Note de l’auteur : j’ai écris ce travail de rechercher alors que j’étais à l’université.
Le rôle des femmes dans la société japonaise a été subordonné à celui des hommes pendant des millénaires. Cela rend l’idée d’un chamanisme féminin ou de femmes chamanes plutôt étrange. Il est donc légitime de poser la question : l’idée religieuse de femmes chamanes a-t-elle eu lieu en réponse à la quête des femmes qui recherchaient une forme quelconque de pouvoir et autorité dans une société patriarcale? Afin de répondre à cette question, on examinera les origines du chamanisme féminin au Japon. Une description de leur vocation et de leurs premiers pas au sein de cette voie suivra, s’attardant aux variations du nord et du sud. Nous examinerons également le rite d’initiation, ainsi que son rôle de mariage spirituel et rite de passage qui favorisait le développement de la personnalité. Nous survolerons aussi l’évolution du chamanisme de nos jours, en nous attardant à la nouvelle religion nommée Shinmeiaishinkai. Enfin, nous conclurons en expliquant pourquoi les femmes dépassent la place qui leur revient en société lorsqu’elles empruntent la voie chamane.
Introduction au chamanisme japonais
Un chaman est un être humain particulier qui peut acquérir un pouvoir qui lui permet de transcender les frontières entre les deux mondes et qui peut recevoir du monde des esprits un don surnaturel. Ceci peut être atteint par la transe, la méditation et la possession par les esprits. Le rôle du chaman est d’agir comme un intermédiaire entre les humains et les esprits, fournissant aux premiers des informations à propos de leurs ancêtres et de journées fastes, en plus de fournir des services d’oracle et de divination. Une personne destinée à devenir chamane est généralement victime d’une maladie quelconque, la désignant ainsi comme favorite des dieux.
Comme il existe deux types de chamanisme au Japon, c’est par la présence ou non de cette maladie que l’on sait à quel type appartient le chaman en question. Dans la région du sud, incluant les îles Ryuku et Miyako, on retroue la Kamkakarya, une femme chamane dont l’appel se manifeste à travers l’expérience d’une maladie, tandis que dans le nord-est, on rencontre la Ogamisama, une femme aveugle qui, par son handicap, devient un canal pour la possession par les esprits, et donc une chamane, sans avoir toutefois expérimenté une maladie. De nombreux débats ont lieu à savoir si la voie de l’Ogamisama est une réelle voie chamane. Les académiciens croient qu’il lui manque l’expérience d’une maladie et qu’elles n’entrent pas réellement en transe lors de leur rite initiatique et donc qu’elles ne sont pas de vraies chamanes. Afin de pouvoir se prononcer sur le sujet, nous devons analyser les deux types de chamanisme plus en détail.
Les chamans des îles Ryuku sont presque tous de sexe féminin, bien que peu importe leur genre, on les appelle yata, monosu ou kamkakarya. Une femme qui exhibe des symptômes particuliers tels que l’agitation, des épisodes d'épilepsie, rêves et visions, chants ou perte d’appétit, est généralement vue dans notre société comme souffrant d’une maladie mentale quelconque. Toutefois, au Japon, on demandera à cette femme d’accepter ces symptômes que le signe qu’elle est prédestinée à mener une vie spirituelle et à marcher entre le monde des homes et celui des esprits. Une fois qu’elle reconnaît son appel chamanique, la femme demanderait à une autre chamane de jouer le rôle de “mère chamane” et participera à deux cérémonies. La première de ces cérémonies se nomme maugam utum bun et c’est à ce moment qu’elle identifie une divinité ou un esprit spécifique comme son gardien; cette cérémonie est ouverte à toute personne souhaitant la vivre. La seconde cérémonie est le rite officiel initiatique, nommé kamasausu uki; cette cérémonie n’est disponible que pour les femmes. On la décrit comme une union entre l’initiée et son dieu tutélaire, un dieu exalté. À partir de ce moment, elle le servira en tant qu’épouse spirituelle.
Le rite initiatique inclut deux étapes, la première comprend la purification puis l’invocation des divinités et esprits de l’univers; c’est également à ce moment qu’a lieu l’union spirituelle. Lors de la purification, la femme asperge ses épaules d’eau salée et évite de toucher à quoi que ce soit qui est considéré comme polluant. La durée de la purification peut s’étendre sur des jours, semaines, voire plus. Une fois la purification complétée, la cérémonie débute enfin.
L’invocation des divinités est la toute première étape de la cérémonie du rite initiatique. L’initiée et sa mère chamane sont vêtues de robes blanches et attendent le crépuscule avant d’inviter les dieux et esprits à être témoins du rite. Après minuit, la mère chamane commence à invoquer les dieux et esprits de la candidate et par ces chants, entre en une transe par le biais de laquelle elle reçoit le nom de celui qui deviendra l’époux spirituel de l’initiée. De son côté, l’initiée s’est joint aux chants et est également entrée en transe, c’est à ce moment qu’elle s’unit à son dieu-époux.
On croit qu’à ce moment de la transe, l’initiée expérimente une sorte de baptême de son dieu; elle est unit à lui et démarrera une nouvelle vie qu’elle partagera avec son dieu-époux… c’est une cérémonie qui ouvre aux voies des dieux. Ceci forme le coeur de la cérémonie d’union. La nouvelle kamkakarya est dorénavant prête à accepter son nouveau statut professionnel et à assister les autres et leurs soucis d’ordre spirituel.
La suite bientôt!