de Malte ne semble pas avoir eu autant d'imagerie serpentine, pas plus que Catalhöyuk, pour ce que j'en sais. Quoique la figurine de prêtresse endormie trouvée dans un tombeau de Malte était entourée par des squelettes de serpents.
Dans la mythologie égyptienne, il y avait de nombreuses déesses serpents, comme Rénénoutet, la déesse du véritable nom qu'une personne recevait à la naissance. Le véritable nom était un aspect de l'âme, accordé par la Déesse. Son nom signifie «Serpent nourricier» ou «Celle qui donne le Véritable Nom/Âme». Une autre déesse serpent égyptienne connue est Ouadjet, protectrice d'Égypte, qui avait une tête de cobra. Le cobra sur la couronne des pharons était en fait une représentation de Ouadjet. Rénénoutet et Ouadjet furent souvent confondues l'une avec l'autre, alors il se peut qu'il s'agissait en fait de deux noms pour parler de la même déesse. Le serpent est toujours associé à une divinité féminine en Égypte.
En Inde, la Grande Déesse s'incarne dans l'âme des gens comme la Kundalini Shakti, l'énergie primale de création qui repose, enroulée comme un serpent, à l'intérieur du chakra de la racine. Lorsqu'éveille, elle se meut comme un serpent, formant une spirale, s'élevant le long de la colonne vertébrale jusqu'au chakra de la couronne, provoquant l'éveil spirituel alors qu'elle rencontre sa contrepartie masculine.
L'Abeille
Les Oiseaux
Lieux de culte
Il y a plus de 2000 grottes en Crète, dont plusieurs sont très larges. De celles-ci, 35 sont reconnues pour avoir été le lieu d'activités religieuses. La plupart sont situées près de sommets de montagnes, lesquels furent aussi des sanctuaires. Les rochers de ces grottes ont des formations théâtrales et les bassins d'eau furent utilisées à des fins sacrées. Selon Susan Evasdaughter, les grottes furent les labyrinthes originels. Le labyrinthe et ses méandres sont associés aux chemins et corridors sacrés des Temples de Cnossos et d'autres grandes cités. Ces grottes sont aussi sinueuses, et tout comme les temples, étaient remplies de labyris, doubles-haches, duquel provient le mot «labyrinthe», ce qui se traduit par «La Demeure du Labyris». Des centaines de labyris, dont plusieurs faits en or, ont été trouvés dans ces grottes sacrées.
La grotte représentait un accès vers le monde d'en Bas, peut-être l'utérus de la Déesse. Les gens y laissaient des offrandes - vases, figurines, labyris, bols. Dans les niveaux inférieurs du Temple Labyrinthe, plusieurs chambres sans fenêtres, sombres, utilisées à des fins rituelles, et plusieurs passages obscurs desquels on émergeait dans la lumière du jour, dans un jardin, peuvent avoir été destinés à recréer l'atmosphère des grottes sacrées. Plusieurs passages du temple ne sont pas droits ou directs, mais sinueux. Des pilliers sacrés symbolisaient les grands stalactites des grottes.
Dans une grotte de Kato Pervolakia se trouve une peinture datant de 1400 avant notre ère sur laquelle on aperçoit une femme accroupie, les bras élevés tenant un arc et une flèche. Ses chiens se tiennent à ses côtés. Et sous la femme, trois personnages en bateaux, jetant leurs filets dans l'océan, dans lequel on voit une pieuvre, un dauphin et une étoile de mer.
Au sommet des montagnes se trouvaient des petits temples. De nombreux images de culte ayant lieu au sommet des montagnes ont été peintes ou gravées. Plusieurs figurines de bronze et d'argent ont été trouvées dans ces sanctuaires, ainsi que des labyris, comme offrandes à la Déesse. Habituellement, près des sanctuaires des sommets se trouvaient des grottes sacrées.
Des bosquets d'olives, de figues et de pommes grenades étaient des espaces sacrés pour la danse et les cérémonies. Des murs érigés bas formaient une sorte de clôture autour de ces bosquets sacrés. Les artéfacts suggèrent que les autels et les labyris se tenaient juste à l'extérieur de ces murs. Les libations étaient versées sur les branches sacrées ou même directement sur les arbres. Les fresques et les gravures démontrent que ces célébrations avaient lieu au printemps.
Rituels et postures sacrées
Même à Catalhöyuk nous retrouvons des figurines apparaissant les bras élevés. Mellaart et Gimbutas croyaient que c'étaient des déesses, parce qu'elles y voyaient une forme de poitrine où des patterns circulaires sur leurs ventres. Hodder, toutefois, croit que ces reliefs représentent des animaux, comme des léopards.
L'imagerie crétoise de déesses et prêtresses avec les bras levés montrent clairement une posture rituelle de révérence ou d'invocation. Les peintures et les gravures qui montrent des rituels où les participants ont les bras élevés sont nombreuses. Selon certains auteurs, cette position pourrait imiter la forme des organes reproducteurs féminins. Personnellement, je trouve que cette posture imite plutôt bien les cornes de bovins révérés, important symbole en Crète, Catalhöyuk et pour d'autres civilisations de la Vieille Europe. (Toutefois, selon Gimbutas, les cornes elles-mêmes imiteraient la forme de l'utérus). Les bras élevés pourraient aussi imiter le labyris, la double hache.
Une autre possibilité : les bras élevés pourraient avoir une fonction propre. Si vous avez déjà essayé le Qi Gong ou le Yoga, vous aurez probablement senti l'énergie ou le pouvoir associé à certaines postures ou gestuelles, la sensation de diriger cette énergie physique d'une telle manière. Je crois que plusieurs gestuelles rituelles ont pu avoir une telle fonction et que plusieurs symboles peuvent dérivés de ces gestuelles et non l'inverse.
Selon la légende grecque, la danse proviendrait de Crète. La déesse Rhéa aurait appris aux Curètes à danser et leurs lances sur leurs bouclins afin de protéger l'enfant Zeus de son père Chronos. L'importance de la danse dans la vie religieuse de Cnossos est marquée dans l'Illiade, où Homère décrit la piste de danse que Dédale construit pour Ariane. Ce mythe peut rappeler le plancher de danse originel, dans le Théâtre. Dans le mythe, Thésée vit de jeunes crétoises danser. Il semble que la danse fut exécutée pour ressembler à un labyrinthe. Il y a plusieurs représentations sur des céramiques où l'on voit des femmes exécutant une ronde sacrée, entourée par les Cornes de Consécration. En plus des petites danses en cercle, les fresques démontrent de larges groupes de femmes dansant ensemble, aussi bien que des danseuses seules.
Tout comme les hommes ne furent jamais représentés tenant un labyris, ils ne furent jamais représentés entrain de danser. La danse sacrée était du domaine féminin.
L'imagerie minoenne démontre des festivals associés à la récolte. C'était un temps de grande célébration. Nous savons que dans les rituels classiques plus tardifs que les festivals étaient associés aux premiers fruits de la récolte.
Là, autant la mort (de la plante) et le germe de la nouvelle vie (la graine) sont présents. Nanno Marinatos a suggéré que le rituel de récolte était célébré dans le Temple Labyrinthe, où des passerelles surélevées formaient un triangle près des silos de maïs. À Cnossos, un passage mène de cette passerelle au labyrinthe, le long du Corridor de Procession. Les rituels de récolte étaient réalisés en Crète jusqu'au temps moderne, comme le furent les danses circulaires et les danses labyrinthiques.
Fertilité ou «Salut»
Le lien entre les soit-disant «rituels de fertilité» des anciennes cultures de la Déesse et les mystères spirituels plus profonds devient clair lorsque nous voyons à la lumière du jour que les cultes à mystères sont une continuation de la religion crétoise : en dépit de leur utilisation de «symboles de fertilité», comme les graines, le véritable intérêt des cultes à mystères fut le destin de l'âme à travers la mort, sa résurrection, son salut, gracié par la Grande Déesse. La religion crétoise, une fois de plus, était une continuation des anciennes traditions du culte de la Déesse de la Vieille Europe.
Saut au-dessus du taureau
Les femmes et les hommes assistaient aux jeux du taureau. Les athlètes féminines portaient les mêmes habits que ceux des femmes, même la gaine protectrice pour le pénis. On ne peut distinguer les hommes des femmes que par la couleur avec laquelle ils sont peints : les Minoens peignaient toujours les femmes en blanc, alors que les hommes étaient toujours peints en rouge. C'était vrai même lorsqu'ils se travestissaient. Dans d'a utres représentations, les athlètes féminines se démarquent à cause de leurs parures et leurs coiffes.
Il semble que les taureaux furent capturés vivants.
Purification rituelle
Libation
Les trois piliers
Autels rituels
Sacrifices
http://potnia.theladyofthelabyrinth.com/symbols-of-the-minoan-goddess-religion/
Écrit par Maria Kvilhaug basé principalement sur «A Feminist Exploration of Bronze Age Crete» de Susan Evansdaughter, «Knossos-Temple of the Goddess» de Rodney Castleden et les six volumes de Arthur Evan et ses nombreuses photographiques des premières excavations à Cnossos au début du 20e siècle.