Article écrit par Astoria, publié sur le site Yoni.com, traduit et adapté par Ishara Labyris. Image ci-dessous "Raks Sharqi" d'Emily Balivet
Loin sont les jours où la danse du ventre était vue bêtement comme une fantaisie de séduction. Les femmes d'aujourd'hui apprennent cette danse comme un art sacré de communication, de guérison, de transformation, et à un niveau plus pratique, pour faciliter l'accouchement et garder la forme. Les enseignantes de cette dance encouragent activement de changement de conscience dans leurs classes.
Keti est une enseignante de baladi très connue de Fremantle, en Australie du Sud et qui danse depuis qu'elle a dix-sept ans. Elle s'est immergée dans plusieurs traditions culturelles enroutant la danse du ventre et a vécu et travaillé comme danseuse en Égypte. Keti croit que la danse du ventre est une danse sacrée des femmes, mais elle reconnaît également les rôles des hommes dans la danse, surtout en tant que musiciens, qui donnent le rythme pour les mouvements.
La Danse de la Déesse
Keti nous raconte qu'à l'époque des Sumériens, ainsi qu'à celle des Babyloniens, lorsque les sociétés matriarcales dominaient, les femmes dansaient différents styles de danse du ventre. Des divinités féminines étaient priées et la Déesse était vue comme la Créatrice primaire et la nourricière. À travers l'histoire, la danse du ventre a exprimé ces qualités féminines quintessencielles. Le culte de la Déesse Ishtar (environ vers 4500 avant l'ère chrétienne) célébrait la fertilité du divin féminin. La danse du ventre était utilisée en rituels pour sa magie, pour provoquer l'excitement sexuel, pour les rites de fertilité, pour honorer la terre et pour les accouchements. Les mouvements de la danse du ventre sont également harmonisés avec les cycles lunaires et lient les participantes à un niveau cinétique aux rythmes célestes. La Fellahine est un style de danse particulier, exécuté comme une danse de célébration, conçue pour donner de l'énergie à la terre, après une récolte abondante. Certains de ses mouvements comprennent un piétinement, comme si la danseuse mettait en terre toute sa joie. Keti croit aussi qu'une femme, à ces rassemblements de temple, pouvait exécuté ces danses pour d'autres femmes, pour leur démontrer tous les potentiels des femmes, pour exprimer et embrasser leur passion. Dans les temples de la Déesse d'hier et dans la danse d'aujourd'hui, nous voyons des mouvements sacrés et des mudras, utilisés pour se connecter aux énergies divines, à la fois féminines et masculines. Il y a un geste dans la danse du ventre qui a une signification spirituelle particulière. Ce geste est répété aux débuts de certaines danses arabes. La danseuse peut être vue faisant une petite pyramide avec ses mains, placée au niveau de son front. Cela est fait spécifiquement comme un mudra de protection; il ouvre et attire l'attention sur le troisième oeil. L'ankh est un autre symbole égyptien qui peut être exprimé dans la danse. À un certain niveau, il représente une porte ouverte ou une fenêtre et est associé avec l'arabesque, en architecture. L'ankh est un symbole du mariage entre le féminin et le masculin. La moitié du haut peut représenter le vagin ou les lèvres, le potentiel du divin féminin. Pour certains, cela représente la vie éternelle, qui peut être atteinte grâce à cette union alchimique. Traditionnellement, l'ankh est également un portail vers d'autres dimensions ou vers le monde d'en bas. Une danseuse d'un temple peut reproduire ce symbole dans la danse : ouvrir les bras de chaque côté, puis les élever en formant un cercle, jusqu'à ce que les mains se joignent. Une danseuse accède à une sagesse puissante en incorporant une telle géométrie sacrée dans les mouvements de sa danse.
Le langage du Baladi
Les habitants d'Égypte dansaient un style de danse appelé baladi. Cette danse était utilisée pour exprimer la sensualité du divin féminin. Il était originalement pratiqué à la périphérie des villes et avait une truculence intrinsèque qui reflétait la connexion spirituelle du peuple avec la terre. Il y a cinq langages qui sont exprimés durant une danse de baladi traditionnel. La première partie de la danse incorpore un mouvement avec un châle sur les épaules appelé "milexa". La danseuse s'en enveloppe doucement, puis se dévoile, révélant ses épaules. Le second langage du baladi utilise le milexa comme un voile autour des hanches. Une danseuse pourrait retirer le châle de ses épaules et commencer à l'enrouler autour de ses hanches. Ce mouvement suggestif ferait allusion au pouvoir féminin, sous le châle. Ensuite, la danseuse se dévoilerait, retirant le châle de ses hanches et ce faisant, débuterait des mouvements énergiques avec celles-ci, le "shimmy". Éventuellement, elle laisserait tomber le milexa et commencerait à danser un nouveau langage avec ses mains libres. Elle userait de mouvements de main suggestifs, pour attirer l'attention sur d'autres parties de son corps, mais particulièrement à son visage. Ses mains glissent près de ses yeux, alors que son regard se pose intensément et rapidement sur quelqu'un et en fait ce mouvement est appelé "étincelle du regard". C'est un mouvement subtil mais très puissant. Le quatrième langage suggère un sourire. La danseuse glisse sa main devant sa bouche et bouge ses doigts d'une manière où elle paraît un peu coquine. Alors que le corps de la danseuse n'est plus voilé, l'attention peut être portée sur tous ses aspects, elle peut utiliser tout son corps pour s'exprimer elle-même. La danse reflète un dévoilement mythique du coeur de la femme, de sa sexualité, de ses yeux, de sa voix, de tout son corps.
Les Mystères Féminins
La danse du ventre a souvent été associée aux cycles puissants des mystères féminins et à l'équilibre des énergies des femmes. On dit qu'au Temple d'Artémis, à la pleine lune, une femme pouvait faire sauvagement bouger ses hanches (shimmy), afin d'augmenter son énergie sexuelle durant son ovulation. Le shimmy est un mouvement rapide des hanches, des cuisses, des fesses, du ventre qui stimule les ovaires. À la lune noire, au temps des menstruations, les mouvements des femmes étaient plus doux, plus serpentins, amenant l'énergie à l'intérieur, et se concentrant sur la conscience intérieure des femmes. De même, les femmes d'aujourd'hui peuvent utiliser ces mêmes mouvements de danse afin de les aider à équilibrer leurs propres énergies durant ces puissants moments de leur cycle. En faisant le shimmy, une femme relâche de l'énergie qui servira lors de l'ovulation, l'aider à relâcher ses émotions. Durant ses menstruations, elle peut faire des cercles lents et des mouvements serpentins comme des ondulations pour lui apporter de l'énergie, pour être nourrie, étant dans un moment de régénération. Dans les temps matriarcaux, les hommes s'impliquaient eux-mêmes dans la signification spirituelle des cycles des femmes et l'importance du cycle menstruel était largement reconnu dans la communauté. Toutefois, Keti dit que la plupart des femmes n'ont pas de cycle à proprement parler, et sont déconnectées de leurs mystères féminins. Cela est en partie dû à la pillule, aux facteurs hormonaux, et aux tampons qui ont tendance à cacher le saignement. Plusieurs femmes utilisent simplement des analgésiques et poursuivent leurs routines quotidiennes lors de leurs menstruations, demeurant actives comme n'importe quel autre jour. L'importance de se garder du temps pour le repos durant les menstruations a été perdue. Beaucoup de femmes voient leurs menstruations comme une interférence dans leur style de vie, parce qu'elles ne réalisent pas le sacré qu'elles comportent. En apprenant la danse du ventre, les femmes peuvent se reconnecter avec leurs cycles personnels, avec celui de la lune, et ce faisant elles se réapproprient des aspects perdus d'elles-mêmes.
Rythmes de Maternité
Un des mouvements de base de la danse du ventre est un mouvement en cercle des hanches; Keti dit qu'il n'imite pas seulement la sensualité du flirt, mais surtout le mouvement de l'accouchement. À travers l'histoire, durant les mois précédant la naissance, une femme se balançerait et se secouerait, dans le but de rester en lien avec son bébé, et de préparer son corps à la naissance. Ce mouvement de danse du ventre exerce les muscles utérins et pelvique. Ce type d'exercice n'est pas dérangeant pour le bas du dos ou les genoux, où sont les faiblesses types des femmes enceintes. Durant le travail, ces femmes utilisent un mouvement de balancement en forme de huit et font des petits cercles avec leurs hanches afin de faciliter les contractions et la mise au monde du bébé. Les femmes plus âgées entourant la future mère en travail, et jouant un rythme sur des tambours, alors que des femmes plus jeunes dansent autour, respirant en synchronisation avec la mère et ses contractions. La naissance devient ainsi une danse; les tambours et la danse évoquent un état modifié de concscience, une forme naturelle d'opiat. L'acte de donner naissance, dans ces conditions, devient une initiation dans les puissants mystères féminins. De cette façon, une mère enceinte pouvait participer activement à sa naissance. C'est tout le contraire des naissances occidentales où traditionnellement l'expérience de la mère est passive.
La Danse des Sept Voiles
Keti croit que la danse des sept voiles est probablement la plus célèbre de toutes les danses du ventre orientales à avoir intégré la société occidentale. Elle a conquis le coeur des hommes et des femmes à travers les âges avec ses allures exotiques et affriolantes. Pourtant, il y a une symbologie sous cette dance, un niveau d'initiation spirituelle. Symboliquement, l'effusion des voiles est semblable à l'ouverture des sept sceaux ou chakras - des centres d'énergies spirituels du corps, tel que l'enseignent plusieurs traditions spirituelles, particulièrement dans les cultures orientales. Keti croit que le fait de retirer un voile ne correspond pas seulement à révéler un nouveau niveau de conscience, mais que lorsqu'une musique spécifique est jouée pour un chakra, cela évoque différents mouvements de danse reflétant ce niveau également. Donc, selon l'instrument qui sera joué, on déterminera quel niveau de conscience sera évoqué. Lorsqu'un voile est retiré du centre sexuel au chakra de la base, de gros tambours sont utilisés. Ce chakra représente un niveau instinctuel, de survie, animal. Il implique également la naissance et la mort, et représente nos énergies les plus physiques et primitives. Un second voile peut être ensuite retiré du chakra sacré, sous le nombri. C'est le lieu des relations et de la création, où la danseuse utilise des mouvements du ventre et des hanches, accompagnée par des guitares basses. En Égypte, le kanoon, une harpe profonde est jouée, pour le chakra du ventre également. Les hautes guitares sont jouées pour le plexus solaire ou diaphragme, qui relâche les énergies de feu et de passion de la danseuse, ce qui est typique des danses comme le flamenco. Les sons du saxophone ou du violon sont joués près du coeur pour l'ouvrir à l'amour, et dans cette partie du corps, nous trouvons des mouvements expressifs de la poitine. Le chakra de la gorge est conduit par une voix chantante, des paroles, et à ce niveau, il y a plusieurs gestes symboliques articulés autour de la bouche. Les sons des flutes font palpiter le troisième oeil et le chakra de la couronne, alors que les bras de la danseuse s'élève pour représenter un mouvement vers l'esprit. Ces chakras sont activés par les sons hauts et peuvent être utilisés pour de la communication directe avec le Divin avec des activités telles que la danse Sufi et la transe extactique. En termes de conscience, la danse du ventre se réfère d'abord à l'utérus, au féminin sacré. Ses mouvements incorporent à la fois la fécondité chtonienne de la Déesse et les énergies inspirantes du Dieu. La danse elle-même devient équilibre et harmonie avec la musique des tambours, des instrumenst à cordes, des voix et des flutes, utilisés pour représenter les éléments de la terre, du feu, de l'air et de l'eau.
Les Sept Portes du Monde d'en bas
La signification du chiffre sept dans la danse avec le voile est aussi liée à l'initiation spirituelle où une femme plonge dans ses propres ombres et aspects inconscients pour se réapproprier des aspects dissociés d'elle-même. Une femme peut s'émanciper et se libérer lorsque des parts rejetées d'elle-même sont reconnues et acceptées. Cette sombre quête nécessite de retirer plusieurs masques, rôles et systèmes de croyances qui l'empêchent de connaitre sa véritable essence. Cette quête est représentée typiquement par le passage de sept portails mythiques, qui font partie de sa descente dans le monde d'en bas (psyché). Dans cette descente dans ses profondeurs, une femme devient complètement nue et vulnérable. C'est toutefois dans cette honnêteté vulnérable qu'une femme regagne son pouvoir. Cette métaphore initiatique de se déshabiller/dévoiler est, à un niveau, lié aux cycle menstruel de la femme et aux phases de la lune. La quête intiatique de la descente dans le monde d'en bas et de s'y dévoiler peut être synchronisée avec le temps où une femme ressent de la tension prémenstruelle et relâche plusieurs émotions durant les sept jours précédant ses saignements. Si nous regardons les sept jours du cycle passés à saigner, ils sont liés au temps de la lune noire, où une femme traverse les profondeurs du coeur de son être. C'est à ce moment-là qu'elle est à son plein potentiel, au sommet de son pouvoir féminin, bien qu'elle le fasse dans un endroit calme, où elle peut aussi prendre le temps de se regénérer. Les sept jours suivants où la lune croît, montrent comment les énergies de la femme commencent à s'animer, alors qu'elle refait surface dans le monde, avec une énergie renouvelée. Puis, à la pleine lune, où la lumière du soleil est reflétée à son maximum, la femme est à son plus haut potentiel de pouvoir sexuel, et elle y est plus fertile. C'est le temps fructueux de l'ovulation, où elle est plus active, jusqu'à ce que son énergie décroisse et qu'elle recommence sa descente, avec la lune décroissante.Dans sa thèse sur la danse orientale, Keti a recherché des mythes anciens se concentrant sur le thème de la descente et les a lié à la croissance des femmes d'aujourd'hui. Elle explique que, ces histoires mythiques à la danse du ventre refont surface en partie parce que leurs significations spirituelles commencent seulement à se révéler.
Dans un mythe babylonien, la déesse Ishtar descend dans le monde d'en bas afin de ramener son défunt époux à la vie. Durant sa descente, elle doit passer sept épreuves et passer sous sept portes. À chacune de ces portes, elle retire un voile métaphorique, comme un bijou, sa beauté ou sa richesse.
Elle use ultimement de son pouvoir de séduction pour passer, mais alors qu'elle retire tous ses voiles, elle se défait aussi de ses liens terrestres. Et lorsqu'elle se retrouve complètement nue, révélant sa véritable essence, ainsi peut-elle vraiment sauver son époux ou se réapproprier son côté masculin. C'est seulement après cette réunion que le mariage alchimique de l'équilibre peut avoir lieu. En tant que femmes, nous pouvons aussi faire cette descente en pleine conscience, où nous retirons les voiles qui nous protègent, les voiles de l'abandon.
Seulement lorsque nous sommes nues et complètement vulnérables pouvons-nous exprimer le potentiel brut de notre féminité. Si nous choisissons consciemment cette initiation alors que nous devons être préparées à tout perdre, de nous tenir dans notre essence nue, et ce faisant réclamer notre puissant côté masculin. Dans la tradition grecque, la même initiation était entreprise par Déméter, la déesse-mère des grains. Dans une des versions du mythe, Déméter comme Ishtar descend dans le monde d'en bas, mais cette fois la descente est pour ramener sa fille et non son époux. Sa fille Perséphone est faite prisonnière par Hadès, dans le monde des morts. Le deuil de et le chagrin de Déméter sont si puissants qu'ils causent la stérilité et la sécheresse de la terre. Plus rien n'y pousse, plus rien n'y renaît. Éventuellement, le dieu Zeus force Hadès à relâcher Perséphone et l'abondance de la Terre revient. Une fois de plus, cela suggère qu'à travers cette descente dans l'obscurité nous pouvons nous réapproprier notre enfant/jeune fille intérieure.
La Corruption des Mythes féminins
Le mythe des sept voiles peut être retracé dans plusieurs cultures, comme il est apparu et réapparu un peu partout, et chaque culture a créé une fin différente à l'histoire, reflétant sa psyché et sa mythologique de l'époque. Toutefois, c'est seulement dans la version biblique que le dévoilement du féminin mène à la décapitation du masculin, tel qu'on peut le voir dans l'histoire de la danseuse exotique Salomé. La mère de Salomé était très manipulatrice, alors elle usa de la beauté de sa fille pour ses propres fins. Le désir d'Hérode pour Salomé était si fort qu'il accepta de présenter à la mère de Salomé la tête de Jean le Baptiste, si Salomé acceptait de danser pour lui. La danse séductive que Salomé exécuta pour Hérode est la danse révélatrice des sept voiles. Toutefois, le dévoilement du pouvoir féminin ici mène à la mort symbolique et à la castration freudienne du mâle. Chaque version mythique de la danse des sept voiles a une fin différente, toutefois cette histoire se termine avec la séparation plutôt qu'avec la réunion. Keti croit qu'une grande partie des philosophies islamiques et chrétiennes liées aux femmes et à la sexualité reflète la peur entourant ce mythe particulier. Elle croit que plusieurs hommes sont inconsciemment effrayés par le pouvoir sexuel féminin, ce qui expliquerait pourquoi les cultures patriarcales ont dominées pendant deux millénaires.
La Suppression du Féminin
En Orient, la danse du ventre a été traditionnellement une des seules voies pour les femmes d'exprimer leur pouvoir féminin - lequel a été continuellement renié. Le Coran a une sourate ou chapître sur les femmes, racontant la suppresion de la sexualité féminine et de la danse du ventre. Elle indique que les femmes "devraient baisser leur regarder et protéger leurs parties intimes..." et qu'elles ne devraient jamais "révéler leurs parures". Les femmes devaient "jeter leurs voiles sur leur poitrine" et ne devraient jamais être autorisées à "taper des pieds". Les voiles, bien sûr, sont communs dans cette société, tout comme le sont les regards baissés. Toutefois, l'évidente pertinence de la danse a seulement été partiellement subvertie. En fait, c'est durant une danse du ventre que les "parures" d'une femme sont le plus exposées, même si seulement devant d'autres femmes. Et ce n'est pas seulement dans la société orientale que la danse du ventre a été désapprouvée. Au début des années 1900, Oscar Wilde produisait une pièce basée sur le mythe de Salomé, jouée par Maude Allen. Parce que celle-ci exécutait des mouvements de danse du ventre sur la scène, elle a été accusée de divers crimes et dû aller en Cour. Son crime majeur était qu'elle s'était stimulée elle-même sans l'aide d'un homme. Cela fut considéré comme l'acte le plus odieux . Dans les journaux, un article à ce sujet parut sous le titre: "Le Culte du Clitoris". Telle était la peur du pouvoir sexuel féminin à l'époque.
Envahisseurs du Coeur
Avec cette sorte de paranoïa entourant la sexualité des femmes, ce n'est pas surprenant que, même dans les pays où est originaire la danse du ventre, celle-ci n'était pas une danse respectée. La danse du ventre était la plupart du temps pratiquée par les femmes locales et fit sa marque publiquement via une bande de gypsies, qu'on appelle les Ghawazee.
Ces gens étaient connus sous le nom de "Envahisseurs du Coeur". Ils étaient des personnes errantes venues de l'Inde, de la Turquie et des Juifs nomades qui n'avaient aucune honte à propos de leur corps, sans conventions sociales, qui célébraient la danse lorsqu'ils le désiraient. Lorsqu'une danseuse du ventre était sollicitée pour une fonctione sociale, les femmes de respect n'étaient pas considérées, et on engageait les Ghawazee. Étant des nomades, ils portaient souvent leur richesse sur eux-mêmes. Les ceintures faites de pièces de monnaie si populaires pour les costumes de danse du ventre aujourd'hui viennent en fait des Ghawazee. À cause des conventions sociales entourant la danse du ventre dans ses pays originaires traditionnels, cette danse est éventuellement devenu un jeu, une danse orientale d'allure et de suggestion. Les Égyptiens disent que toute fille est née pour danser, mais si on leur demande de danser, peu importe leur niveau d'expérience, les Égyptiennes répondent "oh je ne peux pas danser". Éventuellement, les filles se lèvent et commencent timidement à bouger, alors le début de la danse est toujours doux, subtil. Puis la danse va plus rapidement, et à la fin, la danseuse révèle son véritable potentiel avec une fin irrésistible. Ce style de danse raconte l'histoire de la féminité qui se dévoile. Son début lent et son accélération ravit l'audience. Les mouvements de baladi sont conçus pour donner et recevoir de l'énergie de l'audience. Certains connaisseurs croient que les plus belles danseuses sont celles qui sont pleinement en harmonie avec leurs propres énergies intérieures. Ce sont celles qui apparaissent comme dansant seulement pour elles-mêmes. Ce type d'expression extérieur de ce qui est ressenti à l'intérieur est ce qui transforme une danse sexy et "girly" en quelque chose de profondément sacré.
Retrouver la Déesse
Keti croit qu'il est opportun maintenant pour les femmes d'aller dans leurs profondeurs pour se rapproprier leur féminité, grâce à de tels outils comme la danse du ventre. Il est temps d'explorer tous les visages puissants de la Déesse qui réside à l'intérieur. Toutefois, elle croit qu'il est également temps de revoir les mythes anciens de la descente, et de créer de nouvelles fins pour nos propres histoires personnelles. La société a besoin de commencer à associer la danse et le potentiel du pouvoir sexuel féminin avec un autre point que de vue que ceux des vieux mythes de séductrice diabolique, de mère corrompue, de mort et de castration de l'homme et de le perte de l'innocence. Keti croit que chaque fois qu'une femme représente une nouvelle mythologie par la danse, de sorte qu'elle soit significative pour elle, que cela fait un énorme changement dans la conscience collective des femmes, globalement. En 1997, Keti travailla pour un concert intitulé "The Exotic Journey", dans laquelle tous les rôles féminins associés à la danse du ventre pour les derniers 5000 ans étaient explorés. Les femmes de ses classes dansaient sur les histoires mythiques de Salomé et la danse des sept voiles, la descente d'Ishtar, des prêtresses du temple d'Artémis, le dévoilement d'Isis et même l'histoire de Houri - les prostituées sacrées de Babylone. Plus de vingt visages de la Déesse ont été explorés et auxquels ont été donné une voix, et leurs énergies ont été remerciées et relâchées durant la danse. Keti croit que l'énergie de ces anciens mythes s'est finalement endormie afin que les femmes d'aujourd'hui puissent écrire elles-mêmes un nouveau mythe et créer un nouveau paradigme pour les sexes. Nous pouvons tous assister à la naissance d'un nouveau paradigme qui reflète les relations harmonieuses entre les hommes et les femmes. Les deux peuvent s'élever et prendre leur pouvoir, s'appuyant l'un et l'autre et être égaux. Utiliser la danse pour réécrire les mythes est une façon de le faire. Quelques femmes des classes de Keti ont examiné leurs vies, en lien avec leur dénigration dans la société d'aujourd'hui. Elles ont performé leurs propres histoires, pour se réapproprier les aspects perdus d'elles-mêmes. Keti tente d'utiliser la danse du ventre comme un moyen de réécrire certains des vieux mythes, de manière à dévoiler le pouvoir du féminin, à la fois pour la guérison personnelle et planétaire.
La Danse de santé extatique
La femme orientale, qui a traditionnellement pratiqué la danse du ventre en groupe communautaire, dans leur vie quotidienne, est souvent plus satisfaite, elles a une image identitaire plus stable et un lien fort avec les autres femmes. La danse du ventre stimule et apaise le système reproducteur, de sorte qu'une femme qui danse régulièrement souffre peu ou pas du tout de ses menstruations ou de sa ménopause. Keti dit qu'en Turquie, la plupart des femmes ne savent pas ce qu'est la tention prémenstruelle, et qu'elles se sentent bien lors des menstruations. Leur société les aide durant cette puissante période de renouveau : les femmes peuvent se retirer des temps de prières et des tâches ménagères pour quelques jours, si elles le désirent. Ces femmes se rassemblent souvent en groupe pour voir le thé et pour danser, et certaines danseront seules dans leur maison, chaque jour. Keti dit que ces femmes n'atteignent pas la ménopause aussi tôt que les femmes occidentales, et que le cancer du col de l'utérus, un des plus grands tueurs de femmes, y est très rare. C'est peut-être à cause que plusieurs des mouvements de danse du ventre sont centrés sur la région du ventre et aide la lymphe et le sang à circuler, en réduisant les congestions possibles. La santé des femmes bénéficie de façon évidente des avantages de la danse du ventre. Keti dit que certains médecins généralistes et gynécologues lui réfèrent d'ailleurs certaines de leurs patientes.
Se réapproprier son corps
D'un point de vue métaphysique ou physique, plusieurs femmes retiennent des émotions refoulées dans la région du ventre (chakra sacré), tout particulièrement la culpabilité et la honte sexuelle. Les recherches de Keti font un lien direct entre les victimes d'inceste, qui porteront un résidu émotionnel, et la tention prémenstruelle. Plusieurs femmes qui ont pratiqué la danse du ventre sont passées à travers de grandes percées et progès émotionnels, accompagnés de changements physiques. Souvent, elles ont moins de douleur et de congestion lors du temps de leurs menstruations, et plusieurs règlent leurs problèmes au dos ou ou cou. La danse du ventre a une valeur significative pour les survivantes d'inceste, autant que pour d'autres personnes qui ont eu à subir des expériences sexuelles négatives. Keti a travaillé avec beaucoup de femmes dans la quarantaine. La danse du ventre a été une bénédiction pour celles-ci car elle leur a donné un moyen de se savoir sensuelle et sexuelle, dans une situation libre de toute obligation sexuelle. La danse est une invitation à exprimer le pouvoir féminin en soi, au lieu d'être une invitation à l'aude. L'environnement sécuritaire aide les femmes à retrouver le sacré de leur corps. Leur relation primaire est d'abord avec elles-mêmes, puis avec les autres femmes de la classe. Dans cette atmosphère enrichissante, une femme peut explorer comment son corps bouge et trouve ainsi de nouveaux moyens de communiquer.
Changer de Conscience
La danse du ventre a commencé à intéresser les occidentaux depuis seulement 1000 ans. Au départ, elle reflètait plutôt un fantasme pour les esprits occidentaux, quelque chose qui avait les allures cachées des mystères du harem. C'est pourquoi on en est venue à l'identifier à une danse de séduction et de strip-tease. D'un point de vue traditionnel, c'était vu comme si les hommes perdaient leur pouvoir, en faisant face à la sensualité féminine sans honte, et ils appelaient ça la "Petite Mort". Très souvent, ces danses ont été ridiculisées parce qu'elles faisaient peur. Il est maintenant temps de changer cette vision passéiste de cette danse exotique puissante et d'embrasser pleinement la danse du ventre comme une expression sacrée du divin féminin. En nous réappropriant notre pouvoir de femme de cette manière, nous pouvons faire un pas de plus vers la guérison de la fracture qui sépare les sexes et contribuer ainsi à créer un nouveau monde pacifique. Si vous désirez en savoir plus à propos du travail de Keti et de la danse du ventre en général, vous pouvez visiter son site web : http://www.ketisharif.com/Si vous aspirez à prendre des cours de danse du ventre, ouvrez votre journal local dans les petites annonces ou demandez à votre centre sportif le plus près ou même dans les écoles. Avec la popularité grandissante de cette danse, vous n'aurez sans doute aucun mal à trouver une enseignante près de chez vous.
Amour et joyeuse shimmy,
Astoria
Keti est une enseignante de baladi très connue de Fremantle, en Australie du Sud et qui danse depuis qu'elle a dix-sept ans. Elle s'est immergée dans plusieurs traditions culturelles enroutant la danse du ventre et a vécu et travaillé comme danseuse en Égypte. Keti croit que la danse du ventre est une danse sacrée des femmes, mais elle reconnaît également les rôles des hommes dans la danse, surtout en tant que musiciens, qui donnent le rythme pour les mouvements.
La Danse de la Déesse
Keti nous raconte qu'à l'époque des Sumériens, ainsi qu'à celle des Babyloniens, lorsque les sociétés matriarcales dominaient, les femmes dansaient différents styles de danse du ventre. Des divinités féminines étaient priées et la Déesse était vue comme la Créatrice primaire et la nourricière. À travers l'histoire, la danse du ventre a exprimé ces qualités féminines quintessencielles. Le culte de la Déesse Ishtar (environ vers 4500 avant l'ère chrétienne) célébrait la fertilité du divin féminin. La danse du ventre était utilisée en rituels pour sa magie, pour provoquer l'excitement sexuel, pour les rites de fertilité, pour honorer la terre et pour les accouchements. Les mouvements de la danse du ventre sont également harmonisés avec les cycles lunaires et lient les participantes à un niveau cinétique aux rythmes célestes. La Fellahine est un style de danse particulier, exécuté comme une danse de célébration, conçue pour donner de l'énergie à la terre, après une récolte abondante. Certains de ses mouvements comprennent un piétinement, comme si la danseuse mettait en terre toute sa joie. Keti croit aussi qu'une femme, à ces rassemblements de temple, pouvait exécuté ces danses pour d'autres femmes, pour leur démontrer tous les potentiels des femmes, pour exprimer et embrasser leur passion. Dans les temples de la Déesse d'hier et dans la danse d'aujourd'hui, nous voyons des mouvements sacrés et des mudras, utilisés pour se connecter aux énergies divines, à la fois féminines et masculines. Il y a un geste dans la danse du ventre qui a une signification spirituelle particulière. Ce geste est répété aux débuts de certaines danses arabes. La danseuse peut être vue faisant une petite pyramide avec ses mains, placée au niveau de son front. Cela est fait spécifiquement comme un mudra de protection; il ouvre et attire l'attention sur le troisième oeil. L'ankh est un autre symbole égyptien qui peut être exprimé dans la danse. À un certain niveau, il représente une porte ouverte ou une fenêtre et est associé avec l'arabesque, en architecture. L'ankh est un symbole du mariage entre le féminin et le masculin. La moitié du haut peut représenter le vagin ou les lèvres, le potentiel du divin féminin. Pour certains, cela représente la vie éternelle, qui peut être atteinte grâce à cette union alchimique. Traditionnellement, l'ankh est également un portail vers d'autres dimensions ou vers le monde d'en bas. Une danseuse d'un temple peut reproduire ce symbole dans la danse : ouvrir les bras de chaque côté, puis les élever en formant un cercle, jusqu'à ce que les mains se joignent. Une danseuse accède à une sagesse puissante en incorporant une telle géométrie sacrée dans les mouvements de sa danse.
Le langage du Baladi
Les habitants d'Égypte dansaient un style de danse appelé baladi. Cette danse était utilisée pour exprimer la sensualité du divin féminin. Il était originalement pratiqué à la périphérie des villes et avait une truculence intrinsèque qui reflétait la connexion spirituelle du peuple avec la terre. Il y a cinq langages qui sont exprimés durant une danse de baladi traditionnel. La première partie de la danse incorpore un mouvement avec un châle sur les épaules appelé "milexa". La danseuse s'en enveloppe doucement, puis se dévoile, révélant ses épaules. Le second langage du baladi utilise le milexa comme un voile autour des hanches. Une danseuse pourrait retirer le châle de ses épaules et commencer à l'enrouler autour de ses hanches. Ce mouvement suggestif ferait allusion au pouvoir féminin, sous le châle. Ensuite, la danseuse se dévoilerait, retirant le châle de ses hanches et ce faisant, débuterait des mouvements énergiques avec celles-ci, le "shimmy". Éventuellement, elle laisserait tomber le milexa et commencerait à danser un nouveau langage avec ses mains libres. Elle userait de mouvements de main suggestifs, pour attirer l'attention sur d'autres parties de son corps, mais particulièrement à son visage. Ses mains glissent près de ses yeux, alors que son regard se pose intensément et rapidement sur quelqu'un et en fait ce mouvement est appelé "étincelle du regard". C'est un mouvement subtil mais très puissant. Le quatrième langage suggère un sourire. La danseuse glisse sa main devant sa bouche et bouge ses doigts d'une manière où elle paraît un peu coquine. Alors que le corps de la danseuse n'est plus voilé, l'attention peut être portée sur tous ses aspects, elle peut utiliser tout son corps pour s'exprimer elle-même. La danse reflète un dévoilement mythique du coeur de la femme, de sa sexualité, de ses yeux, de sa voix, de tout son corps.
Les Mystères Féminins
La danse du ventre a souvent été associée aux cycles puissants des mystères féminins et à l'équilibre des énergies des femmes. On dit qu'au Temple d'Artémis, à la pleine lune, une femme pouvait faire sauvagement bouger ses hanches (shimmy), afin d'augmenter son énergie sexuelle durant son ovulation. Le shimmy est un mouvement rapide des hanches, des cuisses, des fesses, du ventre qui stimule les ovaires. À la lune noire, au temps des menstruations, les mouvements des femmes étaient plus doux, plus serpentins, amenant l'énergie à l'intérieur, et se concentrant sur la conscience intérieure des femmes. De même, les femmes d'aujourd'hui peuvent utiliser ces mêmes mouvements de danse afin de les aider à équilibrer leurs propres énergies durant ces puissants moments de leur cycle. En faisant le shimmy, une femme relâche de l'énergie qui servira lors de l'ovulation, l'aider à relâcher ses émotions. Durant ses menstruations, elle peut faire des cercles lents et des mouvements serpentins comme des ondulations pour lui apporter de l'énergie, pour être nourrie, étant dans un moment de régénération. Dans les temps matriarcaux, les hommes s'impliquaient eux-mêmes dans la signification spirituelle des cycles des femmes et l'importance du cycle menstruel était largement reconnu dans la communauté. Toutefois, Keti dit que la plupart des femmes n'ont pas de cycle à proprement parler, et sont déconnectées de leurs mystères féminins. Cela est en partie dû à la pillule, aux facteurs hormonaux, et aux tampons qui ont tendance à cacher le saignement. Plusieurs femmes utilisent simplement des analgésiques et poursuivent leurs routines quotidiennes lors de leurs menstruations, demeurant actives comme n'importe quel autre jour. L'importance de se garder du temps pour le repos durant les menstruations a été perdue. Beaucoup de femmes voient leurs menstruations comme une interférence dans leur style de vie, parce qu'elles ne réalisent pas le sacré qu'elles comportent. En apprenant la danse du ventre, les femmes peuvent se reconnecter avec leurs cycles personnels, avec celui de la lune, et ce faisant elles se réapproprient des aspects perdus d'elles-mêmes.
Rythmes de Maternité
Un des mouvements de base de la danse du ventre est un mouvement en cercle des hanches; Keti dit qu'il n'imite pas seulement la sensualité du flirt, mais surtout le mouvement de l'accouchement. À travers l'histoire, durant les mois précédant la naissance, une femme se balançerait et se secouerait, dans le but de rester en lien avec son bébé, et de préparer son corps à la naissance. Ce mouvement de danse du ventre exerce les muscles utérins et pelvique. Ce type d'exercice n'est pas dérangeant pour le bas du dos ou les genoux, où sont les faiblesses types des femmes enceintes. Durant le travail, ces femmes utilisent un mouvement de balancement en forme de huit et font des petits cercles avec leurs hanches afin de faciliter les contractions et la mise au monde du bébé. Les femmes plus âgées entourant la future mère en travail, et jouant un rythme sur des tambours, alors que des femmes plus jeunes dansent autour, respirant en synchronisation avec la mère et ses contractions. La naissance devient ainsi une danse; les tambours et la danse évoquent un état modifié de concscience, une forme naturelle d'opiat. L'acte de donner naissance, dans ces conditions, devient une initiation dans les puissants mystères féminins. De cette façon, une mère enceinte pouvait participer activement à sa naissance. C'est tout le contraire des naissances occidentales où traditionnellement l'expérience de la mère est passive.
La Danse des Sept Voiles
Keti croit que la danse des sept voiles est probablement la plus célèbre de toutes les danses du ventre orientales à avoir intégré la société occidentale. Elle a conquis le coeur des hommes et des femmes à travers les âges avec ses allures exotiques et affriolantes. Pourtant, il y a une symbologie sous cette dance, un niveau d'initiation spirituelle. Symboliquement, l'effusion des voiles est semblable à l'ouverture des sept sceaux ou chakras - des centres d'énergies spirituels du corps, tel que l'enseignent plusieurs traditions spirituelles, particulièrement dans les cultures orientales. Keti croit que le fait de retirer un voile ne correspond pas seulement à révéler un nouveau niveau de conscience, mais que lorsqu'une musique spécifique est jouée pour un chakra, cela évoque différents mouvements de danse reflétant ce niveau également. Donc, selon l'instrument qui sera joué, on déterminera quel niveau de conscience sera évoqué. Lorsqu'un voile est retiré du centre sexuel au chakra de la base, de gros tambours sont utilisés. Ce chakra représente un niveau instinctuel, de survie, animal. Il implique également la naissance et la mort, et représente nos énergies les plus physiques et primitives. Un second voile peut être ensuite retiré du chakra sacré, sous le nombri. C'est le lieu des relations et de la création, où la danseuse utilise des mouvements du ventre et des hanches, accompagnée par des guitares basses. En Égypte, le kanoon, une harpe profonde est jouée, pour le chakra du ventre également. Les hautes guitares sont jouées pour le plexus solaire ou diaphragme, qui relâche les énergies de feu et de passion de la danseuse, ce qui est typique des danses comme le flamenco. Les sons du saxophone ou du violon sont joués près du coeur pour l'ouvrir à l'amour, et dans cette partie du corps, nous trouvons des mouvements expressifs de la poitine. Le chakra de la gorge est conduit par une voix chantante, des paroles, et à ce niveau, il y a plusieurs gestes symboliques articulés autour de la bouche. Les sons des flutes font palpiter le troisième oeil et le chakra de la couronne, alors que les bras de la danseuse s'élève pour représenter un mouvement vers l'esprit. Ces chakras sont activés par les sons hauts et peuvent être utilisés pour de la communication directe avec le Divin avec des activités telles que la danse Sufi et la transe extactique. En termes de conscience, la danse du ventre se réfère d'abord à l'utérus, au féminin sacré. Ses mouvements incorporent à la fois la fécondité chtonienne de la Déesse et les énergies inspirantes du Dieu. La danse elle-même devient équilibre et harmonie avec la musique des tambours, des instrumenst à cordes, des voix et des flutes, utilisés pour représenter les éléments de la terre, du feu, de l'air et de l'eau.
Les Sept Portes du Monde d'en bas
La signification du chiffre sept dans la danse avec le voile est aussi liée à l'initiation spirituelle où une femme plonge dans ses propres ombres et aspects inconscients pour se réapproprier des aspects dissociés d'elle-même. Une femme peut s'émanciper et se libérer lorsque des parts rejetées d'elle-même sont reconnues et acceptées. Cette sombre quête nécessite de retirer plusieurs masques, rôles et systèmes de croyances qui l'empêchent de connaitre sa véritable essence. Cette quête est représentée typiquement par le passage de sept portails mythiques, qui font partie de sa descente dans le monde d'en bas (psyché). Dans cette descente dans ses profondeurs, une femme devient complètement nue et vulnérable. C'est toutefois dans cette honnêteté vulnérable qu'une femme regagne son pouvoir. Cette métaphore initiatique de se déshabiller/dévoiler est, à un niveau, lié aux cycle menstruel de la femme et aux phases de la lune. La quête intiatique de la descente dans le monde d'en bas et de s'y dévoiler peut être synchronisée avec le temps où une femme ressent de la tension prémenstruelle et relâche plusieurs émotions durant les sept jours précédant ses saignements. Si nous regardons les sept jours du cycle passés à saigner, ils sont liés au temps de la lune noire, où une femme traverse les profondeurs du coeur de son être. C'est à ce moment-là qu'elle est à son plein potentiel, au sommet de son pouvoir féminin, bien qu'elle le fasse dans un endroit calme, où elle peut aussi prendre le temps de se regénérer. Les sept jours suivants où la lune croît, montrent comment les énergies de la femme commencent à s'animer, alors qu'elle refait surface dans le monde, avec une énergie renouvelée. Puis, à la pleine lune, où la lumière du soleil est reflétée à son maximum, la femme est à son plus haut potentiel de pouvoir sexuel, et elle y est plus fertile. C'est le temps fructueux de l'ovulation, où elle est plus active, jusqu'à ce que son énergie décroisse et qu'elle recommence sa descente, avec la lune décroissante.Dans sa thèse sur la danse orientale, Keti a recherché des mythes anciens se concentrant sur le thème de la descente et les a lié à la croissance des femmes d'aujourd'hui. Elle explique que, ces histoires mythiques à la danse du ventre refont surface en partie parce que leurs significations spirituelles commencent seulement à se révéler.
Dans un mythe babylonien, la déesse Ishtar descend dans le monde d'en bas afin de ramener son défunt époux à la vie. Durant sa descente, elle doit passer sept épreuves et passer sous sept portes. À chacune de ces portes, elle retire un voile métaphorique, comme un bijou, sa beauté ou sa richesse.
Elle use ultimement de son pouvoir de séduction pour passer, mais alors qu'elle retire tous ses voiles, elle se défait aussi de ses liens terrestres. Et lorsqu'elle se retrouve complètement nue, révélant sa véritable essence, ainsi peut-elle vraiment sauver son époux ou se réapproprier son côté masculin. C'est seulement après cette réunion que le mariage alchimique de l'équilibre peut avoir lieu. En tant que femmes, nous pouvons aussi faire cette descente en pleine conscience, où nous retirons les voiles qui nous protègent, les voiles de l'abandon.
Seulement lorsque nous sommes nues et complètement vulnérables pouvons-nous exprimer le potentiel brut de notre féminité. Si nous choisissons consciemment cette initiation alors que nous devons être préparées à tout perdre, de nous tenir dans notre essence nue, et ce faisant réclamer notre puissant côté masculin. Dans la tradition grecque, la même initiation était entreprise par Déméter, la déesse-mère des grains. Dans une des versions du mythe, Déméter comme Ishtar descend dans le monde d'en bas, mais cette fois la descente est pour ramener sa fille et non son époux. Sa fille Perséphone est faite prisonnière par Hadès, dans le monde des morts. Le deuil de et le chagrin de Déméter sont si puissants qu'ils causent la stérilité et la sécheresse de la terre. Plus rien n'y pousse, plus rien n'y renaît. Éventuellement, le dieu Zeus force Hadès à relâcher Perséphone et l'abondance de la Terre revient. Une fois de plus, cela suggère qu'à travers cette descente dans l'obscurité nous pouvons nous réapproprier notre enfant/jeune fille intérieure.
La Corruption des Mythes féminins
Le mythe des sept voiles peut être retracé dans plusieurs cultures, comme il est apparu et réapparu un peu partout, et chaque culture a créé une fin différente à l'histoire, reflétant sa psyché et sa mythologique de l'époque. Toutefois, c'est seulement dans la version biblique que le dévoilement du féminin mène à la décapitation du masculin, tel qu'on peut le voir dans l'histoire de la danseuse exotique Salomé. La mère de Salomé était très manipulatrice, alors elle usa de la beauté de sa fille pour ses propres fins. Le désir d'Hérode pour Salomé était si fort qu'il accepta de présenter à la mère de Salomé la tête de Jean le Baptiste, si Salomé acceptait de danser pour lui. La danse séductive que Salomé exécuta pour Hérode est la danse révélatrice des sept voiles. Toutefois, le dévoilement du pouvoir féminin ici mène à la mort symbolique et à la castration freudienne du mâle. Chaque version mythique de la danse des sept voiles a une fin différente, toutefois cette histoire se termine avec la séparation plutôt qu'avec la réunion. Keti croit qu'une grande partie des philosophies islamiques et chrétiennes liées aux femmes et à la sexualité reflète la peur entourant ce mythe particulier. Elle croit que plusieurs hommes sont inconsciemment effrayés par le pouvoir sexuel féminin, ce qui expliquerait pourquoi les cultures patriarcales ont dominées pendant deux millénaires.
La Suppression du Féminin
En Orient, la danse du ventre a été traditionnellement une des seules voies pour les femmes d'exprimer leur pouvoir féminin - lequel a été continuellement renié. Le Coran a une sourate ou chapître sur les femmes, racontant la suppresion de la sexualité féminine et de la danse du ventre. Elle indique que les femmes "devraient baisser leur regarder et protéger leurs parties intimes..." et qu'elles ne devraient jamais "révéler leurs parures". Les femmes devaient "jeter leurs voiles sur leur poitrine" et ne devraient jamais être autorisées à "taper des pieds". Les voiles, bien sûr, sont communs dans cette société, tout comme le sont les regards baissés. Toutefois, l'évidente pertinence de la danse a seulement été partiellement subvertie. En fait, c'est durant une danse du ventre que les "parures" d'une femme sont le plus exposées, même si seulement devant d'autres femmes. Et ce n'est pas seulement dans la société orientale que la danse du ventre a été désapprouvée. Au début des années 1900, Oscar Wilde produisait une pièce basée sur le mythe de Salomé, jouée par Maude Allen. Parce que celle-ci exécutait des mouvements de danse du ventre sur la scène, elle a été accusée de divers crimes et dû aller en Cour. Son crime majeur était qu'elle s'était stimulée elle-même sans l'aide d'un homme. Cela fut considéré comme l'acte le plus odieux . Dans les journaux, un article à ce sujet parut sous le titre: "Le Culte du Clitoris". Telle était la peur du pouvoir sexuel féminin à l'époque.
Envahisseurs du Coeur
Avec cette sorte de paranoïa entourant la sexualité des femmes, ce n'est pas surprenant que, même dans les pays où est originaire la danse du ventre, celle-ci n'était pas une danse respectée. La danse du ventre était la plupart du temps pratiquée par les femmes locales et fit sa marque publiquement via une bande de gypsies, qu'on appelle les Ghawazee.
Ces gens étaient connus sous le nom de "Envahisseurs du Coeur". Ils étaient des personnes errantes venues de l'Inde, de la Turquie et des Juifs nomades qui n'avaient aucune honte à propos de leur corps, sans conventions sociales, qui célébraient la danse lorsqu'ils le désiraient. Lorsqu'une danseuse du ventre était sollicitée pour une fonctione sociale, les femmes de respect n'étaient pas considérées, et on engageait les Ghawazee. Étant des nomades, ils portaient souvent leur richesse sur eux-mêmes. Les ceintures faites de pièces de monnaie si populaires pour les costumes de danse du ventre aujourd'hui viennent en fait des Ghawazee. À cause des conventions sociales entourant la danse du ventre dans ses pays originaires traditionnels, cette danse est éventuellement devenu un jeu, une danse orientale d'allure et de suggestion. Les Égyptiens disent que toute fille est née pour danser, mais si on leur demande de danser, peu importe leur niveau d'expérience, les Égyptiennes répondent "oh je ne peux pas danser". Éventuellement, les filles se lèvent et commencent timidement à bouger, alors le début de la danse est toujours doux, subtil. Puis la danse va plus rapidement, et à la fin, la danseuse révèle son véritable potentiel avec une fin irrésistible. Ce style de danse raconte l'histoire de la féminité qui se dévoile. Son début lent et son accélération ravit l'audience. Les mouvements de baladi sont conçus pour donner et recevoir de l'énergie de l'audience. Certains connaisseurs croient que les plus belles danseuses sont celles qui sont pleinement en harmonie avec leurs propres énergies intérieures. Ce sont celles qui apparaissent comme dansant seulement pour elles-mêmes. Ce type d'expression extérieur de ce qui est ressenti à l'intérieur est ce qui transforme une danse sexy et "girly" en quelque chose de profondément sacré.
Retrouver la Déesse
Keti croit qu'il est opportun maintenant pour les femmes d'aller dans leurs profondeurs pour se rapproprier leur féminité, grâce à de tels outils comme la danse du ventre. Il est temps d'explorer tous les visages puissants de la Déesse qui réside à l'intérieur. Toutefois, elle croit qu'il est également temps de revoir les mythes anciens de la descente, et de créer de nouvelles fins pour nos propres histoires personnelles. La société a besoin de commencer à associer la danse et le potentiel du pouvoir sexuel féminin avec un autre point que de vue que ceux des vieux mythes de séductrice diabolique, de mère corrompue, de mort et de castration de l'homme et de le perte de l'innocence. Keti croit que chaque fois qu'une femme représente une nouvelle mythologie par la danse, de sorte qu'elle soit significative pour elle, que cela fait un énorme changement dans la conscience collective des femmes, globalement. En 1997, Keti travailla pour un concert intitulé "The Exotic Journey", dans laquelle tous les rôles féminins associés à la danse du ventre pour les derniers 5000 ans étaient explorés. Les femmes de ses classes dansaient sur les histoires mythiques de Salomé et la danse des sept voiles, la descente d'Ishtar, des prêtresses du temple d'Artémis, le dévoilement d'Isis et même l'histoire de Houri - les prostituées sacrées de Babylone. Plus de vingt visages de la Déesse ont été explorés et auxquels ont été donné une voix, et leurs énergies ont été remerciées et relâchées durant la danse. Keti croit que l'énergie de ces anciens mythes s'est finalement endormie afin que les femmes d'aujourd'hui puissent écrire elles-mêmes un nouveau mythe et créer un nouveau paradigme pour les sexes. Nous pouvons tous assister à la naissance d'un nouveau paradigme qui reflète les relations harmonieuses entre les hommes et les femmes. Les deux peuvent s'élever et prendre leur pouvoir, s'appuyant l'un et l'autre et être égaux. Utiliser la danse pour réécrire les mythes est une façon de le faire. Quelques femmes des classes de Keti ont examiné leurs vies, en lien avec leur dénigration dans la société d'aujourd'hui. Elles ont performé leurs propres histoires, pour se réapproprier les aspects perdus d'elles-mêmes. Keti tente d'utiliser la danse du ventre comme un moyen de réécrire certains des vieux mythes, de manière à dévoiler le pouvoir du féminin, à la fois pour la guérison personnelle et planétaire.
La Danse de santé extatique
La femme orientale, qui a traditionnellement pratiqué la danse du ventre en groupe communautaire, dans leur vie quotidienne, est souvent plus satisfaite, elles a une image identitaire plus stable et un lien fort avec les autres femmes. La danse du ventre stimule et apaise le système reproducteur, de sorte qu'une femme qui danse régulièrement souffre peu ou pas du tout de ses menstruations ou de sa ménopause. Keti dit qu'en Turquie, la plupart des femmes ne savent pas ce qu'est la tention prémenstruelle, et qu'elles se sentent bien lors des menstruations. Leur société les aide durant cette puissante période de renouveau : les femmes peuvent se retirer des temps de prières et des tâches ménagères pour quelques jours, si elles le désirent. Ces femmes se rassemblent souvent en groupe pour voir le thé et pour danser, et certaines danseront seules dans leur maison, chaque jour. Keti dit que ces femmes n'atteignent pas la ménopause aussi tôt que les femmes occidentales, et que le cancer du col de l'utérus, un des plus grands tueurs de femmes, y est très rare. C'est peut-être à cause que plusieurs des mouvements de danse du ventre sont centrés sur la région du ventre et aide la lymphe et le sang à circuler, en réduisant les congestions possibles. La santé des femmes bénéficie de façon évidente des avantages de la danse du ventre. Keti dit que certains médecins généralistes et gynécologues lui réfèrent d'ailleurs certaines de leurs patientes.
Se réapproprier son corps
D'un point de vue métaphysique ou physique, plusieurs femmes retiennent des émotions refoulées dans la région du ventre (chakra sacré), tout particulièrement la culpabilité et la honte sexuelle. Les recherches de Keti font un lien direct entre les victimes d'inceste, qui porteront un résidu émotionnel, et la tention prémenstruelle. Plusieurs femmes qui ont pratiqué la danse du ventre sont passées à travers de grandes percées et progès émotionnels, accompagnés de changements physiques. Souvent, elles ont moins de douleur et de congestion lors du temps de leurs menstruations, et plusieurs règlent leurs problèmes au dos ou ou cou. La danse du ventre a une valeur significative pour les survivantes d'inceste, autant que pour d'autres personnes qui ont eu à subir des expériences sexuelles négatives. Keti a travaillé avec beaucoup de femmes dans la quarantaine. La danse du ventre a été une bénédiction pour celles-ci car elle leur a donné un moyen de se savoir sensuelle et sexuelle, dans une situation libre de toute obligation sexuelle. La danse est une invitation à exprimer le pouvoir féminin en soi, au lieu d'être une invitation à l'aude. L'environnement sécuritaire aide les femmes à retrouver le sacré de leur corps. Leur relation primaire est d'abord avec elles-mêmes, puis avec les autres femmes de la classe. Dans cette atmosphère enrichissante, une femme peut explorer comment son corps bouge et trouve ainsi de nouveaux moyens de communiquer.
Changer de Conscience
La danse du ventre a commencé à intéresser les occidentaux depuis seulement 1000 ans. Au départ, elle reflètait plutôt un fantasme pour les esprits occidentaux, quelque chose qui avait les allures cachées des mystères du harem. C'est pourquoi on en est venue à l'identifier à une danse de séduction et de strip-tease. D'un point de vue traditionnel, c'était vu comme si les hommes perdaient leur pouvoir, en faisant face à la sensualité féminine sans honte, et ils appelaient ça la "Petite Mort". Très souvent, ces danses ont été ridiculisées parce qu'elles faisaient peur. Il est maintenant temps de changer cette vision passéiste de cette danse exotique puissante et d'embrasser pleinement la danse du ventre comme une expression sacrée du divin féminin. En nous réappropriant notre pouvoir de femme de cette manière, nous pouvons faire un pas de plus vers la guérison de la fracture qui sépare les sexes et contribuer ainsi à créer un nouveau monde pacifique. Si vous désirez en savoir plus à propos du travail de Keti et de la danse du ventre en général, vous pouvez visiter son site web : http://www.ketisharif.com/Si vous aspirez à prendre des cours de danse du ventre, ouvrez votre journal local dans les petites annonces ou demandez à votre centre sportif le plus près ou même dans les écoles. Avec la popularité grandissante de cette danse, vous n'aurez sans doute aucun mal à trouver une enseignante près de chez vous.
Amour et joyeuse shimmy,
Astoria