Les premières menstruations sont l'initiation de vie d'une jeune fille, l'amenant au portail de la Féminité, et à vivre avec les cycles lunaires. Cet événement transformateur est ignoré à notre époque et dans notre société; on ne donne à la jeune femme qu'un pauvre accueil dans cette nouvelle phase de sa vie. Mais si nous nous tournons vers d'autres cultures, plus tribales, et écoutons comment on y célèbre le rite de passage des jeunes filles, nous trouverons un savoir ancien, et une inspiration pour créer quelque chose de nouveau, des rites significatifs sur cette transition, pour les femmes occidentales d'aujourd'hui. Les transitions, que nous soyons jeunes ou matures, nous font sentir chez nous dans les cycles de la Nature et la fécondité.
L'histoire que je m'apprête à vous raconter est un conte de Guérison. Il vous sera raconté en quatre parties : Le Pouvoir des Menstruations, Les Voies Tribales, Femme Changeante dans une société changeante et Les Dons de la 13e Fée. Recevez de celles-ci ce que vous pouvez utiliser.
Pour les Mbuti du Zaire, en Afrique, une fille qui a commencé à être menstruée pour la première fois est dite "bénie par la lune" et elle devient sujet de célébration et de réjouissance, alors que tous se partagent la bonne nouvelle. Le premier saignement est marqué par un rituel joyeux, l'elima, dans lequel la fille entre dans la "maison des femmes" avec les femmes de sa famille et ses amies. On apprend aux filles qu'elles doivent être fières de leur corps, pour leur sexualité et pour leur habileté à porter des enfants. On leur apprend les arts de la maternité, elles apprennent les chansons des femmes adultes, et des gens de partout viennent montrer leur respect; et les jeunes hommes se groupent autour de la maison elima. Si deux filles débutent leurs premières menstruations au même moent, cela crée un lien fort entre elles, on dit qu'"elles ont vu le sang ensemble" (1).
Les premières menstruations sont un rite de passage qui n'a pas être recherché ou sollicité. Il vient à la jeune fille, de lui-même. À partir de ce jour, chaque lune le sang viendra, et il sera le compagnon de ses années fertiles, à l'exception des moments où elle ressortira temporairement du cycle pour porter un enfant et le nourir. Verra-t-elle cela comme une bénédiction ou comme une malédiction?
Les femmes occidentales modernes ont, comme un règlement, eu une expérience négative de leurs premières menstruations. "Personne ne m'y avait préparée, j'étais certaine que j'allais mourir..." Lorsque je l'ai dit à ma mère, elle s'est mise à pleurer et m'a dit de prononcer davantage de "je vous salue Marie" chaque jour afin de me protéger du péché. Pour plusieurs, le sang était vu comme un secret honteux, lequel elles ont fini par accepter après un certain moment; pour d'autres, il s'agit seulement d'une nuisance qu'elles essaient d'ignorer.
Les attentes d'une jeune fille et son expérience à propos de ses premières menstruations reflètent l'attitude de la société envers les menstruations en général. Alors, je voudrais commencer par une introduction au pouvoir menstruel. À la lumière de voir combien il est commun pour les femmes occidentales d'avoir recours à l'hystérectomie, uniquement à cause de la douleur menstruelle et de la misère, il me semble qu'il y ait beaucoup de place à l'amélioration de notre relation avec le pouvoir menstruel.
Le Pouvoir des Menstruations
Depuis que j'ai commencé à étudier et pratiquer le shamanisme, j'ai également travaillé shamaniquement avec mes menstruations, avec la lune et les cycles de la Nature. Ce qui suit est un sommaire des enseignements que j'ai appris, soient-ils traditionnels, provenant de cultures animistes ou de l'expérience des femmes d'aujourdhui, ou de mes propres rencontres et dialogues avec les pouvoirs de la Lune, du Sang et de la Terre.
Presque toutes les cultures traditionnelles, passées ou présentes, reconnaissent les pouvoirs extraordinaires des menstruations. Elles réalisent qu'à ce moment, la femme est entourée par les esprits, et que les portes des autres mondes lui sont ouvertes. Il est clair pour moi que le pouvoir des menstruations peut être un allié important, un enseignant spirituel et une voie de vie et de croissance personnelle, si nous l'écoutons et si nous le laisser couler à travers nous. Le pouvoir vient à nous à chaque mois, sans qu'on le demande, et nous ressentons sa présence clairement. Alors, la question fondamentale est la suivante: Choisissons-nous d'accueillir ce pouvoir et de coopérer avec lui ou choisissons-nous de le combattre et de le maudire?
À la base, j'ai trouvé que l'attitude qui est la clé pour apporter l'harmonie entre nous et le pouvoir des menstruations, est la même que celle pour entreprendre un travail shamanique. Elle consiste à nous rendre accessible aux pouvoirs et aux esprits de la Nature, et coopérer avec eux de manière consciente. Pour avoir cette attitude, c'est un grand défi, puisque notre culture occidentale est basée sur la conquête et le contrôle de la Nature et de ses cycles. Ajouté à cela, nous avons hérité de la vision inconsciente du sang comme étant malpropre, ou au moindre, inavouable.
Ça n'a pas toujours été comme ça. Il fut un temps, il y a très, très longtemps, même ici en Europe, le sang était considéré sacré, comme l'était la Terre, la fertilité et la sexualité. Il est possible pour nous de le réaliser à nouveau, que le cycle de fertilité intérieur de la femme reflète les cycles plus grands de la Lune et du Soleil, ainsi que la fertilité rythmique et merveilleuse de la Terre. Cela nous aidera à apporter la guérison et la beauté dans notre vision des menstruations et du saignement des femmes.
Être en harmonie avec le pouvoir
J'ai la claire impression que le pouvoir menstruel possède ses traits de "personnalité" distincts. En bref, il est créatif, il est indomptable, et il dit la vérité. Il recherche l'expression naturelle dans la créativité, dans le rêve et dans l'introspection, dans un travail intuitif et visionnaire. Et comme le pouvoir du Vent et de la Mer, il ne sera pas apprivoisé ou contrôllé! Toutefois, le fait que nous ne puissions pas contrôler le pouvoir ne signifie pas que nous ne pouvons pas "chevaucher" ses vagues et nous en servir. Nous pouvons l'admettre dans notre vie, lui donner de l'espace et de l'attention, lui permettre de couler à travers nous, et oser le laisser s'exprimer lui-même en accord avec sa nature propre.
Combattre ou nier le pouvoir ne le fait pas disparaître. Il trouvera une autre manière de s'exprimer lui-même, dans la douleur et les malaises. Plusieurs femmes ne connaissent le pouvoir que dans cet aspect indomptable, gênant et provoquant. La plupart du temps durant le mois, nous pouvons encaisser, mais quelques jours avant que le sang n'arrive, nous ressentons fortement lorsque nos frontières/limites ne sont pas respectées et nous réagissons. Ainsi, la rébellon, la douleur, la dépression et la colère sont des expressions connues du pouvoir menstruel. C'est ce qui a été étiqueté sous le nom "SPM" ou syndrôme pré-menstruel, l'horrible monstre.
Nous l'appelons également " Le Moment de vérité!". Nous pouvons choisir de l'écouter, de coopérer, d'en faire quelque chose de créatif. C'est un temps approprié pour prendre des décisions à propos de nos frontières/limites, et pour trouver notre direction. Même si parfois son langage peut être dur, nous pouvons être certaines qu'il nous parle depuis un endroit, profond et honnête. Cet étrange pouvoir nous pousse toujours à être vrai envers nous-mêmes.
Le premier pas vers l'harmonie et la coopération est l'accueil, qu peut être exprimé dans un rituel bien simple. La prochaine étape est de porter attention, d'être curieuse, et de tenter un dialogue avec le pouvoir. J'ai trouvé que les anciennes voies shamaniques et les méthodes rituelles sont parfaites pour cela, mais vous pouvez trouver d'autres disciplines, comme le travail avec les rêves, la méditation ou les visualisations guidées, qui fonctionnent très bien. "Les Menstruations, comme les rêves, répondent à un intérêt sincère". (2) Tout ceci marque l'importance de faire du premier contact avec le sang une bonne rencontre, afin de pouvoir accueillir le pouvoir.
Les Voies Tribales
"Lorsque j'eus presque atteint la grandeur de ma mère, cette chose est survenue et elle arrive à toutes les femmes, bien que je ne sais pas si elle arrive aux Blanches; je n'en ai jamais vu aucun signes. Ça s'appelle les mensis". (Maria Chona des Tohono O'odham (3).
Puisque le rite des premières menstruations a disparu de notre propre société, nous devons nous tourner vers les cultures traditionnelles pour assembler les informations de base. Plusieurs cultures insistent sur le fait que les menstruations sont un temps important et crucial. C'est un temps de magie. La jeune fille se tient entre les mondes, et dans ce stade, elle est malléable, elle peut être moulée ou formée! Cela signifie que tout ce que cette jeune fille expérimente dans ces jours sera imprimé sur sa personnalité et aura des conséquences pour le restant de sa vie. Alors, les peuples traditionnels usent de cette période de "moulage" de manière consciente. De grands efforts sont entrepris pour s'assurer que la jeune fille expérimentera ce qui sera considéré le mieux pour elle, pour la société, et pour la tribu entière.
Bien que les cérémonies et célébrations des différentes sociétés varient beaucoup, elles contiennent un ensemble de caractéristiques communes et des éléments importants, et ce de manière constante, même dans des cultures très différentes. C'est cet ensemble d'éléments rituels qui détient le pouvoir intemporel de trans-former et d'initier. La plupart des exemples que j'utiliserai ici proviennent des autochtones d'Amérique du Nord, simplement parce que j'ai davantage de ressources fiables sur les histoires de cette région. Mais avant de commencer, il devrait être noté qu'il n'y a pas de manière unique pour les autochtones d'Amérique du Nord d'entrer d'être en relation avec nos menstruations ou notre pouvoir menstruel en général, comme il n'y a pas de "Tradition Spirituelle Amérindienne" unique. Ce qui vous est présenté ici est un patchwork coloré, un héritage qui en appelle à notre volonté d'écouter et d'apprendre, ainsi qu'à notre habileté à penser par nous-mêmes.
La fille est sainte
L'un des traits les plus importants du rite de la jeune fille est la reconnaissance de la sainteté de la jeune fille. Durant son initiation, elle réside entre les mondes, dans un espace sacré. Ainsi, elle est sainte, elle représente le divin, et elle détient en elle le pouvoir de guérir. Dans le sud des États-Unis, durant les quatre jours du rite de puberté des Navajo, la Kinaalda, comme dans le rite Apache similaire appelé Cérémonie du Levé de Soleil, la jeune fille devient Femme-Changeante, une déesse ou être divin bien-aimé. Dans cet état saint, elle bénit les troupeaux et le maïs, et elle "s'étend", elle guérit tous ceux qui le désirent.
Le pouvoir guérisseur de cet état est largement reconnu. Un apache cibèque explique comment une jeune fille pubère " est tout comme un homme-médecine, seulement avec ce pouvoir elle est sainte" (3). Aussi, beaucoup plus au nord, nous trouvons comment après le rite sioux Oglala "tout le monde se jetait près d'elle et plaçait ses mains au-dessus d'elle, car elle était une femme et... il y avait beaucoup de sainteté en elle" (4). À plusieurs endroits dans le monde croit-on au pouvoir curatif du toucher de la jeune fille ou du sang. En Scandinavie rurale, au siècle dernier, le sang menstruel était utilisé pour la magie d'amour, pour guérir le peuple et les bêtes, lorsque la médecine ordinaire n'y parvenait pas. Et le premier sang d'une jeune fille était considéré particulièrement puissant.
C'est à cause de l'intensité de ce pouvoir spécial que plusieurs tribu isolent la jeune fille, parfois jusqu'à quatre jours. C'est une vision très répandue que le pouvoir menstruel est sacré et dangereux, et que par conséquent, il doit être pris avec grande précaution, un peu comme l'électricité. Toutefois, il existe bien d'autres raisons pour lesquelles la jeune fille "s'asseoit à part", comme nous allons le voir.
Rêver, chercher l'âme et la quête de vision
La quête pour un rêve ou une vision qui conduira à sa voie de vie, ainsi que "l'obtention" d'un esprit-gardien sont des éléments importants qui apparaissent souvent lors de l'initiation de la jeune fille. Ces éléments relèvent des besoins spirituels individuels de la jeune fille. Pour rencontre les esprits, la jeune fille doit être seule et mise à part des autres, souvent en jeûne également.
Pour les Yuruk de Californie, le rite de puberté des femmes de leur classe supérieure, par exemple, était plus personnel que public. Il incluait basiquement une période de jeûne, de rêver et d'isolation, allant de cinq à dix nuits, avec un bain quotidien dans un étang sacré. Tela Lake, une Yuruk, raconte : "À la dixième nuit, elle se tient au milieu de l'étang et se centre, entre le pouvoir de l'eau et celui de la... pleine lune. Puis, elle prie Femme-Ciel et lui demande la force, la protection, la longévité, un don spécial et la richesse (i.e. la croissance spirituelle). Après quoi elle plonge dans les profondeurs de l'étang et tente de trouver une pierre de bonne fortune. Ensuite, elle retourne à la maison principale et raconte aux femmes plus âgées ou aux femmes-médecine ses rêves, vision ou ses contacts avec les esprits" (5).
Dans la nation Sénéca des boisés du Nord-Est, les jeunes filles avaient l'habitude de se retirer dans les boîts pour une douce quête de vision, pour leurs premières menstruations, et portaient une attention particulière à leurs rêves. À travers les rêves expérimentés durant une telle période, la rêveuse pouvait se voir accorder l'orenda, le pouvoir magique, et un esprit gardien ou animal de pouvoir.
Mountain Wolf Woman, née dans les années 1900, dans le Winnebago, se souvient d'un tel rêve et comment s'était déroulé ses premières règles lorsqu'elle avait 13 ans, dans les bois recouverts de neige : "... Près du bord d'un grand ruisseau, aux rapides d'East Fork River, ils ont bâti un petit wigwam [pour moi]. Je pleurais. Je pleurais (signifiant que je pleurais et que je priais) et j'étais effrayée. Quatre fois, ils m'ont fait dormir là. Je n'ai jamais mangé. Là, ils m'ont fait jeûner. C'est ce qu'ils m'ont fait. Après la troisième nuit, j'ai rêvé: il y avait une grand clairière. J'allais vers elle, un champ à perte de vue, [...] Là, dans la vaste prairie, il y avait toutes sortes de chevaux, de toutes les couleurs. Je devais être celle qui rêva des chevaux. Je crois que c'est pourquoi ils m'ont toujours donné des chevaux". (6)
Dans certaines cultures, un rêve ou une vision (certaines langues ne font pas la distinction entre le rêve, la vision spontanée et la quête shamanique) lors des premières règles peut appeler la jeune fille à devenir "docteure", c'est-à-dire femme-médecine ou shamane. Pour d'autres tribus ou individus, l'appel pour devenir femme-médecine ne vient que lors de la fin des années fertiles, lorsque la femme mature entre dans l'Âge de Transition, laissant la maternité derrière elle.
Toutefois, ce ne sont pas toutes les cérémonies de puberté féminines qui comportent une quête et une isolation, loin de là. Il n'y a, par exemple, aucune isolation ni quête dans la Kinaaldà, et pas de quête pour les jeunes filles Tohono O'odham, tel que le raconte Maria Chona ci-dessous.
Instruction et assistance d'une aînée
Le très connu saint homme Black Elk (Élan Noir) affirme dans ses comptes sur les Sept Rites des Sioux Oglala " Durant les premières règles d'une jeune fille, celle-ci était instruite par une femme aînée sur les choses qu'une femme devait savoir... Cette femme aînée qui porte son aide à une jeune fille devait avoir été une bonne et sainte personne, car à ce moment ses vertues et habitudes passent à travers la jeune fille qu'elle purifie" (4).
C'est un fait très commun dans la transition d'une jeune fille, qu'une femme plus âgée soit choisie pour l'assister et l'instruire. Il est de sa responsabilité de faire prendre conscience à la jeune fille des changements physiques, sociaux et spirituels qui se passent en elle. C'est la tentative claire de la tribu ou de la culture de modeler/former la jeune fille afin qu'elle tienne dans son rôle de femme, tel que celui-ci est vu dans sa culture. Cela peut avoir un côté très pragmatique, se concentrant
Maria Chona, des Tohono O'odham, plus connus comme les Papago en Arizona, racontait en 1930 : "Ils ne nous laissent pas nous asseoir sans rien faire et attendre les rêves. C'est parce que nous sommes des femmes, aussi. Les femmes doivent travailler... Ils ont choisi la cousine de mon père pour prendre soin de moi. C'était la femme la plus industrielle que nous avions... Puis, cette vieille femme me disait "Travaille dur. Si tu ne travailles pas dur maintenant, tu seras paresseuse toute ta vie. Et personne ne voudra t'épouser." Je l'ai écoutée... Je voulais être une bonne femme". (3)
Bien que la cérémonie de la Kinaalda inclut également un travail ardu, la tâche la plus importante pour la femme aînée qui assiste la jeune fille dans sa Kinaalda est la nouvelle adaptation du rôle mythique de la Mère de Femme Changeante, Première Femme. Tout comme Première Femme fit avec la jeune Femme Changeante, la femme aînée habille la jeune fille Kinaalda avec les plus fins bijoux de coquillage et des vêtements blancs, elle la "module" et la masse pour la perfection physique, alors qu'elle chante ses chants sacrés. (8) De cette façon, la jeune fille se rappelle, même physiquement, comment elle passe dans le même processus où la déesse passa également, à l'aube des temps.
Black Elk (Élan Noir) dit à propos des rites de puberté de la jeune fille : "Ils sont importants, parce que c'est à ce moment que la jeune fille devient une femme, et elle doit comprendre la signification de ce changement... Elle pourra réaliser que le changement qui s'opère en elle est sacré, parce que maintenant elle devient comme Terre Mère, capable de porter des enfants" (4). Il est à noter que l'aînée n'est jamais la mère de la jeune fille, mais bien une sorte de marraine, ou vieille femme sage. Et certaines fois, l'initiée est également assistée et supportée à travers la cérémonie par une jeune femme, quelques années plus âgée qu'elle.
La magie du moulage, ainsi que le comportement et les actions de la jeune fille durant sa cérémonie sont importants. C'est une croyance largement répandue que cela formera son attitude envers la vie et influencera sa santé mentale et physique future. Comme le dit un Apache Chiricahua moderne : "Il m'apparaît que les choses tournent de cette façon. Voilà ma femme. Elle a très bien passé à travers cette cérémonie, elle a obéit et tout était bien. Prenez C., elle était méchante et têtue... Aujourd'hui, elle est très méchante. Et maintenant, elle est aigre, a une mauvaise langue et un sal caractère. Mais c'est une très belle femme, c'est vrai!" (3)
Faisant aussi partie du rituel magique des filles Navajo, ainsi que chez leurs cousines Apaches, a lieu la course pour rencontrer le lever du soleil, à chaque aube durant le rite, chaque fois plus longue et plus rapide. Parce que Femme Changeante leur a appris que plus une jeune fille courrait longtemps à sa Kinaalda, plus longtemps elle vivra une vie en santé et en beauté.
Purification, bain et habillement rituels
Cette partie de la céromonie porte davantage attention au corps de la jeune fille. Souvent, après la période d'isolation, la célébration commençait avec un bain, une peinture de corps et un massage. L'accent est surtout mis sur le bain et la coiffure, peut-être couper ses cheveux, les arranger dans un style plus mature, adulte. Dans le rite des jeunes filles aborigènes d'Australie "le bain est un assemblement social joyeux des proches féminins de la jeune fille, qui s'éclaboussent et trempent la jeune fille dans l'eau, pendant que sa mère brûle la hutte d'isolation. La jeune fille est ensuite peinte et décorée, avant de retourner au camp principal (7)". Dans les tribus où l'on retrouve les traditions de la hutte de sudation, le bain rituel et la purification peuvent être une cérémonie de hutte de sudation. Dans plusieurs cas, la jeune fille se verra offrir des vêtements nouveaux, des vêtements rituels ou des vêtements de femme. De cette façon, on aide la jeune fille à réaliser sa nouvelle image, celle d'une femme, non plus d'une enfant. Le changement qui s'opère en elle est visible pour tous qui en témoignent.
Initiation sexuelle
Chez les Mbuti Elima, "les jeunes filles dans les huttes ont le droit de sortir de temps en temps et chasser les jeunes hommes. Si un garçon ou un homme était pris, il lui fallait entrer dans la hutte, après quoi il avait le devoir de satisfaire sexuellement la jeune fille." (1) C'est une forme très simple d'initiation sexuelle où les jeunes gens sont introduis non seulement aux obligations, mais également aux récompenses de la vie sexuelle adulte. Bien que ce ne soit pas commun à tous les rites des jeunes filles, encore moins dans les cultures chastes, les jeunes gens profitent de l'intimité prescrite lors du temps d'isolation de l'initiée, et il y a bien quelques histoires où il est question de jeunes filles qui reçoivent des visiteurs nocturnes à l'intérieur de leur hutte. La plupart des peuples nord-américains avaient l'habitude de croire que l'apparition du premier sang d'une jeune fille la rendait prête pour être sexuellement active, et prête même pour le mariage. Les leçons de notre "marraine" allaient alors inclure une éducation sexuelle appropriée.
Et là il y avait une grande fête
La Kinaalda se fête, avec une cérémonie qui dure toute la nuit, conduite par un "chanteur", ou homme-médecine, le haatali, dans la hogan, maintenant remplie des proches et d'invités. Et un grand gâteau cérémoniel est cuit, dans un trou fait dans la terre, et il est servi à tous, une fois que le coeur de ce gâteau a été offert à la Terre Mère en remerciements. Et finalement, après la dernière course, le dernier massage et les dernières bénédictions, la jeune fille a "marché dans la Beauté" en tant que jeune femme.
Le rite de puberté chez les Sioux Oglala, de la nation Lakota, est appelé Ishna Ta Aqi Cha Lowan, qui signifie littéralement "Sur Elle Seule ils chantent", et cela se termine par une grande fête et des offrandes. Plus au sud, chez les Hupa et les Chilula, la cérémonie s'appelle "La Danse de la Fleur". Le nom donne une expression poétique à l'attitude commune des rites de passage tribaux, si différents de notre société et de son indifférence face à l'événement : le jeune fille est le centre de l'attention pour sa communauté. Les filles cadettes la regardent être célébrée, traverser le seuil, et pensent à leur tour prochain. Maria Chona termine l'histoire de son initiation d'un mois avec ce qui suit : "Et ils ont m'ont dansée. Tout ce mois, ils m'ont dansée, jusqu'à ce que la lune retourne à la place où elle était au début. C'est un grand événement lorsqu'une fille arrive à maturité; un temps heureux". (3)
Femme Changeante dans une Société Changeante
À une époque où les peuples indigènes se réapproprient leurs traditions et fièrté, le rite de puberté est une manière puissante de transmettre les valeurs tribales à la génération future. Mais parfois, aussi, les filles contemporaines de ces cultures se détournent de ce rite : "Je n'aime pas être Kinaalda; je me fatigue des perles, de la course, d'avoir à tenir debout toute la nuit" (8), dit une jeune fille Navajo, essayant d'échaper à la seconde cérémonie prescrite, en cachant ses menstruations. Pour la plupart des occidentaux, les cérémonies décrites ici contiennent à la fois des pratiques de grande beauté et des pratiques qu'ils considéreraient comme oppressives. Certaines servent les besoins spirituels de la jeune fille, d'autres servent les intérêts et besoins de la tribu bien avant ceux de la jeune fille. Je devrais ajouter que dans ma sélection, j'ai mis l'accent sur les histoires qui pouvaient avoir un effet inspiration ou géurisseur sur notre attitude envers les menstruations. J'aurais pu présenté des histoires tribales où on retrouve un caractère plus oppressif, mais vraiment, qui a besoin de ça? Nous en avons bien assez dans notre propre culture, et mon but était de rassembler du matériel de guérison et de changement positif.De toute évidence, le rite de la jeune fille reflète la vision qu'a la tribu ou la culture sur les femmes, leurs rôles et leurs pouvoirs - tout comme dans notre culture?
Inspiration, pas d'imitation
Les traditions autochtones d'Amérique liées au pouvoir menstruel comportent pour la plupart deux éléments de base : les femmes menstruées ne doivent pas participer à certain travail cérémoniel, mais elles "s'asseoient à part", à la loge lunaire. Si vous demandez si les femmes sont obligatoirement exclues des cérémonies ou si elles partent par choix, vous obtiendrez une réponse différente selon les différentes tribus. Black Elk (Élan Noir) exprime un point de vue commun aux Premières Nations : "... Chaque mois, lorsque ses règles arrivent, la femme porte une influence avec laquelle il faut être prudent, parce que la présence d'une femme dans cette condition pour prendre le pouvoir de l'homme saint" (4). Mais même au sein d'une même tribu, vous pouvez retrouver différentes opinions, telles que je les ai vues clairement s'exprimer dans la société Yurok : alors que les hommes Yuroks craignaient la pollution menstruelle croyant qu'elle pouvait faire fuir la richesse (i.e. la réalisation spirituelle), les femmes Yuroks comprenaient que c'était précisément durant leurs règles qu'elles attiraient cette richesse. Pour ainsi dire "il y a deux points de vue spécifiques aux deux genres - celui de l'homme plus connu sous les différentes ethnographies publiées" (9). Et, j'ajouterais, connu également à travers les enseignants spirituels travaillant avec des étudiants New-Age.
Un autre aspect que nous devons considérer pour avoir une image claire est que les traditions liées aux menstruations dégénèrent, le dernier aspect dont on doit se rappeler et pratiquer est l'exclusion des femmes des céréominies. L'exclusion, et rien d'autre, est malheureusement la chose à laquelle les femmes occidentales ont été introduites si elles se sont intéressées au shamanisme et au pouvoir menstruel des voies autochtones d'Amérique. Pour plusieurs, cela a réanimé les vieux sentiments de honte, et par malheur, certaines femmes en ont conclu que cela signifiait qu'elle ne devrait pas ou ne pouvait pas faire de travail shamanique ou spirituel lorsqu'elles sont menstruées. Mais "l'exclusion" est seulement la moitié de l'histoire, et ce n'est pas une vérité universelle non plus. Souvenez-vous des "traits de personnalité" du pouvoir des menstruations, et vous pourrez comprendre la pratique de l'exclusion pour ce qu'elle est vraiment. Cela signifie pour moi que certaines traditions ou cérémonies contrôlées, dans leur structure, n'ont aucune tolérance pour le pouvoir indomptable des menstruations. Et nous n'avons pas à adopter sans discernement ce point de vue ou cette tradition dans notre propre pratique spirituelle.
Cela nous amène à la grande question de savoir comment nous pouvons prendre une partie d'un héritage humain enfoui dans les cérémonies tribales sans tomber dans le piège de devenir des "wanna-be". La cérémonie est la forme, le pouvoir et l'esprit le contenu. Je ne vois pas le but d'imiter une culture dans une forme spécifique, malgré et sauf le respect que je leur dois. Je me laisserai plutôt inspirée par le contenu et le laisser me mener aux racines et à la forme de mon propre temps et espace.
Dans mes ateliers sur les cycles lunaires et le shamanisme, j'ai invité plusieurs femmes mûrs pour un voyage spécial guérisseur: aller à leurs esprits-guides et leur demander d'être guidées vers leurs premières menstruations à nouveau, comme elles auraient dû être célébrées. L'opportunité de le revivre, pour guérir les vieilles blessures, a été accueillie avec enthousiasme, et les voyages comportent souvent des éléments de rites de puberté "classiques", sans que les voyageuses ne sachent quoique ce soit de ceux-ci. Les femmes reviennent en me racontant qu'elles ont reçu des instructions et des tests d'une vieille femme enseignante, des rituels, des danses dans un cercle de femmes, un bain dans un étang sous le clair de lune, leurs cheveux lavés et peignés, leurs corps ornés. Cela me confirme que le coeur du contenu des rites traditionnels est un ancien héritage humain qui transcende le temps et la culture, et qui parle à travers des racines spirituelles profondes, incluant les besoins spirituels des femmes d'aujourd'hui.
Créer de nouveaux rites de transition
Comment pouvons-nous créer des cérémonies, des transitions qui répondent aux besoins des jeunes femmes de notre société, aujourd'hui? Les histoires des rites traditionnels peuvent être une source d'inspiration, si on se rappelle que quelques adaptations sont nécessaires.
Une des grandes différentes entre les cultures tribales et occidentales est la vision différente de l'individualité. Dans notre société, nous avons tendance à mettre nos propres besoins individuels, notre "liberté", avant les besoins de la communauté, soit-elle locale ou globale. Cela nous a donné de grandes opportunités pour la croissance personnelle sans compris. Nous avons payé le prix avec des familles et des réseaux de contacts brisés, la solitude et des sentiments de séparation. Les sociétés tribales, d'un autre côté, tendent à donner davantage d'importance à la communauté plutôt qu'à l'individu. Nous devrions nous rappeler que tout nouveau rituel ou célébration pour les premières menstruations d'une jeune fille devrait être créé en accord avec les besoins de cette jeune fille, selon ses conditions et sans outrepasser ses limites. Souvenez-vous de la magie du moulage, le but de celui-ci est d'abord et avant tout de donner à la jeune fille les meilleures possibilités pour jouir de sa première rencontre avec son cycle. Tout comme cela arrive dans les réserves amérindiennes d'aujourd'hui, plusieurs filles peuvent rappetisser à la seule idée d'une célébration publique, particulièrement avec leur famille élargie. Toutefois,
Une autre différence est que dans notre société, le premier sang vient bien avant que la fille ne soit considirée comme une femme mature, souvent bien avant qu'on ne la considère comme adolescente. Et cela rend la chose encore plus difficile pour une jeune fille de notre société d'accueillir son sang, à quoi cela sert-il? Elle est maintenant sexuellement mature, mais elle n'est pas supposée être encore sexuellement active. Les privilèges d'une vraie femme - et le monde adulte paraît encore tellement loin. Il y a encore des années devant elle avant qu'il ne soit considéré acceptable ou bénéfique pour elle d'entrer dans une relation amoureuse sérieuse ou utiliser de sa nouvelle habileté de porter des enfants. Cela tient du défi de faire de cette expérience quelque chose de significatif pour la jeune fille.
Le trou béant qui sépare le vue du premier sang et le fait d'être une femme mature signifie, qu'il y a probablement d'autres parties à la transition traditionnelle, que la jeune fille n'appréciera pas tant qu'elle ne sentira pas elle-même qu'elle a mûri. Cela pourrait être, par exemple, son 18e anniversaire, ou la fin de son secondaire, ou son déménagement en appartement, ou le début des études supérieures. Comme une femme l'a exprimée : "Je ne suis pas triste de ne pas avoir célébrer mes premières menstruations. Mais je suis triste de ne pas avoir été célébrée en tant que femme".
Préparation et instruction
Souvenez-vous comment, dans les rites traditionnels, ce n'est jamais la mère qui tient le rôle de l'Aînée qui prépare et instruit l'initiée. Je pense qu'il s'agit là d'une grande sagesse, qu'il vaut la peine d'écouter, car les relations entre mère et fille peuvent être conflictueuses ou ambigues. À un âge où nous avons besoin de nous distancier de notre mère (et de sa génération), certaines filles trouveront plus faciles de rechercher le conseil de quelqu'un de sa propre génération. Comme dans l'exemple plus haut, l'Aînée peut être une jeune femme, à peine quelques années de plus que la jeune fille, que celle-ci peut porter en haute estime ou admiration. Une professeure de son école peut aussi tenir le rôle de l'Aînée, préparant les jeunes filles. Une jeune fille danoise avait vraiment apprécié lorsque sa professeure avait rassemblé les filles de sa classe et avait partagé avec elles ses connaissances sur la sexualité, le contrôle des naissances et les menstruations, dans l'atmosphère ouverte et intime d'une "loge féminine", et les jeunes filles peuvent parler à leur tour. Les paroles de Black Elk : "à ce moment ses vertues et habitudent passeront à travers la jeune fille" nous viennent à l'esprit.
Chercher un animal de pouvoir ou une vision
Les enfants ont plus souvent de facilité à rencontrer ou faire appel à un animal de pouvoir. Et les esprits gardiens sont d'une grande valeur pour une fille, ils l'aideront à passer à travers la turbulence de l'adolescence. Elle pourrait reconnaître un animal de pouvoir si celui-ci se manifeste à elle dans un rêve, ou même dans la réalité, alors qu'elle marche dans les bois. Dans tous les cas, il pourra supporter la jeune fille en la visitant dans ses rêves, qui ont tendance à être plus denses autour des menstruations et de la pleine lune. Je connais une femme qui, pour cadeau d'anniversaire à de jeunes adolescents, offrait de les faire voyager (journey) afin de trouver leur animal de pouvoir (s'ils le désiraient). Avec leur curiosité piquée, elle leur a appris à voyager pour eux-mêmes. La quête de vision, ou équivalent, des pratiques douces, peut être plus appropriée encore, plus tard, lorsque la jeune fille fera face à un choix, pour son éducation, pour trouver sa voie, ou autres.
Célébrer et purifier son corps
La qualité sensuelle est l'élément accent de cette quête. Tout ce que ça prendra pour que la jeune fille se sente bien avec l'idée que son corps est entrain de changer, que sa poitrine se forme, fera. Nous pouvons adapter les traditions tribales en un bain luxuriant avec ses parfums favoris, un massage, ou de nouveaux vêtements, que la jeune fille considérera comme féminins ou plus matures, une nouvelle coupe de cheveux, pour ne nommer que quelques idées. Je connais une famille, ou clan, où les filles qui avaient leurs premières menstruations recevaient une bague, parfois avec une pierre rouge. Le cercle de cette bague est la représentation de leur nouvelle arrivée dans le cycle.
Mère et fille: les besoins de qui ?
Les premières menstruations d'une jeune fille sont un grand pas pour la mère, qui en saisit davantage l'importance et les conséquences que lorsqu'elle était elle-même pe tite fille. L'événement confrontera la mère avec sa propre expérience du premier sang, surtout si elle a été traumatisante, sa propre relation avec le sexe et les menstruations, et son propre vieillissement.
Il est très important pour une mère dans cette situation d'être claire à propos de ce que sont ses besoins, pour ne pas que, malgré les meilleures intentions, elle projete ceux-ci dans sa fille, causant de la résistance et de l'embarras. Plus d'une fois, j'ai vu combien une mère pouvait vouloir une célébration ou cérémonie pour sa fille, parce qu'elle même n'en avait jamais eue.
Mais il n'est jamais trop tard. Une femme qui désire "commencer à nouveau", comme les femmes dans mes ateliers, peut créer sa propre initiation à la féminité, son propre rite et peut être s'inspirer des idées et des histoires trouvées dans cet article. Peut-être lors d'une nuit de pleine lune, ou lorsque ses menstuations commenceront, elle pourra faire le rituel elle-même, ou être assistée par une amie de confiance, en appeler à ses propres esprits guides, ou, par exemple, à Femme Changeante ou la déesse lunaire. L'expérience peut être appronfide par un voyage shamanique tel que décrit plus haut, ou par une méditation guidée, ou visualisation avec les éléments désirés.
Marcher notre parole
Même un magnifique rituel pour nous accueillir dans le cycle menstruel ne fera pas l'affaire, si le message constant (non-dit) de la famille et/ou des camarades d'école est tout à l'opposé. Cela met en évidence le pouvoir de modelage qu'ont les parents, les enseignants et les autres adultes, qui ont des enfants dans la vie quotidienne.
Pour être en mesure de transmettre de véritables valeurs, nous devons les vivre. Nous pouvons apporter les cycles de na nature dans notre vie en célébrant le tournant des saisons avec des chansons, des fleurs, et des jeux - en supportant l'amitié que porte notre enfant avec la lune et les esprits de la nature, en y ajoutant savoir et traditions - en faisant de notre mieux pour être ouvert à l'harmonie avec le cycle menstruel nous-mêmes, en montant par notre exemple que nous devons danser avec les cycles de la Nature et non pas nous battre contre eux.
Les Dons de la 13e Fée
Je souhaite terminer avec une perle des trésors de nos contes de fées européens, l'histoire de l'initiation d'une jeune fille à la féminité.
Nous connaissons tous l'histoire que l'appelle "La Belle au bois dormant" (Sleeping Beauty). Vous vous souvenez que le Roi et la Reine n'avaient que 12 plats en or et pour cette raison, n'avaient pas invité la 13e fée à la fête célébrant leur petite fille. Les douze autres fées vinrent et chacune d'elles donna un don et ses bénédictions à la Princesse. Mais alors, au plus grand embarras de tous, la 13e fée se présenta tout de même à la fête. Et parce qu'elle n'y avait pas été invitée, elle était furieuse et apporta une malédiction : Au 15e anniversaire de la Princesse (ou à sa maturité), elle se piquerait le doigt sur un fuseau et en mourrait ! (la partie où elle meurt a été adoucie plutard par "elle tomba endormie pendant 100 ans).
Les parents avaient tout fait pour tenter d'éviter l'inévitable, en détruisant tous les rouets et en étant très protecteurs envers leur fille. Néanmoins, le jour où la Princesse eut 15 ans, elle se retrouva entrain d'explorer des recoins inconnus du château, seule. Et tout en haut, dans une chambre recluse, elle rencontra une vieille femme qui tournait la roue à tisser. Et tel que prédit, elle se piqua le bout du doigt sur le fuseau, et lorsqu'elle vut le sang rouge, elle tomba profondément endormie. Des roses rouges épineuses recouvrirent tout le château, mais après 100 ans, elles laissèrent la voie libre pour le Prince. Il réveilla la Princesse par un baiser, et ils vécurent heureux jusqu'à la fin des temps.
Dans le langage des contes de fées, les 12 plats en or nous aprennent que le principe solaire est hautement estimé dans notre culture. Le chiffre 13 est celui de la lune, et n'est pas le bienvenu, on croit qu'il apporte la malchance dans notre société, et celle-ci ne se soucit pas de l'énergie lunaire ou l'énergie des cycles lunaires des femmes. Vous pouvez même voir la 13e fée comme étant la déesse lunaire, gouvernant les cycles des femmes, également. Les fées sont les esprits féminins ou déesses, à qui, à l'époque païenne, on faisait appel à la naissance d'un enfant, pour lui apporter des bénédictions et prédire son avenir. Nornes, Destinées, Disir ou simplement Fées, elles portent plusieurs noms. Maintenant, elle tourne la roue dans un sens universel sacré : Les Nornes tissent le destin inévitable, le fil de vie. Et la légende Navajo raconte que Femme Araignée tissait et créait la toile de vie. Dans la chambre recluse, vous pouvez reconnaître le thème persistant de l'initiation d'une jeune fille qui prend place : l'isolation, la réclusion, supoprtée par une vieille femme sage.
Ce que la 13e fée apporte à la Princesse alors est les menstruations et la maturité sexuelle. Des roses rouges, avec leurs épines.
Alors vous voyez que malgré le désir du Roi et de la Reine d'éviter et d'ignorer, ils ne pouvaient pas faire en sorte d'éviter que leur petite fille grandisse et atteigne la maturité sexuelle, ils ne pouvaient pas empêcher l'initiation de sa propre vie. Ils auraient pu invité la 13e fée, parce qu'elle vient de toute façon ! C'est là la sagesse et la leçon de cette histoire. Si nous l'invitons et lui démontrons tout le respect que nous lui devons, elle arrivera dans une bien meilleure humeur et apportera une bénédiction, pas une malédiction!
LISTE DES OUVRAGES CITÉS:
1) Chris Knight: Blood Relations. Menstruation and the Origins of Culture. (Yale Uni. Press. 1991)
2) Penelope Shuttle & Peter Redgrove: The Wise Wound: Menstruation and Everywoman. (Paladin. Grafton Books. 1986.)
3) Peggy V. Beck, Anna Lee Walters & Nia Francisco: The Sacred. Ways of Knowledge, Sources of Life.( Navajo community college press, 1992)
4) Joseph Epes Brown (ed.): The Sacred Pipe. Back Elk's account of the seven rites of the Oglala Sioux. (Penguin, 1971)
5) Medicine Grizzlybear Lake: Native Healer. (The Theosophical Pulishing House. 1991)
6) Nancy Oestreich Lurie.(ed.): Mountain Wolf Woman. (University of Michigan Press. 1961.)
7) Robert Lawlor: Voices of the First Day. Awakening the Aboriginal Dreamtime. (Inner Traditions International. 1991)
8) Shirley M. Begay: Kinaaldá. A Navajo Puberty Ceremony.(Navajo Curriculum Center, Arizona. 1983)
9) Thomas Buckley & Alma Gottlieb: Blood Magic. The Anthropology of Menstruation.(University of California Press. 1988)