Note : cette traduction ne concerne pas spécifiquement féminin, mais est très intéressante tout de même.
* * * * * * *
Par Robert Moss
Traduction et adaptation par Xella Sieidi, de cet article
Qu’est-ce qu’un chaman? En premier et dernier lieu, le chaman est un rêveur. Typiquement, les chamans reçoivent leur appel en rêve et sont initiés et entraînés dans le temps du rêve. Le coeur de leur pratique est un voyage intention au pays des songes. Ils peuvent incuber des rêves pour diagnostiquer un patient et ainsi choisir le traitement le plus approprié. Ils voyagent - éveillés et lucides - dans leur corps de rêve afin de trouver des âmes perdues, d'interagir avec les esprits, pour combattre des ensorceleurs et pour guider les esprits des défunts sur les bonnes routes.
Parmi les Lakotas, les chamans-guérisseurs les plus puissants sont membre de la Société des ours rêveurs et c’est par le biais de rêves et visions qu’Ours les guide vers cette vocation. En Amérique du Nord, de façon générale, le terme le plus commun pour «chaman» se traduit par « rêveur ». Dans la langue mohawk, une langue que j’ai dû apprendre à cause de mes rêves et visions, le mot exact est rateshents, qui se traduit par « celui qui rêve ».
Un des rôles les plus importants pour le chaman est celui de s’occuper et de guider les âmes - celles des vivants et des défunts. Afin de rapatrier l’énergie de l’âme dans le corps d’un être vivant et de guider les âmes perdues de ceux qui nous ont quitter là où ils doivent aller, le chaman doit avoir une excellente connaissance de la «géographie» concernée. Cette connaissance lui vient via les rêves et aussi par une relation intime avec la Mort. Un vrai chaman est une personne qui est morte et est est revenue - il n’est pas question ici de métaphores - et ainsi connaît les conditions au monde adjacent de la vie après la mort.
Les chamans qui retiennent mon intérêt sont des conteurs, dramaturges et poètes. Ils traduisent en histoire les expériences que nous faisons de la vie et parviennent ainsi à modifier les comportements de notre corps. Ils divertissent les esprits par des chansons et des mots qui sont tous frais.
J’ajouterai que les chamans sont utiles pour une communauté et que leurs aptitudes sont reconnues par cette même communauté. Un vrai chaman maîtrise l’aspect scientifique et académique de sa société. Au sein d’une culture indigène, le vocabulaire de travail d’un chaman est de dix fois plus élaboré que celui d’une personne normale. Ainsi, le chaman modèle pour un occidental ne devrait pas nécessairement êter un homme sauvage des bois (ou une femme), mais plutôt quelqu’un comme C.G. Jung, que j’ai décris dans mon livre Dreaming the Soul Back Home comme « le chaman rêveur de la Suisse ».
La capacité du chaman à voyager et à guérir lui vient de son habileté à faire des rêves puissants, par lesquels il « examine », à la manière d’un éclaireur, l’avenir, afin d’en tirer profits pour le bénéfice d’autrui. Par l’entremise de ses rêves et de façon intentionnelle, il peut également pénétrer l’espace de rêve d’une autre personne afin d’y quérir des éléments de guérison - une habileté bien plus avancée que celles associées aux « rêves lucides », une technique devenue une mode.
Dans notre vie de tous les jours, lorsque nous rêvons et tentons de nous souvenir qu’il nous faut faire quelque chose avec nos rêves, nous nous tenons à l’orée d’un tel pouvoir. Si vous souhaitez devenir un chaman, débutez votre apprentissage lorsque vous prenez votre petit déjeuner, en partageant avec votre famille, amis ou collègues les rêves de la nuit précédente.
J’ai toujours été un rêveur et j’ai appris dès l’enfance - de part mes crises liées à une maladie et par mon amitié avec les aborigènes - que nos rêves peuvent nous mener dans le temps du rêve, dans un monde bien plus profond où nous pouvons découvrir l’origine et le but de nos vies. Je suis une garçon qui est mort et qui est revenu. Quand j’étais enfant, mes signes vitaux ont défailli à trois reprises alors que j’étais hospitalisé. C’est durant ces moments critiques que je me suis souvenu d’aventures vécues dans d’autres réalités, dont une en particulier qui me paraissait si réelle qu’il m’a semblé y avoir vécu une vie entière avant d’être propulsé à nouveau dans le corps d’un garçon neuf ans qui venait tout juste de subir une chirurgie d’urgence pour cause d’appendicite dans un hôpital de Melbourne. C’est un médecin qui déclara à mes parents « votre garçon est mort et est revenu ». À l’époque, le terme « expérience de mort imminente » n’existait pas et je préfère encore l’ancien terme. Il existe dans la langue tibétaine une expression bien plus exacte qui décrit une personne comme moi et mon expérience : le delog est quelqu’un qui est mort et est revenu.
Vous pourriez donc dire que j’ai débuté en tant que rêveur, dont la réalité par défaut est celle que nous sommes amenés à connaître lorsque nous entrons dans un état de conscience chamanique. J’ai cogné à différentes portes du monde en étant assez discret à propos de ce que je connaissais des multivers, tout en utilisant les habiletés du rêveur pour faire des choix et demeurer en vie.
Puis, vers le milieu des années 80, j’ai vécu ce que Jung appellait une « confrontation avec l’inconscient ». À l’époque, je venais tout juste d’emménagé sur une ferme qui se trouvait aux abords d’une terre ancestrale Mohawk et je commençais à rêver dans une langue que je ne comprenais pas, il s’avéra que cela était une forme archaïque de la langue mohawk. Mes rencontres visionnaires avec un chaman du rêve mohawk, combinées à d’autres événements intérieurs, m’ont permis d’approfondir ma compréhension de ce que le rêve peut être et me menèrent vers une réévaluation complète de ce qui était important dans la vie. J’ai raconté en détails ces rencontres dans Les Iroquois et le rêve chamanique.
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Par Robert Moss
Traduction et adaptation par Xella Sieidi, de cet article
Qu’est-ce qu’un chaman? En premier et dernier lieu, le chaman est un rêveur. Typiquement, les chamans reçoivent leur appel en rêve et sont initiés et entraînés dans le temps du rêve. Le coeur de leur pratique est un voyage intention au pays des songes. Ils peuvent incuber des rêves pour diagnostiquer un patient et ainsi choisir le traitement le plus approprié. Ils voyagent - éveillés et lucides - dans leur corps de rêve afin de trouver des âmes perdues, d'interagir avec les esprits, pour combattre des ensorceleurs et pour guider les esprits des défunts sur les bonnes routes.
Parmi les Lakotas, les chamans-guérisseurs les plus puissants sont membre de la Société des ours rêveurs et c’est par le biais de rêves et visions qu’Ours les guide vers cette vocation. En Amérique du Nord, de façon générale, le terme le plus commun pour «chaman» se traduit par « rêveur ». Dans la langue mohawk, une langue que j’ai dû apprendre à cause de mes rêves et visions, le mot exact est rateshents, qui se traduit par « celui qui rêve ».
Un des rôles les plus importants pour le chaman est celui de s’occuper et de guider les âmes - celles des vivants et des défunts. Afin de rapatrier l’énergie de l’âme dans le corps d’un être vivant et de guider les âmes perdues de ceux qui nous ont quitter là où ils doivent aller, le chaman doit avoir une excellente connaissance de la «géographie» concernée. Cette connaissance lui vient via les rêves et aussi par une relation intime avec la Mort. Un vrai chaman est une personne qui est morte et est est revenue - il n’est pas question ici de métaphores - et ainsi connaît les conditions au monde adjacent de la vie après la mort.
Les chamans qui retiennent mon intérêt sont des conteurs, dramaturges et poètes. Ils traduisent en histoire les expériences que nous faisons de la vie et parviennent ainsi à modifier les comportements de notre corps. Ils divertissent les esprits par des chansons et des mots qui sont tous frais.
J’ajouterai que les chamans sont utiles pour une communauté et que leurs aptitudes sont reconnues par cette même communauté. Un vrai chaman maîtrise l’aspect scientifique et académique de sa société. Au sein d’une culture indigène, le vocabulaire de travail d’un chaman est de dix fois plus élaboré que celui d’une personne normale. Ainsi, le chaman modèle pour un occidental ne devrait pas nécessairement êter un homme sauvage des bois (ou une femme), mais plutôt quelqu’un comme C.G. Jung, que j’ai décris dans mon livre Dreaming the Soul Back Home comme « le chaman rêveur de la Suisse ».
La capacité du chaman à voyager et à guérir lui vient de son habileté à faire des rêves puissants, par lesquels il « examine », à la manière d’un éclaireur, l’avenir, afin d’en tirer profits pour le bénéfice d’autrui. Par l’entremise de ses rêves et de façon intentionnelle, il peut également pénétrer l’espace de rêve d’une autre personne afin d’y quérir des éléments de guérison - une habileté bien plus avancée que celles associées aux « rêves lucides », une technique devenue une mode.
Dans notre vie de tous les jours, lorsque nous rêvons et tentons de nous souvenir qu’il nous faut faire quelque chose avec nos rêves, nous nous tenons à l’orée d’un tel pouvoir. Si vous souhaitez devenir un chaman, débutez votre apprentissage lorsque vous prenez votre petit déjeuner, en partageant avec votre famille, amis ou collègues les rêves de la nuit précédente.
J’ai toujours été un rêveur et j’ai appris dès l’enfance - de part mes crises liées à une maladie et par mon amitié avec les aborigènes - que nos rêves peuvent nous mener dans le temps du rêve, dans un monde bien plus profond où nous pouvons découvrir l’origine et le but de nos vies. Je suis une garçon qui est mort et qui est revenu. Quand j’étais enfant, mes signes vitaux ont défailli à trois reprises alors que j’étais hospitalisé. C’est durant ces moments critiques que je me suis souvenu d’aventures vécues dans d’autres réalités, dont une en particulier qui me paraissait si réelle qu’il m’a semblé y avoir vécu une vie entière avant d’être propulsé à nouveau dans le corps d’un garçon neuf ans qui venait tout juste de subir une chirurgie d’urgence pour cause d’appendicite dans un hôpital de Melbourne. C’est un médecin qui déclara à mes parents « votre garçon est mort et est revenu ». À l’époque, le terme « expérience de mort imminente » n’existait pas et je préfère encore l’ancien terme. Il existe dans la langue tibétaine une expression bien plus exacte qui décrit une personne comme moi et mon expérience : le delog est quelqu’un qui est mort et est revenu.
Vous pourriez donc dire que j’ai débuté en tant que rêveur, dont la réalité par défaut est celle que nous sommes amenés à connaître lorsque nous entrons dans un état de conscience chamanique. J’ai cogné à différentes portes du monde en étant assez discret à propos de ce que je connaissais des multivers, tout en utilisant les habiletés du rêveur pour faire des choix et demeurer en vie.
Puis, vers le milieu des années 80, j’ai vécu ce que Jung appellait une « confrontation avec l’inconscient ». À l’époque, je venais tout juste d’emménagé sur une ferme qui se trouvait aux abords d’une terre ancestrale Mohawk et je commençais à rêver dans une langue que je ne comprenais pas, il s’avéra que cela était une forme archaïque de la langue mohawk. Mes rencontres visionnaires avec un chaman du rêve mohawk, combinées à d’autres événements intérieurs, m’ont permis d’approfondir ma compréhension de ce que le rêve peut être et me menèrent vers une réévaluation complète de ce qui était important dans la vie. J’ai raconté en détails ces rencontres dans Les Iroquois et le rêve chamanique.